L'histoire de MahasaraLe bouddha raconta cette histoire au vihara de Jetavana au sujet du vénérable Ananda.
Un jour, les épouses du roi de Kosala discutaient entre elles. " C'est très rare qu'un bouddha apparaisse dans le monde " se dirent-elles. " C'est aussi rare d'être né comme humain. Et nous sommes nés comme humain alors qu'un bouddha apparaissait. Mais nous n'avons pas le droit d'aller dans un vihara afin de lui manifester notre respect, écouter ses enseignements et lui faire des dons. Nous ne vivons pas dans un palais mais dans une cage. Allons demander au roi d'autoriser quelqu'un à venir au palais afin de nous instruire sur le dhamma. ". Elles allèrent voir le roi et formulèrent leur requête. Le roi les écouta et consentit à leur demande.
Le même jour, le roi décida d'aller profiter de ses jardins, il donna des ordres pour que les parterres soient préparés. Tandis que le jardinier terminait sa tache, il vit le bouddha qui s'asseyait au pied d'un arbre. Il alla faire son rapport au roi, précisant que tout était en ordre dans les jardins mais que le bouddha était venu s'asseoir sous un arbre.
" Très bien " dit le roi, " nous allons nous porter à sa rencontre et nous entretenir avec le maître " puis il alla dans le jardin dans son carrosse royal. Quand il arriva auprès de l'arbre, il trouva là un disciple nommé Chattapani et qui était assis à côté du bouddha et écoutait ses propos. Quand le roi vit ce disciple laïc, il hésita, réalisant que cet homme devait être très vertueux sinon il ne se trouverait pas auprès du bouddha pour recevoir son enseignement. Le roi s'approcha, s'inclina et s'assit au coté du bouddha.
En dehors de son respect pour le bouddha, Chattapani ne montra aucun respect au roi, ni ne le salua. Ceci mit le roi très en colère. Saisissant le courroux du roi, le bouddha vanta les mérites de Chattapani qui avait déjà atteint le stade du non retour. " Sire, " dit le bouddha " ce disciple laïc connaît par cur les écritures et il s'est libéré de lui-même de tout attachement ".
" Assurément ", pensa le roi " cette personne ne doit pas être ordinaire pour être louée de la sorte par le bouddha ". Il se tourna vers Chattapani et lui dit " Laissez moi savoir si vous avez besoin de quoi que ce soit ." " Merci " répondit Chattapani.
Le roi écouta l'enseignement du maître et quand ce fut terminé, il se leva et se retira respectueusement.
Quelques jours plus tard, le roi rencontra Chattapani de nouveau alors qu'il se rendait au vihara de Jetavana . " J'ai appris, Monsieur, que vous étiez une personne de grand savoir. Mes épouses sont impatientes d'entendre les enseignements. Je serai heureux que vous puissiez les instruire ". " Sire, il ne serait pas approprié qu'un laïc expose les enseignements aux épouses du harem. Ceci est la prérogative des bhikkhus. " Le roi compris tout de suite que sa demande n'était en effet pas justifiée, il appela toutes ses épouses et leur annonça qu'il irait demander au bouddha de désigner un des aînés du sangha de devenir l'instructeur de la doctrine. Il leur demanda quel était celui des quatre vingt aînés qu'elles préféraient. Les épouses choisirent à l'unanimité Ananda.
Le roi se rendit auprès du bouddha, le salua respectueusement, il s'assit, et expliqua que ses épouses souhaitent qu'Ananda devienne leur instructeur. Le bouddha acquiesça et Ananda rendit visite régulièrement au harem afin d'instruire les épouses du roi.
Un jour, quand Ananda arriva au plais comme d'habitude, il trouva les épouses, d'habitude si attentive, dans un grand état d'agitation. " Qu'est-ce qui ne va pas ? " demanda-t-il. " Pourquoi paraissez-vous tellement préoccupées ? "
" Oh vénérable ", répondirent-elles ? " La pierre précieuse de l'aiguillère du turban du roi est introuvable. Le roi a appelé ses ministres et leur a ordonné de démasquer le voleur et de retrouver la pierre. Ils sont en train d'interroger et de fouiller tout le monde, même nous, les épouses. Toute la cour est sans dessus dessous et nous n'avons aucune idée de ce qui va nous arriver. C'est pourquoi nous nous sommes anxieuses ."
" Nous vous en faites pas " dit Ananda, puis il alla trouver le roi.
S'asseyant dans le fauteuil que lui offrait le roi, Ananda demanda au roi s'il était vrai qu'il avait perdu sa pierre précieuse. " Oui c'est vrai, vénérable " répondit le roi, " J'ai fait fouiller chaque personne dans le palais mais je n'ai trouvé aucune trace de la pierre ".
" Il existe un moyen simple pour la retrouver " dit Ananda, sans déranger inutilement toute la cour ".
" Et quel est ce moyen vénérable " demanda le roi.
Par la restitution discrète, sire
" La restitution discrète ? " demanda le roi ? " Qu'est-ce que vous voulez dire ?
