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5 - 17 JUIN 1999
"Hugh! Toi asseoir, Petite fleur, et ecouter Vieux Putois raconter histoire des fiers guerriers cherokee. Eux partis sur apaloosas de fer sur Piste des Larmes et Piste des Natchez pour traverser pays de l'homme blanc. How! J'ai dit! - Comment eux s'appeler, o Vieux Putois? - Eux 'Nez-qui-pele' et 'N'a-qu'un-frein', eux farouches et rapides comme Mustang V6. Toi ecouter maintenant..." Nous quittons la Virginie et ses petites villes cosy et charmantes, et entrons dans le Tennessee, le long de grosses routes quasi-desertes, qui s'allongent a perte de vue sous le soleil. Tres vite, nous realisons que, contrairement a Johnny, nous n'avons pas grand chose en nous de Tennessee. Malgre quelques arrets sympathiques (concerts et piscine municipale en plein desert, et bien sur - incontournalble - Star Wars dans une salle THXDolbySurroundLucasSound), c'est carrement vide et nous sommes souvent contraints de nous approvisionner dans une vieille station service au milieu de nulle part, ie des chips perimees et du pain de mis tout sec. Meme Davy Crockett (qui pourtant n'avait jamais peur) n'a pas resite a son Tennessee natal et a passe la moitie de son enfance nevrosee a flinguer les ours du premier coup de fusil. En plus, nous avons bel et bien passe la frontiere linguistique Nord/Sud et plus personne ne comprend l'accent cockney de Thomas, qui se voit offrir un jus d'orange lorqu'il commande un coca. Les gens lui demandent s'il est russe, ce qui est, vous l'avouerez, quelque peu vexant... Heureusement St Sylvain et St Alexandre veillaient sur nous et, par un miraculeux jeu de coincidences, nous parvenons a trouver un contact a Nashville : Dennis Wile (que nous saluons au passage, ainsi qu'Helene pour son tip), qui nous donne carrement les clefs d'un appartement luxueux, et nous passons 3 jours de detente absolue dans notre petit chez nous. Ambiance country a donf' dans les rue de la ville, avec un festival nocturne (et gratuit). Les jeunes sont de sortie: c'est la fete du slip. On reprend la route, je me souviens un Samedi, et la, la mega cata: le "Black Saturday" restera a jamais grave dans nos memoires comme le fond du trou de l'enfer de la mouise. Je perds mon journal intime (avec sa clef en forme de coeur) et mes Travellers, pandant que Thomas creve 6 fois et explose 3 rustines en moins de 4 heures. Nous vla bien: la nuit tombe, plus de rustines, 2 pompes cassees, le pneu de secours use jusqu'a la moelle. Dur dur, le doute s'installe et Thomas renie la foi chretienne. (Je vous rassure, a la fin ca se finit bien, les 2 gars trouvent de bonnes ames pour les amener chercher du matos au WalMart en Chevrolet'64 et Charlie-la-debrouille reussit a remettre la main sur ses petites affaires 1 semaine + tard en telephonant a droite a gauche) Nous nous lancons sur la route de Memphis en sifflotant le tube eponyme de notre pote Eddy. Au fur et a mesure, nous commencons a croiser de nouveaux animaux etranges et exotiques que Thomas, qui a perdu ses lunettes dans le Maryland, prend systematiquement pour des herissons: des armadillos (petits tatous), des gophers (enormes tortues), des ibis, des serpents gigantesques et des alligators (plutot dans le Mississippi). Les marecages et les moustiques gros comme des hannetons - et n'hesitant pas a pomper le vieux litre de globules direct a travers le tshirt - n'ont pas raison de notre optimisme et nous arrivons a bon port. Memphis, Beale St et ses juke joints ou nous sirotons un Bud bien fraiche en ecoutant un bon concert de blues. Oh mamy! Une pause bien meritee chez notre contact local, Jeff, le fils de dennis, rencontre a nashville ; les bars et les salles de billard enfumees deviennent nos compagnons. Et tous les saloons du tennessee, s'ils pouvaient parler, vous conteraient les aventures de ses 2 cyclistes et des centaines de $ mises en jeu lors de parties endiablees. C'est sur, quand il fait 42 degres dehors, vaut mieux s'arreter ou on peut. nous passons naturellement par Graceland, pour nous prosterner devant les capes de perles du King et daotons sur la route la Elvis attitude. Qu'est-ce qu'on a l'air cool avec notre banane sur notre peugeot rose! Puis c'est le Mississippi, et nous passons par les comtes les plus pauvres de l'etat le plus misereux du pays. Pas etonnant que ce soit la que le Delta Blues est ne. Paysage plat de chez plat, avec des champs de coton (qui ressemblent a s'y meprendre a des champs de soja) a perte de vue avec, ca et la, une ville noire delabree ou un elevage de poissons-chats. Quelques casinos (ou nous perdons fierement 2$), le fleuve mythique et ses marais, des plantations luxueuses et quelques villes telles que Natchez ou Vicksburg, vivant de la nostalgie du Sud d'antan: ambiance Blueberry periode Mike S. Donovan et charme desuet et exotique. A la chaleur et a l'humidite viennent desormais s'ajouter les orages quotidiens qui trempent parfois notre vigilance et nous trompent jusqu'aux os (a moins que ce ne soit l'inverse), nous obligeant a dormir sur la premiere plaque de beton a l'abri. Nous dormons une nuit chez des mennonites (un genre d'amish evolue: le costume ET la tele) qui nous invitent a partager leurs nois de pecan : typiques avec leur barbiches, leurs bonnets et robes a fleurs, ils nous expliquent que les noirs sont peut etre finalement des etres humains comme les autres - ce dont paraissent douter les autres blancs du comte (soit environ 2% de la population). Sinon tout va bien, nous sommes arrives en Louisiane et recommandons d'eviter BatonRouge. Le bonjour a Ralphie et a David H. A bientot "Poutine is good for you" Charles & Thomas, legs with an attitude. PS: Si vous souhaitez changer d'adresse email pendant les vacances, pour cause de stage ou de naissance dans la famille, faites comme deux de vos petits camarades et envoyez-nous donc votre nouvelle adresse pour continuer a recevoir le niouzelaiteure, le fanzine des aventuriers.