Dissertation critique sur
l’affaire Poisson


Ce travail a été réalisé dans le but du cours d'éthique donné par madame Dominique Gagné-Descoteaux au cégep de l'Abitibi-Témiscamingue de Rouyn-Noranda. Il est question d'une dissertation sur l'affaire poisson. Nous devions déterminer pourquoi cette situation en était une de problématisation éthique et à partir de la situation, nous devions démontré le projet d'humanisation que nous pousuivions. Voici donc le résultat de ce travail acharné!


En 1994, le sujet des fraudes scientifiques refaisait surface avec ce que les gens ont surnommé l’affaire Poisson. Le docteur Roger Poisson, spécialiste à l’hôpital St-Luc, effectuait des recherches sur le cancer du sein, mais pour le bien-être de ses patientes, d’après ses dires, il a falsifié les protocoles de recherches et les données recueillies. Ce sujet pose un important problème éthique. A-t-il agi correctement envers la communauté scientifique, le public et l’organisme subventionnaire, ou s’agit-il d ‘une importante fraude qui doit être punie ? Dans la dissertation qui suit, il sera principalement question des raisons, des valeurs priorisées et des enjeux éthiques qui ont poussé le docteur Poisson à agir ainsi, et suite à cette analyse, j’ajouterai, à la lumière de cette situation, la visée d’humanisation que je désire faire valoir.

Cette situation de fraude scientifique met tout le monde en position assez controversée. En effet, certaines personnes vont être portées de croire qu’il a agi pour le bien-être de ses patientes, d’autres sont du même avis, mais ils croient qu’il doit tout de même être puni. Cette situation m’oblige à définir quelques concepts importants qui sont mis en jeu dans cette situation. Celle-ci est principalement composée du développement de la science et du droit à la vérité pour le public. Or, le développement des technologies n’a aucun droit fixe à respecter, si ce n’est que de respecter le droit à la vie des gens. Ce respect implique donc que le public peut donner son opinion et pour le faire, il doit être au courant des développements. Il est donc clair que les deux principaux concepts traités dans cette situation sont étroitement liés.

En premier lieu, il peut être intéressant de croire que le docteur Poisson a agi correctement en falsifiant des données, car il désirait le bien-être de ses patientes. En faisait ainsi, il voulait obtenir d’autres subventions pour pouvoir faire avancer plus rapidement les recherches. De plus, il permettait, à lui et aux autres collaborateurs de la recherche, une renommée et du prestige, car ils donnaient l’impression de faire d’importantes découvertes. Même si cette valeur n’est pas la plus importante, elle possède tout de même son degré d’importance dans l’analyse de cette situation. De même, il répondait aux exigences de l’Institut Nationale du Cancer des États-Unis parce qu’il faisait avancer rapidement les recherches et il distribuait rapidement des résultats à l’organisme qui le subventionnait. Ainsi, il favorisait plusieurs valeurs telles que le développement de la technologie qui se fait de plus en plus importante dans la société de nos jours, l’accomplissement de soi et la collaboration entre les différents organismes scientifiques. Les données n’ont pas changé entièrement les conclusions de l’enquête, comme il a été dit dans La Presse du Vendredi 1 décembre 1995: «les données falsifiées ne changent en rien aux résultats certifiant l’efficacité de la simple ablation des tumeurs». La fraude dans ce cas-ci ne serait que mineure, car elle n’avait que pour but le bien-être des patientes. Même si le droit à la vérité du public a été bernée, il n’en demeure pas moins que l’action du spécialiste de St-Luc était justifiée. Certains diront que le but de la recherche est de rendre la vie du peuple plus facile, plus intéressante, c’est ce que Poisson voulait lui aussi en étudiant le cancer du sein. Les femmes qui ont été traitées par le docteur Poisson sont presque toutes convaincues que celui-ci a agi seulement pour ses patientes. D’après une partie de ces femmes, «le docteur Roger Poisson est l’un des chirurgiens oncologues à avoir compris depuis longtemps que le sein, pour une femme, est une partie intégrante de sa personnalité et de sa féminité», cet citation est tirée de La Presse du Jeudi 20 juillet 1995. Or, même si le docteur Poisson a agi de façon à améliorer le bien-être des femmes, n’a-t-il pas agi de façon irresponsable, c’est-à-dire qu’il n’a pas pensé aux conséquences de ses actes pour le domaine scientifique et le public? C’est fermement ce que je pense, et dans les lignes qui suivent, je tenterai de vous expliquer mon opinion face à cette situation éthiquement problématique.

