Quelle est la place des femmes dans le bouddhisme ?voir le texte complet de la question
Réponse :Texte complet de la questionVotre question est intéressante d'autant qu'elle fait l'objet de certaines controverses, par ailleurs, me semble-t-il, purement stériles, selon lesquelles le bouddhisme ne serait pas féministe ou serait anti féministe. Ces affirmations sont tout à fait absurdes.
Les sociétés indiennes et extrêmes orientales sont autant que les autres marquées par des restes de matriarcat (certes peu développés), un patriarcat dominant et par les règles des organisations sociales où le partage des rôles est très fortement structuré. Les interdits moraux imposés aux jeunes filles et aux femmes y ont toujours été rigoureux et le sont encore dans biens des sociétés (il est par exemple encore très mal vu pour une jeune fille en Inde aussi bien qu'en Corée du sud, par exemple, de fumer en public ). Il ne faut par ailleurs pas oublier que les textes rapportés comme étant la parole du bouddha sont aussi des textes qui tiennent compte des arrières plans culturels et sociologiques des sociétés où ils ont émergé (ce n'est d'ailleurs pas pour rien que ces textes ont pratiquement été réécrits dans chaque culture et adaptés et calibrés à chaque pays en Asie). Ainsi, sur cette question comme sur d'autres, la volonté de faire écho à des règles éthiques des régions concernées transparaît fortement dans un grand nombre de textes et sutta rapportés comme la parole du bouddha. Enfin, s'il faut avoir en mémoire ces caractéristiques propres à une culture ou à une époque, il ne faut pas oublier les interprétations, les approximations et les choix faits par les traducteurs en fonction de leurs propres aspirations et de leur propre culture.
J'ai déjà eu l'occasion de dire combien cette dimension moraliste (que certaines traductions amplifient d'une manière démesurée), pouvait gêner à la compréhension des idées et des conceptions philosophiques.
Il peut y avoir ça et là des citations, avec l'effet de traductions pas très fidèles, avec l'effet du déplacement du contexte, qui peuvent être interprétés comme ayant une résonance sexiste. Ces éléments sont fortuits et incidents dans ces discours, il ne paraît pas sérieux de leur prêter un fondement plus général et d'y étayer une théorie selon laquelle le bouddhisme serait anti féministe.
Le bouddhisme n'est bien évidement pas anti féministe. Il s'agit d'un courant de pensé universelle qui s'applique et se met en pratique quel que soit le genre des individus qui se sentent concernés par cette démarche et par cette approche. On ne peut pas déceler dans le développement général de la pensée bouddhique, et en particulier dans l'exposé de ses concepts fondamentaux, illustrés par les grands discours, une quelconque marque d'exclusion des femmes dans sa théorie et dans sa méthode.
Une telle vision serait en outre parfaitement aberrante non seulement sur le seul plan philosophique, mais aussi parce dans les sociétés orientales et extrêmes orientales, les femmes occupent une place extrêmement importante dans l'organisation sociale et qui est loin d'être subalterne (et qui est bien différente de celle qu'elles occupent en occident). Cette perception de la place de la femme a été également défavorablement modifiée par l'arrivée de colons européens nombreux au cours de ces trois derniers siècles et par la présence d'armées occidentales dans de nombreux pays d'Asie au cours des années 50-70. Pour finir avec cette question, il est tout à fait manifeste que des dichotomies arbitraires et sexistes apparaissent dans beaucoup d'autres courants de pensée de part le monde. C'est un fait incontestable, qu'il est facile de vérifier.
Dès les débuts, on trouve des femmes dans le mouvement bouddhiste. Dès les débuts de l'histoire du bouddhisme, des femmes ont manifesté leur souhait d'entrer dans le courant bouddhiste. Le bouddha a répondu favorablement à ces demandes, notamment en encourageant la création d'un Sangha féminin et en demandant à ces premières bikkhuni (bonzes femmes) d'édicter les règles monastiques à l'instar de ce qui se mettait en place chez les bikkhus (bonzes hommes). Le bouddhisme est le premier courant indiens qui a permis à de femmes de faire le choix d'une vie ascétique en lui offrant un cadre, des règles et des lieux. Naturellement cet aspect est moins connu.
Dans de très nombreux pays bouddhiques, il existe de larges organisations de bikkhuni qui ont accès aux mêmes connaissances que les bikkhus. Il est vrai que la place qui leur est réservée dans la pratique officielle et cérémonielle reste marquée par l'organisation sociale des sociétés dans lesquelles le bouddhisme s'est développé. Ces places sont ainsi généralement occupées par de hommes.
Il existe également de nombreuses personnalité éminentes du bouddhisme qui sont des femmes et dont les textes peuvent être trouvé, notamment sur le site américain access to insight.
J'espère avoir répondu à votre question.
Quelle est la place des femmes dans le bouddhisme ? Existe-t-il des femmes lama (bonze, etc ) ou bien est-ce réservé aux hommes et dans l'affirmative quelle en est la raison ?
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