Voici les entrevues accordées dans le cadre du dossier spécial que l'hebdomadaire français a consacré à la F-M

 

Lorsque je suis entré en franc-maçonnerie, Il y a une quinzaine d'années, dit un frère de la Grande Loge de France, je me trouvais confronté, à un sentiment de vide. J'avais une vision du monde presque militante. Mais, j'ai pris conscience, petit à petit, que mes difficultés ne venaient pas de l'extérieur mais de l'intérieur. Pour changer le monde, il fallait d'abord que je change, profondément. Ma vie alors a basculé, ma vie de couple comme ma vie professionnelle. La manière dont je perçois les autres s'est modifiée. Aujourd'hui, je suis beaucoup moins dans le jugement, j'accepte davantage l'autre tel qu'il est, sans vouloir le changer. C'est le fruit d'une mutation intérieure, d'une élévation progressive de conscience. La franc-maçonnerie engage un processus sur ce plan-là, presque à son corps défendant. Elle est même entièrement construite sur ce processus. L'acte initiatique, c'est une rupture qui permet de passer d'un plan à un autre. Ce n'est pas un processus intellectuel, mais une sorte de violence psychologique, qui vient chercher au fond de soi des vérités enfouies. On devient une sorte de chercheur. Et pour cela, on a besoin d'outils: ce sont les symboles. Ils englobent une réalité vaste, cachée, secrète. En travaillant dessus, on est amené à découvrir cette partie cachée qui est en nous. En même temps, ils ont une réalité objective. Ainsi pour chaque symbole, apparaît un point de convergence, au delà de chaque subjectivité.

J'étais au départ un " bon ouvrier ", qui travaillait dans l'idée de perfection. J'étais obsédé par la réussite. Cela aussi a changé profondément. Degré après degré, année après année, je me suis rapproché de plus en plus de mon centre réel. Je n'ai plus accepté d'être en trop grand décalage entre ce que je suis et ce que je fais. J'étais chef d'entreprise, je le suis toujours. Mais à un moment donné, alors que je vivais une réussite exemplaire, tout s'est effondré. Je pense que c'est le fruit de mon itinéraire d'homme à travers la franc-maçonnerie. Je suis devenu thérapeute. Je croyais aimer les gens, le monde, mais, en réalité, je me suis rendu compte que j'avais beaucoup de mal à aimer véritablement. Inconsciemment, en entrant en maçonnerie, c'est sans doute cela que je cherchais: apprendre à aimer.

 

 

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