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Opinions : chiâleuse professionnelle en action !

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Le sujet de cette montée de lait : les méthodes de sélection utilisées par les universités pour évaluer la "valeur" des étudiants arrivant des différents Cégep du Québec.


La cote Z, la cote R... On ne sait plus à quelle lettre se vouer !



.....Cette année a été une année de grands bouleversements dans ma vie. Depuis septembre, je me préparais au spectre de la sélection universitaire, décidée à entrer en médecine pour septembre de l'année suivante. Confiante en mon potentiel, mes très bons résultats scolaires et ma cote Z, qui semblait être sur la bonne voie... C'était sans compter le non sens d'une nouvelle méthode de calcul du rendement scolaire et son ombre effrayante...

.....Tous les étudiants ont un jour ou l'autre été faire leur petit tour au bureau de l'information scolaire de leur Cégep, pour aller faire calculer cette satanée cote Z qui vous donne des nuits blanches et de l'urticaire... Comme les étudiants des autres années, j'y suis allée, moi aussi, faire calculer ma cote qui me vaudrait la joie, ou le malheur, d'être acceptée ou refusée en médecine... Comme des tas d'autres étudiants, je me suis réjouie, en comparant ma cote avec celles des étudiants d'années antérieures ayant été acceptés, la constatant supérieure et pleine de promesses...

.....Après avoir passé deux ans à me tailler une cote Z sur mesure, on me coupa littéralement l'herbe sous le pied ! Les universités n'évaluaient plus selon la cote Z, mais bien selon la cote R. Pour les non-initiés, le calcul de la cote Z est la moyenne des écarts à la moyenne de l'étudiant, sur l'écart type (qui est la moyenne des écarts à la moyenne des autres étudiants du groupe). Bon, il y a à quelque part dans ce calcul un radical ou un carré, une intégrale ou une dérivée , mais la non information semble de mise...

.....Un exemple facile à comprendre... Prenons le cas de Marie, qui en Chimie a obtenu une moyenne de 92 %. La moyenne de sa classe est 70 % et l'écart type est de 12. La cote Z de Marie se calcule donc selon : [moyenne obtenue-moyenne du groupe]/écart type . Ce qui lui donne une cote Z fort enviable pour son cours de Chimie de 22/12 = 1,8333. Cette méthode n'était certes pas parfaite, mais elle avait quand même du bon. Elle tenait compte de la force de l'étudiant par rapport à son groupe. Plus un groupe est fort, plus l'écart type augmente, plus la cote Z peut être basse. On y ajoute 50, qui correspond à on-ne-sait-trop-quoi qui nous indique que nous sommes en haut ou égal à la moyenne... La cote Z maximale étant de 53. On peut dire qu'une cote Z supérieure à 51,5 vaut à son détenteur une convocation en entrevue, ou une acceptation dans une université comme Sherbrooke dans les programmes les plus contingentés... Évidemment, c'était trop beau pour être vrai...

.....Puis, sortie de nulle part, la cote R est apparue... Cette cote R est d'une indécence ignoble ! Elle tient compte de la force des groupes ! C'est-à-dire qu'un étudiant exceptionnel placé dans un groupe ou des groupes faibles, peut voir ses chances d'être accepté dans des programmes contingentés réduites à néant. Comble du non sens, la cote R (cote de Rendement au Collégial), tient compte des deux dernières années du secondaire de l'étudiant dans l'évaluation. En effet, un étudiant ayant eu le malheur d'être tombé dans des groupes médiocres au secondaire peut se voir refuser l'accès au programme de ses rêves. J'ai eu la peur de ma vie quand j'ai appris qu'à la dernière minute, les règles du jeu étaient changées ! Cette méthode d'évaluation est injuste ! De plus, certains Cégep sont moins bien vus par les universités et les étudiants venant de ces Cégep et tentant leur chance sont encore plus pénalisés... Ayant été de ceux qui étaient les meilleurs de leur groupe au secondaire, mais qui se sont retrouvés dans des groupes où les hautes notes s'avéraient quasi-inexistantes, je recevais la cote R comme un châtiment ! Et je sais combien je n'étais pas seule dans cette galère ! Le secondaire ? Franchement ! Avec un taux de décrochage aussi élevé et des groupes aussi faibles, c'est aberrant ! Pour pouvoir être accepté, il ne faut non plus avoir des bonnes notes, travailler fort, étudier et avoir de la personnalité : il faut aussi choisir ses groupes et refuser de faire partie d'un groupe faible ! Il faut le faire ! Il s'agit de la course aux horaires, des changements, du snobisme pur et simple, de l'élitisme poussé à l'extrême ou de la veine particulière d'un étudiant plutôt moyen, mais étant tombé dans les bons groupes...

