Jataka du bouddha


L'histoire de Sama

Sama Jataka

L'histoire de Sama n° 540



L'histoire de Sama


Voici l'histoire des enfants de deux chasseurs. Bien que leurs parents furent obligés de tuer des animaux pour survivre, ces deux enfants surent très tôt qu'ils deviendraient des saddhu.

Les deux amis chasseurs qui vivaient au bord d'une rivière non loin de Bénarès, se jurèrent de marier leurs enfants entre eux. Le premier chasseur eut un fils nommé Tukul, tandis que le second eut une fille dénommée Parika. Au fur et à mesure qu'ils grandissaient, leurs parents ne pensaient qu'à les unir. Mais les enfants refusèrent, tous les deux ne songeant qu'à conduire une vie retirée du monde.

Quand fut venu le temps de chercher un compagnon avec qui passer leur vie, ils découvrirent qu'ils nourrissaient les mêmes aspirations. Ils décidèrent de se fréquenter pour envisager de partager leur vie. Ils demeurèrent ainsi vivant au calme, tranquilles, discrets, sans même vouloir se toucher. Ils furent autorisés à conduire une vie ascétique selon leurs aspirations et décidèrent de se retirer dans une hutte au milieu de la forêt. Un dieu céleste compris que s'ils restaient ainsi, ils n'auraient personne pour s'occuper d'eux quand ils seraient vieux. Il décida de s'intéresser à eux et conçu qu'ils devraient avoir un enfant. Ainsi fut fait, et bientôt Parika mit au monde un enfant que l'on appela Sama.

Sama avait atteint l'âge de 16 ans quand les deux ermites, désirant cueillir des fruits dans la forêt, lui demandèrent de garder la maison. Ils avaient amassé suffisamment de fruits et s'apprêtaient à s'en retourner quand, tout à coup, une violente tempête éclata. Il coururent s'abriter sous un gros arbre, qu'occupait déjà une colonie de fourmis blanches. Mais, un serpent venimeux qui était là aussi, leur cracha son venin à la figure les rendant aveugles l'un et l'autre.

Quels actes passés pouvaient-ils avoir engendrés un tel cet accident ? Ils se souvinrent que, dans une vie antérieure, un homme fortuné ayant une maladie oculaire était venu demander à Tukul, qui alors était docteur, un traitement en échange d'une forte récompense. L'homme fut soigné, mais ne laissa qu'un maigre pourboire. La femme du docteur indignée et ulcérée, concocta pour l'homme fortuné, un baume, qui le priva définitivement de la vue. C'était la seule explication à l'événement qu'ils venaient de vivre et qui les laissait tous les seuls, perdus sous la pluie au milieu de la forêt.

Sama, qui attendait, trouva le temps long et commença à s'inquiéter. Il décida de partir à leur recherche, les appelant en l'attente d'une réponse. Quand il les eut enfin retrouvés, il comprit qu'il était dangereux d'approcher et leur tendit une branche afin qu'ils puissent se sortir de là.

Alors Sama passa des larmes aux rires. Quand on lui demanda pourquoi il s'était comporté ainsi, il dit qu'il avait pleuré car il était triste de voir cette situation et qu'il avait rit car il était heureux de pouvoir rendre service à ses parents.

A partir de ce moment là, il fit de nombreuses choses, les guidant quand ils se déplaçaient ou quand ils allaient cueillir des fruits dans la forêt.

Les animaux de la forêt, avec lesquels Sama s'était toujours comporté avec bienveillance, l'affectionnait et le suivait partout. Un jour, le roi Pilayakharaja sortit pour chasser. Il vit Sama allant puiser de l'eau dans un étang suivit par un grand nombre de daims. Il fut surpris de voir que les animaux n'avaient pas peur de lui et voulut en savoir plus. Craignant que Sama ne s'échappe en le voyant approcher, le roi sortit son arc, visa le jeune homme, puis tira sur lui, le blessant gravement sur le côté. Sama tomba et se plaignit disant qu'il ne se connaissait aucun ennemi et que sa famille n'avait, elle non plus, aucun ennemi. Que lui voulait donc le roi ?

Le roi, voyant que Sama ne lui en voulait pas, le releva et voulut le reconduire jusqu'à sa hutte. Le roi lui annonça qu'il voulait d'abord tuer un daim, mais comme il les avait tous fait fuir, il était mécontent et tira sur lui.

Sama dit au roi que les animaux étaient ses amis, aussi, comment pourraient-ils s'enfuir en sa présence ? Enfin, le roi lui avoua qu'il avait menti et qu'il n'avait agit que par pure jalousie.

