LA TERRE ANCESTRALE
Le 15 juillet 1674, le gouverneur
Frontenac
concède à Olivier Morel, seigneur
de la Durantaye,
la seigneurie de Kamouraska, soit "trois lieues de front le long
du fleuve Saint-laurent, savoir deux lieues au dessus de la rivière
appelée Kamouraska et une lieue au dessous, icelle comprise, avec
deux lieues de profondeur dans les dites terres, ensemble les îlets
étant audevant des dites trois lieues pour du tout jouir en fief,
seigneurie, haute, moyenne et basse justice." La seigneurie
de Kamouraska ne sera défrichée qu'une vingtaine d'années
après sa concession. De 1694 à 1700, 27 familles s'y
établissent sur leurs lots. Quarante ans plus tard, 320 personnes
habitent la paroisse de Saint-Louis-de-Kamouraska, fondée en 1709;
malheureusement les registres de 1709 à 1727 sont disparus lors
d'un incendie. Kamouraska ...
ce nom désignera bientôt un village, puis traversant les siècles,
il s'étendra à toute une région. "Kamouraska",
c'est-à-dire "là où il y a jonc au bord de l'eau".
Étendue de la seigneurie de Kamouraska
Le 5 novembre 1680, Olivier Morel vend sa
seigneurie de Kamouraska à Charles-Aubert de la Chesnaye,
déjà seigneur de la Rivière-du-Loup. Le 18 octobre
1700, il donnait la seigneurie à son fils, Louis-Aubert de Forillon.
À l'époque, le seigneur,
ordinairement un noble ou un officier de régiment, recevait du gouverneur
ou de l'intendant un territoire en fief contre certaines obligations envers
la couronne. À son tour, il concédait ou louait des
terres à des colons ou censitaires qui devaient lui payer un cens
de 5 sous par arpent défriché, faire moudre leur grain au
moulin banal, prendre en cas de besoin les armes pour la défense
du pays. À même les cens et rentes, le seigneur faisait
construire les routes, édifiait le moulin banal, etc... En 1854,
tous les droits seigneuriaux furent radiés, sauf les cens et rentes
qui continuèrent à s'appliquer. Le régime seigneurial
fut définitivement aboli en 1941.
En janvier 1692, Charles-Aubert de la Chesnaye, seigneur de l'époque, faisait dresser par l'arpenteur Le Rouge le contrat de "mesurage des terres et seigneurie de Kamouraska". À partir des greffes du notaire Chambalon, nous apprenons que de 1694 à 1701, 33 concessions ont été faites par Charles-Aubert de la Chesnaye. C'est ainsi que, le 30 juin 1695, il y a "Concession à Pierre Michau,père habt. de Kamouraska, la consistance de DOUZE arpents de front sur trente de profondeur. Bornes : du costé du sudouest au ruisseau sçavoir trois arpents au dessus et au della du costé du nordest jusques à un autre petit ruisseau qui n'a point de nom et qui sappellera doresnavant Boisverd ou boisvert, neuf arpens." Pierre possède la plus grande terre. La concession à Pierre Michau, fils, n'avait que quatre arpents de front sur trente de profondeur, bornée au "sorouest" par la terre de Pierre Fournier, son oncle, et au "nordest" par celle de René Pelourde.
Grâce au plan de la seigneurie de Saint-Louis-de-Kamouraska
préparé en 1946 par Arthur Massé et dont les
noms des concessionnaires ont été retracés au procès-verbal
de l'arpenteur Noël Beaupré en 1726, on peut retracer
les deux terres au premier rang sur le bord du fleuve Saint-Laurent.
La terre où mourut Pierre Micheau est la concession
portant le nom "héritiers Pierre Michaud". La concession
plus à l'ouest portant le nom de "Pierre Michaud" est la
terre de son fils aîné. Monsieur Guy Drapeau,
responsable du Centre
d'Art et d'Histoire de Kamouraska, m'informe que cette concession comprend
aujourd'hui les lots 12 à 23 du cadastre de Saint-Louis-de-Kamouraska.
La terre ancestrale à l'est du village de Kamouraska, en
face de l'îlet de la Ferme
Du 29 juillet au 8 août 1999, Kamouraska célébrait
le 325e anniversaire de sa seigneurie.