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Le trouble obsessionnel compulsif (TOC) demeure encore une affection peu reconnue et dépistée dans la pratique. En effet, la perception de la réalité et de la fréquence de cette maladie chez les jeunes n'est que récente.

Cependant, les données acquises au cours de ces dernières années incitent au dépistage précoce chez le jeune. Une telle attitude permettra une économie de plusieurs années de souffrance et une prévention des conséquences parfois irréversibles au niveau du fonctionnement et de l'adaptation sociale.

Dr Frédéric KOCHMAN - (Dernière mise à jour : 25 août 2000)

 

Tous les enfants, ce dès le plus jeune âge, présentent des tendances aux rituels, aux petites manies : ces traits sont d'ailleurs tout à fait utiles et nécessaires au développement psychique, intellectuel et affectif.

Ainsi, il est normal qu'un jeune enfant présente des petits rituels du coucher; désirant que maman lui lise systématiquement le même histoire, puis souhaitant un bisou de telle façon, etc. Ces petits rituels, qui disparaissent spontanément ou se modifient en quelques semaines, présentent une fonction rassurante, dîte "anxiolytique".

La plupart des adultes présentent également ces rituels, reliquats de ces traits de l'enfance : nous dormons du même côté du lit depuis des années, gardons la même place à table, "possédons" notre coin du canapé devant la télé, etc.!

 

Parfois, ces rituels vont se compliquer de la façon suivante chez l'enfant :

- Ils sont précédés d'obsessions (idées intrusives survenant de manière répétitive, incontrôlable, envahissant peu à peu notre système de pensée)

- Ces rituels ou compulsions (petites "manies", gestes ou actions répétitives que l'enfant se sent obligé d'accomplir : comme toucher un objet plusieurs fois d'une façon précice et ritualisée, compter dans sa tête, petites gestes particulier qui s'apparentent à des tics, vérifier plusieurs fois, etc.) envahissent peu à peu la vie de l'enfant ou de l'adolescent jusqu'à entraver sérieusement sa vie quotidienne sur le familial, relationnel, scolaire.

Le tableau ci-dessous regroupe des questions que l'on peut poser à un enfant lorsque l'on soupçonne un TOC

"As-tu l'impression de..."

Vie quotidienne

Devoir faire devoir faire des choses même si tu n'as pas vraiment besoin de les faire ?

D'avoir des pensées, des images qui reviennent sans cesse dans ta tête ?

Devoir compter plusieurs fois ou réciter des chiffres dans ta tête ?

Prendre beaucoup ou trop de soins pour garder tes mains (ou d'autres parties de ton corps) propres ?

De devoir t'habiller ou te déshabiller dans un certain ordre ?

De devoir vérifier plusieurs fois la même chose ? (ton cartable, ton réveil, tes devoirs...)

Vie Scolaire

Passer beaucoup de temps à vérifier tes devoirs ?

Devoir refaire tes copies pour être sûr(e) qu'elles soient parfaites ?

D'avoir des difficultés à toucher certaines choses ?

D'avoir des difficultés à toucher quelqu'un ou être touché par les autres ?

D'avoir du mal à terminer les leçons, les devoirs à cause des choses qu'il faut faire et refaire ?

D'être souvent en retard à l'école à cause de tout ça ?

 

Le diagnostic de TOCs peut être suspecté par les parents (et doit bien sûr être confirmé par un médecin) si les obsessions et compulsions existent depuis de nombreuses semaines, sont à l'origine d'un stress important, d'une souffrance, et interfèrent clairement avec la vie du jeune sujet.

 

 

Obsessions et compulsions normales (non pathologiques)

Surviennent de façon limitée et au cours d'une période précise de la journée (par exemple, petits rituels du coucher)

N'envahissent pas la vie du patient

N'entraînent aucune altération du fonctionnement familial, social, scolaire

Ne sont accompagnées d'aucun autre symptôme

Aucun signe de souffrance psychique n'est perceptible

 

 

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La fréquence du TOC chez les enfants et adolescents

Le TOC toucherait au moins 2% de la population dès l'enfance ou l'adolescence, ce qui représente plusieurs centaines de milliers de jeunes en France !