Le roi l'interrogea. Pourquoi avait-il rempli un baquet d'eau ? Pour qui le rapportait-il ?

Sama expliqua au roi que ses parents étaient aveugles et qu'ils ne pouvaient compter sur personne d'autre pour assurer leur propre subsistance. Qu'allaient-ils advenir maintenant que sa vie l'abandonnait ? Le roi compris toutes les conséquences néfastes de son acte et s'engagea à subvenir aux besoins des parents du jeune homme et lui demanda de lui indiquer le chemin de leur maison. Sama désigna la direction de la hutte, puis après quelques instants perdit connaissance. Le roi se pencha et compris qu'il était mort. Il se lamenta de son inconscience et des conséquences désastreuses qu'il avait occasionnées.

La déesse Pasantari, qui avait été la mère de Sama dans une vie antérieure, se dit qu'elle devait intervenir. Elle apparut au roi Dilayakharaja et lui dit " puisque vous avez frappé un innocent, vous allez dorénavant vous occuper de sa famille à sa place ". Le roi pensait bien qu'il devait faire ainsi. Ni ses richesses, ni ses fonctions, ne pouvaient lui être d'aucune aide et n'avaient plus aucune valeur à ses yeux. Il couvrit le corps de Sama de fleurs, en fit trois fois le tour, puis il se mit en chemin vers la hutte des ermites en emportant le baquet d'eau.

Les parents, qui entendirent les pas du roi, surent qu'il ne s'agissait pas de leur fils qui rentrait, mais d'un visiteur. Sama avait une démarche légère et mesurée. Ils demandèrent à l'inconnu qui il était. Dilayakharaja répondit qu'il était le roi, chasseur émérite à la recherche de daims à traquer.

"S'il vous plaît entrez et partagez de l'eau et des fruits", dirent les ermites.

"Comme vous êtes aveugles, qui prépare l'eau et les fruits ?" répondit le roi.

"C'est notre fils, qui est parti chercher de l'eau. Il revient d'un moment à l'autre" dirent-ils.

Le roi déclara : " Je dois vous dire que je l'ai tué. "

L'ermite résuma doucement la situation " Je suis en train de parler avec le roi. Il a tué notre fils. Ne soyons pas fâchés contre lui. "

Sa femme répondit : " Sama était notre fils bien aimé qui s'occupait de nous, comment ne pas en vouloir à celui qui l'a tué ? ".

Le roi déclara : " Ne soyez pas affligés, c'est moi, qui, désormais, subviendrait à tous vos besoins.

L'ermite dit : " N'en faites rien et retournez dans votre palais."

Le roi leur offrit de remplacer leur fils et de se comporter comme s'il était Sama, proposant même de renoncer à son trône et à son royaume.

L'ermite lui dit simplement : " Ne dite pas cela. Que sa majesté nous conduise auprès de l'endroit où notre fils est mort. Je veux toucher son corps et puis mourir ensuite car je l'aimais trop ".

Le roi pensa que s'il les conduisait là bas, il serait la cause de trois morts au lieu d'une seule. Il prétexta que la nuit étant tombée, les alentours étaient trop sombres pour s'y déplacer et que la jungle était remplie d'animaux sauvages.

L'ermite répondit qu'aucune bête féroce ne les attaquerait.

Le roi ne pouvant les arrêter, les laissa aller là où ils trouveraient Sama. Prenant le corps dans leurs bras, touchant la paume du jeune homme de leurs mains, ils commencèrent à réchauffer le corps. Ils en vinrent à croire que le corps de Sama se réchauffant ainsi, il n'était peut-être pas mort. Ils adressèrent un vœu aux divinités célestes pour qu'elles réalisent ce rêve fou, que Sama si pur, si gentil, revienne promptement à la vie. Sama se tourna sur le côté semblant dormir. Puis il se leva. Les deux ermites purent enfin revoir leur fils car de leur côté ils avaient retrouvé la vue.

Le roi se demandait comment tout cela avait pu être possible.

De même que l'accident du serpent n'avait eu d'autre explication que la conséquence néfaste d'actions commises antérieurement, de même les actes bienveillants des uns et des autres avaient favorisé une issue heureuse à la situation tragique des trois héros.

Le roi, de retour dans sa capitale, décida d'observer avec rigueur les dix recommandations royales, comme Sama le lui avait enseigné.



* * *


La présente traduction a été faite par Christian Prud'homme, en avril 2001, à partir de différents textes dont en particulier le petit ouvrage " Ten Lives of Buddha " par M. L. MANICH JUMSAI, publié et distribué en Thaïlande par Chalermnit, 108 Sukhumvit road 53, Bangkok 10110, en 1993.




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Cette page a été créée le 26 avril 2001


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