CHAPITRE IX
UNE PÉRIODE PROPHÉTIQUE TRAVERSE LES SIÈCLES
(index)
1-2 : « 1 La première année de Darius, fils d’Assuérus, de la race des Mèdes, lequel était devenu roi du royaume des Chaldéens, 2 la première année de son règne, moi, Daniel, je vis par les livres qu’il devait s’écouler soixante et dix ans pour les ruines de Jérusalem, d’après le nombre des années dont l’Eternel avait parlé à Jérémie, le prophète. »
La vision enregistrée dans le chapitre antérieur fut donnée lors de la troisième année de Belschatsar, en 538 av. J.-C. Les événements narrés dans ce chapitre eurent lieu la première année de Darius. Puisque Belschatsar était le dernier monarque de Babylone et Darius le premier Médo-Perse qui régna sur Babylone, il est probable qu’il s’était écoulé moins d’une année entre les événements mentionnés dans ces deux chapitres.
Bien que Daniel, en tant que premier ministre du plus grand royaume de la terre, était entravé par les soucis et les charges, il ne permit pas que cela le privât de l’opportunité d’étudier des choses de plus grande importance : les desseins de Dieu révélés à ses prophètes. Par les livres, c’est-à-dire les écrits de Jérémie, il comprenait que Dieu allait permettre que la captivité de son peuple durât soixante-dix ans. Cette prédiction se trouve dans Jérémie 25 :12 ; 29 :10. Cette connaissance et l’emploi que Daniel en fit, démontre que très tôt, Jérémie fut considéré comme un prophète divinement inspiré ; dans le cas contraire ses écrits n’auraient pas été rassemblés si tôt ni copiés si largement. Bien qu’il s’agissait d’une personne qui lui était contemporaine pendant un certain temps, Daniel avait une copie de son oeuvre et l’emmena avec lui en captivité. Bien qu’étant lui-même un grand prophète, il ne considérait pas humiliant d’étudier avec soin ce que Dieu pourrait révéler à l’un de ses autres serviteurs.
Les soixante-dix ans de captivité ne doivent pas être confondus avec les soixante-dix semaines qui suivent. En faisant partir les soixante-dix années de captivité en 6o6 av. J.-C., Daniel comprit que la fin approchait, et que Dieu avait commencé l’accomplissement de la prophétie en renversant le royaume de Babylone.
3 : « Je tournai ma face vers le Seigneur Dieu, afin de recourir à la prière et aux supplications, en jeûnant et en prenant le sac et la cendre. »
Le fait que Dieu ait promis quelque chose, ne nous dispense pas de la responsabilité de le prier d’accomplir sa parole. Daniel aurait pu raisonner de la sorte : Dieu a promis de libérer son peuple à la fin des soixante-dix ans, et il accomplira sa promesse ; je n’ai donc pas besoin de m’en préoccuper. Mais il ne raisonna pas de cette façon ; lorsque le moment de l’accomplissement de la parole du Seigneur approcha, il se dédia à rechercher le Seigneur de tout son coeur.
Ah, comme il s’abandonna à Lui ! il le fit même avec le jeûne, le sac et la cendre ! Ceci arriva probablement l’année où Daniel fut jeté dans la fosse aux lions. Le lecteur se souviendra que le décret approuvé par le roi avait interdit, sous peine de mort, à tous les sujets de prier un autre dieu que le roi. Sans tenir compte du décret, Daniel éleva sa prière trois par jour, ses fenêtres ouvertes et en direction de Jérusalem.
4 : « Je priai l’Eternel, mon Dieu, et je lui fis cette confession : Seigneur, Dieu grand et redoutable, toi qui gardes ton alliance et qui fais miséricorde à ceux qui t’aiment et qui gardent tes commandements ! »
Nous avons ici le début de la magnifique prière de Daniel, une prière qui exprime tant d’humilité et de contrition que seuls les insensibles peuvent la lire sans s’émouvoir. Il commence par reconnaître la fidélité de Dieu, qui ne manque jamais à ses engagements envers ceux qui le suivent. Si les Juifs se trouvaient en captivité, c’était à cause de leurs péchés, et non parce que Dieu avait échoué dans leur défense ou dans leur soutien.
5-14 : « 5 Nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons été méchants et rebelles, nous nous sommes détournés de tes commandements et de tes ordonnances. 6 Nous n’avons pas écouté tes serviteurs, les prophètes, qui ont parlé en ton nom à nos rois, à nos chefs, à nos pères, et à tout le peuple du pays. 7 A toi, Seigneur, est la justice, et à nous la confusion de face, en ce jour, aux hommes de Juda, aux habitants de Jérusalem, et à tout Israël, à ceux qui sont près et à ceux qui sont loin, dans tous les pays où tu les as chassés à cause des infidélités dont ils se sont rendus coupables envers toi. 8 Seigneur, à nous la confusion de face, à nos rois, à nos chefs, et à nos pères, parce que nous avons péché contre toi. 9 Auprès du Seigneur, notre Dieu, la miséricorde et le pardon, car nous avons été rebelles envers lui. 10 Nous n’avons pas écouté la voix de l’Eternel, notre Dieu, pour suivre ses lois qu’il avait mises devant nous par ses serviteurs, les prophètes. 11 Tout Israël a transgressé ta loi, et s’est détourné pour ne pas écouter ta voix. Alors se sont répandues sur nous les malédictions et les imprécations qui sont écrites dans la loi de Moïse, serviteur de Dieu, parce que nous avons péché contre Dieu. 12 Il a accompli les paroles qu’il avait prononcées contre nous et contre nos chefs qui nous ont gouvernés, Il a fait venir sur nous une grande calamité, et il n’en est jamais arrivé sous le ciel entier une semblable à celle qui est arrivée à Jérusalem. 13 Comme cela est écrit dans la loi de Moïse, toute cette calamité est venue sur nous ; et nous n’avons pas imploré l’Eternel, notre Dieu, nous ne nous sommes pas détournés de nos iniquités, nous n’avons pas été attentifs à ta vérité. 14 L’Eternel a veillé sur cette calamité, et l’a fait venir sur nous ; car l’Eternel, notre Dieu, est juste dans toutes les choses qu’il a faites, mais nous n’avons pas écouté sa voix. »
Jusqu’ici la prière de Daniel est dédiée à une confession complète du péché de son peuple, avec un coeur contrit. Il justifie totalement la conduite du Seigneur, en reconnaissant que les péchés de son peuple furent la cause de toutes ces calamités, telles que Dieu les avait menacés par le prophète Moïse. Il ne fait aucune discrimination envers lui-même. La propre justice n’apparaît pas dans sa prière. Bien qu’il avait souffert longtemps pour les péchés du passé, et qu’il supportât soixante-dix ans de captivité à cause des erreurs de son peuple, il avait vécu pieusement et reçu des marques d’honneur et des bénédictions du Seigneur. Il ne présente aucune accusation contre personne, il ne sollicite pas de sympathie envers lui-même, en tant que victime des erreurs des autres, mais il se place lui-même parmi le peuple, en disant : « Nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, à nous la confusion de face ». Il reconnaît qu’ils n’ont pas écouté les leçons que Dieu avait voulu leur enseigner par leurs afflictions.