Les éléments suivant peuvent en partie expliquer le fossé existant entre le nombre de jeunes victimes de cette maladie et la rareté de sa prise en charge :

Banalisation par l'entourage

Le jeune présentant ces TOCs depuis longtemps ne se rend pas compte qu'il s'agit d'une maladie, et qu'il peut en guérir

Peur d'être "pris pour un fou", que l'on se moque : d'où le fait que de nombreux jeunes cachent leurs TOCs

Pourtant, cette maladie engendre une souffrance parfois extrême et peut se compliquer d'un épuisement psychique avec dépression, d'idées suicidaires, d'échec scolaire, de crises familiales avec risque de rejet.

 

 

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Dans sa forme juvénile, le TOC est encore plus grave en raison de son interférence avec le développement psychique et cognitif du jeune. De manière logique, le manque de maîtrise de soi, l'intolérance aux frustrations, l'impulsivité, les réactions agressives sont habituels chez l'adolescent et à fortiori chez l'enfant du fait de l'immaturité de leurs instances psychiques. Donc, il n'est point étonnant que la symptomatologie du TOC juvénile soit plus " émotionnelle " que cognitive, donc une colère plus visible chez les patients les plus jeunes. Dans cette classe d'âge, il est caractéristique d'observer l'émergence de la colère lorsque les rituels sont perturbés voire empêchés par un proche. Parfois, l'enfant demande l'aide d'un parent pour l'accomplissement d'un rituel : un refus se traduit alors souvent par une crise, révélant la montée d'angoisse devenant intolérable pour l'enfant ou l'adolescent.

 

 

CAS CLINIQUE

 

Lucas, 11 ans entre dans la cuisine alors que sa mère, rentrant de son travail, déguste du miel à l'aide d'une cuillère à même le pot. Lucas, pâlit brutalement, se met à trembler de tout son corps et soudain hurle : " t'as pas le droit de faire ça, grosse c…., tu mets des microbes partout, on va tous mourir ! ". Il se met alors à pleurer en se roulant sur le sol, puis se précipite sur sa mère en la frappant violemment et en l'insultant copieusement. Il convient d'ajouter que Lucas est issu d'une famille de bon niveau social, bénéficiant d'une éducation tout à fait saine : il ne s'était jusqu'à présent jamais permis de lever la main et d'insulter une personne de sa famille. C'est donc une mère bouleversée et choquée qui décrit ce tableau le lendemain chez son médecin généraliste.Son fils est alors prostré, tête baissée, ne répondant que par un discours monosyllabique les larmes aux yeux. En entretien individuel, Lucas révélera à son médecin qui le connaît depuis sa naissance, qu'il est obsédé par les microbes, qu'il vit sans cesse dans la peur que ces " sales bêtes " viennent contaminer un membre de sa famille et le faire mourir. Ces angoisses ont été déclenchées par une émission de télé consacrée aux acariens. Lorsque ces symptômes sont rapportés ensuite à la mère, cette dernière est très surprise : certes, après-coup, elle avait remarqué des changements d'attitude et de comportement chez son fils, qui passe plus de 2 heures par jour dans la salle de bain, a demandé avec insistance des produits anti-acariens pour sa chambre, se lave beaucoup les mains. La mère avait mis ces éléments sur le compte " du début de l'adolescence ". Une thérapie cognitive et comportementale a permis de libérer Lucas de ses angoisses obsessionnelles en quelques semaines, notamment grâce à la précocité du diagnostic posé par le médecin généraliste qui a immédiatement adressé son jeune patient à un collègue pédopsychiatre.

 

 

Le TOC est une maladie qui se soigne : nous disposons de thérapeutiques très efficaces, qui se subdivisent en deux dimensions synergiques :

1 - La psychothérapie

Différentes psychothérapie sont possibles : la psychanalyse, les psychothérapies familiales.

La psychothérapie cognitive et comportementale, est en pratique, et selon les données de la recherche, la plus efficace dans ce trouble. Elle est rarement pratiquée chez l'enfant et l'adolescent en France : sur 1059 pédopsychiatres dans notre pays, seuls une vingtaine la pratiquent...

2 - La Pharmacothérapie

Un dysfonctionnement d'un neurotransmetteur (molécule permettant le transfert d'informations d'une cellule nerveuse à une autre) : la sérotonine, est reconnu depuis quelques années.

La psychothérapie peut donc être épaulée par un médicament appelé "Inhibiteur de la Recapture de la Sérotonine" ou IRS.

Un problème légal toutefois : ces molécules ne peuvent être officiellement prescrite qu'à partir de 15 ans.

 

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Dr Frédéric KOCHMAN, Pédopsychiatre, Lille

 

 

 

 

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