Compte-rendu critique sur
Ritalin, La drogue que lécole aime
Depuis 1990, la consommation de drogues stimulantes par les enfants de 5 à 19 ans a augmenté de façon phénoménale. Mais à quoi peut-on associer cette hausse si importante de consommation? Est-ce la faute des enfants, des parents, des médecins qui prescrivent, de lécole ou tout simplement de lévolution de la société? Il est très difficile de cibler la cause exacte dune utilisation élevée de médicaments comme le méthylphénidate (commercialisé sous le nom de Ritalin). Dans le texte dopinion de Jacinthe Tremblay, Ritalin, La drogue que lécole aime, publié dans la revue Châtelaine de septembre 1998, il est question de la « vague Ritalin » dans les écoles. Dans le compte-rendu critique qui suit, je ferai une brève synthèse du texte de Mme Tremblay pour ensuite donner ma propre opinion et tenter dexpliquer, à partir de facteurs sociaux, le phénomène Ritalin.
Dans un premier temps, abordons le texte de Mme Tremblay dans le but dintroduire davantage le mouvement Ritalin des dernières années. Le but de larticle de Mme Tremblay était de rédiger un texte sur les élèves qui ont des problèmes à lécole. Dans ce sens, elle sous-entend quelle va traiter du sujet du Ritalin dans le domaine scolaire. Elle a recueilli des témoignages de différentes personnes(psychologue, directeur décole, enfant, mère, professeur) ayant des contacts diverses avec les élèves ayant des troubles dapprentissage. Ainsi, elle a rencontré M. Charles Robitaille, psychologue, qui dit : « Dès quun enfant est perturbé, on pense quil est hyperactif ». Ce qui amène Mme Tremblay a écrire quhyperactivité rime avec Ritalin depuis maintenant quelques années.
De plus, dans son article, elle traite du témoignage dune mère dun enfant hyperactif. Ce témoignage fait ressortir lidée principale que le diagnostic pour un enfant avec des troubles dattention est souvent posé avant que la rencontre entre celui-ci et un pédiatre ait lieu. En effet, la mère dit que la prescription était prête dès son arrivée dans le bureau. Les enjeux auxquels les parents font face en autorisant lutilisation du Ritalin par leur enfant sont également importants. Le médicament peut aider lenfant, navoir aucun effet ou tout simplement aggraver le cas ou occasionner dautres conséquences toutes aussi importantes. Par exemple, lenfant peut cesser de grandir et de prendre du poids et lusage de Ritalin peut même rendre lenfant dépressif! Lauteure se questionne également quant aux critères permettant le diagnostic dun trouble dattention avec ou sans hyperactivité. Ceux-ci sont souvent imprécis ou différents dune place à lautre comme lexplique Mme Diane Parent, psychologue. Il faut souvent observer lenfant pendant plusieurs heures, et ce, dans des situations diverses pour parvenir au diagnostic dun trouble dattention. Mme Tremblay fait également ressortir des statistiques concernant le nombre denfant réellement atteint dun trouble dattention et le nombre dordonnance émise par année au Québec. Les chiffres sont éloquents, aux alentours de 41 000 enfants seraient pris par ce trouble alors que les ordonnances atteignent le chiffre de 182 000 par année! Nous verrons que plusieurs facteurs sociaux peuvent expliquer en partie ce si grand écart.
Également, dans son article, Mme Tremblay expose quelques solutions au problème dhyperactivité dans les écoles. À partir des témoignages recueillis, elle explique que les parents ont eu laide du professeur de lenfant pour contrer ses problèmes dhyperactivité. De plus, une réorganisation de lhoraire peut aider lenfant à mieux gérer ses troubles dattention. Mais toutes ces démarches ne sont pas accessibles à tous et les professeurs ne doivent pas être à la merci des parents comme le stipulait M. Pierre Paradis, professeur de sciences de léducation. Ceci conclu donc la brève synthèse de larticle de Jacinthe Tremblay. Il sera maintenant question de ma propre opinion quant au phénomène Ritalin.