15-19 : « 15 Et maintenant, Seigneur, notre Dieu, toi qui as fait sortir ton peuple du pays d’Egypte par ta main puissante, et qui t’es fait un nom comme il l’est aujourd’hui, nous avons péché, nous avons commis l’iniquité. Seigneur, selon ta grande miséricorde, que ta colère et ta fureur se détournent de ta ville de Jérusalem, de ta montagne sainte ; car, à cause de nos péchés et des iniquités de nos pères, Jérusalem et ton peuple sont en opprobre à tous ceux qui nous entourent. 17 Maintenant donc, ô notre Dieu, écoute la prière et les supplications de ton serviteur, et, pour l’amour du Seigneur, fais briller ta face sur ton sanctuaire dévasté ! 18 Mon Dieu, prête l’oreille et écoute ! ouvre les yeux et regarde nos ruines, regarde la ville sur laquelle ton nom est invoqué ! Car ce n’est pas à cause de notre justice que nous te présentons nos supplications, c’est à cause de tes grandes compassions. 19 Seigneur, écoute ! Seigneur, pardonne ! Seigneur, sois attentif ! agis et ne tarde pas, par amour pour toi, ô mon Dieu ! Car ton nom est invoqué sur ta ville et sur ton peuple. »
Le prophète invoque maintenant l’honneur du nom de Jéhova comme motif de son désir d’être exaucé. Il se réfère à la libération d’Israël d’Egypte et le grand renom que les oeuvres admirables, manifestées parmi eux, avait apporté au Seigneur. Moïse utilise le même argument lorsqu’il intercède pour Israël (Nombres 14). Ce n’est pas parce que Dieu agit par ambition et vanité, mais lorsque ses enfants manifestent du zèle pour l’honneur de son nom, quand ils montrent leur amour pour lui en le priant d’agir, non pas pour leur bénéfice personnel, mais pour Sa gloire, afin que son nom ne souffre pas l’opprobre ni ne soit blasphémé parmi les païens, alors ceci Lui est agréable. Daniel intercède ensuite pour la ville de Jérusalem, qui porte le nom de Dieu, et pour la sainte montagne, qu’Il aime tant, et il le prie que par sa miséricorde, il dévie sa colère. Finalement, il concentre son attention sur le sanctuaire sacré, la demeure de Dieu sur la terre, et il sollicite la réparation de ses ruines.
Daniel comprenait que les soixante-dix ans de captivité approchaient de leur terme. Par cette allusion au sanctuaire, il est évident que jusqu’alors il ne comprenait pas l’importance de la vision qui lui avait été donnée peu de temps auparavant, et qui se trouve au chapitre 8 de ce livre, et il paraissait supposer que les 2300 jours expiraient au même moment [que les soixante-dix ans]. Cette erreur de sa part fut immédiatement corrigée par l’ange qui vint lui donner plus d’instructions en réponse à sa prière.
20-21 : « 20 Je parlais encore, je priais, je confessais mon péché et le péché de mon peuple d’Israël, et je présentais mes supplications à l’Eternel, mon Dieu, en faveur de la sainte montagne de mon Dieu ; 21 je parlais encore dans ma prière, quand l’homme, Gabriel, que j’avais vu précédemment dans une vision, s’approcha de moi d’un vol rapide, au moment de l’offrande du soir. »
Nous trouvons ici le résultat des supplications de Daniel. Il est soudainement interrompu par un messager céleste. L’ange Gabriel, réapparaissant comme au début, sous la forme d’un homme que Daniel avait vu dans la vision, le toucha. Une question importante est sur le point d’être résolue, à savoir : la vision de Daniel 8, a-t-elle jamais reçu une réponse, et peut-elle être comprise ? A quelle vision Daniel fait-il référence quand il parle de l’être qu’il avait « vu précédemment dans une vision » ? Nous devons tous reconnaître qu’il s’agit d’une vision déjà enregistrée, dans laquelle le nom de Gabriel doit être mentionné. Il est nécessaire de remonter au-delà du chapitre 9, parce que tout ce que nous rencontrons dans celui-ci, avant cette apparition de Gabriel, est simplement le récit de la prière de Daniel. Mais en parcourant les chapitres antérieurs, nous trouvons mentionnées seulement trois visions données à Daniel. L’interprétation du songe de Nébucadnetsar fut donnée en vision pendant la nuit (Daniel 2 :19). Mais il n’y a pas d’intervention angélique dans celle-ci. La vision de Daniel lui fut expliquée par l’un de ceux qui y assistaient, ce qui signifie probablement un ange ; mais il ne nous ait pas donné d’information sur son identité ; il n’y avait rien dans cette vision qui nécessitait une explication ultérieure. La vision de Daniel 8 donne quelques détails qui nous montrent qu’il s’agit de la vision recherchée. Dans celle-ci, Gabriel est présenté par son nom. On lui avait ordonné de faire comprendre la vision à Daniel. Daniel laissa entendre qu’il ne la comprenait pas, montrant que Gabriel, à la conclusion de Daniel 8, n’a pas rempli totalement sa mission. Dans toute la Bible il n’y a aucun endroit où cette instruction continua, si ce n’est dans le chapitre 9. Aussi, si la vision de Daniel 8 n’est pas celle recherchée, nous ne trouverons aucune mention que Gabriel ait accompli entièrement les instructions qui lui furent données, ou que la vision ait été une fois expliquée. L’instruction que l’ange donne maintenant à Daniel, comme nous le verrons dans les versets suivants, complète exactement ce qui manquait dans Daniel 8. Ces considérations prouvent d’une façon indubitable la relation qu’il y a entre Daniel 8 et 9, et cette conclusion est encore plus évidente quand on considère les instructions de l’ange.
22-23 : « 22 Il m’instruisit, et s’entretint avec moi. Il me dit : Daniel, je suis venu maintenant pour ouvrir ton intelligence. 23 Lorsque tu as commencé à prier, la parole est sortie, et je viens pour te l’annoncer ; car tu es un bien-aimé. Sois attentif à la parole, et comprends la vision ! »
La façon dont Gabriel se présente à cette occasion démontre qu’il était venu pour terminer une mission inachevée. Ce ne peut pas en être une autre que celle d’accomplir l’ordre : « Explique-lui la vision », qui est enregistré dans Daniel 8. Il dit : « je suis venu maintenant pour ouvrir ton intelligence ». La responsabilité de faire comprendre la vision à Daniel repose toujours sur lui, et comme au chapitre 8 il avait expliqué à Daniel tout ce qu’il pouvait recevoir, et cependant il ne comprenait toujours pas la vision, il vient maintenant poursuivre son oeuvre et compléter sa mission. Dès que Daniel commença sa prière fervente, Gabriel reçu l’ordre de le visiter et de lui donner l’information nécessaire.
