Nous avons sous les yeux le n°38 de Biocontact "Spécial Sida" et il s'y trouve quelques textes qui démontrent encore que, sous prétexte de "bons sentiments", toutes sortes de "gourous" improvisés sont prêts à vendre leurs salades avec plus ou moins de bonne foi.
On commence par nous conter L'histoire de Mark Griffiths qui énonce la thèse suivante : le vaccin du sida est au fond de moi.
Nous ne relevons pas ces outrances afin de renvoyer les patients dans le giron de la médecine officielle car nous n'en pensons guère de bien et ce site est là pour en témoigner. Nous voudrions seulement insister sur le fait qu'il s'agit là d'une forme de récupération terriblement égotique où, sous prétexte de vanter les lieux communs les plus dérisoires (telle cette approche holistique qui revient à tout bout de champ), on cherche à accaparer l'attention au profit de cette nouvelle religiosité pour nous obscène, celle, fort typique, de la mentalité new age.
L'une des particularités de cette dernière consiste, en réaction à un christianisme par trop héroïque, à proposer un genre de sainteté laïque et le dénommé Griffiths présente pour cela le profil idéal: ancien alccolique invétéré, amateur de drogues dures, musicien professionnel de rock, il vit mourir sa femme d'une overdose quand il décida de sortir de ce marasme pour apprendre à vivre "immunitairement éveillé" (sic). Signalons au passage l'allusion à un bouddhisme en vogue cependant qu'il faudrait un peu plus qu'un programme diététique à base de céréales germées (et au demeurant fort classique) pour nous convaincre qu'il y aurait là quelque chose de vraiment "spirituel"...
Aussi, nous n'aurions rien à dire là-dessus, si l'on s'abstenait de présenter des recettes pas tellement criticables en soi comme relevant d'une sorte de métanoïa... Bien entendu, ce genre d'exhibition n'arrive jamais seul et la revue (datant de décembre 1994) proposait, à la suite de la présentation enthousiaste du rocker converti, un article sur les thèses du Pr Duesberg. Ce qui nous fait dire qu'il sera d'autant plus facile de croire à l'existence d'un vaccin endogène si l'on a par ailleurs nié l'existence de tout virus exogène... Si bien que l'on en arrive, quelques pages plus loin, à nier la transmissibilité du Sida.
Et un "hygiéniste" de surenchérir en affirmant que le virus ne cause pas le Sida. Nous ne sommes plus cette fois sous l'influence de Duesberg mais d'un certain Albert Mosseri. Lequel, sauf erreur, avait été condamné par un tribunal champenois pour avoir fait jeûner, dans des conditions fort déplorables (et à des prix hautement prohibitifs) quelques unes de ses ouailles. En effet, s'il existe un moyen économique de tirer de l'argent, c'est bien d'affamer les gens si, par ailleurs, on les enferme dans un gîte des plus insalubres. (Réaction de Daniel Vranckx / http://www.altern.org/danvkx/)
Nous arrivons ainsi au témoignage d'une niçoise, une certaine Nadine Augusto qui affirme avoir construit une cathédrale. L'image est un peu excessive car la photo nous révèle une poitrine des plus plates...
Son secret: la kundalini yoga, le végétarisme, le fruitarisme, un soupçon de biodynamisme à la Steiner. Rajoutez par dessus un "travail en PNL" et vous voilà sauvé...
Suit une page rassemblant tous les titres classiques de ces gens qui ont prétendu être guéri du Sida, à moins qu'il n'affirment être capables de n'en faire qu'une bouchée.
Que vaut tout cela ? Pas grand chose selon nous ! Ce n'est point que nous contestons l'utilité d'une vie saine ou du "manger bio" mais il est clair que tous les exemples que l'on nous cite correspondent à des individus qui, assurément, n'avaient pas besoin de grand chose pour penser avoir découvert un sens à leur vie. Et tous se sont fait "gourou" à leur tour en devenant "relatiologue" ou Dieu sait encore quoi.
