Du svastika.
On m'a montré récemment une croix gammée comme étant une croix bouddhique, quand est-il ?
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Réponse :Tout d'abord, je voudrai réagir un peu par rapport à votre formulation, même si bien entendu, je comprends parfaitement que vous puissiez être choqué ou surpris à la simple vue de ce symbole. Il se trouve que pour des raisons que j'ignore, les nazis ont en effet choisit de faire de ce symbole graphique un des emblèmes de leur pouvoir et de le diffuser largement. Pour beaucoup de ceux qui ont vécu cette période et qui ne connaissent ce symbole qu'au travers de cette utilisation qu'en ont fait les nazis durant la seconde guerre mondiale, cette figure choque et déconcerte. Cela est bien compréhensible.Texte complet de la questionPour vous répondre donc, non, la croix gammée comme on l'appelle et qui fait plutôt référence au symbole nazi, n'est pas une "croix bouddhique". La croix gammée est tournée dans l'autre sens que le symbole utilisé dans le bouddhisme.
Mais, il faut savoir que ce signe est l'une des figures symboliques les plus répandues dans le monde indien, dans le monde bouddhique et que ses origines se situent probablement en Mésopotamie. Ainsi, quand on regarde l'histoire sur cette longueur, on s'aperçoit que ce symbole fut transmis et diffusé auprès de très nombreuses cultures, qu'on peut le retrouver aussi bien Scandinavie, en Egypte, dans de nombreuses cultures primitives du bassin méditerranéen, chez les celtes etc. . . Le fait que ce symbole, bien que tourné dans l'autre sens, ait été récupéré par une idéologie qui s'est révélée être particulièrement néfaste, ne devrait pas, à priori, modifier la réalité de son sens, tel qu'il s'est élaboré au fil des ans et ce, depuis des temps très anciens.
Ce symbole est en effet largement répandu en Inde et dans le bouddhisme, et il porte un autre nom : le svastika. Pour de très nombreuses personnes en Asie, il a gardé un sens symbolique, spirituel et rituel ou fonctionne tout simplement comme porte-bonheur. Que ce soit au Tibet où les paysans mettent ce symbole sur la porte de leur maison pour éloigner les mauvais esprits, que ce soit en Inde où l'on dessine le svastika sur le sommet du crâne fraîchement rasé des jeunes novices, partout en Asie on utilise ce signe en de nombreuses occasions.
L'historique du svastikaCe symbole est appelé en sanskrit svastika, il est composé des syllabes "su" (qui veut dire bien), "asti" (qui veut dire être) et "ka" (qui est une terminaison nominale). L'ensemble veut dire "qui est bien", "cela est bien", par extension il signifie aussi "que ce qui est bien advienne". Certains auteurs rapprochent aussi "su" (bien) de "vastu" (habitation, provenant de "vasa" qui veut dire habiter), accentuant ainsi le caractère domestique de cet appel à la félicité et pouvant être traduit par "habitation heureuse". C'est un symbole mystique et auspicieux qui servait à attirer la chance, la félicité, le bonheur sur sa maison, ses biens ou sur sa personne. Depuis des temps très anciens, les indiens se servaient de ce signe pour marquer leur bétail. On pense qu'à l'origine, c'est une représentation du soleil et de la lumière comme énergie première, source de toute vie et de toute perpétuation de la vie. Par extension, il représente aussi le feu. Avec ses quatre branches, il renvoie aussi à un plan symbolique d'habitation, de système urbain, de ville, de territoire. Il est alors appelé svastika "aux quatre vents", renvoyant aussi aux quatre points cardinaux. Il peut aussi faire référence à un territoire et est appelé svastika "aux quatre portes" renvoyant alors à une ville ou à un système bâti (temple, palais, etc ) organisé suivant les axes Nord-Sud et Est-Ouest. Dans ce cas, le svastika a aussi une fonction de protection.
Ce symbole est important, car il montre le caractère impersonnel de la représentation. Il ne s'agit pas de représenter une divinité telle ou telle, mais de représenter un principe.
De même, le svastika a donné lieu à différents cultes dont un est associé aux neuf planètes. Il est également associé au royaume des serpents. Une posture du yoga est appelée svastika et figure une personne les bras repliés sur la poitrine et les jambes repliées.
Sa représentation graphique est bien à la fois celle d'une forme rayonnante (ici limitée à quatre branches, mais on connaît des formes avec seulement trois branches, comme dans la figure celte) et celle du mouvement. Les quatre branches sont repliées vers la droite ou vers la gauche comme si une giration avait imprimé une déformation à des branches initialement droites. Le centre reste invariablement fixe.
