Réminiscences (dédié à la Rose de Lantao)


Déesse de la beauté, de l´amour et de l´éternelle jeunesse Reine des nuits langoureuses d´été, Aphrodite anadyomène! De ton sourire divin tu nous combles de mille tendresses Et de quelques soupirs tu nous fais oublier toutes nos peines. Ors et diamants, émeraudes et saphirs, topazes orientales Pétillent dans tes doux yeux rêveurs et languissants Où se reflètent de l´antique Babylone les lèvres fatales Qui donnaient aux hommes le goût de l´éternel printemps. Mais, hélas! la beauté comme les fleurs est si éphémère Et les joies qu´elle apporte ne durent que le temps d´un rêve Et les amours de nos étés se fanent malgré toutes nos prières Comme les roses évanescentes de notre enfance si brève. Immuables sont ces lois qui régissent notre fugitive existence Vouant nos vaines illusions à une fin si dénuée de sens. Mais toi, pourtant, née des eaux de l´heureuse Providence Saurais-tu par hasard où se trouve la fontaine de jouvance? Nos pas au fil du temps nous ramènent toujours et à jamais, Cheminant vers le rivage de nos souvenances portlouisiennes Vers ce petit escalier de pierre où par de chaudes soirées Nous avons souvent osé rêver d´aventures baudlairiennes. Indiciblement nos coeurs s´emplissent de mille frissons Les étoiles scintillent à nouveau comme au temps de jadis Et goulûment on goûte aux dernières harmonies des violons Qui dans la nuit font revivre les extases de notre passé enfui. Que sont devenues les belles veillées et promesses d´antan Sur le divan de nos subtils plaisirs et des amourettes oubliées? Où sont passés ces battements de coeur, tous ces tremblements Qui nous faisaient croire en nous-mêmes et notre immortalité? Nos coeurs pourront-ils un jour vibrer au même diapason Et revivre dans le Temps qui s´écoule les jours qui ne sont plus? Reverrons-nous enfin le jardin aux nénuphars oû nous pourrions Tranquillement mourir sur des jasmins et des roses à perte de vue? Un jour viendra cependant où tel l´aigle pris dans l´ouragan Fier et indomptable je me lancerai tout seul et bien haut Dans l´azur insondable de l´incommensurable firmament Et je n´aurais d´yeux que pour les dieux et les antiques héros. En toi réside le secret des joies profondes trois fois divines Ton regard ensorceleur est celui que vantent tous les dieux! Sache avec tes lévres apaiser les morsures et les brûlures félines De nos amours sénescentes et la douleur vieillissante des adieux. Claudio Wye
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