Dans un deuxième temps, jexposerai les principaux facteurs sociaux que je considère importants pour létude du Ritalin dans les écoles et je tenterai dapporter quelques solutions au problème. Tout dabord, je dois dire que jai beaucoup de difficulté à concevoir que des ordonnances pour des troubles dattention soient émises si rapidement. Comment expliquer quaprès seulement 15 minutes de rencontre, il est possible démettre un diagnostic pour un trouble dattention donc les signes extérieurs sont très semblables à ceux dun trouble émotif ou physique? Je fais alors appel au texte de Mme Tremblay ou elle écrit les propos de Diane Parent concernant les signes permettant de diagnostiquer un trouble dattention. Daprès moi, il est clair que limportant écart entre le nombre denfant hyperactif et le nombre dordonnance pour du méthylphénidate peut être expliqué par ce fait. La solution que je propose est simple, mais elle nest pas si facile à appliquer! Je crois quune observation plus poussée des enfants qui ont des signes de trouble dattention avec ou sans hyperactivité permettrait de faire baisser davantage le nombre dordonnance de Ritalin.
Le simple fait de dire quune observation plus poussée des enfants potentiellement hyperactif ne suffit cependant pas pour établir un diagnostic efficace, car les critères diagnostiques pour des troubles dattention sont continuellement en changement. En effet, comme une étude de Simeon et al. la révélée, il existe dimportantes variations quant à la façon de diagnostiquer et de traiter les enfants. Les mêmes signes peuvent parfois mener à des diagnostics et des traitements différents, et ce, dépendamment de lendroit où lon se trouve et le médecin qui évalue. Le problème relié au Ritalin ne réside pas seulement dans le fait que le médicament est prescrit en très grand nombre, mais davantage dans les façons de déterminer les causes du manque dattention des enfants.
Le sujet du Ritalin est très intéressant, dans le sens quil fait intervenir dimportants déterminants sociaux, car les enfants ne sont pas en mesure dexprimer la demande de prendre un médicament pour un trouble quelconque. La prescription dun médicament pour des troubles dattention dun enfant ne repose que sur des facteurs contextuels. Ainsi, la demande doit venir de quelquun qui côtoie lenfant fréquemment. Celle-ci peut venir de la part dun parent, de la parenté, dun ami, mais la principale demande vient nécessairement du personnel de lécole que lenfant fréquente. La pression de la part de lécole est donc très importante en ce qui concerne la prescription de médicament tel le Ritalin. Les professeurs sont ceux qui passent probablement le plus de temps avec un enfant pendant la journée. Ils sont donc en position forte intéressante pour décerner un trouble chez lenfant. La pression est donc importante envers les médecins qui se font référer un enfant par une école qui considère que lenfant souffre dun déficit dattention quelconque. Ceci pourrait donc expliquer pourquoi les ordonnances sont prêtes lorsque le parent entre dans le bureau avec son enfant. Laction posée par lécole nest pas méchante, elle vise seulement à aider lenfant à sintégrer dans la société plus facilement, mais les façons pour y parvenir ne sont peut-être pas très bien justifiées. La pression envers les médecins peut également venir de la part des parents qui tiennent à ce que leur enfant soit le plus compétitif possible dans une société qui lest de plus en plus Les programmes contingentés et le manque de travail dans certains domaines permet dexpliquer ce point. Un autre déterminant social important peut également venir de la part du domaine commercial comme le mentionnent Simeon et al. ainsi que Diller. Ce que j'entends par domaine commercial, cest la publicité qui exerce une importante influence sur le choix des parents et également les règles administratives et judiciaires qui peuvent faciliter la disponibilité dun médicament. En résumé, je peux dire que les facteurs permettant dexpliquer la demande élevée de médicaments psychotropes comme le Ritalin peuvent provenir de plusieurs domaines dordre personnel, contextuel ou même commercial.
En conclusion, la synthèse de larticle de Mme Tremblay ma permis dexposer mon opinion quant au phénomène Ritalin et les facteurs sociaux quil englobe. Je crois donc quil existe plusieurs facteurs pouvant intervenir sur la prescription dun médicament. Ceux-ci peuvent provenir de lentourage même de la personne malade, du médecin qui diagnostique le trouble, des critères permettant de déterminer un trouble et même des règles judiciaires et administratives et de la publicité qui entoure la mise en marché dun médicament. Je ne crois pas quil existe de solutions miracles, mais plutôt des moyens de diminuer le problème sans léliminer complètement et je suis convaincu que ce moyen, ce nest pas la prescription massive de médicaments psychotropes.
©2000