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Les américains ont fait atterrir
un robot sur Mars. Le monde entier est en admiration. Du point de vue technologique,
c'est non seulement un succès mais un exploit. Pourtant cet événement
véhicule un historique aux connotations malsaines, comme la tour
de Babel, ou Ravana, chez les hindous, qui voulait construire un escalier
pour atteindre les planètes édéniques, faisant fi
ainsi du procédé métaphysique qui veut qu'au moment
de la mort seulement l'âme pieuse s'élève vers les
planètes supérieures. Voyons plutôt ce que représente
ce voyage interplanétaire pour leurs auteurs et la population ;
à part bien sûr les milliards de dollars d'investissement
et les décennies de recherche, un effort humain considérable.
Et pour quoi en réalité ? Quelqu'un a répété,
sans trop savoir peut-être, avec sérieux pourtant, que notre
planète n'est plus un endroit très sûr et il nous faut
assurer la postérité de l'espèce humaine. N'y a-t-il
pas quelque chose de puéril dans cette proposition ? Le progrès
ou l'évolution serait-il synonyme de destruction systématique
de notre environnement ? Il semble bien que ce soit le cas, et pour cela
il faut trouver d'autres milieux - à polluer. Ce qu'on occulte par
cette attitude envers la nature et l'univers, c'est que l'homme aussi appelle
sur lui la destruction, et cela où qu'il soit. Et qu'en est-il de
cette possibilité de survie pour l'homme sur une autre planète
? On sait sans l'ombre d'un doute que chacune d'elle possède
sa propre atmosphère et que pour les visiter il nous faut un équipement
spécial, un scaphandre. Et toute cette énergie dépensée
alors que la Terre est si belle en comparaison ! L'argent ! Le pouvoir
! Voilà en réalité la motivation. Si vraiment le bien
de l'humanité les préoccupe n'y aurait-il pas assez à
faire chez nous ? Ne gagnerions-nous pas à dépolluer les
rivières et l'air, à investir dans le domaine paramédical
et autres sciences, bien plus prometteuses. Mais enfin! Le problème
ne vient pas du gouvernement mais de la masse, le peuple, c'est lui qui
dirige, qui veut les choses ainsi, démocratie oblige! Ne voit-on
pas clairement qu'il n'y a pas grand futur pour les humains sur Mars? Les
télescopes nous ont-ils montré autre chose que le désert?
Cela coûterait moins cher d'exploiter le Sahara et autres endroits
de ce genre si répandus sur Terre. Plus profitable aussi pour les
humains. Plus honnête surtout. Rendez-vous compte, tout le monde
se plaint de cet héritage macabre qu'on destine à nos enfants
- parlant de la dette gouvernementale et de l'environnement -, et nous
voilà cependant épatés par un projet ruineux et farfelu
au nom de la science et de la postérité. Il y a plus de vingt
ans de cela, mon maître spirituel Bhaktivedanta Swami Prabhupada
se dressait déjà contre ces plans insensés. Quand
ils ont ramené des pierres et du sable de la Lune, il s'écria
: « C'est tout ! » Des milliards de dollars pour des pierres
! Non, ce n'était pas tout, on proposait des allers et retours pour
la belle planète. Curieusement, et cela n'étonne pas outre
mesure, ils ont déduit qu'il n'y avait pas grand chose à
faire sur la Lune, et les recherches ont été abandonnées.
C'est la planète nocturne la plus prédominante, celle qui
influence le plus la terre, de façon cruciale, et l'on a déduit
qu'elle n'en valait pas la peine. Nouvelle direction : Mars. Avec pour
carburant la crédulité des hommes. C'est la vie qui les intéresse.