Par le temps nécessaire pour lire la prière de Daniel jusqu’au moment où Gabriel apparaît, le lecteur peut juger de la vitesse à laquelle le messager voyagea depuis les parvis célestes jusqu’au serviteur de Dieu. Il n’est pas étonnant que Daniel nota qu’il vint « d’un vol rapide », ni qu’Ezéchiel compare les mouvements de ces êtres célestes à des éclairs (Ezéchiel 1 :14).
Il dit à Daniel : « Sois attentif à la parole ». Quelle parole ? Evidemment, à celle qu’il ne comprenait pas auparavant, selon ce qu’il déclare dans le dernier verset de Daniel 8. « Comprends la vision ». Quelle vision ? Pas celle de l’interprétation donnée à Nébucadnetsar, ni la vision de Daniel 7, parce qu’il n’avait aucune difficulté à les comprendre. « Je suis venu pour ouvrir ton intelligence », dit aussi l’ange.
Daniel n’avait eu aucune difficulté pour comprendre ce que l’ange lui avait dit au sujet du bouc, du bélier et de la petite corne, qui symbolisaient les royaumes médo-perse et grec, et Rome. Il n’avait pas non plus commis d’erreur quant à la fin de la captivité des soixante-dix ans. Mais l’objet principal de sa prière était la réparation du sanctuaire qui était en ruines. Il en avait inévitablement conclu, que lorsque la fin des soixante-dix ans de captivité arriverait, ce que l’ange avait dit au sujet de la purification du sanctuaire devrait s’accomplir à la fin des 2300 jours. Maintenant il devait rectifier son concept. Ceci explique pourquoi à ce moment particulier, si peu de temps après la vision antérieure, des instructions lui furent données.
Les soixante-dix ans de captivité touchaient à leur fin. Daniel avait commis une erreur. Il ne devait pas être laissé plus longtemps dans l’ignorance au sujet de la vraie signification de la vision antérieure. « Je suis venu maintenant pour ouvrir ton intelligence », dit l’ange. Comment la relation, entre la visite antérieure de l’ange et l’actuelle, pourrait-elle être mieux démontrée que par les paroles prononcées à cette occasion par ce personnage ?
Une expression mérite d’être prise en considération avant d’abandonner le verset 23. C’est la déclaration que l’ange fait à Daniel : « tu es un bien-aimé ». L’ange apporte cette déclaration directement du ciel. Elle exprimait le sentiment qui existait là-bas, au sujet de Daniel.
Quelle pensée ! les êtres célestes, les plus sublimes de l’univers : le Père, le Fils et les saints anges, estimaient à tel point un homme mortel, ici sur la terre, qu’ils autorisèrent un ange à lui communiquer qu’il était un bien-aimé ! C’est un des plus hauts sommets de gloire qui puisse être atteint par les mortels. Abraham en atteint un autre quand il fut dit de lui qu’il était « l’ami de Dieu », et on put dire d’Hénoc qu’il marcha avec Dieu. Pouvons-nous parvenir à la même chose ? Dieu ne fait acception de personne ; mais il regarde le caractère. Si nous pouvions égaler ces hommes en vertu et en piété, nous pourrions émouvoir l’amour divin de la même façon. Nous aussi nous pourrions être des bien-aimés, nous pourrions être amis de Dieu, et nous pourrions marcher avec lui.
Une expression est utilisée en relation avec la dernière église de Dieu sur la terre qui dénote qu’elle connaîtra la plus étroite communion avec Dieu : « Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. » (Apocalypse 3 :20). Souper avec le Seigneur montre une intimité qui équivaut à être Son bien-aimé, à marcher avec Lui et à être son ami. Quelle situation désirable ! Hélas, les maux de notre nature nous privent de cette communion. Que nous puissions obtenir cette grâce pour les vaincre, afin de pouvoir jouir ici, de cette union spirituelle et entrer finalement dans les gloires de Sa présence quand nous célébrerons le banquet des noces de l’Agneau !
24 : « Soixante et dix semaines ont été fixées sur ton peuple et sur ta ville sainte, pour faire cesser les transgressions et mettre fin au péché, pour expier l’iniquité et amener la justice éternelle, pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le Saint des saints. »
Telles sont les premières paroles que l’ange adresse à Daniel en lui donnant les instructions qu’il était venu lui donner. Pourquoi introduit-il si abruptement une période de temps ? Nous devons à nouveau nous reporter à la vision de Daniel 8. Nous avons vu que Daniel, à la fin du chapitre 8, déclara qu’il ne comprenait pas la vision. Certaines parties de cette vision furent clairement expliquées à ce moment-là. Ces parties ne peuvent pas être celles qu’il ne comprit pas. Aussi, informons-nous de ce que Daniel ne comprit pas, ou quelle partie de la vision resta sans explication.
Dans cette vision, quatre choses se détachent : le bouc, le bélier, la petite corne et les 2300 jours. Les symboles du bouc, du bélier et de la petite corne furent éclaircis, mais rien n’est dit de la période de temps. Ceci dut donc constituer le point que le prophète ne comprit pas. Il était inutile de saisir les autres parties de la vision tandis que l’explication de la période des 2300 jours restait obscure.
L’érudit Dr. Hales dit, au sujet des soixante et dix semaines : « Cette prophétie chronologique… était évidemment destinée à expliquer la vision précédente, surtout sa partie chronologique de 2300 jours. »
Si cette opinion est correcte, nous pouvons nous attendre naturellement à ce que l’ange commence par le point omis, à savoir le temps. En fait, c’est ce qui se passe. Après avoir attiré, plus directement et emphatiquement, l’attention de Daniel sur la vision antérieure, et après lui avoir assuré qu’il était venu pour lui ouvrir l’intelligence, il commence par le point même qui avait été omis : « Soixante et dix semaines ont été fixées sur ton peuple et sur ta ville sainte ».
Mais comment ce langage révèle-t-il une relation avec les 2300 jours, ou comment les éclaire-t-il ? Nous répondons : le langage ne peut se référer intelligemment à autre chose. Le vocable traduit ici par « fixées » signifie « retranchées », et dans la vision dont il est question ici, il n’est fait mention d’aucune autre période de laquelle les soixante et dix semaines peuvent être retranchées, excepté celle des 2300 jours. Comme la relation est directe et naturelle ! « Soixante et dix semaines sont retranchées ». Mais retranchées de quoi ? Des 2300 jours, bien sûr.
