Dans une chambre d'hôtel, un radiateur propage de la chaleur sur deux corps nus et fragiles. La femme, un suçon fortement imprimé en rouge sur la gorge, regarde son amant, tandis que le rythme de son coeur s'amoindrit. Ils se contemplent sans oser briser leur regard d'un quelconque mot. Le souvenir du plaisir se recouvrant peu à peu d'une ombre épaisse, la femme s'adresse à son compagnon en termes pragmatiques:
- Je crois en effet qu'il est temps. Veux-tu de moi pour toujours?
- Oui, mais tu sais qui est dans le chemin. Il faut que l'on trouve une solution!
- N'as-tu jamais entendu parler de Torquemada?
Je suis ce que l'on appelle un clodo, un pauvre, une épave. Je suis pas ce qu'il y a de plus beau dans la société. Je passe ma vie à fouiller et à vider les poubelles. Je ramasse des vidanges de bouteilles pour récolter de l'argent. Je m'occupe. Je passe le temps. Comme je l'ai toujours dit, c'est toujours mieux que d'aller pointer à la Commune. Quand j'aperçois Monsieur Valentine, sortant de son H.L.M., partir au bureau de chômage et me regarder toujours de travers comme si je devais pas exister, je remarque que quand on travaille pas, on devient pas très gentil.
Les vidanges que je récupère tant bien que mal ne paient pas beaucoup. C'est pourquoi je bois de l'alcool de genièvre, et pas du whisky comme les riches. Les gens me surnomment Pierre-à-la-glotte-pétée. C'est faux naturellement! J'ai pas assez d'argent pour me torcher la tronche tous les jours. Par contre, si la sécurité sociale me donnait plus d'argent, c'est avec joie que je ferais valoir mon surnom.
De temps en temps, je parviens à chaparder une bouteille ou deux à l'épicerie du coin. La dernière fois, je me suis fait prendre et j'ai eu droit à un bon coup de poing dans l'estomac. L'épicier m'a aussi gratifié d'un coup de pied aux fesses avec une ferme interdiction de montrer le bout de mon nez de poivrot. Les gens n'ont vraiment plus de respect pour la lie du peuple.
Mais j'ai pas toujours été ainsi. Avant, je travaillais, mais je sais plus où. Je crois que je donnais des points et que je recevais d'autres poings en contrepartie.
Mon domicile, c'est un wagon dans une vieille gare désaffectée. Je vis aux alentours d'un quartier rempli d'H.L.M., mais je veux pas y résider. Le service d'aide sociale voulait me mettre là-bas, mais j'ai refusé. Je tiens trop à garder ma personnalité intacte, et d'ailleurs, il paraît que des histoires plutôt extraordinaires et pas trop rassurantes s'y déroulent.
Mon wagon, c'est mon nid. Je sais qu'il ressemble pas au George V, mais la vue sur l'usine de produits chimiques est jolie. Le soir, on aperçoit les flammes qui s'échappent des hautes cheminées. J'ai jamais compris pourquoi elles crachent des flammes et non de la fumée comme d'habitude. Mais en fin de compte, ça m'arrange. Avec un peu d'imagination, on pourrait penser que c'est le feu de l'enfer qui jaillit. Un peu comme un volcan, mais en moins naturel et en plus industrialisé. Souvent, je m'imagine que cette flamme provient d'un immense dragon qui, de sa gorge, incendiera toutes les injustices du monde... je sais, je suis un doux rêveur.
Les gens du quartier me prennent pour un fou. Mais un gentil fou, je tiens à le préciser. Ils sont souvent courtois avec moi, sauf quand je demande de l'argent ou à boire. Dès que je fais appel à leur bon coeur, j'ai l'impression de parler à des sourds qui sauraient même pas lire sur les lèvres.
Ma journée de travail vient de se terminer. J'ai gagné cent cinquante francs grâce aux vidanges récupérées dans les poubelles. Juste de quoi m'acheter des frites « Chez Marcel » avec une petite chopine. J'ai retrouvé un pot de mayonnaise dans une poubelle, qui va accompagner mon dîner. Sur l'étiquette, je remarque que j'ai droit à encore une semaine avant que ça soit périmé. Si, si, malgré tout, je fais attention à ma santé.
