Critique de Encore une fois, si vous le permettez,
Michel Tremblay, présentation au Théâtre du Cuivre de Rouyn-Noranda, Qc.

La dernière pièce de Michel Tremblay, qui s’intitule Encore une fois, si vous le permettez fut présentée le 10 octobre dernier, au Théâtre du Cuivre de Rouyn-Noranda.  Le Théâtre du Rideau Vert présenta ce chef-d’oeuvre de Tremblay.  Le responsable de la mise en scène est André Brassard, qui jouait également le rôle du narrateur, il était assisté de Roxanne Henry.  La pièce mettait de plus en vedette Rita Lafontaine dans le rôle de la mère de Tremblay, nommée Nana.  Le responsable du décor était Richard Lacroix, celui des costumes, François Barbeau, pour l’éclairage, le responsable était Claude Accolas et pour les accessoires, Louise Campeau.  Dans la critique qui suit, il sera principalement question des comédiens ainsi que des éléments de la mise en scène.  Après en avoir décrit quelques-uns, je tenterai de faire le lien entre l’histoire et la raison de la présence d’un tel élément dans la pièce.  Tout d’abord, je ferai un petit résumé de cette pièce qui dura une heure quarante-cinq.


Résumé de la pièce

Cette histoire mettant en vedette la mère de Tremblay et lui-même se déroule tout le temps dans la salle à dîner de la famille.  La pièce débute avec le narrateur, Brassard, qui annonce ce qui ne se passera pas dans la pièce.  Par la suite, la mère fait son apparition sur la scène et se met à engueuler Tremblay, à 10 ans, en raison d’une connerie qu’il a faite avec ses amis.  Elle tente de lui faire comprendre comment elle s’est sentie lorsqu’elle a vu la police dans la salle à manger.  Après avoir essayé de lui faire comprendre son point de vue, elle quitte la scène pour un petit moment pendant que Brassard retombe dans son rôle de narrateur et explique le comportement de sa mère, de son point de vue bien sûr.  La pièce se déroule tout le temps sous ce scénario.  Sa mère revient donc sur la scène et recommence une discussion avec son fils.  Celle-ci porte sur des livres que Tremblay a lus.  Il pose alors beaucoup de questions très embarrassantes auxquelles sa mère tente vainement de répondre.  Plus elle s’explique et plus celui-ci s’interroge. Sa mère se plonge dans des histoires qu’elle invente probablement à mesure.  Après avoir tenté de répondre à toutes les questions, elle quitte encore un fois la scène.  Le retour sur scène de la mère marque un changement dans l’âge de Tremblay, il a maintenant 18 ans. Elle explique à son fils pourquoi la tante Gertrude et son  mari viennent toujours souper le samedi soir.  C’est alors que Tremblay décide de dire à sa mère qu’il n’aime pas beaucoup le boeuf de sa mère, elle est alors toute bouleversée.  À la fin de la pièce, la mère de Tremblay meurt lentement en demandant à son fils de bien vouloir s’occuper de la maison et du père.  Le tout se termine dans une mise en scène grandiose mettant en jeu le décor qui se transforme progressivement.


Les personnages

Rita Lafontaine, qui joue le rôle de Nana, la mère de l’auteur en devenir à cette époque, est le personnage principal, car elle parle presque tout le temps.  Elle offre dans cette pièce, une performance superbe.  Sa voix porte très loin, elle parle constamment fort, sûrement dans le but de faire comprendre à son fils les bonnes choses à faire dans la vie.  Ses déplacements se font habituellement d’un bout à l’autre de la pièce.  Elle passe parfois près de son fils pour lui donner un petite taloche en arrière de la tête.  Mettant beaucoup d’expression dans son visage lorsqu’elle raconte une de ses immenses histoires, elle donne vraiment l’impression qu’elle y est pour de vrai.  Ses gestes sont souvent répétitifs, elle s’essuie fréquemment avec un chiffon blanc qu’elle traîne tout le long de la pièce.  Elle exagère toujours lorsqu’elle raconte une histoire très farfelue.  Pour ce qui est d’André Brassard, il parle moins fort que la mère, il semblait avoir un chat dans la gorge.  Sa voix ne porte pas beaucoup dans la salle et du haut du balcon où j’étais assis, il arrivait parfois qu’on ait de la difficulté à saisir le sens de ses répliques.  Agissant comme un narrateur et Tremblay en même temps, il doit donc changer souvent de rôle sans même quitter la scène.  Faisant le garçon au début, il vieillit lentement.  Il ne se déplace pas beaucoup lorsqu’il joue le rôle de Tremblay mais du moment qu’il devient le narrateur, il n’hésite à s’approcher de la salle.  Ses déplacements sont peu nombreux.  Il demeure sur la scène du début à la fin du spectacle, souvent assis sur une chaise près de la table, il se lève rarement.