La parole « fixées » qui se trouve dans cette phrase est une traduction de l’Hébreux nechtak, qui est basé sur un radical primitif que Strong définit comme signifiant « couper, c’est-à-dire au sens figuré, décréter, déterminer » (ce dernier par implication). La Authorized Version emploie, par implication, la seconde définition « déterminées », comme dans le texte qui nous occupe. La Revised Version utilise aussi la seconde et dit : « Soixante et dix semaines sont décrétées [c’est-à-dire attribuées] à ton peuple. » En prenant la définition de base et la plus simple, nous avons : « soixante et dix semaines sont retranchées à ton peuple ». Si elles sont retranchées, elles doivent l’être d’un entier plus grand ; dans ce cas, des 2300 jours de la prophétie étudiée jusqu’ici. On peut ajouter que Gesenius donne la même définition que Strong : « Retrancher, … diviser, et aussi déterminer, décréter. » Il se réfère ensuite à Daniel 9 :24, et il traduit : « sont décrétées sur ton peuple ». Davidson aussi donne exactement la même définition, et il se réfère également à Daniel 9 :24 comme exemple.
On peut se demander alors pourquoi les traducteurs traduisent par « fixées » quand il est évident qu’il signifie « retranchées ». La réponse est que sans aucun doute, la relation qu’il y a entre les chapitres 8 et 9 leur échappa, et ils considérèrent impropre de la traduire par « retranchées » quand ils ne voyaient pas de quoi les soixante et dix semaines pouvaient être retranchées, ils lui donnèrent sa signification figurée au lieu de la littérale. Mais, comme nous l’avons déjà vu, la définition et le contexte requièrent la signification littérale, et rend toutes les autres inadmissibles.
Aussi, soixante et dix semaines, ou 490 jours des 2300, étaient accordés à Jérusalem et aux Juifs. Les événements qui allaient être consommés durant cette période sont présentés brièvement. On devait faire cesser les transgressions, c’est-à-dire que le peuple juif allait remplir la coupe de son iniquité, ce qu’il fit en rejetant et en crucifiant le Christ. On devait « mettre fin au péché », ou aux offrandes pour le péché. Ceci eut lieu lorsque la Grande Offrande fut présentée sur le Calvaire. Une réconciliation serait faite pour l’iniquité. Ceci s’accomplit par la mort expiatoire du Fils de Dieu. La justice éternelle allait être présentée : celle que notre Seigneur manifesta par sa vie sans péché. La vision et la prophétie allaient être scellées, ou assurées.
La vision allait être démontrée par les événements qui allaient arriver pendant les soixante et dix semaines. L’application de la vision entière en est déterminée. Si les événements de cette période s’accomplissent avec exactitude, la prophétie est de Dieu, et tout le reste s’accomplira. Si les soixante et dix semaines s’accomplissent comme des semaines d’années, alors les 2300 jours, desquels elles font parties, sont aussi des années.
En débutant notre étude des soixante-dix semaines ou 490 jours, il serait bon de rappeler que dans la prophétie biblique un jour représente une année. Et à la pages 63, nous avons déjà présenté les preuves de l’acceptation de ce principe jour-année ; pour le bénéfice du lecteur, nous ajouterons seulement deux citations supplémentaires :
« De la même manière, il fut révélé à Daniel de quelle façon le dernier mépris se produirait une fois le sanctuaire purifié et la vision accomplie ; et ceci 2300 jours après l’heure où le commandement sortirait, … en accord avec le nombre prédit en résolvant un jour pour une année, selon la révélation faite à Ezéchiel ».
« C’est un fait singulier que la grande majorité des interprètes du monde anglais et américain ont eu pour habitude, depuis de nombreuses années, de comprendre que les jours mentionnés dans Daniel et l’Apocalypse représentent ou symbolisent des années. Il m’a été difficile de retrouver l’origine de cette coutume générale, et je pourrai dire quasi universelle. »
Le principe d’interprétation qui établit un jour pour une année compte, parmi ceux qui l’appuie, Augustin, Tichonius, Primasius, André, Bède le Vénérable, Ambroise, Ansbertus, Berengaud, et Bruno Astensis, en plus des principaux présentateurs. Mais le plus probant, est que les prophéties se sont accomplies en accord avec ce principe. Ceci démontre son exactitude d’une façon sans appel. Ceci se remarquera dans toute l’interprétation de la prophétie des soixante-dix semaines et de toutes les périodes prophétiques de Daniel chapitres 7 et 12, et de l’Apocalypse chapitres 9, 12 et 13.
Ainsi, les événements des soixante-dix semaines, calculées de cette manière rationnelle, apportent la clé de toute la vision.
En accord avec la prophétie, le Saint des saints devait être oint. La phrase en hébreu qodesh qodashim, traduite ici par « Saint des saints », est un terme qui est fréquemment utilisé dans le livre du Lévitique pour caractériser des lieux et des choses, mais dans aucun passage elle ne s’applique à des personnes. Bien qu’elle s’emploie dans l’Ancien Testament, et son équivalent grec dans le Nouveau Testament, pour distinguer le lieu très saint du sanctuaire, elle ne se limite en aucune façon à cet emploi. Elle s’utilise aussi pour qualifier beaucoup d’objets en relation avec le saint service du sanctuaire, comme l’autel d’airain, la table, le chandelier, l’encens, le pain sans levain, l’offrande pour le péché, tout objet consacré et les choses du même style, mais jamais les personnes en relation avec ce service (voir Exode 29 :37 ; 30 :10, 29, 36 ; Lévitique 6 :17, 29 ; 7 :1 ; 27 : 28).
D’un autre côté, dans le cas de l’onction pour le service, le terme s’applique aussi bien au tabernacle lui-même, qu’à tous ses ustensiles (Exode : 30 :26-29). Dans Daniel 9 :24, la prophétie mentionne un cas d’onction. En accord avec les usages appliqués au « Saint des saints » ou « très saint », qui a déjà été signalé, il y a toutes les raisons de croire que ce verset prédit l’onction du tabernacle céleste. Pour le service typique, le tabernacle fut oint ; et il est tout à fait juste de croire, en accord avec ceci, que le sanctuaire céleste fut oint pour le service antitypique, ou réel, quand notre Souverain Sacrificateur commença son ministère miséricordieux en faveur des pécheurs.
