Félix Leclerc

Introduction

Connu principalement à cause des chansons qu’il a écrites, cet homme est tout de même un auteur très prestigieux dans la littérature québécoise.  Lorsque les gens pensent à Félix Leclerc, ce qui leur vient en tête, c’est probablement la fameuse chanson, <<Moi, mes souliers...>>  Félix n’a pas seulement qu’écrit des chansons, il est également l’auteur de plusieurs romans, pièces de théâtre, contes, maximes et même une autobiographie.  Un de ces romans assez connu est sûrement Le fou de l’île.   Ce roman rempli de poésie demeure tout de même un roman facile d’accès pour tous les gens.  Un de mes amis m’a déjà parlé de ce roman ainsi que de son auteur et c’est pour cette raison que j’ai voulu me documenter à son sujet.  Lors de cette recherche traitant de Félix Leclerc, j’ai voulu découvrir qui était cet homme et ce qu’il avait fait.  Donc, dans ce qui suit, il sera question de lui-même ainsi que de ses oeuvres qui ont été publiées.  De plus, il sera question du roman cité précédemment, j’en ferai un bref résumé pour ensuite en sortir les principaux éléments le constituant tels que les personnages, les thèmes, la narration, etc.


Éléments biographiques

Cet homme qui fut poète et chansonnier, conteur et auteur radiophonique, dramatique et romancier, est sans aucun doute un des plus grands écrivains de l’histoire du Québec et surtout un des plus appréciés par le peuple québécois.
 Né en 1914 à La Tuque, dans la Haute-Mauricie, il quitte sa famille en 1928 pour le juniorat des Pères Oblats à Ottawa.  Il y étudie 6 ans pour ensuite se diriger vers l’université qu’il abandonnera malheureusement quelques années plus tard.  Après ses études, il sera annonceur à la radio de 1934 à 1939 à Québec puis à Trois-Rivières.  En 1939, on l’embauche à Radio-Canada, à Montréal, comme comédien et auteur.  C’est à cet endroit que Leclerc y interprétera ses premières chansons.  Il y chante la nature en grattant une guitare, un pied sur la chaise en chemise carreautée.  Cet image de campagnard prend peu alors auprès des citadins.  Lorsqu’il publiera ses premiers livres en 1943 et 1944, il acquerra vite une notoriété d’écrivain qui viendra amplifier en 1946 le récit de son enfance, Pieds nus dans l’aube.  C’est à cette époque de sa vie qu’il rédigera ses premiers textes pour la scène dont Le p’tit bonheur.  Il fera une tournée triomphale en France au début des années 50 et enregistrera son premier album, comme pour confirmer que nul n'est prophète en son pays.  En 1961, Leclerc gagnera le grand prix du disque de l’académie Charles-Cros, il le remportera à deux autres reprises durant sa carrière(1958 et 1973).  Leclerc recevra également en 1977 le prix Denise-Pelletier(prix de la province de Québec en arts d’interprétation).  En 1970, de retour de Suisse, où il y passa quatre années productives, il s’installe dans son petit coin de pays(le Québec) plus précisément sur l’île d’Orléans où il partage le reste de sa vie entre les tours de chants, l’écriture et le théâtre.  Il écrit <<l'Alouette en colère>> et <<le tour de l'Ile>>, deux chansons très explicites, où il s'exprime pour l'indépendance du Québec. Il participe aux grands rassemblements populaires patriotiques et ses écrits garderont toujours cette teinte d'idéal à la quête du pays.  Il meurt prématurément, le matin du 8 août 1988, à l’âge de 74 ans dans sa demeure sur son île.  Il s’est endormi parmi <<les choses tranquilles>> de son île.

Leclerc a publié plusieurs types d’oeuvres, en voici donc la liste classée par type et en ordre chronologique.


