Quelques remarques sur l'état de la médecine en France. Contribution au procès de la "Sécurité sociale"

 

Introduction

Nous ne parlerons pas tant ici de la thérapeutique mais plutôt de l'environnement administratif conditionnant l'exercice de la médecine car il est plus important que tout le reste puisque c'est lui qui détermine les possibilités d'accès aux soins disponibles.

Le sujet est vaste à n'en pas douter et nous n'avons pas la prétention de le couvrir de manière exhaustive. Quoiqu'il en soit, c'est dans la perfidie technico-administrative de la réglementation en usage que résident les principaux vices de notre système puisque la liberté de prescription des médecins telle qu'elle est reconnue par la jurisprudence s'en trouve singulièrement diminuée.

Nous sommes cependant habitués à entendre dire que notre système d'assurances sociales est le meilleur. Il est possible qu'il présente des avantages par rapport à certains autres système européens mais nous avons en vue sa destinée.

L'imposture de la "Sécurité sociale"

Ceci est le titre d'une brochure de Yves Daoudal publiée par la Diffusion Difralivre (BP 13 78580 Maule) dont nous tirerons quelques précisions historiques.

La "Sécurité sociale" (ou plutôt le principe général des "assurances sociales") est une hérésie dans son fondement même car avec les assurances le but consiste à vouloir s'assurer contre les coups du destin. Ce n'est pas seulement utopique car cela se résume à n'être qu'une révolte contre ce qui dépasse toute faiblesse humaine. Il y a donc là quelque chose de titanesque d'où il résulte que le principe même des assurances pour soi-même est assez typique d'une mentalité excessivement moderne.

Le recours à des "assurances" n'est acceptable que lorsqu'elles prennent un caractère mutualiste: on s'assure non pas tant pour soi-même mais en vue du bien commun d'une collectivité.

Y. Daoudal nous apprend que l'ordonnance portant organisation de la Sécurité sociale date du 4 octobre 1945. Il vaut la peine de citer tout le passage:

Ce tableau paraîtra fort symbolique si l'on a soin de préciser que la "SS" est née des dépouilles de syndicats mutualistes chrétiens qu'elle a en quelque sorte non pas "racketés" mais spoliés!

La "Sécurité sociale", une pure parodie sur fond de spoliation

Nous laisserons à nos lecteurs le soin de se procurer la brochure citée et de parfaire leur culture en suivant de près l'histoire de la "SS". Ce que nous en avons dit nous paraît bien suffisant pour que l'on puisse dire que dès cette époque les grande lignes du destin de cette organisation étaient scéllées d'où il résulte que l'évolution que nous connaissons était largement prévisible.

On n'a point manqué (Gaston Tessier déplorant la fâcheuse ordonnance) de prévoir certaines conséquences en affirmant que le monstre allait tuer l'esprit mutualiste, étatiser et déshumaniser la protection sociale et ce fut en vain.

C'était peu dire. La première question à se poser est celle de savoir pourquoi c'est un gouvernement communiste qui s'est dépêché de verouiller la réglementation de cette "SS" au point d'en faire un monopole communiste, si même l'assurance maladie fut confiée à FO (scission anticommuniste de la CGT, machiavélisme oblige). La seconde question est celle de savoir pourquoi cet homme de droite qu'est censé avoir été notre général aura pris une part aussi active dans cette spoliation.
Quelques éléments de réponse à ce sujet peuvent être trouvés en lisant certains ouvrages de Jean Robin et spécialement René Guénon, la dernière chance de l'Occident (Trédaniel) où toute l'ambiguité du personnage apparaît puisque l'on y découvre, non sans quelque stupéfaction que De Gaulle avait trouvé le moyen d'associer dans un même culte Theilard de Chardin et Guénon! D'où l'histoire des "Compagnons secrets", une pure parodie des compagnons du Prophète de l'Islam...

Sachant tout cela, il est regrettable d'avoir à constater que jamais aucun auteur d'esprit traditionnel ne se soit réellement intéressé à cette période de notre histoire étant entendu que ceux qui relèvent d'une droite nationaliste ne sont pas toujours d'une fiabilité exemplaire...

Toutefois, comme le fait remarquer Yves Daoudal, le fait que ce ne soient plus les communistes qui dirigent la Sécurité sociale ne change rien à l'organisation soviétique de l'institution.