En examinant le sanctuaire dans nos commentaires de Daniel 8 :14, nous avons vu qu’il arrive un moment où le sanctuaire terrestre cède la place au céleste, et le ministère sacerdotal est transféré de l’un à l’autre. Avant que ne débute le ministère du sanctuaire terrestre, il fallait oindre le tabernacle et tous les ustensiles (Exode 40 :9, 10). Aussi, le dernier événement des soixante et dix semaines présenté ici est l’onction du tabernacle céleste pour que le ministère de notre grand Souverain Sacrificateur puisse y commencer.
25-27 : « 25 Prends donc connaissance et comprends ! Depuis la promulgation de la parole disant de rétablir et de reconstruire Jérusalem jusqu’au prince-messie, il y a sept semaines ; et dans soixante-deux semaines, les places et les fossés seront rétablis et reconstruits, mais en des temps d’angoisse. 26 Après les soixante-deux semaines, un messie sera retranché, et il n’aura personne pour lui. Le peuple d’un prince qui viendra détruira la ville et le sanctuaire, et sa fin arrivera comme par une inondation ; il est résolu que les dévastations dureront jusqu’à la fin de la guerre. 27 Il fera avec beaucoup une solide alliance d’une semaine, et durant la moitié de la semaine il fera cesser le sacrifice et l’offrande ; le dévastateur ira à l’extrême des abominations, jusqu’à ce que la ruine et ce qui a été résolu fondent sur le dévastateur. » [Bible Thompson, Version de Louis Segond révisée, dite à la Colombe, 1991].
L’ange relate alors à Daniel l’événement qui doit marquer le début des soixante et dix semaines. Elles devaient démarrer à la date à laquelle l’ordre de restaurer et d’édifier Jérusalem serait promulgué. Non seulement l’épisode qui détermine le moment où commence cette période est indiqué, mais aussi les événements qui doivent arriver à leur terme. On nous donne donc deux façons de vérifier l’application de la prophétie. Mais surtout, la période des soixante et dix semaines se divise en trois grandes sections. L’une d’elles se subdivise, et les événements intermédiaires qui devaient signaler la fin de chacune d’elles nous sont indiqués. Si nous pouvons trouver une date en harmonie avec tous ces épisodes, nous aurons indubitablement la vraie application, parce qu’aucune date, sinon la correcte, ne pourra satisfaire et répondre à tant de conditions.
Maintenant, que le lecteur embrasse du regard les point d’harmonie qui peuvent être établis, afin d’être mieux préparé à se mettre en garde contre toute fausse application. Nous devons trouver le commencement de la période où fut donné l’ordre de restaurer et d’édifier Jérusalem. Sept semaines devaient être consacrées à ce travail de restauration. Lorsque nous arrivons à la fin de cette première division, à sept semaines du début, nous devons trouver Jérusalem restaurée sur le plan matériel et le travail de réédification des places et de la muraille complètement achevé. A partir de là, on compte 62 semaines. Quand nous arrivons à la fin de cette section, soixante-neuf semaines à partir du début, nous devons voir la manifestation du prince-messie devant le monde. Nous avons une semaine de plus, et les soixante-dix sont complètes. Au milieu de cette dernière semaine, le Messie doit être retranché, et faire cesser le sacrifice et l’offrande. A la fin de cette période, accordée aux Juifs et durant laquelle ils continueront d’être le peuple spécial de Dieu, nous devons voir la bénédiction et l’oeuvre de Dieu passer à un autre peuple.
Informons-nous maintenant de la date initiale qui s’harmonise avec tous ces détails. L’ordre concernant Jérusalem devait inclure quelque chose de plus que sa simple reconstruction. Il devait y avoir une restauration. Nous devons comprendre qu’elle devait englober toutes les formalités et la législation de la société civile, politique et judiciaire. Quand un tel ordre fut-il promulgué ? Au moment où ces paroles sont données à Daniel, Jérusalem gisait complètement dévastée, et elle le fut durant de nombreuses années. La restauration qui lui était annoncée pour le futur devait corriger cette désolation. Demandons-nous alors, quand et comment Jérusalem fut restaurée après la captivité ?
Il y a quatre événements qui peuvent être considérés comme la réponse à l’ordre de restaurer et réédifier Jérusalem. Ce sont :
Si on les faisait démarrer à partir des deux premiers décrets, les soixante-dix semaines prophétiques ou 490 ans littéraux n’arriveraient pas à l’ère chrétienne. De plus, ces décrets se réfèrent surtout à la restauration du temple et du culte des Juifs, et pas à la restauration de son statut civil et politique, lesquels sont inclus dans l’ordre de restaurer et reconstruire Jérusalem.
Ces deux premiers décrets firent démarrer les travaux. Ils étaient les préliminaires de ce qui devait être réalisé plus tard. Mais en eux-mêmes, ils ne suffisaient pas pour satisfaire les demandes de la prophétie, ni par les dates, ni par leur nature. A cause de leur insuffisance, ils ne peuvent pas être considérés comme point de départ des soixante-dix semaines. L’unique doute qui nous reste a trait aux décrets concédés respectivement à Esdras et à Néhémie.
Les faits entre lesquels nous devons nous décider sont, en résumé, les suivants : En 457 av. J.-C., l’empereur perse Artaxerxès Longue Main, par un décret, autorisa Esdras à se rendre à Jérusalem avec tous les représentants de son peuple qui voudraient partir. Le permis lui attribuait une quantité illimitée de trésors pour embellir la maison de Dieu, pour faire des offrandes pour son service, et tout ce qui lui paraissait bon. Il lui donna le droit de promulguer des lois, d’établir des magistrats et des juges, d’exécuter des châtiments et même la peine de mort ; en d’autres termes, restaurer l’état juif civilement et religieusement, en accord avec la loi de Dieu et les anciennes coutumes de ce peuple. L’inspiration jugea nécessaire que nous conservions ce décret ; et nous en trouvons une copie complète et exacte dans Esdras 7. Elle n’est pas écrite en hébreu comme le reste du livre d’Esdras, mais en chaldéen, la langue officielle, ou araméen oriental. Ainsi, nous pouvons consulter le document originel qui autorisa Esdras à restaurer et réédifier Jérusalem.
Treize années plus tard, dans la vingtième année de ce même roi, en 444 av. J.-C., Néhémie demanda et obtint la permission de monter à Jérusalem (Néhémie 2). Mais nous n’avons pas l’évidence qu’il s’agissait d’autre chose qu’une permission orale. Il reçut une autorisation personnelle, car il n’est pas fait mention d’autres accompagnants. Le roi lui demanda combien de temps durerait son voyage, et quand il reviendrait. Il lui fit remettre des lettres pour les gouverneurs de l’autre côté du fleuve pour qu’ils l’aident dans son voyage vers la Judée, et un ordre pour que le garde forestier du roi lui donne du bois.