Je suis maintenant installé dans mon wagon. Quand il était encore en activité, il était réservé aux bourgeois de première classe. Je déguste donc mes frites chez les riches. Je sais tout de même m'offrir un luxe de temps en temps. Tiens, quelqu'un frappe à la porte. Les gens pourraient tout de même éviter les heures de repas pour venir me rendre visite. Aucun sens du civisme! Bon, je vais quand même aller ouvrir.
- Bonjour.
- Vous êtes bien Pierre, dit Pierre-à-la-glotte-pétée.
- Oui.
Un deuxième homme, en retrait sur le côté de la porte, me plante une aiguille dans l'épaule. J'ai juste le temps de sentir la piqûre avant de tomber dans les pommes. Dieu qu'il fait noir dans mon esprit. Malheur...
Depuis mon réveil, je comprends vraiment pas grand chose. Mon esprit s'est remis à observer la réalité, je me rends compte que je suis assis et lié sur une chaise. Piégé! Et pourquoi? Moi, j'ai rien fait. Je suis innocent.
On m'a rasé le crâne et des gouttes d'eau y tombent une à une sans arrêt. De l'eau, les ordures! Ils auraient pu la remplacer par du whisky! Mais où veulent-ils en venir?
Sur le mur d'en face, la photo de quelqu'un. Blond, avec une moustache. L'homme possède une caractéristique particulière: un bec-de-lièvre. Il est laid. Bien plus que moi d'ailleurs. Est-ce donc pour m'horrifier qu'on me fait voir ce visage?
À part ça, rien dans cette pièce. Rien que quatre murs blancs et neutres au regard.
Voilà des heures que je suis ici. Personne n'est encore venu. J'ai faim et j'ai sommeil. Mais pas moyen de dormir avec ces satanées gouttes qui me tombent sur le crâne. Et la photo me hante sans arrêt. Pas moyen de détourner le regard de ce bec-de-lièvre. On m'a coincé la tête avec des sortes de barres de fer pour que mes yeux ne puissent observer que ce type. Je commence à en avoir marre de regarder sa tête. Si, au moins, ils avaient mis la télévision.
Encore des heures passées à écouter les gouttes tomber. Ploc. Ploc. Ploc. Si ça arrête pas, je vais piquer une crise de nerfs. Et je parviens pas à dormir. Ploc. Ploc. Ploc. Je veux dormir... je tuerais presque pour pouvoir dormir. J'égorgerais bien une petite vieille. Oh, voilà mes gardes! Vous pourriez me dire quelque chose, tout de même. Vous aussi vous êtes invités chez l'archiduchesse qui a pas ses chaussettes sèches? Merci pour la seringue, c'est gentil. Pourriez pas m'apporter de la bouffe? J'ai envie de ripailler. Bah! Mais peut-être que la seringue c'est ma nourriture? Pourquoi pas! Dans un délire, on peut imaginer n'importe quoi. Tiens, ils pensent enfin à moi. Ils ont apporté une télé avec un magnéto. Voilà qu'ils se barrent maintenant.
Et avec leur masque noir, pas moyen de les reconnaître. Au revoir. Et n'oubliez pas de me délivrer à temps pour le bal de l'archiduchesse. Bon! Que vont-ils me présenter à la télé? Ils auraient tout de même pu retirer la photo de ce mec, il est toujours dans mon champ de vision. Haaa, le programme commence. Qu'est-ce que c'est que ça? Des chiens se battent, une meute de loups attaque un ours, et chaque fois, le vainqueur remporte la médaille en égorgeant son adversaire. Un guépard s'attaque, après une course effrénée, à la gorge d'une gazelle. La proie est maintenant dévorée selon un cérémonial qui semble rigoureux. Le guépard commence par une cuisse. Puis il s'attaque aux viscères et, seulement à la fin, aux autres parties du corps. Le sang de la victime est lapé avidement. C'est dégueulasse, mais si fascinant...