Liste des oeuvres publiées

Romans:
- Pied nus dans l’aube  (1946)
- Le fou de l’île  (1958)
- Carcajou ou Le Diable des bois  (1976)

Poèmes:
- L’Ancêtre (1974)
- Bonjour l’île  (1975)
- Chansons pour tes yeux  (1968)
- Un matin  (1977)
- Rêve à vendre  (1984)

Théâtre:
- Dialogues d’hommes et de bêtes  (1949)
- Théâtre du village  (1951)
- Le p’tit bonheur  (1959)
- Sonnez les matines  (1959)
- L’auberge des morts subites  (1964)
- Les temples  (1966)
- Qui est le père?  (1977)

Contes:
- Adagio  (1943)
- Allegro  (1944)
- Le hamac dans les voiles  (1951)
- L’Avare et Le Violon magique  (1979)

Maximes:
- Le calepin d’un flâneur  (1961)
- Le nouveau  calepin du même flâneur  (1978)
- Troisième Calepin du même flâneur  (1984)
- Dernier Calepin  (1988)

Autobiographie:
- Moi, mes souliers...  (1955)

Contes, maximes, chansons, romans, poèmes, ce sont toutes des réalisations de Félix Leclerc.  Entre la première publication de Leclerc et la dernière, il s’est passé près de 45 années.  Sa carrière de chansonnier a pris son envol du moment où  son premier disque a été publié en 1951.  Ses créations furent donc très diversifiées et étalées sur plusieurs années d’expérience.


Résumé du roman: Le fou de l’île

Ce roman a été publié en 1958 par les Éditions Denoël.  Il s’agit du deuxième roman de Leclerc après celui du récit de son enfance Pieds nus dans l’aube.  C’est l’histoire d’un homme, inconnu de tous, qui aboutit sur une île, qui n’est pas nommée.  L’homme, que les habitants surnomment le fou, arrive sur l’île avec l’espoir de trouver une chose qui vole et qu’il cherche depuis très longtemps.  Accueilli par Salisse, un pêcheur anxieux, il demeura dans la cabane de celui-ci tout au long de sa visite sur l’île, c’est-à-dire, tout au long du roman.  À première vue, les habitants de l’île sont très conservateurs à l’idée qu’un inconnu, qui a été <<vomi par la marée de neuf heures>>, arrive sur l’île.  Ils ne veulent pas de trouble alors ils aimeraient bien voir cet homme retourner d’où il vient, car ils ne savent tout simplement rien de lui; qui il est, d’où il vient, ce qu’il veut...  La première personne à avoir confiance en lui est certainement celui qui l’héberge.  Peu à peu, les jeunes habitants de l’île commencent à s’intéresser à ce que le fou dit.  Ces paroles sont d’une telle cohérence que cela donne un sens à leur vie.  Les gens simples l’apprécient également de plus en plus tandis que les autres grincheux et vieux ont toujours la même idée qui les hante: ils veulent qu’il parte.  Tout en cherchant cette curieuse chose qui vole, il commence à faire comprendre aux autres que tous doivent chercher cette chose qui est impossible à définir, mais qui vaut la peine d’être cherchée.  En voyageant de village en village, il fait connaissance de plusieurs personnes, certaines vont le suivre dans sa démarche en allant à la cabane où il demeure pour discuter avec lui.  Un enfant s’intéresse fortement aux paroles du fou, mais son père ne l’entend pas ainsi et il prépare une révolte pour que le fou s’en aille.  C’est alors que les habitants de l’île se font des idées et veulent le chasser une fois pour tout de l’île.  Les choses vont bon train jusqu’à ce que les gens réalisent que le fou n’a jamais rien fait de mal.  Afin de ne pas semer la pagaille dans le peuple, le fou retournera ailleurs à la recherche de la chose.  Il partira comme il est venu: tout d’un coup, sans avertissement.  Il laissera derrière lui des gens attristés de voir partir un gentil homme.


Éléments constitutifs

L’île où se déroule l’histoire n’est pas nommée et Leclerc n’a pas donné d’éléments clairs permettant de déduire à quelle époque tout se passe.  Le seul fait permettant de croire que cela se passe il n’y a pas si longtemps, c’est que les gens travaillent dans des villages en n'effectuant que des métiers manuels tels que forgeron, restaurateur et fermier.  Cette île comporte quatre villages répartis partout.  Cet endroit semble passablement vaste, car le fou prend quelques heures pour se déplacer d’un village à l’autre.  Près de la cabane de Salisse où reste le fou, il y a un phare qui est situé sur la pointe de l’île.  Entre l’arrivée et le départ du fou, il s’est passé quelques mois, au maximum six mois.  Les chapitres ne durent jamais plus d’une journée.