Les critiques chrétiennes de l'institution

La "SS" est un monopole qui a surtout été établi à l'encontre de tous les principes de la doctrine sociale de l'Eglise, qui sont des principes de droit naturel éclairés par l'Evangile. La Sécurité sociale anéantissait tout le travail des syndicalistes chrétiens, depuis les mutuelles de métiers ou d'entreprises jusqu'au réseau des caisses départementales d'assurances sociales édifié à partir de 1930, elle supprimait toute possibilité de créer librement des mutuelles et se mettait en place avec l'argent volé aux institutions sociales existantes. Bénéficiaires...

Et l'auteur d'ajouter: il s'agissait d'une étatisation de la protection sociale dans le pluspur esprit collectiviste, avec tout ce qu'engendrent nécessairement les réalisation communistes;: l'irresponsabilité, l'injustice, la paupérisation et la faillite. Pour finir l'on aurait dénombré 35 000 textes régissant la Sécurité sociale. A n'en pas douter, c'est un record absolu!

Nous n'entrerons pas en discussion sur le fait de savoir si les principes de droit naturel éclairés par l'Evangile, tels que l'Eglise catholique les concevait sont parfaitement orthodoxes. Ceci sort de notre sujet et nous ferons seulement remarquer qu'il est devenu bien difficile à un juriste de circonscrire ce que serait le "droit naturel" en raison même du caractère fort discutables des philosophies également naturalistes qui l'aurait déterminé... Laissons donc le thomisme et ses préfigurations païennes (spécialement platonicienne et aristotéliciennes) là où elles gisent...

Retenons simplement qu'à vue humaine, le réseau mutualiste antérieur à la calamiteuse "SS" permettait, au niveau local, une marge de manoeuvre et donc un discernement qu'une organisation collectiviste a pour vocation d'éliminer systématiquement... Quant à la définition qui vient d'être donnée plus aux des abus collectivistes et des réactions en chaîne qu'elles provoquent, la récente mise en examen des "blondelistes" constitue, à n'en pas douter, une u*illustration conçue comme sur mesures...

La "Sécurité sociale" contre l'Europe...

Si à la fin de 1994, c'est-à-dire quelques mois après que fut entrée en vigueur la directive européenne qui supprime tout monopole d'assurance dans les états membres, une loi fut votée par laquelle sont définies des peines de prison et des amendes à l'encontre de quiconque organiserait, ou tenterait d'organiser le refus par les "assujetis" de s'affilier aux organismes de Sécurité sociale ou de ne pas payer les cotisations, ou même qui inciterait à le faire.

Si c'est là une belle contradiction, la chose n'est pas susceptible de troubler ceux qui ont ourdis le plan qui permettra à cette singularité française qu'est notre "SS" de perdurer envers et contre la signature apposée par la France au bas de certains traités.

En effet, tout se passe comme s'il existait bien un plan car l'on peut aisément constater qu'à droite comme à gauche on fait absolument tout ce qu'il est possible de faire pour aller à l'encontre d'une véritable réforme. Et si la réglementation européenne est conçue pour mettre un terme aux monopoles et donc soumettre notre "SS" à la concurrence (certainement illusoire de toutes façons) des comagnies privées, nos stratèges ont trouvé une astuce pour éviter le démembrement de cette "SS".

Ladite astuce consistant à fiscaliser le financement de la "SS" car la fiscalité est bien le seul domaine où les traités européens se sont interdits tout droit de regard. Or, cette fiscalisation est en route. Il a bien été dit dans les journaux que si la conversion et le passage du système des cotisations à celui d'un impôt pose problème, c'est malgré tout la voie que l'on a choisie et nous sommes bien prêt de croire qu'il suffit, à la limite, d'exprimer le désir de cette conversion pour pouvoir échapper à la censure des tribunaux européens!

Faut-il abolir le monopole?

Nous ne chercherons pas à déterminer si la mise en concurrence de la "SS" avec le privé pourrait constituer une réelle solution à la crise. La chose est assez douteuse pour une raison fort simple car du fait des "déréglementations" successives la barre du niveau de couverture tend à se placer de plus en plus bas et les récentes déclaration (été 96) sur l'abandon des remboursements de tous traitement préventifs va accélérer cette dégradation de façon nettement sensible puisqu'en simplifiant il n'y aura plus guère que les assurés atteints de pathologies lourdes (voir seulement ceux qui seront à l'article de la mort) pour bénéficier de ladite "couverture". Dans ces conditions, il est sans doute bien difficile de concevoir une véritable concurrence attendu qu'il existe déjà moults possibilités de "complémentaires"... Plus précisément, le secteur privé n'a nullement intérêt à plaider en Cour euroépenne contre la singularité française puisque le champ qui lui est ainsi ouvert équivaut à la quasi absence de "SS".