Des heures et des heures de ces combats de bêtes. Et toujours cette photo qui me fixe. C'est pour me cultiver tous ces documentaires? Ca y est, je sais ce qu'ils me veulent. C'est comme dans le film Orange mécanique. Ils me montrent des scènes de violence pour que je devienne le plus doux des hommes. J'ai lu le livre de Burgess et j'ai vu le film de Kubrick. Voilà, voilà! J'en suis certain maintenant, il y a des scientifiques derrière tout ça. Et comme l'expérience va sûrement foirer, j'aurai beaucoup plus d'argent de la sécurité sociale. Ouf, me v'là maintenant soulagé! Bon, je vais regarder le film pour les satisfaire. Mais je pige toujours pas l'histoire des gouttes d'eau sur mon crâne.
Combien de temps passé sur cette chaise en bois? J'en ai ras le pet de ces gouttes! Toujours pas moyen de dormir. Et Bec-de-lièvre qui me fixe sans arrêt. Je lui enfoncerais bien une carotte dans la bouche pour l'entendre dire: « Quoi de neuf docteur? ». Ce type a une tête à la Bugs Bunny. J'ai envie de prendre sa gorge et de la serrer de mes mains le plus fort possible. Je m'entraînerais d'abord sur des gosses et des vieilles. J'ai moins faim, mais si seulement je pouvais mourir. Je deviens fou avec ces gouttes, je divague. Tuer des vieilles, quelle idée! À moins qu'elles aient de l'alcool dans leur sacoche.
Que s'est-il passé? Pour ça, j'ai pas de réponse. Tout ce que je sais, c'est que les gouttes tombent plus. Tout ce temps passé à vouloir me laver la tête sans savon... Encore une injustice de ce monde contre les clodos! Il n'empêche que j'ai pu enfin m'endormir. J'ai goûté au repos mérité.
Je me suis réveillé dans mon wagon. J'ai rien compris. Et ce qui m'est arrivé après est encore plus confus. Je me souviens avoir joué aux billes contre un gosse et n'avoir pas apprécié ma défaite. Ensuite, j'ai dû avoir soir, car je suis allé rendre visite à deux vieilles amies qui ont toujours une bouteille dans leur sac. Je sais plus ce que je leur ai raconté comme histoire pour siroter leur alcool.
Et puis... et puis... l'injustice m'a encore frappé. Frappé d'ailleurs d'un coup à la nuque par la matraque d'un policier. Je me suis évanoui, et c'est moins drôle que par une seringue. Parce qu'ici, j'ai eu mal.
J'étais bêtement assis au restaurant McDonald et je mangeais un hamburger. Pas un double cheese, autre chose, un simple. J'avais pas assez d'argent. Et pendant que je dégustais la nourriture et que le ketchup dégoulinait sur mes doigts, je regardais un gosse manger ses frites. Je sais pas pourquoi, mais j'ai alors associé ces frites à des carottes. Puis, ces carottes à quelqu'un que je hais. J'ai piqué une crise de nerfs et j'ai commencé à tout casser. C'est seulement après cinq minutes que les vaches (pas ceux des hamburgers, ceux de la police) sont arrivées et m'ont maîtrisé. L'un d'eux avait l'air content de me voir. Il m'a dit que ça faisait longtemps qu'il me cherchait. J'aurais, selon lui, étranglé deux vieilles alcooliques et forcé un enfant à avaler des billes. Il en serait mort étouffé. Et puis, comme pour me remercier de m'être si bien occupé de ces trois personnes, le fameux coup de matraque.
Il m'avait donc cherché et m'avait trouvé. Je suis resté en prison pendant quelques semaines. Ici, pas de gouttes, de télé ou de photo. Mais, j'étais toujours en cellule individuelle parce qu'il paraît que je suis dangereux. Je dois admettre que c'était bien mieux qu'avant, où il pleuvait des gouttes, parce qu'ici, il y avait plein de prostituées qui criaient des mots amusants. Je suis certain que cela aurait plu à Bugs Bunny.
