Chronique d'une disparition annoncée

La virtualisation abstrait les corps. Y compris le corps enseignant.

Les profs, tels que nous les connaissons, sont appelés à disparaître. Race menacée à plus ou moins long terme, victime du passage à l'acte virtuel.

En commençant, question ici de relativiser les choses, je rappelle que l'école, comme nous la connaissons, est une réalité bien récente. 100 ans tout au plus. Les profs «modernes» appartiennent à une bien jeune race. 

Mais au delà du constat de l'éphémère, je voudrais scinder mon argumentation en deux grands volets: l'un pour les étudiants pubaires, l'autre pour les pré-pubères. Ce partage est clé puisqu'il commande des rythmes et des moyens différents pour l'exclusion du corps enseignant.

Post-puberté

Du côté des étudiants plus vieux, la démonstration est à se faire d'elle-même. Que ce soit du côté des cours on-line, du recyclage de l'enseignement à distance, de l'apparition grandissante de la formation sur mesure («just on time»), le prof est pris au piège. Coincé par une lente transformation du métier et par une mondialisation (ou régionalisation) de la concurrence.
Télé-campus
Multimédium
Quelques bon textes sur la formation à distance

Ce passage est ici. Question de temps avant que n'aboutisse une transformation des règles. Naissent déjà les cours prémonitoires du futur... et les organisations pour les soutenir, tel ce consortium d'Universités du sud-ouest US. 

Garderie et Tamagochi

Côté des pré-pubères, la forclusion sera moins aisée. D'abord parce que le social requiert le gardiennage scolaire. L'école est d'abord une garderie!

Et puis, parce que les forces d'exclusion ne peuvent jouer aussi facilement (mondialisation, autonomie des apprentissages). 

Par contre, une force sous-estimée me semble être le retour tranquille du «computer assited learning», manière Internet. Nous voyons, de-ci de-là, réapparaître ces leçons programmées, ces cours à la «MacDo», prêts à nourrir des milliers d'indigents intellectuels. Et quelle rentabilisation de tous ces équipements.
Appel 

Une seconde approche, identique en nature, est fondée sur le paradigme Tamagochi. L'enseignant est un tamagochi par de nombreux aspects: répétition, suivi, discipline, évaluation et attachement. Tout savoir qui peut être formalisé peut être codé en Tamagochi. Il est tout à fait possible d'imaginer des enseignants virtuels («idoru») à l'image de Kyoko Date (aka DK 96), 
des Tamagochis pour enseigner les maths (module par module), des «Creatures» pour la résolution de problèmes, d' autres modèles virtuels pour d'autres genres.
Pet Farm
Les profs ont bien raison de craindre les Tamagochi en classe. Pourquoi laisser pénétrer un concurrent, même anodin?

On pourrait analyser ce refus comme refus d'un miroir de soi. Un miroir déformant, certes, mais reflétant les aspects les plus non-désirables de soi: rigidité, redite, punition.

Enseignement programmé, maître virtuel, ce mouvement se transcrira en une réduction des effectifs, malgré les résistances, et en une rentabilisation de la technicisation de l'école. Une «rationalisation», pour reprendre la langue de bois du milieu des affaires.

Voilà donc un premier niveau de disparition.

L'Autre transformation

L'Autre transformation du prof, c'est LA mythique: Phénix, l'enseignant traditionnel, doit mourir pour renaître en «tuteur», «accompagnateur», «coach», et autres qualificatifs paternalistes et flous.

Ce discours s'appuie sur une double argumentation: les sciences cognitivistes et la nécessaire transformation provoquée par les nouvelles technologies.

La première m'apparaît plus sérieusement fondée que la seconde. Elle est le reflet de nouvelles connaissances conjuguées à une nouvelle réalité.

La seconde me fait problème. Elle apparaît comme un prétexte pour mener une «révolution» quelconque de l'éducation. Une réingénérie radicale de l'école. Si cette mutation de l'enseignant était inéluctable, elle n'attendrait pas l'arrivée des nouvelles technologies. 

Tout cela sent la mauvaise excuse!

Il est fort possible d'implanter une pédagogie par projets, fondée sur l'autonomie de l'apprenant, organisant un nouveau rapport maître-élève, dans une perspective constructiviste, sans les nouvelles technologies. D'autres ont tenu ce discours sans attendre les ordi et l'Internet.
 


Quelle transformation connaîtra le «maître»? Deviendra-t-il l'outil despotique de l'enseignement programmé ou le levier d'une maieutique des savoirs?

Mon pessimisme me ferai opter pour la première hypothèse. allant dans le sens du triste constat de Seymour Papert au sujet des  promesses non remplies de l'ordinateur en classe et sa récupération institutionnelle.

L'avenir le dira mais, chose certaine, il ne sera plus pareil! 

@ 4

 


 
 
 

@nonymus
Fin du 2e millénaire...

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