Lorsqu’il arriva à Jérusalem, il trouva les princes et les sacrificateurs, les nobles et le peuple, déjà occupés au travail de réédification de Jérusalem (Néhémie 2 :16). Ils agissaient, bien sûr, en accord avec le décret donné à Esdras treize ans plus tôt. Finalement, après son arrivée à Jérusalem, Néhémie termina en 52 jours le travail qu’il était venu accomplir (Néhémie 6 :15).
Maintenant donc, laquelle de ces deux missions, celle d’Esdras ou celle de Néhémie, constitue le décret de restaurer Jérusalem, qui marque le début des soixante-dix semaines ? Il semble difficile que quelqu’un puisse exprimer un doute là-dessus.
Si le calcul démarre avec la mission de Néhémie, en 444 av. J.-C., toutes les dates que nous allons rencontrer tout au long de cette période vont se trouver déplacées ; parce que depuis cette année 444, les temps d’angoisse qui devaient accompagner la réédification des places et de la muraille, ne durèrent pas sept semaines, ou 49 ans. Si nous partons de cette date, les soixante-neuf semaines, ou 483 ans, qui devaient s’étendre jusqu’au prince-messie, n’arrivent pas jusqu’à l’année 40 de notre ère. Mais Jésus fut baptisé par Jean dans le Jourdain, et la voix du Père se fit entendre du ciel le déclarant comme Son Fils, dans l’année 27, soit treize ans avant. En accord avec ce calcul, la moitié de la dernière semaine ou soixante-dixième semaine, laquelle se signale par la crucifixion , tomberait en l’an 44 de notre ère ; mais nous savons que la crucifixion eut lieu en l’an 31, c’est-à-dire treize ans plus tôt. Et finalement, les soixante-dix semaines, ou 490 ans, si on les fait partir de la vingtième année d’Artaxerxès, devraient s’étendre jusqu’à l’an 47 de notre ère, année durant laquelle il n’arriva rien qui puisse marquer la fin de cette période. En conséquence, si 444 av. J.-C. est l’année et la mission de Néhémie l’événement qui démarre les soixante-dix semaines, la prophétie n’est pas juste. En réalité, la seule chose qui échoue, c’est la théorie qui fait débuter les soixante-dix semaines à partir de la mission donnée à Néhémie, dans la vingtième année d’Artaxerxès.
Il est donc évident que le décret donné à Esdras dans la septième année d’Artaxerxès, en 457 av. J.-C., est le point à partir duquel il faut faire débuter les soixante-dix semaines. C’était la parution du décret, telle que la prophétie le requérait. Les deux décrets antérieurs n’en étaient que les préparatifs et le préliminaire. En fait, Esdras les considère comme faisant partie du troisième, et il les regarde comme un ensemble, car dans Esdras 6 :14 nous lisons : « ils bâtirent et achevèrent, d’après l’ordre du Dieu d’Israël, et d’après l’ordre de Cyrus, de Darius, et d’Artaxerxès, roi de Perse. » Il faut remarquer qu’ici on parle des décrets de ces trois rois comme s’ils étaient un, « l’ordre [au singulier] de Cyrus, de Darius, et d’Artaxerxès ». Ceci démontre que ces différents décrets étaient considérés comme une unité, car ils ne furent que les étapes successives de l’exécution de l’ouvrage. On ne pourrait pas dire que ce décret, tel que l’exigeait la prophétie, était sorti avant que la dernière autorisation requise par la prophétie soit incorporée et revêtue de l’autorité de l’empire. Cette condition fut remplie avec la concession faite à Esdras, mais pas avant. Ici, le décret atteint les proportions et couvre le domaine que la prophétie exigeait, et c’est à partir de ce moment que sa « sortie » doit être datée.
Ces dates s’harmoniseront-elles si nous partons du décret d’Esdras ? Notre point de départ est donc 457 av. J. C. Quarante-neuf ans étaient concédés à l’édification de la ville et de la muraille. Prideaux dit à ce sujet: « En l’an quinze de Darius Nathos, les sept première semaines des soixante-dix mentionnées dans la prophétie de Daniel prirent fin. Parce qu’alors, la restauration de l’Eglise et de l’état des Juifs à Jérusalem et en Judée prit fin dans ce dernier acte de réforme, enregistré au chapitre 13 de Néhémie, du verset 23 jusqu’à la fin du chapitre, exactement quarante-neuf ans après qu’Esdras la commença durant la septième année d’Artaxerxès Longue Main ». Ceci arriva en 408 av. J. C.
Jusqu’ici nous trouvons de l’harmonie. Appliquons le mètre à mesurer, qui est la prophétie, à d’autres parties de l’histoire. Les soixante-neuf semaines, ou quatre cent quatre-vingt-trois ans, devaient s’étendre jusqu’au prince-messie. Si nous démarrons de 457 av. J. C, elles se terminent en 27 de notre ère. Qu’arriva-t-il alors ?