En ce moment, je suis installé sur ce qu'on nomme le banc des accusés. Au tribunal. On parle de moi. J'aime toujours être le sujet de conversation.
Si je suis ici, c'est de la faute à ce Bugs Bunny. S'il se passe encore quelque chose qui risque de me faire du mal, ce sera sa fête.
Y a un certain Lambert, un jeune avocat Pro déo qui me défend. Mais je suis innocent! J'ai pas voulu les tuer ces trois personnes. Et qui dit qu'elles se sont pas suicidées?
Voilà ce Lambert qui prend la parole. On dirait vraiment un jeune blanc-bec. Avec sa gueule, ça m'étonnerait pas qu'il ait pas mal de femmes. Oh non, c'est pas possible, le voilà qui explique mon passé! Oui, j'ai été prof et j'ai refusé le chantage de ces sales gosses qui voulaient plus de points. Ces ordures, si je les tenais, je les tuerais pour avoir violé et tué mon épouse! Lambert tient à me faire passer pour fou, parce que ma raison a failli après le décès de ma femme. Mais c'est à lui d'aller chez un psy, pas moi. En plus, il veut me mettre dans un hôpital psychiatrique. Salopard, attends un peu, c'est pas des billes que tu vas avaler, c'est tout ton code pénal, et sans whisky pour faire passer le goût! Moi, un fou?
Et ce policier qui me fixe sans arrêt. Mais qu'est-ce qu'il a? Il veut peut-être me demander en mariage? Mais attention, c'est pas parce que je suis veuf que je vais accepter le premier venu. Moi, je choisis. Tiens, le juge déclare ma sentence. Et merde, quel imbécile, on me fout dans un asile. J'ai déjà vu Vol au-dessus d'un nid de coucou, et ça me suffit amplement.
Je suis vêtu d'une camisole de force. C'est mon habit de travail à l'asile pénitentiaire de Mongnelée. Ma cellule est capitonnée. Faudrait peut-être que je leur dise que j'ai pas le sida et qu'ils peuvent me libérer. Il manquerait plus qu'on me mette un entonnoir sur la tête. Mais pour qui ils me prennent, pour le dingue de service?
Mes cheveux ont repris leur aspect normal. Cela fait déjà quelque temps que j'ai été chez le coiffeur de l'archiduchesse.
Mais qu'est-ce que je m'embête! Au moins, à l'époque où les gouttes me tombaient sans arrêt sur le crâne, je visionnais des cassettes vidéos. Ah, ce temps! Aaaah, bec-de-lièvre! Pourquoi il est resté pendant des jours avec moi, et qu'il m'a jamais adressé la parole? Il me fixait toujours de son regard pervers, et jamais un mot. Si un jour je le rencontre, je jure à saint-entonnoir que je lui ferai passer un mauvais quart d'heure.
Tiens! Un peu d'animation. Voici un garde.
Il me répond pas. Je me demande bien où il a été éduqué. Bon, le voilà qui m'emmène dans le cabinet d'un docteur. Le garde m'installe sur la chaise. Garde? Chaise? Où sont les gouttes? Vite regarder le plafond, je veux pas me faire avoir une seconde fois. Ça va, il n'y a rien. Ouf. Heureusement. Je veux plus jamais revoir bec-de-lièvre. C'est un impoli. Je me plaindrai à l'archiduchesse. Elle lui donnera une bonne leçon et ce sera bien fait pour lui.
Il m'énerve déjà ce docteur. Cela fait déjà plusieurs minutes que j'attends. On pourrait au moins me retirer cette camisole. Je sens que je deviens nerveux, et quand je suis dans cet état, je ne réponds plus de rien. Ah, si au moins il y avait quelqu'un pour jouer aux billes! On pourrait se marrer. Je demanderai au docteur s'il veut jouer avec moi.