La vie biologique à notre image. N'est-ce pas naïf d'espérer
découvrir une vie comme la nôtre sur des planètes qui
ne possèdent pas la même atmosphère ? Autant s'attendre
à trouver de la vie au pôle Nord. En fait, à des températures
extrêmes il y a des acariens qui y vivent; impossible naturellement
de les localiser à l'oeil nu. C’est comme dans le feu, la vie non
plus n'est pas possible selon les scientifiques; et pourtant ! Aujourd'hui
on s'aperçoit que des individus y résident. Bizarre cette
idée que la vie ailleurs doit ressembler à la nôtre
en tout point. On a du mal à se libérer de l'anthropomorphisme,
dont l'archétype est biologique. Et Dieu, doit-Il aussi nous ressembler
pour Le reconnaître ? Pour un scientifique la vie doit être
perceptible à l'aide d'instruments de laboratoire, c'est tout. Rappelez-vous,
il n'y a pas encore longtemps l'acupuncture était perçue
comme une discipline douteuse simplement parce que les méridiens
n'étaient pas perceptibles à nos sens, ou plutôt par
les instruments; car ce que moi je perçois par mes sens, un autre
ne le saisit pas nécessairement, les instruments servent par conséquent
de médium commun. Aujourd'hui cependant, concernant l'acupuncture,
la science a réussi à localiser ces méridiens à
l'aide d'appareils extrêmement sophistiqués. Simplifiant,
je dirais qu'en injectant une certaine substance dans le circuit de ces
méridiens invisibles le tracé se matérialise. Et l'acupuncture
devient science. Elle l'a toujours été; notre ignorance seule
faisait défaut à sa dignité, - nos préjugés.
Puisque si un phénomène ne peut-être authentique que
dans le champ de notre expérience positive, alors la difficulté
à recevoir une autre réalité, différente, ne
sera que plus grande. La vie existe partout. On croyait qu'elle ne pouvait
pas se développer dans le fond des océans, parce qu'il n'y
avait pas la lumière du soleil. Ce qui est faux bien sûr,
la science s'en est rendu compte. La vie pullule dans chaque recoin de
la création selon les Védas, mais sous différents
constituants par lesquels l’âme subit son voyage cosmique, véritable
sens de l’univers. Partant d'un tel postulat les recherches aboutiraient
certainement plus vite. Bhaktivedanta Swami Prabhupada aimait à
discuter le sujet. En août 1976 il lança un défi, comme
il se plaisait à le faire avec ses disciples: « Nos affirmations
sont scientifiques! » Evidemment sa définition du mot est
différente, plus ancienne : « Le savoir est l'information
obtenue par les Ecritures, et la science est la réalisation pratique
de ce savoir. Le savoir est scientifique quand il est obtenu des Ecritures
par l'intermédiaire d'un maître spirituel authentique, mais
quand il est interprété de façon spéculative,
c'est de la spéculation mentale. 1»
Si on trouve du sable et des pierres sur la Lune ou Mars en l'occurrence,
c'est qu'il y a de l'eau aussi, s'écriait-il. Comment ces pierres
sont arrivées dans l'espace ? Des gaz, se dépêchera-t-on
de répondre. D'accord mais sans eau il n'est pas question de gaz.
Ce sont les gaz qui se liquéfient et durcissent. Et qui dit liquide
dit végétation, il va de soi. Quand l'eau se retire les plantes
apparaissent. C'est décrit dans nos Ecritures, le Srimad Bhagavatam.
D'abord il y a l'éther, ensuite le feu, après l'eau et enfin
la terre. On ne raconte pas de bêtises. Nos Ecritures sont parfaites,
elles ont été énoncées par Dieu. Nous ne sommes
pas obligés, comme dans d'autres traditions, à nous instruire
en puisant à d'autres sources, faillibles. Et puis c'est simple,
précisait-il: « Sans eau comment peut-il être question
de sable ? Par sable on entend sel aussi. » Il appelait ça
du silicate de sodium. Quand l'eau s'évapore à cause du soleil
se cristallise le chlorure de sodium, le sel, qui devient à son
tour le silicate de sodium. Le dessus des océans est devenu très
dur, expliquait-il, mais en dessous il y a l'eau. C'est la même chose
pour nous, d'où viennent la peau et les os ? Nous buvons de l'eau
et mangeons des légumes qui se transforment en liquide puis en sang.
