Il est possible et même probable que Jean Turcot ait passé de la France à la Nouvelle-France en 1647. On retrouve sa présence au bas d'un acte le 11 août 1647 à Québec. Il s'agit d'une obligation d'Isaac Blineau à Vincent Breault, rédigé par Laurent Bermen, le premier tabellion à se qualifier comme notaire royal.
Voici l'acte dont il est question:
"Fut présent en sa personne Isaac Blineau travaillant demeurant
en ce pais Lequel sest volontairement oblige a Vincent Breault masson demeurant
a Quebec de luy payer la somme de Vingt et une livres tournois payable
dhuy en un an pour un abit quil luy auroit vendu cy devant Faict en Lestude
du dit Notaire le unziesme jour daoust mil six cent quarante sept en presence
de Pierre Lande et Jean Turcot tesmoins qui ont signe et le dit Blineau
a declare ne sçavoir signe ce ce interpellé suivant Lordonnance."
Signé:P. Lande, Jean Turcot, Bermen, N.R.
Nous retrouvons une information très importante dans cet acte. Jean Turcot a signé son nom donc on peut supposer qu'il est instruit.
Jean Turcot aurait séjourné quelques temps à Québec. Selon le Père Gentil Turcotte, il aurait été engagé tout comme son ami Pierre Lande pour un contrat de trois ans. Mais ceci demeure incertain car le nom de Jean Turcot n'apparait sur aucune liste d'engagés.
Le 25 octobre 1651, Jean Turcot et Françoise Capel ont conclu un traité de mariage sous seing privé rédigé par Jacques Le Neuf dans la paroisse de Champlain.
Françoise Capel est originaire de Cesny-aux-Vignes. Elle est arrivée avec Jeanne Mance le 8 septembre 1650 .Elle serait entrée chez les Soeurs Ursulines à titre de novice. Un fait très important, le monastère dirigé par Marie de l'Incarnation est incendié. Selon les écrits, cela aurait été causé par une soeur converse novice. Serait-ce Françoise Capel? C'est fort possible mais on ne le saura jamais de façon absolument certaine. Peu de temps après cette incident, elle quitte les Ursulines.
La vie de Jean Turcot fut de très courte durée en Nouvelle-France. Tout comme plusieurs de ces compagnons, il connu une mort tragique aux mains des Iroquois dans la région de Trois-Rivières.
"Les Iroquois, cachés par les feuilles basses, pouvaient courir en toute sécurité d'un arbre à l'autre et fusilier sans danger leurs assaillants. La lutte fut brève. Malgré l'extraordinaire bravoure des Français il a fallu battre en retraite. Au retour de cette escarmouche, quinze hommes manquaient à l'appel, parmi lesquels Duplessis-Kerbodot, le gouverneur de la ville.[...] Ne voyant rien, n'entendant rien, le 23 août un groupe se hasarda jusqu'au lieu de la rencontre du 19. Huit cadavres gisaient sur la terre piétinée et rougie. Un peu à l'écart dans les branches, on trouva un bouclier iroquois sur lequel Normanville avait écrit au charbon Normanville, Poisson, Lapalme, Turcot, Chaillon, S. Germain, Onnepochronnons et Agnechronnons: je n'ai encore perdu qu'un ongle. Ce texte signifiait que les sept personnes nommées étaient entre les mains des Iroquois."
Jamais personne ne revit Jean Turcot ainsi que ces compagnons. Mais la nature avait bien fait les choses puisque Françoise Capel donna naissance au seul descendant de Jean Turcot: 1- Jacques Turcot, baptisé le 6 septembre à la chapelle de La Conception.
Françoise va se remarier avec Jacques Lucas. Mais tout comme son premier mariage, la vie de ménage fut très courte. Elle ne perdit pas confiance et prit un troisième époux en l'homme de Jacques Le Marchand.
Françoise Capel décède le 19 avril 1699.
"Ce jourdhuy 20e du mois d'avril 1699 je ptre curé de Notre-Dame de Champlain certifie avoir inhumé dans la cimetière de cette paroisse Francoise Capelle, veuve de feu Jacques Marchand, qui est morte chez sa brue la veuve Turcot le jour précédent aagée de 73 ans. Son fils Marchand et autres parents amis soussignés estoient présents à la dite sépulture ce jour et an de dessus."
Malgré ce qui est écrit, le curé est le seul à signer l'acte.
Turcot et Lucas ont au moins deux points en commun: ils ont été victimes des Iroquois et leurs rejetons se sont multipliés de génération en génération et forment aujourd'hui des clans importants et vigoureux.
Aux yeux des canadiens-français de l'époque, Jean
Turcot était considéré comme un des plus courageux
colonisateurs. De plus, il n'est pas dit qu'une vie très courte
ne peut être remplis de beaucoup d'aventures comme le démontre
notre ancêtre Jean Turcot.