Production : CINEAS (Serge Sandberg)
Scénario original et dialogues : Sacha Guitry, d'après sa pièce Le Mot de Cambronne..
Réalisation : Sacha Guitry.
Chef opérateur : Georges Benoît.
Décors : Robert Gys.
Son : Joseph de Bretagne. - Montage : Myriam. - Musiques : Jacques Zarou.
Directeur de production : Serge Sandberg.
Interprètes :
Sacha Guitry, Jacqueline Delubac, Marguerite Moreno, Pauline Carton.
Durée : 34 mn. Sortie : le 26 mars 1937 au cinéma Normandie - Paris.
L'histoire :
Le Général Cambronne est à la retraite, il vit avec son épouse d'origine
anglaise. Imaginons qu'elle ne connaît pas certains mots, notamment celui de son mari, que tout le
monde met de la malice à y faire allusion et qu'elle désire l'apprendre enfin...
Extraits des dialogues du film.
Critiques anciennes et récentes :
Parfaite transposition à l'écran de la pièce de Sacha Guitry dont le succès sera
identique à celui qu'il remporte sur la scène. C'est enlevé et joué avec verve par
l'auteur et interprète. (...) Nos arrière-neveux pourront s'en délecter à loisir et
ils se rendront compte de l'oeil et de l'oreille n'était pas un mythe inventé pour le charme de nos
contemporains. peut-être vu et entendu par tous les publics sans exception. Excellent complément de
programme.
Cinaedia, 1937.
Tobis a présenté Le Mot de Cambronne, réalisation filmée par Sacha Guitry
d'après sa récente comédie: cette variation amusante sur un mot célèbre rencontre
un succès justifié, avec Sacha Guitry et Marguerite Moreno en vedettes.
Le Cinéopse, 1937.
Ce film en un acte, si je puis dire, est l'adaptation fidèle, ô combien, de l'acte qui passa avec un énorme succès au Madeleine il y a peu de temps. Sitôt écrites, Sacha Guitry veut "visualiser" ses pièces et les porter à l'écran. Sa formule lui réussit, et cette courte et savoureuse comédie, savoureuse par le dialogue et le ton, endormira les grognements de ceux qui veulent voir au cinéma autre chose que du théâtre filmé. Guitry fait du théâtre en conserve, mais il a tant d'esprit qu'on lui pardonne de ne guère varier ses angles de prise de vue, de jouer de face, et de faire évoluer son action dans un unique décor avec découverte ... sur un maigre jardin. (...)
Dialogue exquis, film plat, du Guitry en somme mais agréable, bien éclairé quoique sans variété de champs et d'angles, son parfait, décor charmant. Et Guitry est Guitry, un Cambronne revu et corrigé, plus disert que le fut sans doute jamais le Général. Moreno est remarquable, et Jacqueline Delubac dans un rôle quasi muet joue avec ses beaux yeux éloquents. Pauline Carton silhouette une préfète acide et vinaigre des plus réussies. "
LA CINÉMATOGRAPHIE FRANÇAISE - 1937
"En une journée, de 12 à 20 heures, le 19 novembre 1936, toujours à Billancourt, Sacha fixe pour l'écran son Mot de Cambronne. Encore un document précieux, irremplaçable, que ce fidèle reflet de la création, tourné dans un joli décor (venu le matin de la Madeleine et reparti juste à temps pour la représentation du soir !), où plusieurs accessoires évoquent le souvenir vénéré de l'Empereur ! Admirable comédienne, Marguerite Moreno y paraît peut-être légèrement trop âgée en face d'un Sacha très fringant... Mais ce n'est qu'une mince restriction. Quant à Pauline Carton, elle est sensationnelle ! "
JACQUES LORCEY - SACHA GUITRY - PAC, 1985
"Ce Mot de Cambronne est un régal, un délice, une merveille !... sur ce thème - à priori scatologique et scabreux -, Sacha Guitry, l'enchanteur, a réussi l'acte le plus admirable qui se puisse entendre, une savoureuse fête de l'esprit. Tout y est somptueux de grâce, de fantaisie, d'humour lyrique... Et quel style ! Et quelle perfection de jugement ! Avec la clairvoyance du génie, Sacha Guitry dit tout, en quelques répliques, sur le bonheur, l'amour, l'enseignement et la politique. En trois minutes, il brosse un tableau de la France et des Français, raccourci saisissant, qui demanderait des volumes aux historiens du métier...
Admirablement typés, ses personnages prennent une consistance psychologique étonnante, chacun existe,
de Mary Cambronne, "femme au foyer' pas tout à fait aussi gentille qu'elle voudrait le paraître, pas très fine, tatillonne et perturbée par le "qu'en dira-t-on" - jusqu'à son beau militaire d'époux, qui a la nostalgie de l'exercice et du célibat . en passant par la préfète, incarnation même de la rosserie et du commérage - sans oublier la servante, qui ne dira pourtant qu'un mot (le bon !) mais sur laquelle le ménage Cambronne nous
renseigne suffisamment. (...) oui, voilà bien, à propos de ce mot fameux et dérisoire, la plus brillante démonstration de l'esprit français !... L'un des seuls motifs de fierté qui nous restera quand notre peuple décadent sera définitivement réduit à l'esclavage physique ou moral !"
JACQUES LORCEY . SACHA GUITRY - PAC, 1985