Ledroit article from August 1997

Intolérance dans le Pontiacadie honteuse.

La bonne entente entre les deux communautés a frappé l'écueil de la souveraineté, pourrait-on croire. Mais c'est surtout que des générations de Pontissois anglophones n'ont jamais vraiment accepté de faire partie d'une province dominée par des francophones. Pour eux, c'est viscéral. Qu'il suffise de rappeler que Denzil Thom, le parrain du mouvement partitionniste qui a pris racine dans le Pontiac, soutient que son village de l'Ìle-aux-Allumettes-Est n'aurait jamais dû faire partie du Québec. Il invoque même une erreur d'arpentage qui aurait été commise en 1911! Et quand des élus exigent que les francophones s'adressent à eux en anglais, on comprend vite dans quel état d'esprit le mouvement partitionniste évolue.

Mais le plus triste, c'est que le fossé s'agrandit entre les deux communautés, si on en croit les dernières réactions de la communauté anglophone aux demandes légitimes des francophones et les propos de la présidente d'Outaouais Alliance, Lisa Bishop. Les anglophones du Pontiac n'ont aucune intention de s'ouvrir un tant soit peu au fait français. Même dans un Canada uni, on peut se demander quelle place ils réserveraient à leurs concitoyens francophones. Après tout, même sous un gouvernement libéral à Québec, ils n'ont jamais fait preuve d'ouverture d'esprit afin de reconnaître que les francophones ne sont pas une menace, mais plutôt des gens avec qui ils devraient travailler pour développer leur magnifique région, qui reste l'une des plus défavorisées du Québec.

Du côté des francophones, la situation n'est pas facile. Mais il ne faut surtout pas attiser les braises, car on risquerait de mettre le feu aux poudres. Si la langue d'affichage a son importance, il faudra davantage tenir compte du mérite que les gestes aussi symboliques que le dépôt de 101 plaintes sur l'affichage auront pour y faire avancer la cause du français dans la région. Après tout, cela ne vaut pas mieux que d'appo-

ser des collants pour transformer des affiches commerciales en affiches politiques comme veulent le faire les anglophones. Il faut tenir compte du contexte.

Le député du Pontiac, Robert Middlemiss, a raison de dire que ce n'est pas en pensant à sens unique et dans une atmosphère de confrontations que l'on fera avancer les choses.

Mais encore faudra-t-il que la communauté anglophone cesse cette arrogance méprisante envers les francophones. Elle n'a qu'à regarder un peu quel sort est réservé aux Franco-Ontariens et à leur seul hôpital, par exemple, pour comprendre qu'elle est loin d'être privée de services comme elle le laisse croire à tous vents. Ce serait un bel exemple à donner que de faire de la place aux francophones dans les institutions qu'ils dirigent s'ils veulent vraiment prouver que ce pays devrait être indivisible.riz

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