Richard Garneau



..... Quoi ? Richard Garneau dans la section "auteurs québécois" ? Il y a sûrement une erreur, c'est un commentateur sportif ! Et bien, oui, il s'agit de la même personne ! Richard Garneau, mieux connu pour ses nombreuses années comme commentateur de la Soirée du hockey, est également un homme à la plume fort bien aiguisée, d'une grande simplicité, d'une culture impressionante et agréable et dont j'ai eu le plaisir de croiser le chemin lors d'un Salon du Livre tenu en Abitibi-Témiscamingue.

..... Les deux livres écrits de sa main et dont j'ai eu le plaisir de dévorer de ma dent assidue, s'avèrent fort différents. En effet, le premier s'agit d'une autobiographie, véritable bible d'anecdotes et qui fera revivre d'innombrables souvenirs à tous les amateurs de sport québécois. Cet exercice qui aurait pu se révéler d'un authentique narcissime, démontre au contraire la modestie, la simplicité et le grand sens de l'humour d'un homme qui a été choyé par l'existence. De ses débuts à l'école où sa mère a dû faire des pieds et des mains pour l'y garder, jusqu'à la couverture des Jeux Olympiques, un récit qui nous ressemble et qui peut nous faire dire, le sourire aux lèvres : je me souviens...

..... Le deuxième, quant à lui est un recueil de nouvelles, fort farfelues, et au cours duquel je me suis souvent surprise à rire tout haut ! Un côté de Monsieur Garneau dont je n'aurais jamais soupçonné l'existence. Un homme à l'allure sérieuse qui, si vous me passez l'expression, est fou comme de la m*rde!. Et on en redemande...



..... "Chaque année, je remportais le premier prix de diction et mon professeur, l'excellent M. Mordet, me citait en exemple auprès de mes camarades qui n'en avaient cure. Même que certains d'entre eux, sans doute mourant de jalousie, me traitaient de tapette. Car, à cette époque-là, le bon parler français était identifié à un manque de virilité.
..... «Coudon, te prends-tu pour un maudit Franças ? m'avait lancé mon ami Gravel au moment où je revenais glorieusement m'asseoir après avoir reçu mon prix à la distribution des récompenses de fin d'année. T'es rien qu'un maudit fifi!» Là, celui que j'avais surnommé Pipi Gravel parce qu'il avait la réputation de ne pas toujours pouvoir maîtriser sa vessie durant son sommeil, là Pipi Gravel avait dépassé les limites et ma réaction ne se fit pas attendre. Je lui flanquai sur la tête, au vu et au su de tout ce noble aéropage, l'épais bouquin qui venait de couronner mes succès dans la la langue de Molière.
..... «Ça, c'est pour tes remarques imbéciles», lui fis-je. Et avant qu'il ne puisse reprendre ses esprits, je lui en assenai un deuxième qui le laissa étourdi pour ne pas dire complètement assommé. «Et celui-là, c'est pour la maudite colle et la maudite vaseline que tu as mises sur ma chaise !» Je venais, par cet esclandre, de provoquer un scandale qui allait avoir des suites très fâcheuses pour moi. Notre préfet de discipline, l'abbé Thomassin - que nous avions surnommé Tom l'Assassin - n'entendait pas à rire, d'autant qu'il avait lui-même choisi minutieusement mon prix : la merveilleuse et envoûtante trilogie du célèbre Raoul de Navery : Le trésor de l'abbaye, Patira et Jean Canada. Et voilà que je venais de faire sauter la partie cartonnée qui enveloppait ce joyau de la littérature française. J'entendis un soupir dans la salle. C'était ma pauvre mère qui venait encore une fois, à cause de moi, d'être plongée dans les affres de la honte et de l'ignominie. Mais qu'à cela ne tienne, j'avais enfin pris une douce revanche sur mon tortionnaire le bien nommé Pipi Gravel qui, dans son énervement, avait laissé autour de sa chaise une mare liquide qui venait confirmer sa réputation."
Garneau, Richard. À toi, Richard... (Altius, Angélus, Airbus), pp. 15-16.



Je suis de plus en plus beau», s'émerveillait Narcisse Savary devant l'immense miroir qui, généreusement, lui renvoyait sa propre image, une image qui le séduisait et l'entraînait dans une douce euphorie. «Merci, maman, merci, papa, de m'avoir fait si beau, si parfait», s'extasiait-il intérieurement, pendant que la maquilleuse, Johanne Puchol, mettait une dernière touche de mascara sur les cils épais et de cet homme éperdument amoureux de lui-même."
Garneau, Richard. Vie, rage... dangereux (Abjectus, diabolicus, ridiculus), nouvelle intitulée Narcisse, p. 13.



Oeuvres principales


Un brin de lecture 1