Quelques éléments de la pièce

La mise en scène est très basée sur la ressemblance des années 60.  Les décors ainsi que les costumes rappellent ce temps.  Le décor, aussi simple soit-il, représente bien l’atmosphère qui devait se dérouler là-bas à ce moment.  Rien de plus simple que deux chaises au milieu de la scène autour d’une table rappelant ainsi le vieux style.  Avec une porte à l’arrière et un mur, on se croit vraiment dans la salle à manger des Tremblay.  Les seuls autres éléments sont une lumière au plafond et comme accessoires, une sacoche brune cachant des livres et une salopette blanche pour montrer que la mère faisait son lavage lorsque la police était arrivée chez elle.  La fin de la pièce présente un important changement de décor.  En moins d’une minute, l’ambiance se déplace de la salle à manger jusqu’aux plaines de la Saskatchewan où la mère est née.  Fait de peinture, on voit le paysage des plaines ainsi que des épis de blé qui recouvrent les champs.  Pour ce qui est des costumes, ils sont également simples, un peu plus pour le narrateur puisqu’il ne se change jamais.  En effet, il garde tout le temps les pantalons et la chemise blanche sous un gilet mauve.  Ce costume rappelle l’habit que Tremblay porte présentement.  Pour ce qui est de la mère, c’est un peu plus compliqué.  Elle commence la pièce avec une robe fleurie et un par dessus.  Par la suite, elle se change pour revenir avec un tablier et toujours une robe.  À la fin de la pièce, elle porte une robe de nuit blanche et bleue pâle.  Les vêtements qu’elle porte sont simples.  Pour ce qui est de l’éclairage, il faut également parler de simplicité.  Le concepteur a nécessairement cherché à recréer l’ambiance qui régnait dans la maison des Tremblay.  Avec la lumière au plafond de la salle à manger,  il n’y a pas grand chose de plus simple comme éclairage.  Il arrive parfois que les lumières deviennent bleues pour mettre la scène en arrière-plan pendant que le narrateur est mis en évidence par des projecteurs dirigés directement vers lui.  La lumière provient parfois des coulisses, mais jamais il n’y a de gros jeux de lumières à part du moment où la mère monte au ciel assise sur une chaise avec des ailes d’ange.  Les changements dans les lumières se font également de façon lente et progressive, jamais les lumières ne s’éteignent brusquement.

Étant donné toute la simplicité qui se dégage des éléments qui aident à la mise en scène, il est clair que ceux-ci ont été utilisés dans le but de recréer l’ambiance de la maison de Michel Tremblay.  Un élément qui ressort probablement des autres, c’est le décor utilisé.  Le style des chaises avec ses formes rondes et son cuir vert rappelle tout simplement le style des années 60.  Et que dire de la table avec ses allures rondelettes et ses pattes en métal brillant?  Il est clair que le responsable n’a pas voulu faire de cette pièce un chef d’oeuvre du décor avec plein d’innovation, car ce qu’il devait faire, c’était présenter l’environnement de Tremblay durant ses jeunes années avec sa mère.  La sacoche brune est principalement utilisée pour effectuer des changements de scène.  En effet, durant le changement de scène, c’est-à-dire pendant que la mère va se changer, Brassard fouille dedans la sacoche et en ressort des éléments utiles pour le déroulement de la prochaine scène.  Par exemple, il sort de là les livres qui sont la source de la discussion traitant des enfants de France qui étaient tous abandonnés.  La raison de la présence sur scène de cet accessoire doit être pour occuper Brassard et le public durant ces moments.  Pour ce qui est de la lumière au plafond, elle a permis d’intégrer de l’éclairage sur la scène qui provient du plafond et qui crée vraiment l’ambiance d’être dans la salle.


Conclusion

En conclusion, cette pièce avait pour but principal de nous faire connaître la mère de Michel Tremblay pendant qu’il demeurait dans la maison familiale.  En effet, les deux seuls personnages présents sont le fils et la mère.  En plus de découvrir progressivement la mère, il est possible de constater que la relation entre Michel Tremblay et sa mère n’était pas toujours facile.  Celle-ci n’arrêtait pas de porter des jugements sur son entourage.

En général, la pièce m’a beaucoup intéressé, j’ai bien aimé voir ces deux merveilleux comédiens discuter pendant près d’une heure quarante-cinq minutes.  Ce que j’ai moins aimé cependant, c’est le manque de diversité dans les discussions.  En effet, la mère n’arrêtait pas de faire à sa tête tandis que le garçon encaissait tous les coups que sa mère lui envoyait.  Ce fut un peu long et ennuyant de voir aussi peu de déplacement pendant la pièce.  La performance des comédiens n’est pas à blâmer ni la composition du texte, mais le manque de diversité a eu pour effet de rendre le déroulement de la pièce un peu trop lent.  Cela ne m’empêche cependant pas d’avoir apprécié fortement toute la pièce.


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©1998 J-Philippe Tanguay

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