Ainsi, sa présence en Inde est attestée au cours du VIIIe siècle avant l'ère actuelle. Il est naturel qu'il ait été conservé, reconduit, adapté et développé par l'ensemble des philosophies indiennes que ce soit l'hindouisme, le jaïnisme, ou le bouddhisme.
Très tôt, les cultures indiennes ont discerné deux versions de ce symbole. La première, qui serait le svastika original, qui a les branches tournées vers la droite ou dans le sens des aiguilles d'une montre. Ce symbole est dit masculin et représente alors le soleil du printemps et Ganesha. C'est un signe de bon augure et on le voit fréquemment sur les portes-bonheur et les amulettes. Il représente aussi la main droite. La seconde version serait le svastika avec les branches tournées vers la gauche ou en sens inverse des aiguilles d'une montre. Ce symbole est dit féminin, il représente le soleil d'automne et la déesse Kali. Il est réputé être de mauvais augure. Il représente aussi la main gauche.
Dans l'hindouisme, ce symbole a représenté Brama, le principe globalisant. Il figure fréquemment dans les cérémonies rattachées à Ganesha ou à Kali (quand les branches sont tournées dans l'autre sens). Dans les Veda, le svastika symbolise la roue du soleil (à la fois comme figure rayonnante et comme système cosmique). Dans le Ramayana, Bharata choisit un bateau parce qu'il porte sur sa coque la marque d'un svastika.
Dans le bouddhisme, on trouve des svastika sur toutes sortes de supports, en particulier sur des sceaux et sur des pièces bouddhiques qui étaient en circulation dans les royaumes bouddhiques jusqu'à l'invasion d'Alexandre le grand (soit de 500 à 300 avant l'ère actuelle). Il figure également dans de nombreux manuscrits. On dit que les plans de certains stupa ont été dessinés à partir de la forme d'un svastika (ce qui est tout à fait plausible quand on sait que celui de Borobudur a été dessiné à partir d'une mandala). Enfin, le svastika figure parmi les soixante cinq signes de bon augure que l'on découvre dans l'empreinte du pied du bouddha.
Progressivement le svastika est devenu l'équivalent de la roue de la loi mise en mouvement par le bouddha. Pas extension, le svastika a pu symboliser la loi bouddhique elle-même.
Le svastika s'est largement diffusé dans toute l'Asie et en particulier en Chine, Corée et Japon. Dans ces pays, le symbole représente toujours la loi bouddhique, mais aussi son caractère bienfaiteur et de bon augure. Il n'est pas rare de le trouver sur des amulettes aujourd'hui encore au Japon avec la même symbolique que sur les amulettes de la vallée de l'indus.
Dans le jaïnisme, le svastika symbolise leur septième jina.
Le svastika, motif ornementalLe svastika, c'est aussi un motif décoratif qui connaît de multiples variations et que l'on retrouve également dans de très nombreuses cultures, de la Grèce antique à la Chine, du Mexique aux tribus des indiens d'Amérique du Nord.
Il va sans dire que toutes ces utilisations du svastika et que tous ces utilisateurs, ne nourrissent aucune sympathie à l'égard de l'idéologie nazie et qu'ils en réprouvent la manipulation dégradante par ces sinistres démagogues.
Sur la dénominationEnfin, un mot sur la notion de croix qui est également très connotée. Cette représentation du svastika ne peut pas être comparée à une croix, car elle figure en fait une roue, une cyclicité, un mouvement. Si on considère que la base symbolique est aussi une représentation de l'espace (les quatre points cardinaux, la gravitation circulaire autour d'une point fixe, le déploiement centrifuge, ), de la même façon qu'une rose des vents ou que l'indication du nord sur une carte ne peuvent pas être réduits à la notion de croix. En outre, le symbole existe d'une façon autonome, quelle que soit son orientation. Il peut être présentée selon la verticale et l'horizontale, mais fonctionne également parfaitement si on le montre avec les branches inclinées à plus ou moins 45°.
Dernière remarque, svastika peut également être écrit swastika.
Cette première figure est certainement une des formes primitives
du svastika, dessiné ou peint avec un pinceau, une brosse ou un doigt.
On peut y voir les deux syllabes sanskrites entrecroisées,
deux serpents noués ensembles, quatre trompes de l'éléphant Ganesha ...
Cette seconde figure est la forme définitive et complète du svastika,
ses branches sont tournées vers la gauche et quatre points l'accompagne.
Par cette troisième figure, on voit le principe d'extension
et de rayonnement du svastika qui procèdent d'un développement et
d'un déroulement à la manière d'une force centrifuge.
J'espère avoir répondu à votre question.
On m'a montré récemment une croix gammée comme étant une croix bouddhique. Je sais que les origines de ce symbole sont diverses et qu'il peut venir de l'Inde. Toutefois, je ne le pensais pas relié au Bouddhisme.
Qu'en est-il ?
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