En effet, pour prendre en considération mon opinion, il est nécessaire de comprendre que les scientifiques de nos jours possèdent des connaissances qui sont loin d’être accessibles par tout le public. Le fait de falsifier des résultats peut rapidement se retourner contre le public puisqu’il est le principal concerné dans cette affaire et les recherches consistent à améliorer son bien-être. En terme de bien-être, je pense, pour la société actuelle, à quelque chose d’important. Il s’agit d’être bien dans sans peau et pour se faire, il est important d’être en santé. C’est donc pour cette raison que les recherches en santé sont de plus en plus importantes. On accorde plus de temps à ce domaine puisque la santé est un sujet très discuté de nos jours. Par exemple, il faut juste penser aux élections du 30 novembre 1998, c’était le sujet des débats des Libéraux. De ce fait, je crois que même si le but poursuivi par le docteur Poisson était le bien-être des femmes, il n’en demeure pas moins qu’il a agit de façon irresponsable puisqu’il a usé de l’ignorance du public. Si l’organisme qui le subventionne décide de ne plus le subventionner, le domaine scientifique sortira grand gagnant de cette histoire puisqu’il pourra ainsi garder la confiance que le public possède à son égard. Les valeurs ainsi priorisées seraient principalement la confiance, la transparence, le droit à la vérité et le développement efficace de la science. Dans ce dernier cas, je pense particulièrement au fait que si on refuse que la fraude soit tolérée, les chercheurs voudront effectuer d’excellentes recherches qui seront faites de façon correcte. De plus, les mauvaises données qui pourraient être véhiculées par les organisme seraient éliminées et les risques de mauvais traitements seraient abolis. Il est nécessaire que le domaine scientifique est la confiance du public pour permettre une meilleure relation entre les différents intervenants du domaine scientifique et public. On accorderait également des responsabilités plus importantes aux chercheurs ce qui les valoriseraient davantage dans leurs recherches. Il est vrai qu’agir ainsi pourrait, dans certains cas, réduire la liberté d’action des spécialistes, mais elle serait gagnée ailleurs. Pour le cas Poisson, il ne faudrait surtout pas éliminer son excellente contribution dans ce domaine. C’est dans cet ordre d’idées que Lilianne Lacroix écrivait, dans l’édition du 4 octobre 1995 de La Presse, «la compétence de l’oncologue n’a jamais été mis en doute». Il serait alors nécessaire de peser le pour et le contre de ses actes, comme je suis présentement en train de le faire. Il est donc clair que les chercheurs ne doivent pas falsifier leurs résultats puisqu’il pourrait en résulter un important chambardement dans le domaine scientifique. Il est inconcevable d’agir ainsi puisque le public serait tout simplement ignoré malgré le fait qu’il est le principal concerné dans cette situation. La visée d’humanisation que je poursuis consiste donc en une excellente communication entre les autorités scientifiques et le public, surtout le respect, l’un envers l’autre..

La position que je soutiens s’appuie principalement sur la pensée du philosophe Emmanuel Kant. Ce philosophe moderne a apporté une importante contribution au domaine de l’éthique dans ses écrits. L’une des principales valeurs qu’il valorise est l’autonomie de l’homme. Il veut dans ce cas dire qu’il faut agir de telle sorte que nos actions nous poussent à faire ce que l’on veut personnel. De plus, les relations avec autrui doivent se faire de sorte qu’il n’y ait pas de chicane entre les deux. Je m’explique: afin que chacun puisse sentir valorisé, les actions que nous posons ne doivent pas interagir avec autrui pour le rendre inapte à réaliser ses fins. Dans le cas du docteur Poisson, les actions qu’il a posées étaient justifiées, mais elles interagissaient avec autrui. De façon encore plus générale, c’était avec la société que ses actions ont eu des répercussions. La liberté d’action d’un individu se doit d’arrêter où celle de l’autre commence. Les moyens qu’il a donc employés n’avaient pas pour fin le public, mais le public consistait alors pour lui un moyen d’atteindre son propre but. Kant disait: «Agis toujours de telle sorte que tu traites la personne humaine en toi-même comme en autrui, toujours comme une fin, mais jamais simplement comme un moyen». La fin ne justifie donc pas les moyens. La visée d’humanisation que je poursuis se base donc principalement sur la pensée Kantienne, car je trouve inconcevable que des scientifiques doués de savoir immense peuvent, dans une société comme la nôtre, se servir de l’ignorance du public pour parvenir à leurs fins même si celles-ci concernent le bien-être du monde.

En conclusion, si l’on revient toujours au cas de la fraude scientifique, je considère que les actions posées par le spécialiste de St-Luc n’étaient pas justifiées malgré le fait qu’il désirait le bien-être de ses patientes. Les gains les plus importants pour la société de la fin du XXe siècle seraient obtenus en refusant que les scientifiques puissent parvenir à leurs fins par le moyen qu’il désire. La visée d’humanisation que je poursuis s’appuie principalement sur la pensée du philosophe moderne, Emmanuel Kant. Il est alors impensable de croire que la fraude peut être un moyen d’obtenir quelque chose, même si cette chose peut être considérée comme bien. C’est ainsi que Kant disait: « je dois toujours me conduire de telle sorte que je puisse vouloir que ma maxime devienne une loi universelle.» La fraude n’est-elle pas considérée comme un acte criminel si elle concerne le domaine économique? Les organismes publics se doivent donc d’être vigilants à l’égard des instituts de recherches privés.


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©1999 J-Philippe Tanguay

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