HISTOIRES
De tous les recueils de poésie de Prévert, Histoires
est sans doute l'album le plus près des gens. Ceci est dû,
non seulement au fait qu'il raconte des histoires simples du quotidien,
mais également parce que ce sont celles de Monsieur Tout Le Monde
et qu'il est facile de s'y reconnaître. Il sait attendre et toucher
le grand public parce que sa sensibilité est de même longueur
d'onde que celle des gens ordinaires. On dit qu'il écrivait
pour les pauvres et qu'il communiquait leurs pensées. Ces
derniers n'avaient pas toujours la chance de s'exprimer. Prenons
par exemple " Chanson des cireurs de souliers", un poème "vrai"
puisque les gens qui exercent ce métier et les clients existent
réellement. De plus, c'est une sorte de réflexion sur
les classes sociales et sur les différences entre les hommes noirs
et blancs :
" Et quand il jette à l'enfant noir
Au gentil cireur de Broadway
Une misérable pièce de monnaie
Il ne prend pas la peine de voir
Les reflets du soleil miroitant à ses pieds "
La sensibilité, l'amour, le rêve et la tristesse
entraînent une certaine mélancolie dans ses poèmes.
Ainsi, dans " Le tendre et dangereux visage de l'amour " Prévert
écrit, parlant du visage de l'amour :
" Tout ce que je sais
c'est qu'il m'a blessé
peut-être avec une flèche
peut-être avec une chanson
Tout ce que je sais
c'est qu'il m'a blessé
blessé au cœur
et pour toujours
Brûlante trop brûlante
blessure de l'amour "
Les thèmes de l'amour et de la mort sont fortement utilisés,
mais n'est-ce pas là des faits de la vie de tous les jours ?
Pour terminer, Prévert n'hésite pas à élaborer
toute une scène pour l'unique plaisir d'amener au dernier vers un
effet comique, en l'occurrence une plaisanterie "érudite" et plusieurs
jeux de mots.