Robert Drouin se classe parmi les premiers défricheurs de la Nouvelle-France. A l'été de 1635, il vient rejoindre les colons percherons du Seigneur Giffard, arrivés l'année précédente. Comme ces derniers, il dut quitter son pays par le port de Dieppe.
Il est originaire de Pin-la-Garenne, où il est né le 6 août 1607. Ses pères et mères se nommaient Robert Drouin et Marie Dubois. Il vécut aux alentours de Québec, Cap-de-la-Madeleine et à la Côte de Beaupré. Robert se mit au service de Robert Giffard. C'est à la maison de ce seigneur, le 27 juillet 1636 que Jean Guyon rédigea le premier contrat de mariage passé au Canada, celui de Robert Drouin et de Anne Cloutier, fille de Zacharie et de Sainte Dupont.
Robert Drouin connaissait l'art de fabriquer des briques. Un contrat du notaire Piraude, le 25 mars 1640, nous apprend que l'ancêtre Drouin vendit aux Dames Hospitalières 7000 briques. Il s'engageait à les leur livrer vers le 15 juin suivant "sur le bord de la rivière proche de Beauport vis à vis de son atelier" pour le prix "de deux poinsons de bled".
En 1641, Jean Bourdon, arpenteur, dessine une carte de la côte de Beaupré et il signale la terre de Robert Drouin, "sise entre celles de Jacques Boissel et de Claude Estienne, à l'ouest de la Rivière-aux-Chiens."
En 1642, Robert et quelques habitants de Beauport furent accusés d'avoir voulu tuer James Bourguignon qui s'était plaint au greffe criminel de Québec. En 1648, grand deuil!, Anne Cloutier décède à la Chandeleur et elle est inhumé à Québec, le 4 février. Robert confia sans doute ses deux enfants orphelins: Geneviève et Jeanne à la famille Cloutier.
L'année suivante, le 26 novembre 1649, Robert signa son second contrat de mariage. Marie Chapelier, veuve de Pierre Petit, native de Comte-Robert-en-Brie, fille de Jean et Marguerite Dodier, l'acceptait comme mari. Drouin promettait de prendre une habitation proche de Québec. Le lundi suivant, le 29 novembre, eut lieu la cérémonie religieuse à Québec. Ce contrat de mariage, peut-être un peu compliqué, fut repris et ajusté le 25 juillet 1664.
Le 6 juin 1651, les Jésuites concédèrent une terre au couple Drouin, non loin de celle de Sébastien Dodier, un parent peut-être de Marie Chapelier. Robert et Marie aimait beaucoup leurs enfants et firent tout leur possible pour les aider, surtout lors de leur mariage. A preuve, au mariage de leur fille Marie, ils lui donnèrent une vache à lait, des habits, du linge et de la vaiselle pour une somme de 100 livres. Les époux Drouin mirent aussi Geneviève et Marguerite pensionnaires chez les Ursulines de Québec.
Une anecdote assez intéressante, Zacharie Cloutier, père de la première épouse de Robert Drouin se méfiait de cette belle-mère Chapelier. " ...il appréhendait que les d. enfants se fassent maltraiter par cette nouvelle femme". Il prit sous sa protection les enfants Drouin nés du premier mariage, durant le séjour de son gendre dans la région de Trois-Rivières.
En 1667, Robert possédait 6 bêtes à cornes et 10 arpents de terre défrichée. Il vend un demi-arpent de front, en 1668 à François Lacroix. Et l'année suivante, il cède l'arrière de sa terre sur une largeur de 2 arpent 3.5 perches à François Branliac. Il lui en reste assez pour ses fils, Etienne et Nicolas.
La Bonne Sainte Anne fit un spécial pour récompenser la foi de la famille fondatrice Drouin.
Le fils de Robert, Nicolas 12 ans, " étant affligé d'un mal caduc (épilepsie) qui le mettait souvent en danger de périr ou par le feu ou dans les eaux, tombant comme mort au lieu où il se trouvait surpris, se voua à Ste-Anne et commença une neuvaine en son honneur... recouvra la santé ". Le jour de la fête de Ste-Anne, le 26 juillet 1662, sa guérison fut parfaite.
En 1664, Mme Drouin fait l'offrande d'une livre à l'église de Ste-Anne, Cette année-là, une dure épreuve avait frappé la famille Drouin. Leur fille Marie, épouse depuis novembre 1662 de l'ancêtre Nicolas Lebel, se noya à la Rivière-aux-Chiens "venant à Ste-Anne pour entendre la Ste-Messe... et dans l'intention de faire ses dévotions".
Robert Drouin, à la fin de 1665, donne 200 briques pour la construction du presbytère de Ste-Anne, de la cheminée sans doute.
Robert, agé de 77 ans, père de 11 enfants, mourut en fin mai 1685, après avoir reçu les SS. sacrements de pénitence eucharistie et extrême onction. Quant à Marie Chapelier, elle survécut à son mari quelques années. En juillet 1690, elle vivait encore.
Je me souviens, telle est la devise que chaque famille devrait avoir pour garder mémoire des pionniers qui ont mis le pays en marche. Des ancêtres comme Robert Drouin ont été un atout essentiel pour que la Nouvelle-France puisse se faire connaître outre mer. Nous retrouvons des Drouin à la grandeur du continent aujourd'hui, (Canada et États-Unis).
Cette grande famille restera marqué de plusieurs événements
dans la mémoire de ces descendants. Robert Drouin fut selon les
écrits, le premier à signer un contrat de mariage en Nouvelle-France
avec Anne Cloutier...