En d'autres termes, nous constatons que ceux qui paraissent avoir échappé au fléau n'ont pas inventé le fil à couper le beurre et n'ont pas grand chose de bien intéressant à nous dire sur la profondeur abyssale de la crise que nous traversons. Il exaltent leur "rage de vivre" (sic) ce qui, pour un spirituel authentique serait plutôt considéré comme une disqualification. Aussi se trouve t-on à deux doigts de regretter que ces gens là puissent avoir été épargnés tandis que les meilleurs auraient plutôt tendance à profiter de l'occasion pour décrocher de ce bas monde...
Il y a bien en effet, dans l'étalage de cette médiocrité, quelque chose d'indécent tant il est évident que selon le fin mot du message transmis, le secret d'une (pseudo) guérison consisterait dans un pseudo vitalisme consistant à réapparendre de goût et l'odorat. Ce ne sont certes pas des choses à négliger puisque la méditation peut tout aussi bien consister à se rendre attentif à toutes sortes de choses simples mais la philosophie qui se dégage de tout ceci est d'une pauvreté suffocante puisque nous serions sur la terre seulement pour nous faire des mamours et des bisous plus ou moins dégoulinants de mièvrerie...
Nous laisserons à ces gens là leur propre monde à part. Plus délicat à résoudre est le cas de ces anciens séropositifs qui prétendent avoir réintégré leur ancienne "négativité" alors que d'autres se contente de clamer une fort paradoxale positivité. Les cas dont il s'agit n'ont jamais été sérieusement documentés et nous finirons par croire que si la médecine officielle consent à faire mine de vouloir exhiber l'un de ces phénomènes c'est parce qu'elle a besoin, elle aussi, d'entretenir un mystère qui la fait vivre. Notons seulement qu'à priori le passage de la séropositivité à la séronégativité est en général chose fatale puisqu'il signifie que l'immunité humorale a été consommée du fait d'une explosion brutale de la réplication virale.... Aux malades qui n'apprécient que très médiocrement l'agitation d'un certain nombre de profiteurs à la petite semaine, nous n'avons malheureusement rien à offrir en remplacement. Nous ne pouvons guère que constater avec eux tout ce que ces histoires de "Sidamours" ont de dérisoirement superficiel. Nous n'avons pas la télévision, n'avons jamais regardé un "Sidaction" et ne connaissons qu'une seule voie pour nous rendre utile. Nous en tenir strictement aux aspects techniques et médicaux de la question. Ce n'est point que nous ayons peur de voir mourir des gens sous nos yeux et d'en être affecté. Bien au contraire, ils nous obligent à penser à notre propre issue fatale, à savoir la seule chose qui soit certaine en ce bas monde. Quant à s'intéresser aux seul mode d'action des remèdes possibles, c'est probablement le seul moyen que nous ayons de ne pas aggraver la situation en faisant étalage de trop de sottise.
Rien n'est plus méprisable que ces faux gourous qui ont une manière bien à eux de vivre du Sida et c'est encore le lieu de dire que si l'on ne fait pas plus d'efforts pour éradiquer cette maladie, c'est parce qu'elle fait vivre plus de gens qu'elle n'en tue. Il n'est que de faire les comptes en passant des journalistes aux multinationales de la chimie lourde par les philosophes et les moralistes de pacotille : cette vitalité et cette mauvaise graisse que suscite le Sida est quelque chose de fort impressionnant.
Réaction de Daniel Vranckx / http://www.altern.org/danvkx/
Daniel Vranckx nous adresse un mail afin de prendre la défence d'Albert Mosseri qu'il estime injustement mis en cause. Il est possible en effet que les journaux ait exagéré au sujet de l'insalubrité de ce lieu de cure où Mosseri avait été épinglé. Il peut également s'agir d'une victime de la mafia médicale et ce ne serait pas du tout étonnant. Il convient donc de séparer la question de ses techniques de jeûne (qui peuvent rendre des services dans certains cas) des affirmations de l'auteur relatives à la question du Sida et surtout de sa genèse. Sur ce point l'auteur maintient ce qu'il affirme, à savoir qu'il existe bien un virus dont la connection avec la symptomatologie dite du Sida est bien établie. En ce qui concerne les prétendus résultats de Mosseri dans cette pathologie que l'on veuille bien nous envoyer les ouvrages cités dans cette correspondance en "service de presse" et le rédacteur de la présente se fera un dévoir d'en examiner le contenu en toute loyauté.
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