Du sang, une substance liquide d'où proviennent les muscles; plus
il y a de sang, mieux c'est. A l'origine du corps, il y a le liquide séminal,
celui de la femme et de l'homme. De là se forme le fœtus de la grandeur
d'un petit poids. C'est simple, insistait-il, ne vous laissez pas leurrer,
dès qu'il y a solide il faut en déduire qu'il y a liquide
2. Naturellement, pour Prabhupada, science ou
philosophie ne peuvent être débattus à propos que dans
le cadre où nous ne sommes pas ce corps mais une âme éternelle.
Pour cela, il se sert de la définition de la Bhagavad-gita
3 qui affirme que les âmes sont partout,
donc même dans le feu. Aucune arme ne peut fendre l'âme, ni
le feu la brûler; l'eau ne peut la mouiller, ni le vent la dessécher.
Elle est indivisible et insoluble. Elle est immortelle et éternelle,
inaltérable et fixe. Ainsi, l'atmosphère, trop chaude ou
trop froide, ne peut empêcher la vie d'exister. Elle n'est pas affectée
par ces choses. Il est entendu que dans le monde ici-bas l'âme est
contrainte de revêtir un corps plus ou moins grossier constitué
d'éléments matériels. La particularité des
grandes âmes, des êtres réalisés, est de raisonner
clairement et simplement. Aux allégations des scientifiques, selon
lesquelles il ne peut y avoir de vie dans le feu, il s'exclamera : Et pourquoi
donc ? Le feu est l'un des cinq éléments; s'il y a de la
vie dans l'eau, dans l'air, dans la terre, pourquoi pas dans le feu ? A
quelle logique font-ils appel ? Et pour conclure, voilà un passage
sur le sujet, un des premiers opuscules en français intitulé
Antimatière et Eternité par Srila Prabhupada : « Se
rendre sur la planète de son choix n'est pas une entreprise nécessairement
vouée à l'échec, mais le succès de la tentative
dépend avant tout des modifications psychologiques apportées
à l'esprit de celui qui désire un tel voyage. Les transformations
progressives du corps matériel dépendent plus ou moins de
changements psychologiques, car le mental constitue le noyau même
du corps. Ainsi, par changement psychologique, la chenille se métamorphose
en papillon. De même, le sexe d'un homme ou d'une femme change d'abord
à partir d'une transformation mentale, bien que la métamorphose
soit opérée au moyen de techniques médicales. »
Il n'était pas de notre intention de présenter une étude
exhaustive en la matière, encore moins une thèse scientifique,
mais une idée générale de notre perception. Un gouffre
sépare la position scientifique positive de la métaphysique.
Toujours dans Antimatière et éternité, dans la version
anglaise cependant, et qui ne figure pas en français, Srila Prabhupada
écrit: « En ces jours, alors que les hommes essaient de se
rendre sur la Lune, les gens ne doivent pas s'imaginer que La Conscience
de Krishna est rétrograde, que nous passons notre temps à
chanter Hare Krishna alors que le monde entier s'évertue à
se rendre sur la Lune. Non, le monde ne doit pas croire que les découvertes
scientifiques nous laissent à la traîne. Nous connaissons
déjà tous ces aspects scientifiques. Par la Bhagavad-gita
nous comprenons que la tentative des hommes pour atteindre les planètes
supérieures ne soit pas nouvelle. Les grands journaux titrent ainsi
l'événement: Les Premiers Pas de l'Homme sur la Lune. Mais
les journalistes ne savent pas que des millions et des millions d'hommes
s'y sont déjà rendus et revenus. Ce n'est donc pas la première
fois. C'est une pratique ancienne. Dans la Bhagavad-gita
ce point est clairement mentionné 4
: « Toutes les planètes de l'univers,
de la plus évoluée à la plus basse, sont lieux de
souffrance, où se succèdent la naissance et la mort. Mais
pour l'âme qui atteint Mon Royaume, il n'est point de renaissance.
»
P. -S. Aux dernières nouvelles le prochain
voyage sur la Lune est annoncé pour l'an 2004. Le but est d'ouvrir
des exploitations minières. On en reparlera.
2. Conversations with Srila Prabhupada. Vol. 25 Téhéran, aout 1976 p.191 3. Bg. II. 23 4. Bg. VIII. 16 |