* Luc nous donne l’information suivante : « Tout le peuple se faisant baptiser, Jésus fut aussi baptisé ; et, pendant qu’il priait, le ciel s’ouvrit, et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix fit entendre du ciel ces paroles : Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai mis toute mon affection. » (Luc 3 :21, 22). Après cela, Jésus alla dans la Galilée, prêchant l’Evangile de Dieu. Il disait : Le temps est accompli. » (Marc 1 :14, 15). Le temps mentionné ici devait être une période spécifique, définie et prédite ; mais on ne peut pas rencontrer d’autre période prophétique excepté celle des soixante-dix semaines de la prophétie de Daniel qui devaient s’étendre jusqu’au prince-messie. Le Messie était déjà venu, et de ses propres lèvres il annonça la fin de cette période qui devait être marquée par Sa manifestation.* A nouveau, nous trouvons ici une harmonie indiscutable. Mais, en plus, le Messie allait consolider l’alliance avec plusieurs, pendant une semaine. Ce serait la dernière semaine des soixante-dix, c’est-à-dire les sept dernières années des 490 ans. A la moitié de la semaine, la prophétie nous informe qu’il fera cesser le sacrifice et l’offrande. Les rites juifs, qui annonçaient la mort de Christ, ne cesseraient pas avant la crucifixion. A cette occasion, quand le voile du temple fut déchiré, ils prirent fin, bien qu’ils furent poursuivit jusqu’à la destruction de Jérusalem en l’an 70 de notre ère. Après les soixante-deux semaines, selon les écrits, le Messie devait être sacrifié. C’était comme si on disait : Après soixante-deux semaines, au milieu de la soixante-dixième, le Messie sera offert, et il fera cesser le sacrifice et l’offrande. Donc, la crucifixion se situe à la moitié de la soixante-dixième semaine.Il est maintenant important de déterminer en quelle année se déroula la crucifixion. Il est indiscutable que notre Sauveur assista à chaque Pâques qui eut lieu durant son ministère public, et seulement quatre occasions sont mentionnées avant la crucifixion. Elles sont indiquées dans les passages suivants : Jean 2 :13 ; 5 :1 ; 6 :4 ; 13 :1. C’est durant la dernière Pâques citée, que Jésus fut crucifié. En nous basant sur les faits déjà établis, nous voyons donc où situer cette crucifixion. Comme il débuta son ministère durant l’automne de l’an 27, sa première Pâques fut celle de l’an 28 ; la deuxième en l’an 29 ; la troisième en l’an 30 et la quatrième et dernière, en l’an 31. Ceci nous donne trois ans et demi pour son ministère public, et il correspond exactement à la prophétie qui exige qu’il soit retranché à la moitié de la septième semaine. Comme cette semaine (d’années) commença pendant l’automne de l’an 27, la moitié de la semaine arriva trois ans et demi plus tard, au printemps de l’an 31, quand la crucifixion eut lieu. Le Dr. Hales cite les paroles suivantes d’Eusèbe, qui vécut en 300 après J.-C. : « Il est noté dans l’histoire, que notre Sauveur enseigna et fit des miracles durant trois ans et demi, ce qui représente la moitié d’une semaine (d’années). Jean l’évangéliste fait part de ceci à ceux qui savent prêter à son Evangile l’attention critique qu’il mérite. »
Au sujet des ténèbres surnaturelles qui survinrent à l’occasion de la crucifixion, Hales dit: « Il apparaît que les ténèbres qui couvrirent toute la terre de Judée lors de la crucifixion de notre Seigneur, de la sixième heure jusqu’à la neuvième heure, c’est-à-dire de midi jusqu’à trois heure de l’après-midi, furent surnaturelles par leur durée, et aussi par le moment, presque en pleine lune, quand la lune ne pouvait pas éclipser le soleil. Le moment où ceci arriva et le fait lui-même furent enregistrés dans un passage curieux et de valeur par un respectable consul romain, Aurelius Cassiodorus Senator, vers l’an 514 de notre ère : « Durant le consulat de Tibère César Auguste V et Ælius Séjan (784 U. C., 31 ap. J.-C.), notre Seigneur souffrit, la huitième calendes d’Avril (25 Mars), quand se produisit une éclipse du soleil comme on n’en a jamais vu depuis lors. »
« Le concile de Césarée, 196 ou 198 de notre ère, la Chronique Alexandrine, Maximus Monachus, Nicephorus Constantinus, Cedrenus, concordent aussi au sujet de l’année et du jour ; et au sujet de l’année, avec quelques jours de différence, Eusèbe et Epiphanius sont d’accord, suivis de Kepler, Bucher, Patinus, et Petavius, certains considérant la dixième des calendes d’Avril ; d’autres, la treizième. » (Voir commentaires sur Daniel 11 :22).
Voici treize auteurs dignes de confiances qui situent la crucifixion de Christ au printemps de l’an 31. Nous pouvons donc considérer cette date comme bien établie. Comme c’était la moitié de la semaine, il ne nous reste plus qu’à remonter de trois années et demie dans le temps pour savoir quand les soixante-neuf semaines se terminèrent, et avancer de trois années et demie pour obtenir la fin des soixante-dix semaines. En reculant de trois ans et demi à partir de la crucifixion qui eut lieu au printemps de l’an 31, nous aboutissons à l’automne de l’an 27, date à laquelle, comme nous l’avons déjà vu, les soixante-neuf semaines prirent fin et Christ commença son ministère public. En avançant de trois ans et demi après la crucifixion, nous arrivons à l’automne de l’an 34, qui est le grand point final de la période complète des soixante-dix semaines. Cette date est marquée par le martyr d’Etienne, le rejet formel de l’Evangile de Christ par le Sanhédrin juif, par la persécution de ses disciples, et par la décision des apôtres de se tourner vers les Gentils. Le moment où l’on peut s’attendre à ce que se produisent ces événements est, naturellement, à la complète expiration de la période réservée spécifiquement aux Juifs. Tels sont les événements que l’on peut s’attendre à voir prendre place quand la période spécifiée et qui leur est attribuée en tant que peuple particulier, est complètement expirée.
Il ressort des faits présentés, que si on fait partir la période des soixante-dix semaines depuis le décret donné à Esdras la septième année d’Artaxerxès, en 457 av. J.-C., il existe une parfaite harmonie sur toute la ligne. Les événements importants et définis de la manifestation du Messie lors de son baptême, le commencement de son ministère public, la crucifixion, le rejet de la part des Juifs et la prédication de l’Evangile aux Gentils, avec la proclamation du nouveau pacte ; toutes ces choses trouvent leur place exacte, et scellent la prophétie.
Nous en avons terminé avec les soixante-dix semaines ; mais il reste une longue période et d’autres événements qui doivent être pris en compte. Les soixante-dix semaines ne sont que les 490 premières années des 2300. Si nous enlevons 490 ans à 2300, il nous reste 1810 ans. Comme nous l’avons vu, ces 490 ans prirent fin à l’automne 34. Si nous ajoutons maintenant, à cette date les 1810 années restantes, nous arriverons au terme de toute la période. Donc, si depuis l’automne de l’an 34 nous comptons 1810 années nous parvenons à l’automne 1844. Nous voyons, donc, avec quelle rapidité et quelle certitude nous trouvons la fin des 2300 années une fois les soixante-dix semaines mises en place.
La question qui peut être posée ici est : comment les jours peuvent-ils s’étendre jusqu’à l’automne de 1844 s’ils commencent en 457 av. J.-C., puisqu’il faut seulement 1843 ans, en plus des 457 av. J.-C. pour arriver au total de 2300. Si nous prêtons notre attention à un fait, toute la difficulté disparaît : Il faut 457 années complètes avant Christ, et 1843 années complètes après, pour avoir 2300 ; ainsi, si la période avait commencée le premier jour de 457 av. J.-C., elle ne se terminerait pas avant le dernier jour de 1843. Il est évident pour tous que si une partie de l’année 457 s’écoule avant le commencement des 2300 jours, cette même partie de l’année 1844 doit s’écouler avant qu’ils ne se terminent. Informons-nous du moment de l’année 457 où nous devons commencer à compter. Du fait que les premiers 49 ans furent dédiés à la construction de la place et des murailles, nous déduisons que cette période doit démarrer, non pas du moment où Esdras quitte Babylone, mais à partir du moment où le travail commence réellement à Jérusalem. Ces travaux purent difficilement débuter avant le septième mois (automne) de 457, puisque Esdras n’arriva pas à Jérusalem avant le cinquième mois de cette année (Esdras 7: 9). Aussi, toute la période doit s’étendre jusqu’au septième mois du calendrier juif, soit à l’automne de 1844.