Tiens, du bruit derrière. Le docteur est là, mais je le vois pas. Il demande au garde de nous laisser seul. Il prétexte que pour une première prise de contact, il veut personne d'autre que nous dans la pièce et que, de toute façon, la camisole le protège. Faudrait qu'il réfléchisse un peu mieux ce docteur. Comment je vais pouvoir jouer aux billes, moi? Je suis certain qu'il me veut dans la camisole, comme ça il sera presque certain de remporter la victoire. C'est dégueulasse. Je veux ma chance aux billes. C'est mon droit le plus civique.
Le psychiatre ferme la porte. Il s'installe à son bureau en face de moi.
- Bugs Bunny. Bugs Bunny. Bugs Bunny. Quoi de neuf docteur? Hahaha.
Il me regarde. Il joue avec sa moustache. Moi à sa place, je me rongerais les ongles.
- Vous êtes Bec-de-lièvre? Je vous hais. C'est vous! C'est vous!
C'est lui, c'est Bec-de-lièvre. Je suis sûr. Il va apprendre la politesse. Je suis furieux. Merde, cette camisole m'empêche de lui donner une baffe. Humf. Humf. Pas moyen de me libérer. Et Bec-de-lièvre qui bouge pas. Il devrait savoir que je suis dangereux. Tu vas voir, Bec-de-lièvre! Ploc. Ploc. Ploc. Cassettes vidéo chez l'archiduchesse. Guépard. Sang. Tripes. Combats de chiens. Loups et guépards. Ploc. Ploc. Ploc.
Bec-de-lièvre a l'air de s'inquiéter. Je vais lui rendre sa politesse. Ne pas m'avoir parlé pendant plusieurs jours, tu vas le regretter. C'est décidé. Je me lève brutalement et je me jette sur ce salopard. Bang. Hoho. Quel coup d'épaule sur son nez. Il saigne, il saigne. On dirait du jus de framboise. Il bouge toujours, mais il est faible. On dirait une gazelle. Et moi je suis un puissant guépard. J'ouvre très grand ma gueule. Je suis un grand fauve. Hum, quel tendre gorge de gazelle. Gnap. Comme c'est bon et juteux. J'ai bien envie de chanter une petite chanson pour fêter ma vengeance, mais j'ai la bouche pleine et c'est pas facile d'articuler. Je recrache tout. Je peux maintenant fredonner quelque chose.
Mais c'est qu'il est toujours vivant! Et voilà qu'il crie, maintenant. Vite, l'embrasser. Comme ça il pourra pas gueuler. Tiens, je touche sa langue. Et une langue, ce serait pas comme une gorge? Allez hop, c'est mordu et arraché. Maintenant il gueulera plus. Sa pomme d'Adam a quand même meilleur goût que sa langue. Allez, encore une petite rasade comme un guépard.
J'ai enfin eu Bec-de-lièvre. Je l'ai eu. C'est enfin terminé. Plus de cauchemar. Je me suis vengé. Bugs Bunny ne grignotera plus sa carotte.
Du bruit derrière moi.
Ah, c'est vraiment pas facile de parler la bouche pleine.
Aïe, aïe. Ça va faire mal! Le garde me montre sa matraque. Ouch, j'ai mal. Et il recommence... Et il y va gaiement, ce salaud. Mais j'ai eu Bec-de-liè...
Une bouteille de champagne se sabre. La mousse coule sur un drap de lit. Des fraises se dégustent. Tout en tendant une coupe à sa maîtresse, l'homme lui parle le sourire aux lèves:
- C'est merveilleux, avocat de génie. Mon petit Lambert, tout cet héritage est pour nous. Nous allons enfin vivre la belle vie.
D'un cul-sec, les amants boivent leurs coupes et s'embrassent, mélangeant ainsi fiel et boisson.
- C'est une torture que l'on utilisait sous l'Inquisition. Ce supplice était parfait pour notre but. Il n'y avait aucune chance pour que la raison du vagabond puisse résister. Surtout avec la photo de ton riche mari en face de ses yeux. Le pauvre! Pendant quatre jours il a dû regarder sans arrêt le bec-de-lièvre de ton mari.