A vrai dire, la question posée, celle de savoir si oui ou non la "SS" doit s'aligner ou disparaître nous est indifférente car la situation actuelle présente au moins un mérite. Celui de mettre à quasi égalité ceux qui ont cotisé à fonds perdus tout en supportant eux-mêmes les frais des traitement non remboursés (consultation de naturopathie, acupuncture par des non-médecins etc...) avec les assurés qui refusent de se soigner autrement que par des traitements conventionnels en préférant au besoin s'empoisonner en parfaite connaissance de cause plutôt que de sortir un seul centime...

Envisagé de la sorte, la restriction de la couverture sociale à une peau de chagrin va permettre, puisque cette dégradation est désormais incontestable, de rendre la situation plus propice à une critique fondamentale des principes même qui régissaient l'institution contestée. Cependant, il faut dire que nous n'y croyons pas trop car les assurés qui sont trop prêts de leurs sous sont aussi ceux qui gobent avec la plus gracieuse des facilités les bobards répandus sur le compte des médecins abuseurs lorsqu'il s'agit de justifier les restrictions dont ils sont victimes.

Ces gens là sont bouchés à l'émeri et il faudrait sans doute leur tanner copieusement le cuir avant de pouvoir escompter leur faire entendre raison. La morale du politiquement correct est si contraignante qu'on est prêt à avaler toutes les couleuvres pourvu que ce soit "les autres" et seulement "les autres" à être mis en cause. On veut certes bien admettre que des assurés eux-mêmes ont forcé la main des médecins mais pourvu que l'on puisse s'honorer d'avoir eu le civisme de faire partie des bons assurés, on ne regardera pas plus loin tant il est vrai qu'il en faut peu (quelques flatteries) pour contenter des "démocrates" impénitents.

Ce qu'il faudrait, en pareil cas, c'est en revenir aux principes et comprendre et admettre que tout ce qui arrive était prévisible. A savoir que dans son principe même la "SS" était bien faite pour encourager l'irresponsabilité puisqu'un "ticket modérateur" fort symbolique (en fait une "ticket moralisateur") permettait à n'importe qui de se goinfrer et de se saoûler sans avoir à penser aux conséquences. Qu'importe la cirrhose puisque la chirurgie (dit-on) fait des merveilles. C'est ainsi qu'il y aura toujours un automobiliste malchanceux pour donner son foie à l'ivrogne même si c'est à son corps défendant puisque tout prélévement est devenu licite dès lors que l'on n'a pas (ou n'a pu) élever d'objection de son vivant (loi Cavaillet). Dans ces conditions, il fallait s'attendre à ce que les médecins confortent leur pouvoir grâce aux subsides automatisés de la "SS" avant d'en devenir les victimes, ce qui est présentement le cas!

La première mesure à édicter, si l'on voulait réellement limiter les abus, ce ne serait pas tant de mettre fin à un monopole mais d'interdire purement et simplement les "complémentaires" d'où l'impossibilité d'un remboursement à 100% car si même cela est toujours symbolique les "complémentaires" créent une illusion bien suffisante (dans le cas de ceux qui ne jurent que par la médecine officielle) pour ruiner toute véritable prévention.

Quant à la question même de savoir s'il faut démanteler la "SS" nous répondrons que même un système vicié dans son principe (celui de toute assurance) peut servir à faire du bon travail s'il est bien géré. Or la question qui se pose est celle de savoir pourquoi il faudrait que la "SS" soit administrée par tel syndicat plutôt que par tel autre attendu que c'est toujours, et en définitive, du pareil au même.

Sur l'abolition des monopoles par la réglementation européenne

Il s'agit là d'un sujet trop vaste pour être traité ici et nous voudrions seulement faire remarquer encore un paradoxe.

Dans le cas de La Poste, l'on a pu constater que la dernière grande grève dure qui a affecté spécialement le sud-est de la France de Marseille à Menton en ruinant nombre de petites entreprises s'est soldée, de la part des usagers, d'un même cri du coeur: plutôt la privatisation que ce genre de sabotage!

