L'excès d'alimentation ne nuit-il pas à la concentration ?voir le texte complet de la question
Réponse :Texte complet de la questionVous posez une question dont il me semble que vous connaissez déjà la réponse. J'avais envie de vous répondre dans un premier temps "et pourquoi croyez-vous que les bonzes ne prennent plus de repas solides après 12 heures ? " (à l'exception d'eau ). Cette pratique est l'une des règles monastiques les plus strictement observées et ce depuis toujours. Elle ne l'est pas seulement par les bouddhistes, mais aussi par de nombreux hindouistes. En occident, la plupart des nutritionnistes recommandent de manger plus légèrement le soir dans la mesure où les dépenses d'énergie durant le sommeil sont sensiblement moins importantes que durant la journée.
La baisse d'activité, la somnolence voir l'endormissement sont des phénomènes qui apparaissent fréquemment après les repas et en particulier avec les excès d'alimentation. Chacun le sait bien par lui-même, la digestion est l'une des fonctions organiques qui consomme le plus d'énergie.
Le surplus d'alimentation (de même que la mauvaise alimentation : repas trop rapides, repas mal équilibrés ) interfère bien entendu sur la pratique de la concentration. La digestion intervient alors de manière dominante et tend à prendre le dessus sur les autres activités du corps. En outre, la pratique de la respiration profonde met en uvre plusieurs organes également mobilisés par la digestion (sophage, intestins ). Il apparaît assez évidemment qu'il n'est pas très opportun de chercher la concentration alors qu'on est en pleine digestion, il vaut mieux attendre un peu.
Vous dites que vous avez le sentiment d'une "énergie très basse " (vous savez que je n'utilise pas cette terminologie), je vous dirai que ce que vous appelez votre "énergie " est tout simplement occupée à autre chose
Il me semble que la question de l'alimentation et de l'excès d'alimentation posent une autre question plus fondamentale qui est celle de l'ego. L'ego se manifeste beaucoup dans l'acte de s'alimenter, a tel point que l'on peut dire parfois que c'est l'ego qui se nourrit. Cette tendance narcissique, qui s'exprime fortement en occident dans l'acte de s'alimenter, est à mon avis plus handicapante que le processus de digestion. Car cette tendance égocentrique repose sur l'idée que la préservation de soi (avec l'idée sous-jacente que cette préservation est possible au delà des simples besoins nutritionnels vitaux) passe par une alimentation consistante et opère ainsi autour de l'alimentation une véritable obsession. C'est cette préoccupation autour du fait de s'alimenter, c'est cette illusion d'une perpétuation de soi autour de l'alimentation, c'est cette avidité à l'égard de la nourriture, qui éloigne de la concentration plus sûrement que la fonction digestive.
Pour vous donner un exemple personnel, quand il m'arrive de séjourner en Asie, mon ego qui est resté à Paris (car il ne trouverait aucune place là bas) ne m'impose plus ses règles et ses diktats, je mange alors deux fois moins. Je m'en ressens beaucoup mieux. Il m'arrive même de me forcer à manger notamment le soir, tellement je ne ressens pas la nécessité de manger, sans m'en porter plus mal pour autant.
J'espère avoir répondu à votre question.
Je me permet de vous soliciter sur un point qui me touche actuellement. Je remarque que j'ai plus de facilités à me centrer lorsque je jeûne. La question peu paraître décalée à un bouddhiste pur et dur mais je la pose quand même car moi, je ne suis pas bouddhiste, juste " sympathisant ".Une alimentation trop riche en sucres et en graisses n'est-elle pas un handicap lorsque je cherche à me centrer ? Par exemple, hier soir, j'ai fait un repas trop riche. Ce matin, j'ai fait une promenade dans la campagne, en tentant de me "retrouver". J'avais le sentiment qu'une énergie " très basse " était en moi, une vibration très basse et peu propice à un recentrage. Qu'en pensez-vous ? Que pouvez-vous me dire ?
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