" Appelez tous ceux que vous suspectez ", ordonna Ananda, " puis donnez à chacun une paille , demandez à chacun de la déposer dans un endroit précis avant la fin du jour suivant. La personne qui s'est approprié la pierre peut prendre peur de se faire attraper et profitera de l'occasion pour rendre la pierre anonymement avec la paille. Si la pierre n'est pas restituée à la fin du premier jour, la même offre doit être prolongée encore un ou deux jours. Vous retrouverez certainement votre bijou " Après ces paroles, l'aîné Andana repartit.
Suivant les conseils d'Ananda, le roi distribua des morceaux de paille et désigna un endroit où ils devaient être rendu. Il étendit le délai sur trois jours, mais la pierre n'était toujours pas réapparue. Le troisième jour Ananda revint et demanda si le roi avait retrouvé sa pierre. " Non vénérable, répondit le roi , " elle reste toujours introuvable "
" Dans ce cas, sire ", dit Ananda, " placez une grande jarre remplie d'eau dans un recoin discret de vos dépendances. Mettez un paravent autour et donnez comme ordre que tous et toutes enlèvent leurs parures et bijoux et aillent, un par un, se laver les mains dans la jarre en se plaçant à l'abri des regards derrière le paravent. Encore une fois, le roi fit exactement ce que lui avait conseillé Ananda.
" Ananda a pris sérieusement les choses en main ", pensa le voleur. " Il n'abonnera pas tant qu'il n'aura pas retrouvé la pierre. Le temps est venu de la rendre. " Il dissimula la pierre dans ses vêtements, alla derrière le paravent, et la jeta dans l'eau. Après que tout le monde eut fini, la jarre fut renversée et la pierre apparu de nouveau.
" Grâce à Ananda ", s'exclama le roi, " j'ai pu retrouver mon bijou "
Grâce à Ananda ", s'exclamèrent les résidents du palais, nous avons échappé à de nombreuses tracasseries. " L'histoire de la manière dont la sagesse d'Ananda a conduit à la redécouverte de la pierre du roi se répandit dans la toute la ville pour atteindre le vihara de Jetavana.
Quelques jours plus tard, alors que les bhikkhus discutaient ensemble dans le pavillon de la vérité, l'un d'eux dit : " la grande sagesse de l'aîné Ananda conduit à la restitution du bijou et au retour de la tranquillité au palais. " Alors que chacun louait les mérites d'Ananda, le bouddha entra et leur demanda quel était le sujet de leur conversation.
" Bonzes", dit-il après qu'ils leur aient raconté, " ce n'est pas la première fois que des pierres volées ont été retrouvées, de même Ananda n'est pas le seul qui ait contribué à ces redécouvertes. Dans les temps passés, des gens avisés ont découvert des objets de valeur et épargné à de nombreuses personnes le poids des suspicions et des tracasseries. " Puis il entreprit de raconter cette histoire du passé.
Il y a très très longtemps, quand Brahmadatta régnait à Baranasi, le boddhisatta parfaisait son éducation et était devenu l'un des ministres du roi. Un jour, le roi se rendit dans ses jardins avec sa suite. Après s'être promené pendant quelques moments dans la forêt, il décida d'aller se détendre dans l'eau et fit chercher son harem. Les femmes retirèrent leurs bijoux et ornements les déposèrent dans des coffrets pour que leurs serviteurs puissent les garder et rejoignirent le roi dans la piscine royale.
Alors que la reine retirait ses parures, une femelle singe qui était cachée dans les branchages la regardait attentivement. Le singe, conçut le désir de porter le collier de perle de la reine et n'attendait qu'une occasion de le subtiliser. Au début, la gouvernante était particulièrement vigilante, surveillant attentivement les alentours pour garder les bijoux, mais après il commença à somnoler. Dès que le singe l'eut observé, elle sauta tel un coup de vent. Aussi, promptement, elle s'en retourna dans les arbres, le collier de perles autour du cou. Craignant qu'un autre singe ne voit son trésor, elle cacha les perles dans le trou d'un arbre et s'endormit comme si de rien était.
Peu à peu, la femme se réveilla et s'aperçut que les bijoux avaient disparu. Craignant que sa responsabilité ne soit mise en cause, elle s'écria : " Un homme s'est enfuit en emportant le collier de perle de la reine ".
Les soldats coururent de tous cotés et la questionnèrent. Le roi ordonna à ses gardes d'attraper le voleur. Ils se précipitèrent en dehors du jardin, cherchant de toutes parts. Un pauvre ère qui passait par-là par hasard, apprenant la cause du désordre et craignant d'être impliqué décida de s'enfuir. Là, le voilà, crièrent les gardes. Ils prirent en chasse le paysan l'attrapèrent, le rouèrent de coups et lui demandèrent pourquoi il avait volé le collier.
Le paysan pensa "Si je nie les charges qui me sont reprochées, ces brutes vont me battre à mort. Je ferai mieux de leur dire ce qu'ils veulent entendre ". Il décida d'avouer immédiatement être le voleur et fut enchaîné et emmené auprès du roi.
" Avez vous pris ce précieux collier de perles ? " demanda le roi.
