Joachim Du Bellay (1522-1560)

Eléments de biographie
La biographie de Joachim Du Bellay, ci-dessous présentée, comporte trois "titres" : la formation, le séjour romain, le retour à Paris.

1. Les années de formation (1522-1553)

A- Une jeunesse "obscure" (1522-1547)

Issu d'une famille déjà célèbre par ses hommes de guerre et ses diplomates, JOACHIM DU BELLAY est né en 1522 au château de La Turmelière, près de Liré, en Anjou.
Maladif, orphelin de bonne heure, négligé par son tuteur, il passe une enfance rêveuse dans le manoir paternel, sans grande activité. Il souhaitait s'illustrer dans la carrière des armes, sous l'égide de son cousin Guillaume de Langey, gouverneur du Piémont ; mais la mort de ce parent en 1541 ruine ce projet.
Il se tourne alors vers l'état ecclésiastique, comptant sur le crédit d'un autre cousin : le cardinal JEAN DU BELLAY, évêque de Paris et diplomate. Pour se préparer à servir le cardinal, il étudie le droit à la Faculté de Poitiers, vers 1545.
A Poitiers, Joachim Du Bellay fait la connaissance de l'érudit Muret, des poètes Salmon Macrin et Peletiers du Mans, lequel influencera les idées de La Pléiade. Il rédige ses premières Poésies latines et françaises.
A la fin de 1547, il quitte Poitiers pour Paris, afin de suivre Ronsard. En effet, Du Bellay aurait rencontré Ronsard (âgé alors de 23 ans) aux environs de Poitiers. Chez son ami Jean-Antoine de Baïf, Ronsard avait suivi les leçons de l'helléniste Jean Dorat. Ce dernier venait d'être nommé à la fin 1547 principal du Collège Coqueret, à Paris. Les deux jeunes gens, qu'il avait passionnés pour l'étude de la poésie, décidèrent de le rejoindre à Paris.

B- Le Collège de Coqueret (1547-1549)

Sous la direction de Dorat, Du Bellay étudie les auteurs de l'Antiquité (plutôt les auteurs latins, alors que Ronsard et Baïf s'intéressent aux grecs). Il étudie aussi l'italien et découvre Pétrarque (son premier recueil de sonnets, L'Olive, est composé à la façon des sonnets pétrarquistes).
En 1549, Du Bellay publie :

C- Trois ans de souffrances (1550-1552)

Surmené par cette production fiévreuse, Du Bellay tombe malade et reste plus de deux ans à souffrir ; il commence aussi à devenir sourd.
Il cultive la poésie et la lecture des auteurs grecs et latins afin d'oublier son mal, mais cette épreuve donnera déjà des accents personnels à sa poésie. Certes la traduction en décasyllabes du IVe livre de l'Enéide (1552) relève des lectures, mais la Complainte du désespéré évoque sa déchéance physique (à 30 ans !) avec des accents personnels.

2. Le séjour à Rome (1553-1557)

En 1553, le cardinal Jean Du Bellay, qui avait été en disgrâce, est rappelé par le roi Henri II, en guerre contre Charles-Quint, pour négocier avec le pape Jules III. Le cardinal accepte d'emmener son cousin Joachim Du Bellay comme secrétaire.

A- Les espoirs

Joachim Du Bellay nourrit une double ambition.
  • Rome est la capitale de la chrétienté d'Occident, et le siège de la papauté : capitale spirituelle et temporelle, elle offre de nombreux espoirs de carrière.
  • Ancienne capitale de l'Empire romain, Rome est aussi le lieu que tout humaniste rêve de fréquenter : non seulement pour les vestiges de l'Antiquité, mais aussi parce que la Renaissance érudite et artistique a pris racine en Italie...

B- Les déceptions et l'amertume

Joachim Du Bellay fut doublement déçu :
  • Il était chargé par le cardinal son cousin du "ménage". C'est-à-dire qu'il était intendant et devait s'occuper de régler les divers créanciers, voire de les faire patienter (le cardinal entretenait plus de cent personnes en un magnifique palais). Ces occupation ingrates l'ennuient et ne correspondent pas à son goût de la poésie.
  • Sa fonction lui fit en outre découvrir les turpitudes, la corruption et la débauche qui sévissaient dans la capitale pontificale. Pour qui avait été nourri des auteurs latins, la découverte des moeurs de Rome ne pouvait que décevoir !
Ces déceptions, le fait de végéter à un poste d'intendant pendant que ses amis restés en France connaissent le succès à la Cour, rendent Joachim Du Bellay de plus en plus nostalgique de son pays natal, nostalgie qu'il est le premier à dépeindre (voir le sonnet XXXI des Regrets).

3. Le retour en France (1557-1560)

A son retour en France, Joachim Du Bellay désire reprendre sa place parmi les poètes de cour. Il publia les pièces composées à Rome, et qu'il avait dû garder par égard pour son protecteur le cardinal, et pour la mission diplomatique de celui-ci.
  • 1558 : Les Antiquités de Rome, Les Regrets, Poemata, Jeux rustiques
  • 1559 : Le Poète Courtisan.
  • S'il parvient à se faire entendre à la Cour, Du Bellay doit tout reprendre à la mort d'Henri II, en juillet 1559. Il parviendra à se faire inscrire sur la liste des pensions du successeur François II, auquel il avait adressé un Ample discours au Roi sur le fait des quatre états du royaume de France (1559).
    Mais les affaires privées de Du Bellay sont en piteux état : ses biens lui sont contestés.
    Déçu par le succès de jeunes poètes de Cour, épuisé par les tracas concernant ses biens, ayant des démêlés avec plusieurs de ses parents (dont semble-t-il le cardinal lui-même, peu content de certains sonnets des Regrets), Joachim Du Bellay a vu s'accroître sa surdité : il ne communique plus que par écrit dès 1559.
    Il meurt le 1er janvier 1560, à 37 ans, dans la nuit, en écrivant des vers.
     
     

    Retour au sommaire général

    Retour à la liste des textes
     

    Vers les "Regrets"
    1