La plupart des personnages du roman sont décrits de façon très simple, juste assez pour que le lecteur puisse se faire une mince idée de leur allure.  Le fou semble être habillé comme un fou qui arrive de nulle part, avec ses livres, de la corde, un sac, tout pour créer un mouvement de panique sur une île où tout est paisible avant son arrivée.  Le fou croit que ce qui est important pour les gens c’est d’aimer ce qu’ils possèdent, ils doivent accepter de vivre avec ce qu’ils ont.  Pour lui, l’amitié est importante et la joie de vivre aussi.  L’homme qui l’accueille, Salisse, est un homme marié avec une femme qui n’aime vraiment pas le fou.  Ce pêcheur est bien connu de tous même s’il n’a pas l’habitude de remonter la côte qui le sépare des villages de l’île.  Il demeure près du rivage, près de son lieu de pêche.  Grand connaisseur de la mer et ancien chef de groupe, il aidera le fou à chercher cette mystérieuse chose.  Il est cependant un peu craintif et hésitant.  Pour lui, l’important c’est d’être bien dans sa peau, il exprime fortement cette valeur tout au long du roman.

L’enfant, qui s’intéresse aux affaires du fou, est le fils de Barnabé, un fermier très avare qui n’hésite pas à frapper son fils quand celui-ci ne fait pas ce qu’il faut.  Cet enfant, nommé Henriot, est un garçon à lunettes qui veut ouvrir ses connaissances sur le monde extérieur et c’est pour cette raison qu’il s’intéresse au fou, car il voit en lui le moyen de sortir des choses <<normales>> qui hantent sa famille, qui habite loin des villages, depuis si longtemps.  Il suivra le fou dans ses moindres gestes et il croira tout le temps en lui.  Son père, Barnabé, sera l’instigateur du groupe qui tentera de chasser le fou hors de l’île.

Un autre homme qui s’intéresse aux actions du fou est le forgeron de l’île, Bérêt.  Salisse lui demandera conseil à l’arrivée du fou et le forgeron restera fort sceptique et lui proposera de le chasser, croyant qu’un homme qui cherche quelque chose d’indescriptible est un homme qui a perdu sa femme et qui est seulement triste.  Ce serait donc une erreur de la part de Salisse de l’accepter chez lui.  Sa vision des choses changera peu à peu et cet homme maigre décidera finalement de suivre les idées fantastiques du fou.  Pour Bérêt, la venue du fou dans sa vie occasionnera un grand changement dans sa façon de fonctionner avec ses clients à sa forge.

Jubiau est un autre personnage ayant une certaine importance dans le roman.  Cet homme reconnu pour ses talents d’humoriste et de grand conteur se verra grandement transformé par la présence du fou sur l’île.  Joueur de guitare, petit, borgne et bossu, cet adulte possède également des allures très mystérieuses, on dit de lui qu’il a déjà lancé dans les airs quelque chose qui vole, personne ne sait qu’est-ce que c’est.  Le dernier personnage principal du roman est Yose, une jeune fille blonde très jolie qui passe la majeure partie de son temps au phare de l’île.  C’est à cet endroit que le fou et elle feront connaissance pour la première fois.  Yose est souvent en compagnie de son frère qui n’est pas nommé.  Cette jeune fillette deviendra amoureuse du fou et elle croira que ce que le fou cherche, c’est elle qui l’a en dedans, elle croit que c’est l’amour qu’il lui faut.  Étant trop jeune, le fou refusera son amour, mais acceptera que celle-ci le suive dans son cheminement pour la recherche de cette chose.

L’action se déroule tout le temps sur l’île et est décrite par un narrateur témoin.  Sa présence n’est pas souvent requise, car le roman comporte fréquemment des dialogues entre tous les personnages.  La technique utilisée par Leclerc est simple, elle consiste à présenter quelque peu la situation au début de chaque chapitre pour ensuite rentrer plus profondément dans la suite de l’histoire.  Le début est présenté par le narrateur alors que la suite du chapitre fait apparaître des dialogues entre les principaux personnages.  Le langage utilisé est de style littéraire, c’est-à-dire que Leclerc a écrit ce roman dans son style personnel et que le vocabulaire est très riche.  Il utilise fréquemment des figures de style, principalement les métaphores.  La personnification de la nature est également un procédé présent à plusieurs endroits tout au long du roman.  Les figures de style donnent vie à la nature.  Il arrive très rarement que le vocabulaire utilisé par Leclerc soit pauvre et sans qualité littéraire.