.....Heureusement, il y a maintenant des entrevues partout (sauf à Sherbrooke, ce qui est malheureux) et ces dernières comptent pour environ la moitié des points retenus pour la sélection... Sauf que... Pour être appelés en entrevue, il faut avoir la cote R requise... Qui se situait cette année à 34,403 en médecine (si je ne m'abuse), ce qui correspond à absolument rien ! Le calcul de cette cote et les méthodes pour y parvenir nous sont inconnues et tentent de le demeurer... Bon jusque-là, tout allait bien, ma cote R est de 35,305... Ce qui me place, sur 200 élèves convoqués, aux environs du 175e rang ! Et lorsqu'une université accepte 70 étudiants, il y a de quoi être énervée à l'entrevue ! Pourtant, j'ai réussi ! Je m'en vais à l'Université de Montréal en septembre, en médecine. La pression était énorme, mais les efforts ont été récompensés...

.....Le fait que plusieurs étudiants comme moi n'ont pas été acceptés ou tout simplement appelés en entrevue demeure effarant ! Quoi ? T'as 93 % de moyenne, mais c'est pas encore assez ? L'autre de Bréboeuf, a 85 % puis il a été appelé ? L'élitisme fait ses ravages, détruisant des carrières... On sélectionne selon la réputation du Collège fréquenté, les moins bien cotés étant source de malheur pour les étudiants qui les fréquentent... L'avènement des entrevues change un peu cette perspective, en axant le tir sur des gens pleins de talents académiques, mais étant surtout et avant tout des êtres humains complets... Les rats de bibliothèques n'ont presque plus leur place en médecine et c'est tant mieux, ça laisse la chance à de vrais étudiants, des gens comme moi, comme certains d'entre vous... Pourtant, entre un étudiant, par exemple du Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue (qui, soit dit en passant a été choyé cette année , quatre d'entre nous ont été acceptés en médecine) présentant toutes les qualités requises et un étudiant provenant de Bréboeuf ou de Bois-de-Boulogne, le deuxième a encore une longueur d'avance... La justice n'est pas encore de ce monde...

.....Trouver la méthode qui s'avérera efficace et plein de bon sens demande du temps et tarde à venir ! La cote Z, à bien y penser, n'était pas si mal... Pour la remplacer, il aurait fallu trouver une façon plus adéquate et non pas plein de préjugés et portant préjudice à des centaines d'étudiants qualifiés et débordant de talent. Cette situation me sidère et je crois que plusieurs étudiants sont de mon avis. Oui, je l'admet, j'ai été acceptée, et je chiâle quand même ! Justement, on ne pourra pas m'accuser d'être amère et déçue ! Une situation déplorable avec laquelle je ne serai jamais en accord, même si j'ai réussi à y tirer mon épingle du jeu... Des étudiants, frustrés (on le serait à moins ) ont décidé de faire des pétitions, de dévoiler la situation au grand public ! À tous ceux qui ont décidé de se battre : Bravo ! Je suis avec vous ! Plusieurs étudiants parlaient de mettre en oeuvre un site internet sur le sujet... Au moment où je mets cette page sur le Web elle n'est pas encore créée... Je l'ajouterai aussitôt sa mise en service...



Vous êtes d'accord ? Je suis dans les patates ? J'aimerais savoir ce que vous en pensez! Commentaires, opinions d'autres chiâleurs professionnels à envoyer à Geneviève!


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Dernière mise à jour : 24 juin 1996, Geneviève Dallaire, dallairejp@grics.qc.ca

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