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Un auteur attachant,dépeignant avec maintes couleurs son enfance dans
les rues de Petit-Goâave en Haïti. Une enfance teintée de
chaleur et de naïveté. Des images tendres, un enfant, M. Laferrière
lui-même, attachée à sa grand-mère qui lui donne
des leçons de vie et qui s'appelle Da, tout simplement. L'été 63,
un jeune garçon pressé de découvrir le monde qui l'entoure,
un monde grouillant, pleins de fourmis et d'odeurs nouvelles, anecdotes de
raconteurs de légendes et magiciens à baguettes fleuries...
..... On retrouve ensuite un jeune garçcon, plus âgé, plus téméraire aussi, qui découvre la réalité des tontons macoutes... Une expérience qui se terminera fort bien, dans un froufrou de jupes et d'odeurs enivrantes. Les portes du paradis sont ouvertes et ce tout jeune homme ose y tremper les lèvres...
..... L'auteur de Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer m'a agréablement séduite avec ces deux récits éclatant de fraîcheur et de spontanéité que l'on perd trop souvent en vieillissant trop vite. À lire en sirotant une bonne tasse de... café !
Laferrière, Dany. L'odeur du café, p. 12.Le paysage
"On dirait un dessin de peintre naïf avec, au loin, de grosses montagnes chauves et fumantes. Là-haut, les paysans ramassent le bois sec pour le brûler. Je distingue les silhouettes d'un homme, d'une femme et de trois enfants dans le coin du vieux morne. L'homme est en train de faire un feu à trois pas de sa maison, une petite chaumière avec une porte et deux fenêtres. La femme vient de rentrer dans la maison d'où elle ressort immédiatement pour aller se placer devant l'homme. Elle lui parle en faisant de grands gestes avec les bras. Une fumée noire et épaisse monte vers un ciel bleu clair. L'homme ramasse un paquet de brindilles qu'il jette dans le feu. La flamme devient plus vive. Les enfants courent autour de la maison. La femme les fait entrer et retourne de nouveau vers l'homme. Le feu est entre eux.
..... Je raconte tout cela à Da. Il faut dire que je raconte tout à Da. Da dit que j'ai un oeil d'aigle."
"Le téléphone sonne. C'est Miki. J'en suis sûr. Le destin, dit Borges ou un poète arabe, est un chameau aveugle. Il peut repasser trois fois au même endroit sans le savoir. C'est un truc assez courant. Vous oubliez l'existence de quelqu'un pendant des années et, un jour, vous en entendez parler trois fois dans la même journée. Pourquoi? Je n'en sais rien. Pour le moment, j'essaie de sortir du bain sans mouiller mes lettres par terre, ni laisser échapper le livre dans l'eau, ni encore trop inonder le plancher, et, s'il vous plaît, avant que Miki ne raccroche à l'autre bout du fil. C'est fait. Bravo, mon vieux. Je décroche. C'est bien Miki. Il y a des jours comme ça.Laferrière, Dany. Le goût des jeunes filles, pp. 24-25.