" Oui, votre majesté. "
" Où est ce collier de perles à présent ? "
" Votre majesté, je suis un pauvre homme " expliqua-t-il. " Je n'ai jamais possédé aucune richesse, pas même un lit ou une chaise, et encore moins des bijoux. C'est le trésorier qui m'a demandé de subtiliser ce précieux bijou. Je l'ai pris et je lui ai donné. Il sait tout sur ce sujet. "
Le roi demanda que l'on aille chercher le trésorier et lui demanda si le paysan lui avait passé le collier.
Egalement effrayé de nier l'accusation, le trésorier répondit " Oui, c'est vrai, sire. "
" Où est-il maintenant ? "
" Je l'ai donné au grand brahmane "
On envoya chercher le grand brahmane et il fut interrogé de la même manière. Il dit qu'il avait donné le collier au chef de la musique royale, qui à son tour dit qu'il l'avait donné à l'un des courtisans. Le courtisan, cependant, nia fermement avoir reçu le collier et l'interrogatoire dura jusqu'à la nuit.
" Il est déjà tard à présent " dit le roi, " nous poursuivrons demain ". Les prisonniers furent remis aux officiers et le roi s'en retourna à la ville.
Le bodhisatta décida de réfléchir à la situation : Ces bijoux ont été perdus à l'intérieur des jardins, tandis que le paysan était au dehors. Il y avait une forte garnison aux portes empêchant quiconque d'entrer ou de sortir. Il aurait été impossible à quiconque de sortir avec le collier. Je ne comprends pas comment quelqu'un aurait pu voler le collier. Je ne crois pas qu'aucun des cinq hommes arrêtés ne soit impliqué dans cette affaire, mais je comprends qu'ils aient faussement avoué et impliqué d'autres. Aussi pour le collier, ces terres sont envahies par les singes. Ce doit être l'une des femelles singe qui les a subtilisés ".
Etant arrivé à ces conclusions, le ministre alla voir le roi et demanda à ce que les accusés lui soient présentés afin qu'il puisse s'occuper de l'affaire personnellement.
" Eh bien, mon ami avisé, allez-y "
Le ministre ordonna à ses gardes de surveiller étroitement les prisonniers " Observez les avec attention " dit-il " Je veux que vous écoutiez tout ce qu'ils pourront se dirent et que vous me le rapportiez. "
Alors que les prisonniers se retrouvent ensemble, le trésorier dit au paysan " Dites-moi où donc, vous et moi nous sommes nous rencontrés avant aujourd'hui ? Comment pouvez vous m'avoir donné ce collier ? "
" Honorable trésorier " demanda le paysan " je n'ai jamais rien possédé aucun objet de valeur. J'ai dit ce que j'ai dit parce que j'ai pensé qu'avec votre aide je pourrai me sortir de cette affaire. Je vous en prie, ne soyez pas fâché contre moi, Monsieur "
" Bien ", le grand brahmane demanda avec aigreur au trésorier " comment avez-vous pu me passer ce que cet homme ne vous a jamais donné ."
" Brahmine ", dit le chef de la musique " et vous, quand pensez vous m'avoir remis ce collier ? "
" J'ai dit que je vous l'avais passé, parce que je pensais que je le séjour en prison serait plus agréable en votre compagnie " répondit le grand brahmane.
Pour finir, le courtisan se plaignit " Vous le musicien, vous ne m'avez jamais rendu visite et je ne vous ai jamais rencontré. Comment auriez vous pu me donner ce collier ? "
" Ne soyez pas fâché, j'ai juste dit cela car je voulais que vous nous teniez compagnie. Essayons simplement de passer ce moment ensemble aussi paisiblement que possible."
Aussitôt que ses serviteurs eurent rapporté au bodhisatta les discussions des accusés, il comprit que ses intuitions étaient bonnes. Il fut convaincu que seule la singe femelle avait volé le collier.
" A présent, je dois trouver un moyen pour qu'elle le rende. " se dit-il. Il ordonna à ses serviteurs d'attraper quelques singes et de les relâcher dans les jardins royaux. Les hommes allèrent observer attentivement chaque singe dans le parc. Dès qu'ils virent un singe portant le collier de perle , ils tentèrent de l'effrayer pour qu'elle laisse tomber le collier.
Le ministre se saisis immédiatement du collier et le rapporta au roi. " Ici, sire " dit-il, " voici le collier de la reine. Les cinq prisonniers sont innocents. C'était une guenon qui avait pris le collier dans le jardin ."
" Formidable " s'exclama le roi. " Mais, dites-moi comment avez vous découvert la vérité et comment vous y êtes pris pour retrouver le collier ?
Quand il eut entendu le récit de toute l'histoire, le roi loua son ministre " vous êtes assurément l'homme de la situation ". Proclama-t-il. En remerciement le roi donna à son ministre d'immenses richesses.
Le roi de suivre les conseilles et les avis du bodhisatta.
Comme son récit se terminait, le bouddha à nouveau loua les mérites du vénérable Ananda et identifia les naissances antérieures : " Ananda était le roi de ce temps là, et j'étais le ministre avisé " dit-il.
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