Réponses à quelques e-mails

question 2




Où pratiquer collectivement pour récupérer l'énergie de l'ensemble des pratiquants ?
Réponse :
Répondre ou ne pas répondre, vous verrez avec ce qui suit combien cette entreprise est délicate. Toutefois je ne pense pas que le contenu de la démarche bouddhiste soit figé une fois pour toutes dans une série de concepts définitifs et dans un ensemble de certitudes finies. Je suis également surpris de voir combien certains sont formidablement à l'aise dans un discours de fait péremptoire (au sens premier du terme, c'est-à-dire sans réponse possible) et sont visiblement beaucoup moins doués pour l'échange. Pour autant répondre, sur le contenu d'un e-mail, c'est courir le risque de n'avoir pas parfaitement compris le sens véritable de l'interrogation. Vous verrez donc, si ce qui suit s'applique vraiment à votre sollicitation ou pas.

Je vois bien que depuis quelques mois vous posez des questions auxquelles on ne vous a pas apporté de réponses. Moi aussi, je souhaiterai que les plus avancés puissent davantage faire part à ceux qui le souhaitent, des leçons qu'ils ont tirées de leurs propres expériences. Malheureusement et malgré l'ouverture supposée au travers des nouvelles technologies de communication, les questions restent sans réponses.

De plus, parmi ceux qui s'expriment sur le bouddhisme, notamment au travers d'une littérature qui elle, devient abondante, on voit bien que beaucoup restent à la surface des choses, quand d'autres s'enfoncent dans des considérations métaphysiques complexes, sans compter ceux qui écrivent sur le bouddhisme sans conviction ou pour le dénigrer, rendant toute exploration personnelle difficile. Mais ceci ne doit pas et ne peut pas être un obstacle, il faut simplement procéder autrement. La lecture critique, le dialogue, l'initiation aux cultures de l'Asie, mais aussi l'intuition et l'imagination sont des voies à explorer.

Au-delà de ces considérations générales, permettez-moi de vous dire que je ne comprends pas bien vos attentes par rapport à une pratique collective. La pratique collective telle qu'elle est généralement effectuée permet surtout de fournir un cadre spécifiquement dévolu à cette activité et de fixer des règles permettant de structurer une pratique qui reste individuelle même si elle a lieu dans un espace spécialisé et au milieu d'autres personnes tournées vers le même but. Il me semble que seules ces règles et cette communauté d'objectif peuvent être structurants dans un tel cadre.

Si vous souhaitez absolument être plus encadrée par des règles générales (horaires, lieu de méditation, instructeur fixant le début et la fin d'une séance, etc. …), vous pouvez fréquenter les dojos du bouddhisme zen, qui sont très rigoureux sur ces questions ainsi que sur la posture. Vous comprendrez que ces règles et une certaine direction sont absolument indispensables dans le cadre d'une pratique collective. Je suis évidemment bien incapable de tenir ce rôle.

Permettez-moi également de vous dire que je ne comprends pas très bien votre idée sur l'énergie. Pensez-vous que les individus sont dotés d'une énergie suffisamment manifeste pour être mise en commun ? Considérez-vous qu'il est possible d'additionner ou d'associer des énergies en vue de s'épauler soi-même ou de se construire soi-même ? De quelle énergie parlez-vous ? Où voyez-vous une telle énergie ?

Pour ma part, je ne sais pas ce que c'est. Ne croyez-vous pas que les choses n'ont du sens que parce que vous leur en donnez. Je pense qu'il n'y a pas lieu de donner du sens aux choses. Cessez de donner du sens aux choses pendant quelques moments et voyez. Laissez tomber cette soi disant énergie et voyez ce qui se passe. Déliez donc les nœuds entre les idées et les choses que vous tissez à chaque instant.

Dans la méditation, il n'est pas question d'énergie, il est simplement question d'écouter le silence des choses, d'écouter le silence entre les choses, de laisser les choses là où elles sont, de dénouer les liens entre soi et les choses, d'écouter profondément le silence en soi quand il n'y a plus de relations entre "moi" et les choses, entre "moi" et passé, entre "moi&" et devenir.

Ne vous souciez pas de ce que font ou de ce que ne font pas les autres. La seule chose qui compte, c'est ce que vous faites pour vous-même. Quel que soit ou ne soit pas la pratique des autres, elle ne peut rien vous apporter, elle ne peut rien apporter à personne d'autre d'ailleurs.

N'oubliez pas que le bouddha historique s'est certes beaucoup informé auprès des autres sages de son pays, s'est documenté sur les courants philosophiques de son époque, mais surtout il a expérimenté seul et il a parfait seul sa méthode de méditation qui est aussi une méthode d'analyse.







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