A quelque temps de là, un imprésario emmena tel quel le spectacle en tournée, mais le directeur du théâtre de Chartres, à qui l'on avait envoyé la maquette de l'affiche, pensa qu'une erreur avait été commise. Le mot "Zoaque" ne figurant pas dans le dictionnaire, il répara ce qu'il croyait être une erreur et, réunissant nos deux titres en un seul, il composa son affiche ainsi :
Sacha Guitry, Si j'ai bonne mémoire, Plon, 1934.
Sacha Guitry possédait une propriété à Jumièges qui s'appelait "Chez les Zoaques", voilà le règlement pour ses invités :
Article premier.
Nous voulons consacrer ce premier article à vous souhaiter la bienvenue, et nous vous
disons :
- Vous êtes ici chez vous.
Mais rendez-vous compte que c'est une façon de parler.
Article II.
Faudrait-il vous répéter que, votre chambre ayant été choisie avec discernement, il est
inutile de vous entêter à vouloir en changer ?
Article III.
Vous trouverez sans peine à la tête du lit une petite poire avec un fil : c'est la sonnette.
A ce sujet nous croyons devoir vous rappeler le vieux dicton français : "On n'est jamais si bien
servi que par soi-même."
Article IV.
Si vous avez l'habitude de vous coucher de bonne heure, ne changez rien à vos habitudes. Mais les chambres donnant sur le hall, appliquez-vous
à ne pas troubler par votre sommeil les conversations de ceux qui
ne dorment pas.
Article V.
En aucun cas messieurs les invités ne pourront se servir des
baignoires pour y laver leurs bicyclettes.
Article VI.
La clef de la cave est à disposition de messieurs les invités.
Nous voulons parler de la cave à charbon.
Article VII.
A table, quelque appétit que vous ayez, songez que vous n'êtes
jamais le dernier à vous servir.
Article VIII.
Au salon, si messieurs les invités croyaient se trouver dès
le premier jour en mesure de pouvoir prendre part à la conversation,
ils le feraient bien entendu avec la plus grande circonspection et sous
leur entière responsabilité.
Article IX.
Les personnes qui viennent du samedi au lundi sont priées de
ne pas prolonger leur séjour au-delà du mercredi.
Article X.
Hélas ! Toutes les joies sont limitées ! Quand l'heure
affreuse du départ aura sonné pour vous, que votre décision
soit brusque. Ne demandez pas à consulter l'indicateur, ne cherchez
pas à nous faire comprendre que vous allez partir, ne traînez
pas, dites seulement : « Je pars ! », et vous verrez que nous
serons aussi courageux que vous. Nous vous indiquerons brièvement
les heures des trains et, sitôt que votre choix sera fait, nous n'en parlerons plus.
Nous ne voulons pas que votre départ soit un souvenir pour nous.
Le souvenir, c'est que vous serez venu.