Aucun journaliste ne semble s'être posé la question de savoir si, en voulant défendre la perpétuation du fonctionnariat dans les centres de tri en opposition au recours à des contractuels taillables et corvéables à merci, la CGT n'aurait pas été tout simplement manipulée par ces lobbys qui ont intérêt à ce que la privatisation de France Télécom soit complète et irréverssible.

Pour notre part nous en sommes absolument persuadé car nous avons, sur l'histoire de l'Europe en général, des vues qui tiennent compte de certains arrières plan "occultes" étant entendu que nous avons collectionné de nombreuses présomptions en faveur d'une thèse voulant que les deux dernières guerres auraient été minutieusement programmées par la haute finance pour détruire tout ce qui pouvait subsister, en Europe, de remparts traditionnels contre ce mondialisme vers lequel on s'achemine inexorablement. Il faut quand même savoir que notre Europe est un leurre et il vaudrait mieux ne pas trop y croire. C'est un jouet qu'on laisse aux enfants pour les occuper pendant que tout l'essentiel se joue ailleurs. Le sachant, on comprendra que dans le cas de la "SS", les convulsions de cette dernière nous apparait au total comme un épiphénomène.

La question intéressante à poser serait plutôt celle de savoir pourquoi la France s'obstine à perpétuer, spécialement depuis 1945, une mentalité et toutes sortes d'institutions à caractère nettement stalinien. Qu'il s'agisse de la "Sécurité sociale" ou de l'emprise de la fameuse loi Gayssot, l'on n'a guère que l'embarras du choix. Ci-git, pourrait-on dire, le noeud gordien qu'il faudra bien, un jour ou l'autre, trancher. Car il est exclu de pouvoir dénouer semblable imbroglio...

Quelques mots sur le sort des médecins

Quant à ces médecins qui se sont réveillés mais un peu tard (au moment précis ou les infirmiers ont commencé à descendre dans les rues...), nous n'avons qu'une réponse à leur faire et nous leur diront: Messieurs, c'est bien fait pour vous et ce n'est que justice. Vous avez bénéficié pendant des années d'une impunité totale. Vos pères ont mangé des raisins verts et vos dents en sont agacées? Tant pis pour vous! Maintenant il faut payer!

Voilà bien où nous en sommes! Les médecins n'ont trouvé comme seul riposte que d'ameuter la presse en faisant ressortir que faute de pouvoir prescrire certains examens, les patients seraient en danger de mort. Ce à quoi on pourrait leur répondre que s'il avait cultiver de meilleurs facultés de diagnostic, ils n'auraient sans doute pas tant besoin de la béquille des laboratoires.

A noter que ces mêmes diaforius nous avaient fait le même coup lorsqu'on leur à imposé ces fameuses Références médicales opposables (RMO) et cela sans aucun succès. Il en ira encore de même cette fois-ci et si le gouvernement Chirac a profité de l'été pour nous faire encore un coup en douce c'est bien parce qu'il sait que les protestations évoquées auront été dissoutes en septembre par la canicule.

Comme tout est paradoxal dans ces sortes d'affaire, il faut encore rappeler que la "couverture sociale" étant devenue si dérisoire, le jeu devrait normalement tendre à égaliser les chances des thérapeutes non reconnus par l'Ordre. Malheureusement, ce ne peut guère être qu'une impression car il faut considérer que la sélection par l'argent n'aboutira au total qu'à favoriser les "classes" les mieux nanties alors qu'il faudrait plutôt souhaiter que la sélection naturelle se charge de détruire cette bourgeoisie par laquelle le scandale est arrivé.

Force est donc de constater que le postulat selon lequel l'invention collectiviste de la "SS" allait déboucher sur plus d'injustice se trouve amplement vérifié. La vérification est même si patente que l'on a tout intérêt à le nier et c'en est à tel point qu'il vaut mieux, pour certains, mettre la faillite de l'institution sur le compte des faiblesses et des abus humains plutôt que de l'attribuer à la malice des faux principes qui avaient prévalu.

C'est bien contre cette sorte de cécité volontaire que nous voulons lutter tandis qu'on préféreraient plutôt se crever les yeux que d'accepter de s'en servir. Puisse, malgré la carapace dont se protègent les récalcitrants, ces remarques les troubler et les déstabiliser profondément car le salut est à ce prix. S'agissant d'abord - il faut de rappeler - de refuser de mourrir idiot, seul luxe que l'on puisse encore se permettre.

 

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