L’importante déclaration de l’ange à Daniel : « Deux mille trois cents soirs et matins ; puis le sanctuaire sera purifié » est enfin expliquée. Dans notre recherche de la signification du sanctuaire et de sa purification, et l’application du temps, nous avons trouvé non seulement que ce sujet peut se comprendre facilement, mais que l’événement signalé est maintenant en plein accomplissement. Arrêtons-nous ici un bref moment pour réfléchir sur la situation solennelle où nous nous trouvons.
Nous avons vu que le sanctuaire de l’ère chrétienne est le tabernacle de Dieu qui est dans les cieux, le tabernacle qui n’a pas été dressé par un homme, où le Seigneur exerce son ministère en faveur des pécheurs repentants, le lieu où entre le grand Dieu et son Fils Jésus-Christ, le « conseil de paix » prévaut pour le salut des hommes qui périssent (Zacharie 6 :13 ; Psaume 85 :11). Nous avons vu que la purification du sanctuaire consiste à éliminer les péchés qui y sont notés, et c’est l’acte final du ministère qui y est réalisé ; que l’oeuvre du salut se concentre maintenant dans le sanctuaire céleste ; et que lorsque le sanctuaire aura été purifié, l’oeuvre sera terminée. Alors, le grand plan du salut imaginé lorsque l’homme chuta, sera fini. La miséricorde n’intercédera plus, et on entendra la forte voix qui doit sortir du trône qui est dans le temple, qui dira : « C’en est fait » (Apocalypse 16 :17). Qu’arrivera-t-il alors ? Tous les justes obtiendront le don de la vie éternelle ; tous les impies seront condamnés à la mort éternelle. Aucune décision ne pourra être changée, aucune récompense ne pourra être perdue, et aucune destinée ne pourra être changée.
Nous avons vu (et c’est ce qui nous fait sentir la solennité du jugement qui s’approche de nos propres portes) que cette longue période, qui devait signaler le commencement de l’oeuvre finale qui devait s’accomplir dans le sanctuaire céleste, arrive à sa fin. Ces jours s’achèveront en 1844. Depuis cette date, cette oeuvre finale pour le salut de l’homme est en train de se poursuit. Elle implique l’examen du caractère de chaque homme, parce qu’elle consiste en la rémission des péchés de ceux qui sont trouvés dignes de ressusciter. Il est aussi décidé, parmi les vivants, ceux qui seront changés à la venue du Seigneur, et ceux qui, parmi les vivants et les morts, seront laissés pour qu’ils aient part aux scènes terribles de la seconde mort. Tous peuvent voir qu’une telle décision doit être prise avant que le Seigneur apparaisse.
Le destin de chacun sera déterminé par les actions qu’il aura faites étant dans son corps, et chacun sera récompensé en accord avec ses oeuvres (2 Corinthiens 5 :10 ; Apocalypse 22 :12). Dans l’oeuvre finale qui s’achève dans le sanctuaire, les annotations sont examinées, et les décisions se font en fonction de ce qu’on y trouve (Daniel 7 :9, 10). Il est naturel de supposer que le jugement doit commencer par les premiers membres de la famille humaine, que leurs cas ont été examinés en premier et qu’une décision a été prise, et ainsi successivement avec les morts, génération après génération, chronologiquement, jusqu’à ce que nous arrivions à la dernière, celle des vivants, avec laquelle l’oeuvre sera accomplie.
Personne ne peut savoir le moment où les cas de tous les morts auront été examinés et le moment où l’on passera à ceux des vivants. Mais cette oeuvre solennelle se réalise depuis 1844. La lumière des types, et la nature même de l’oeuvre font qu’elle ne peut pas durer longtemps. Dans ses sublimes visions des scènes célestes, Jean vit des millions d’assistants aidant notre Seigneur dans son oeuvre sacerdotale (Apocalypse 5). Ainsi, le ministère va de l’avant. Il ne cesse pas et n’est pas retardé, et bientôt il s’achèvera pour toujours.
Ici, nous nous trouvons donc en face de la dernière, la plus grande et la plus solennelle crise de l’histoire de notre race, crise qui est vraiment imminente. Le plan de la rédemption se termine. Les dernières et précieuses années de grâce arrivent presque à leur terme. Le Seigneur est sur le point de venir sauver ceux qui sont prêts et qui l’attendent, et anéantir les indifférents et les incrédules. Mais hélas ! que dirons-nous donc du monde ? Séduit par l’erreur, rendu fou par les plaisirs et paralysé par les vices, ses habitants n’ont aucun moment pour écouter la vérité solennelle, ni pour penser à leurs intérêts éternels. Que les fils de Dieu qui pensent à l’éternité, essaient avec diligence d’échapper à la corruption du monde par la concupiscence, et qu’ils se préparent à passer l’examen scrutateur de leur cas quand il sera présenté devant le tribunal céleste. Qu’ils soient diligents dans leur travail d’avertir les pécheurs de la colère qui vient, et de les conduire au Sauveur aimant qui intercède pour eux.
Nous recommandons à tous ceux qui étudient la prophétie de considérer avec soin le thème du sanctuaire et son service. Dans le sanctuaire, on voit l’arche du testament de Dieu, qui contient sa sainte loi. Ceci suggère une réforme dans notre obéissance à cette grande norme de moralité. L’ouverture du temple céleste, ou le commencement du service dans son second appartement, signale le principe de la proclamation faite par le septième ange (Apocalypse 11 :15, 19). L’oeuvre accomplie ici est le fondement du message du troisième ange d’Apocalypse 14, le dernier message de miséricorde pour un monde qui périt. Ce thème du sanctuaire donne de l’harmonie et de la clarté aux événements prophétiques passés qui, sans lui, resteraient dans l’obscurité la plus impénétrable. Il nous donne une idée définie de la position et de l’oeuvre de notre grand Souverain Sacrificateur, et fait ressortir le plan du salut dans ses distinctes et belles caractéristiques. Il nous place, comme aucun autre sujet ne le fait, devant les réalités du jugement, et nous montre la préparation nécessaire pour pouvoir subsister au jour qui s’approche. Il nous montre que nous sommes dans le temps de l’attente, et nous incite à veiller, parce que nous ne savons pas avec quelle rapidité l’oeuvre sera achevée et notre Seigneur viendra. Veillez, afin que sa venue soudaine ne vous trouve pas endormis.
Après avoir présenté les grands événements en relation avec la mission de notre Seigneur ici sur la terre, le prophète parle, dans la dernière partie de Daniel 9 : 27, de la destruction de Jérusalem par la puissance romaine ; et pour finir, de la destruction de cette même puissance, qu’une note dans la marge appelle « le dévastateur».