Comment le bouddhisme est-il enseigné aux enfants ?voir le texte complet de la question
Réponse :En Asie du sud-est, la légende du bouddha historique, les principales théories de la philosophie bouddhiste (qui peut concorder sur bien des points avec des croyances qui pré existaient à l'arrivée du bouddhisme dans ces pays ou correspondre à de valeurs apportées auparavant par le brahmanisme d'origine indienne) sont largement répandues dans l'environnement social des familles.Texte complet de la questionBeaucoup de quartiers sont structurés au côté de temples, viharas, pagodes, stupas ou autres constructions propres au bouddhisme. Dans une ville comme Bangkok, ces lieux sont innombrables, et il n'est pas rare de voir un chauffeur de taxi ou un chauffeur de bus joindre respectueusement les mains pour honorer tel ou tel lieu ayant une chaque symbolique très forte. De mêmes exemples pourraient être pris à Rangoon, Candy, Katmandou ou dans de nombreux pays bouddhistes.
De nombreuses cérémonies, fêtes et activités quotidiennes marquent le paysage social et urbain de la pensée bouddhiste. Quand on se lève tôt, même encore aujourd'hui, à Bangkok, on voit de nombreux chef de famille debout devant la porte de leur maison devant une petite table qui rassemble des offrandes de nourriture pour les bonzes. Ces habitants distribuent aux bonzes du riz, des gateaux, des fruits et divers objets du quotidien tels que savons ou dentifrices. Par ailleurs, le calendrier comprend de nombreuses dates où des cérémonies sont tenues dans les temples, notamment les nuits de pleine lune, sans compter l'anniversaire du bouddha ou autres fêtes particulières.
Tous ces événements, sont de nature à composer une certaine conscience de la philosophie bouddhiste pour des enfants qui ne seraient que témoins de ces activités, a fortiori quand ils en sont acteurs.
L'iconographie du bouddhisme est véritablement omniprésente dans l'environnement. Il y a les temples, les stupas, les viharas, la statuaire qui justifie la construction d'un temple ou qui est disposée dans les ensembles architecturaux. Les différentes postures sont connues de tous, les bouddhas différents selon les jours de la semaine sont également connus des enfants qui s'amusent à vous demander votre jour de naissance pour désigner " votre " bouddha.
Enfin, deux rendez-vous importants concernent chaque individu, mais en particulier les enfants mâles. Un premier séjour bref est organisé pour les enfants dans un temple vers les 10-12 ans. A cette occasion, les cheveux des enfants sont rasés et ils doivent porter la robe des novices. Il existe un deuxième rendez-vous auquel j'ai pu assister à de nombreuses reprises quand je voyageais en Thaïlande il y a plus de 20 ans et que je rendais visite à mes amis. Ce deuxième rendez-vous est une retraite d'environ 1 à 2 mois dans un temple au cours de laquelle les jeunes adultes sont initiés à la philosophie bouddhiste et aux exercices mentaux comme la méditation. Quand je rendais visite à mes amis, il n'était pas rare qu'on me dise, " Oh, mais il est rentré dans un temple, on le reverra pas avant 1 ou 2 mois.
Cette possibilité de se retirer pour une période plus ou moins longue dans un temple est offerte à tout un chacun tout au long de leur vie. Il est courant qu'un banquier ou un universitaire ou n'importe quel individu de la société choisisse cette possibilité dans les moments plus difficile de leur vie.
Cet ensemble d'éléments montre bien que ce sont les individus par eux-mêmes qui font la démarche vers des formes plus ou moins accentuées de pratique du bouddhisme et non pas le contraire.
Concernant les enfants, n'ayant pas de connaissances à ce niveau de la vie familiale et domestique dans les pays d'Asie du sud-est, j'ai envoyé une transcription de votre question à quelques amis. Je leur ai demandé comment cela se passait vis-à-vis de leurs enfants ou, à défaut, comment cela s'était passé quand ils étaient eux-mêmes, des enfants. J'ai particulièrement insité en listant des questions types et résumé sous la forme suivante : Comment les parents s'y prennent-ils pour introduire les concepts du bouddhisme auprès de leurs enfants ? Comment répondez vous à vos enfants quand ils vous interrogent de la manière suivante : " pourquoi y a-t-il des fleurs, des animaux, des hommes, de la vie ? ", " pourquoi y a-t-il tout cela ? ", " qui a créé tout cela ? ", " pourquoi je vis ? ", 'pourquoi les gens meurent ? ", " qu'est-ce qui se passe quand on meurt ? ", " qu'est-ce qui se passe après qu'on soi mort ? ", "où va-t-on quand on meurt ? ", " qu'est que les gens appellent un dieu, des dieux, ou dieu ? "
Pour répondre à votre question et comme je le pré supposais, il ne semble pas que les enfants en Asie du sud-est dans les pays bouddhistes soient portés par les schémas culturels en place, à formuler des questions aussi matérialistes portant sur l'existence ou la non existence de telle ou telle entité. Je pense que le bouddhisme et les autres formes de philosophies qui ont martelées la pensée thaï, birmane, lao, vietnamienne, ou cambodgienne ne portent pas non plus à ce type de questionnement.
