Moi et la science

Dès ma tendre enfance, je manifestais déjà de l'intérêt pour la science, ou du moins, cet intérêt commençait à prendre forme. Ma mère m'a raconté qu'étant toute jeune, je m'amusais beaucoup plus avec des legos et des casse-têtes qu'avec des poupées. Je pouvais passer des heures à escamoter des constructions avec mes blocs.

À l'âge scolaire, ma matière préférée était les sciences de la nature. Je me souviens très clairement de ce joli livre imagé où j'ai fait mes premiers pas dans la découverte. Ce livre répondait à des questions fondamentales que je me posais à cet âge : pourquoi les feuilles des arbres sont vertes? À quoi sert la nourriture que nous mangeons chaque jour? Que sont les nuages? Plus on m'apprenait de choses, plus j'avais des questions.

Au secondaire, on nous apprenait des tonnes de choses mais on ne se rendait pas au pourquoi de ces choses. Je me souviens encore de la frustration que cela m'engendrait. C'était comme si l'on nous mettait l'eau à la bouche en nous laissant humer de délectables petits plats sans nous laisser la permission d'en goûter les délices. J'ai vite perdu mon intérêt pour les sciences bien que la machine humaine me fascinait toujours. En effet, c'est en secondaire 3 que j'ai vraiment eu la certitude que la science m'appelait. Le cours de biologie réanima cette flamme. C'est à ce cours que je me suis découvert une véritable attraction vers la dissection. Nous étudiions la structure de l'oeil et nous avions eu à disséquer un globe oculaire de boeuf. Je pouvais enfin aller au-delà des illustrations dans les livres et avoir un contact direct avec ce que nous apprenions. C'est à ce moment que je me suis dit que je me dirigerais en chirurgie plus tard.

Aujourd'hui, j'ai encore ce but en tête sauf qu'entre-temps, j'ai renoué avec la science en général. C'est en secondaire 5 que j'ai découvert la vraie physique et que j'ai tout de suite adoré son caractère fondamental. La chimie m'a inspiré seulement en deuxième session du collégial. Entre-temps, j'ai découvert l'astronomie, l'astrophysique et certaines branches de la biologie par des lectures autonomes. Bien que j'aie des résultats supérieurs à la moyenne dans mes études, ceux-ci ne peuvent me cataloguer d'étudiante surdouée. Mais sans prétention, quelquefois, je me rends compte que ce ne sont pas vraiment les résultats scolaires qui devraient être le critère de sélection car il y a une foule de facteurs susceptibles d'altérer des notes. Nous n'avons qu'à songer au stress des examens. Pour ma part, je sais que je réussirais sans doute bien mieux si ce stress ne viendrait pas brouiller mes raisonnements devant ma copie d'examen. C'est pourquoi j'aime mieux apprendre en dehors du contexte scolaire. J'apprends à mon rythme et je ne m'engouffre pas dans une multitude de détails insignifiants au début. Je comprends une chose quand j'ai saisis le concept avant les formules. Trop souvent, on nous fait étudier une formule sans en connaître l'impact qu'elle a véritablement au niveau de la matière étudiée en question. Je trouve que l'enseignement actuel est beaucoup trop structuré. Nous ne laissons, hélas, pas de place à l'imagination et à notre instinct. À ce sujet, Albert Einstein disait même : "La joie de contempler et de comprendre, voilà le langage que me porte la nature." N'apprenons-nous pas à comprendre sans contempler?

L'univers n'est pas qu'un paquet de formules, de lois et d'équations. Je suis du côté de Stephen Hawkin quand il affirme que les formules ne sont guère plus que de simples représentations fabriquées par l'humain. Derrière tous ces outils inventés par l'esprit, se cache toute cette irrésistible fascination qui se mêlant à l'imagination, se métamorphose en une symphonie. Bien qu'il soit nécessaire de savoir lire une partition pour jouer du violon, sa simple lecture ne peut nous faire entendre toute la richesse de l'instrument. Il en est de même pour la science à mon avis. La nature vaut bien plus que de tenter inexorablement de la réduire en une multitude de symboles sur papier. Elle se doit d'être contemplée. D'après moi, le meilleur outil pour tenter de la saisir est précisément l'imagination. D'ailleurs, n'est-ce pas l'idée de voyager sur un rayon de lumière qui a inspiré à Einstein la théorie de la relativité? Celui-ci ne s'est pas butté aux croyances de son époque qui voulaient que le temps soit séparé de l'espace. Et que dire de l'élégance d'un espace-temps courbé par la masse ou l'énergie?

Dans un monde qui aujourd'hui ne se réduit qu'à la performance et où la compétition est féroce en médecine, j'aimerais bien dire comme Albert Jacquard, bien que notre société nous en empêche : "Oublions ces examens qui agissent comme des aimants pernicieux en orientant les efforts vers la réussite. En réalité, ils ne sont que des événements anecdotiques, de peu d'importance à côté de l'enjeu essentiel : construire cet outil fabuleux qu'est notre intelligence."

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