Raymond Plante



..... Je me souviens du premier livre de Raymond Plante que j'ai lu. J'étais en secondaire 1 et je venais de le remporter grâce à un tirage que l'on avait fait dans le cours de français. Le titre ? Y a-t-il un raisin dans cet avion ?. Plutôt comique, le titre. Ce fut un genre de révélation ! Non seulement le livre a réussi à me faire sourire en cette période de mon développement où rien n'y faisait, mais il m'a aussi ouvert la voie vers un auteur tout à fait formidable, qui semblait comprendre comment un ado, pas parfait, ayant des goûts différents des autres pouvait se sentir ! J'étais conquise !

..... Puis, j'ai grandi. Non que je me sois désintéressée des livres de M. Plante, au contraire, son style a mûri (tout comme moi, d'ailleurs!) et je me suis permis de continuer à suivre les aventures d'une de ses héroïnes, Esther, grâce à deux superbes romans, qui, bien qu'on les qualifie de jeunesse, devraient être lus par tout adulte désenchanté : La Fille en Cuir et L'étoile a pleuré rouge, où l'appel à la tolérance est teintée d'appels au secours par des jeunes en mal d'amour.

..... J'ai également découvert un homme gentil comme tout, simple et cultivé et de qui je garde un excellent souvenir. Nous l'avions invité pour un Salon du Livre et M. Plante s'est même prêté à une tournée dans nos classes, histoires vraies et anecdotes pleins les poches...

.....Puis, au cours de mes escapades un titre de livre m'a frappé : Un singe m'a parlé de toi. Un roman pour adultes, écrit intelligemment, avec brio, conforme à mes attentes ! Un hommage à un écrivain qui réussit à toucher les petits comme les grands ! (Et je ne sais plus dans quelle catégorie j'ai envie de me nicher...)




"En fermant les yeux, l'image de la fille se dessine. Les cheveux noirs, maigre, grande à n'en plus finir une tête au-dessus de tous les autres, une moue qui lui donnait toujours l'air de se moquer de tout le monde. Belle pourtant, mais têtue. Obstinément têtue. «Elle aurait pu devenir une bonne pianiste, pense-t-il encore. Mme Casgrain répétait qu'elle avait le génie de ne pas écouter.» Et elle avait abandonné. Elle avait tourné le dos à la musique, comme on le fait quand on s'en fout, sans fracas. Les fracas, ça avait été son affaire à lui.
.....Il se souvient qu'aux concerts, quand tous les participants venaient saluer le public composé de parents et d'amis, ils étaient les deux plus grands, elle et lui. Les deux plus grands, intimidés de se retrouver parmi toutes ces bestioles dont les fausses notes et les pitreries faisaient sourire. Mais eux, ils n'avaient pas droit à l'erreur. Le père d'Esther était violoniste à l'Orchestre symphonique et lui... bien lui, un surdoué reconnu."
Plante, Raymond. L'étoile a pleuré rouge, pp. 56-57.



....."«Chère Natassja Kinski,
.....«Je ne connais pas votre adresse et j'ai des horaires de jets plein la tête. Je ne vous connais pas mais je veux quand même vous dire que j'ai rencontré une fille qui vous ressemblait bougrement. Ce n'était pas vous, j'en suis sûr. Elle avait un autre accent que le vôtre. Mais ses yeux, c'étaient vos yeux. Ses lèvres, c'étaient vos lèvres quand on jurerait que vous avez été blessée. Elle avait la même fragilité que vous et la même force en même temps. Elle était enceinte. C'était le 23 décembre, il y a dix-sept jours. Elle portait une robe d'été. Une robe jaune, légère, le 23 décembre, quand vous avez des bottes d'hiver qui vous montent jusqu'aux genoux, vous devenez remarquable. Surtout dans un aéroport...»"
Plante, Raymond. Un singe m'a parlé de toi, pp. 40-41.



Titres principaux :

Romans La Débarque
Le Train sauvage
Avec l'été
Un singe m'a parlé de toi

Romans pour adolescents



Un brin de lecture

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