Je voudrai rappeler combien la notion d'anatta, de non soi, est centrale dans la philosophie bouddhiste et je n'imagine pas que ce type de question fasse irruption dans l'imaginaire ou dans la curiosité naturelle des enfants, à moins qu'elles n'y aient été introduites auparavant d'une manière artificielle ou autoritaire.
Il est clair que ce que croient les parents déteint sur ce que peuvent croire les enfants. Heureusement, certains parents ne tentent pas d'influencer leurs enfants sur ce qu'ils croient. Enfin, rappelons que le bouddhisme n'a rien a voir avec une quelconque croyance.
La plupart des témoignages que j'ai recueillis concordent sur un point, dans les pays bouddhistes les parents ne cherchent pas à " endoctriner " leurs enfants au bouddhisme. Ils laissent les enfants poser ou ne pas poser les questions.
Dans les sociétés traditionnelles, les familles ne sont pas éclatées et réduites au rapport parents/enfants, mais sont plongés dans les multiples dimensions de parentés (père et mère, grands-parents, tantes, oncles, cousins, etc ...). Les enfants sont simplement bercés au cours de certaines soirées par le récit de jatakas (le récit des vies antérieures du bouddha) qui sont racontés par les grands-mères. L'enseignement des valeurs propres du bouddhisme se fait à l'occasion d'incidents ou d'accidents qui sont les causes des questions posées par les enfants où qui amènent des dialogues tant l'irruption du réel dans la vie des enfants peut avoir un caractère déstabilisant.
L'histoire du chien et du perroquet (histoire vraie)
Un petit enfant vivait dans une grande famille et dans une grande maison. Malgré de nombreux frères et sœurs il avait reçu des petits animaux de compagnie, un chien et un joli perroquet. L'enfant jouait souvent avec son oiseau. Un jour, le chien s'en prit au perroquet et le tua. L'enfant fut brutalement confronté à la mort de son perroquet qu'il aimait tant et ne s'en consolait pas. Son père lui montant une parmi les millions d'étoiles du firmament lui dit que son perroquet maintenant était libre de voler d'étoile en étoile, et d'aller là où bon lui semblait. Il lui expliquât qu'il avait quitté une condition de vie faite de souffrance et qu'il jouissait certainement aujourd'hui de conditions meilleures.
Le bouddhisme n'a jamais cherché à forcer l'adhésion des individus à sa philosophie. Au contraire, pour le bouddhisme, seule la motivation profonde individuelle à une valeur. Naturellement, il ne rejette pas celles et ceux qui se portent spontanément vers sa philosophie. Le bouddhisme ne cherche pas à accroître arbitrairement le nombre de ses adeptes. Les parents sont attentifs aux aspirations de leurs enfants. En particulier quand un enfant pose beaucoup de questions, montre des dispositions particulières pour ces choses, alors seulement il est conduit dans un temple pour discuter avec des bonzes éminents.
J'espère avoir répondu à votre question.
Remerciements : Merci à Monsieur Sai Sai, d'origine birmane, pour les témoignages rapportés de son enfance.
Je suis d'origine juive, depuis un an environ je me suis rapproché des spiritualités orientales, et du bouddhisme en particulier. Dans ma pratique des questions me viennent et je souhaiterai vous les poser. Au sein des traditions occidentales quand un enfant demande à ses parents "Qui a crée la terre et le soleil ?" les parents répondent en fonction de leurs cultures : "C'est Dieu". Puis si l'enfant demande "Qu'est-ce qui ce passe quand on est mort ?" les parents répondent : "On va au paradis". Dans la tradition bouddhique les enfants questionnent aussi leurs parents sur ces sujets ce qui est le propre de l'enfant et ce qui lui est légitime. Par quoi répondent ces parents face au questionnement de leurs protégés ?
Ce qui n'est pas évident c'est que dans le judaïsme il y a une grande place pour l'éducation de l'enfant, une grande pédagogie. Bien entendu, je ne suis pas en accord avec cette pédagogie qui est basée sur un conditionnement religieux à base de croyances et autres, mais malgré tout les enfants y évoluent.
La voie bouddhique possède t-elle une pédagogie adaptée à l'éducation des enfants, le bouddhisme n'est t-il pas une pratique réservée à des adultes, comment éduquer un enfant selon la voie du Bouddha tout en ne le brusquant pas trop par des réponses aussi tranchantes que celles que l'on peut trouver dans le Zen par exemple ?
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