Leclerc a privilégié fortement le symbolisme du bonheur en étant une chose qui vole et difficile à définir.  En effet, Leclerc a écrit ce roman dans un moment de sa vie où il venait de se réfugier sur l’île d’Orléans, car il se sentait seul.  Le fou représente parfaitement le caractère de Félix Leclerc, car ils sont tous deux à la recherche du bonheur représenté par le symbole de la chose qui vole.  Le fou a déjà eu en sa possession cette chose inconnue, mais il l’a perdue.  Le bonheur doit donc représenter, en partie, pour lui, l’amour de quelqu’un, car sans amour, le bonheur est pour lui impossible.

Les principaux thèmes évoqués au long du roman sont l’amitié, la recherche de la connaissance et de l’abstrait, c’est-à-dire ce qui est impossible à définir, mais important pour l’homme.  En effet, Leclerc croit que <<un homme qui ne cherche rien, c’est pas bon.  Pour vivre, il faut chercher.>>.  Pour lui, la recherche d’un idéal n’est pas nécessairement quelque chose de concret, mais également une chose imaginaire, impossible à décrire.  La connaissance est importante, car elle permet à l’homme de donner un sens rationnel à sa vie tandis que l’idée du bonheur est quelque chose d’abstrait, car il est indescriptible.  L’amitié, quant à elle, fait un lien entre le réel et l’imaginaire.  C’est sous ces thèmes que Leclerc a pu bâtir cette merveilleuse histoire traitant du bonheur et d’un homme qui semble fou, car il recherche quelque chose de difficile, ou d’impossible à décrire.


Conclusion

C’est donc dans ce roman que Leclerc a pu décrire ce qu’il pensait durant une partie de sa vie.  Il s’est inspiré du symbolisme de cette chose volante difficile à atteindre et à décrire, car elle change constamment.  Cette chose est de plus universelle, car tout le monde doit la chercher.

Félix nous raconte cette histoire dans un univers poétique, mais avec une simplicité remarquée.  Félix sait jouer avec les mots comme personne ne peut le faire et c’est certainement pour cette raison que j’ai principalement apprécié son oeuvre.  Les mots qu’il utilise sont agencés dans un ordre qui crée un univers imaginaire, mais tellement intéressant.  L’histoire est superbe même si la fin est un peu triste, j’aurais bien aimé que cela se déroule autrement mais ce ne fut pas le cas.  La seule chose que je n’ai pas aimée dans ce roman c’est le manque de description de l’environnement et des personnages.  Cela m’a permis de laisser mon imagination faire le travail, mais le manque de renseignement m’a parfois fait perdre le fil de l’histoire et il fallait que je relise le même passage plusieurs fois pour en saisir le sens.

Félix Leclerc est un auteur que je ne connaissais pas avant le début de ma recherche et je découvre maintenant en lui quelqu’un qui a tout simplement fait ce qu’il voulait faire tout au long de sa vie.  Ce qui m’épate le plus dans son histoire est la quantité d’oeuvres qu’il a créées.  La diversité de celles-ci est tellement grande, cela prouve donc son grand talent dans l’art d’écrire.  Malheureusement, dans cette recherche, je n’ai pas pu traiter de sa discographie mais j’ai remarqué qu’elle était également très imposante, une autre preuve de son talent.  Je perçois donc Leclerc comme un homme qui a simplement voulu faire ce qu’il aimait faire, et le plus merveilleux, c’est qu’il le faisait tellement bien.


Bibliographie  

BERIMONT, Luc.  Félix Leclerc, Paris, P. Seghers, Collection Chansons d’aujourd’hui, 1971, 185 p.

BERTIN, Jacques.  Félix Leclerc: Le roi heureux, Paris, Arléas, 1987, 315 p.

D’AMOURS, Isabelle et THÉRIEN, Robert.  Extrait du Dictionnaire de la musique populaire au Québec 1955-1992, Québec, Institut Québécois de recherche sur la culture, 1992, Internet: http://www.comnet.ca/~rg/felix.htm

LANEVILLE, Yves.  Félix Leclerc, biographie,  Montréal,  Internet: http://www.mlink.net/~49e/chanson/bio/leclerc.htm

SYLVAIN, Jean-Paul.  Félix Leclerc, mes 25 années dans l’intimité de Félix Leclerc, Montréal, Éditions  de l’Homme, 1968, 157 p.

P.S.A.  Les nominations 1986 - Félix Leclerc,  Internet: http://www.cex.gouv.qc.ca/ordre/86/86_07.htm

P.S.A.  L’île|écrivains|Félix Leclerc,   Internet: http://www.litterature.org/ile32000.asp?numero=294


Retour à la page principale


©1998 J-Philippe Tanguay

1