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POÉSIE de JACQUES PRÉVERT ( cliquez ici )
Que ce soit en poésie ou en chant, les artistes puisent leur inspiration dans la vie de tous les jours. Jacques Prévert est l’un des pionniers de ce mouvement qui présente le quotidien. Poète à l’époque du surréalisme, Prévert s’amuse à jouer avec les mots, transforme les banalités de la vie et y glisse un message. Il présente le quotidien et ajoute quelques exagérations, bien de son époque, pour illustrer sa pensée. Jacques Prévert brosse un tableau de la vie et la peint de plusieurs couleurs, sous plusieurs angles.
Le mouvement surréaliste est apparu au vingtième siècle. Il est caractérisé par son humour noir et la forte présence de négation à tout ce que l’on impose. Parmi les grands de ce courant on retrouve les Boris Vian, Aragon et Prévert. Ce dernier utilise des images simples et tendres telles l’enfance, l’amour et les animaux, pour illustrer son opposition aux oppressions et à l’hypocrisie humaine. Cependant, il ne faut pas croire que ces poètes ne font que dénoncer. La négation, ou le refus, s’accompagne d’un désir de renouvellement. Ainsi naît de nouvelles valeurs comme l’amour et la beauté, afin d’amener chacun dans sa quête de la « vraie vie ». Jouissant d’une totale liberté, plusieurs aborderont des sujets « tabous » comme la question sexuelle, la puissance des rêves et les désirs. C’est ainsi que le philosophe Sigmund Freud utilisera l’interprétation des rêves dans ses recherches auprès des personnes atteintes de déficiences psychologiques. On cherche à comprendre la vie en utilisant l’inconscient. Selon Freud, le désir serait une pensée refoulée dans l’inconscient. Le but ultime de cette façon de procéder est de donner à chacun les moyens de se révéler à lui-même dans son authenticité. En bref, on utilise tout ce que le monde « logique » refoule. L’esprit qui règne à l’époque est la révolte, la liberté et l’expression des impulsions. Comme les gens voulaient libérer la vie, ils ont libéré la poésie de ses anciennes contraintes et ont mis en avant-plan des images et des métaphores qui rapprochent des réalités que la conscience ne songe pas à unir. C’est ainsi que naît la poésie du quotidien.
Jacques Prévert est un poète qui véhicule ses messages au travers d’exemples et d’illustrations tirés de la vie quotidienne. Ainsi, il se trouve à créer des oeuvres accessibles à tous. Cependant, il ne faut pas croire que Prévert utilise une écriture simpliste. Parmi les divers procédés d’écriture qu’il se sert, on retrouve des métaphores, des comparaisons, des évidences et des absurdités. Dans le poème « Page d’écriture », Prévert utilise des métaphores afin de faire comprendre ce que devrait être la signification de « vivre » :
Mais tous les autres enfants écoutent
la musique et les murs de la classe s’écroulent
tranquillement. Et les vitres redeviennent sable,
l’encre redevient eau, les pupitres
redeviennent arbres, la craie redevient falaise,
le porte-plume redevient oiseau.
Cet extrait présente une multitude d’illustrations démontrant l’appel de la nature. On démontre l’appel à l’origine et le retour aux sources. C’est reprendre contact avec l’essence de la vie : la nature. C’est par une métaphore qu’on évoque ici la vie. Les murs de la classe qui s’écroulent représentent les limites du quotidien. Toutes ces habitudes auxquelles l’homme est liées : comme le travail, par exemple. Redécouvrir la vie c’est pour Prévert, retrouver ce contact avec la nature qui est perdu. Cette notion se retrouve également dans un autre de ses poèmes « Le temps perdu », où il demande au soleil pourquoi se doit-il de donner une journée pareille à son patron. En plus de l’appel de la nature, Prévert aborde ici la notion du temps et de sa préciosité : Le fait de ne pas pouvoir jouir pleinement de ce temps que nous offre la vie. On pourrait traduire cela par une phrase cliché comme : Pourquoi perdre son temps plutôt que de le prendre ? Cette notion de la préciosité du temps se retrouve également chez Louis Aragon, un autre poète du symbolisme, dans « J’arrive où je suis étranger » :
« Rien n’est précaire comme vivre, rien comme
être n’est passager
c’est un peu fondre pour le givre et pour le vent être léger.
»
Ce passage, en plus d’illustrer la préciosité du temps,
présente une évidence.
On le sait tous que la vie est passagère et que le vent est
léger mais est-ce que l’on s’y arrête ?
En sommes nous conscient ? Là est toute la différence
entre SAVOIR et ÊTRE CONSCIENT. Est-ce que l’on profite pleinement
de cette courte période qu’est la vie ? Prévert fait
aussi appel à la nostalgie pour démontrer le manque que nous
inflige le fait de ne pas saisir chaque instant de la vie.
« Et vous savez, vous savez que jamais plus vous ne
jouerez
comme ces enfants. Vous savez que jamais plus vous
ne passerez tranquillement comme ces passants. »
Cet extrait du poème « Le désespoir est assis sur un banc » présente, avec une note plutôt morose, une évidence de la vie, celle du « jamais plus ». Cette triste réalité que la vie est éphémère devrait éveiller en nous le désir d’en profiter pleinement, mais trop souvent, nous ne faisons que passer sans rien observer. En bref, la poésie du quotidien chez Prévert, c’est démontrer des choses simples, que tous et chacun connaissent, mais qui sont oubliées et auxquelles on ne pense pas.
Pour conclure, Jacques Prévert démontre
la vie sous diverses facettes. Il s’amuse à la raconter et
à nous la révéler. Plusieurs autres thèmes
auraient pu être approfondis, comme le refus de ce qui est imposé,
et plusieurs autres interprétations auraient pu être démontrées.
Jacques Prévert, en traitant du quotidien, rejoint tous les gens.
Puissent ses écrits faire saisir à ses lecteurs les belles
valeurs qui y sont véhiculées.