Royale Union Saint-Gilloise
Pierre Vansintjan
Union - Francs Borains 1-1 A notre début de championnat genre "Valence cuvée 1999" (je pourrais aussi dire genre "Diest cuvée 1961" mais celle-là plus personne ne s'en souvient et Valence ça fait de toute façon plus chic, ah Mendieta...), à notre début de championnat, donc, succéda une période d'euphorie engendrée en partie par l'introduction de deux jeunes joueurs talentueux dynamisant une Union jusque-là moribonde, et en partie aussi par un calendrier plus favorable nous ayant permis de rencontrer cinq fois sur sept des équipes "collègues" de la deuxième colonne du classement. Pour les fêtes de fin d'année, toutefois, le calendrier nous a ménagé trois équipes de la première colonne alors même que notre capitaine est en convalescence jusqu'après les réveillons et que Zekrija Poturovic l'a malheureusement rejoint, laissant à Axel Vergeylen le soin de continuer à lui tout seul de dynamiser l'équipe. La perspective de jouer deux des trois rencontres à domicile n'était guère un baume sur nos plaies d'autant plus que le premier invité était les Francs Borains, l'équipe avec laquelle on voit le plus de buts cette saison. Avec 23 buts leur défense n'apparaissait pas infranchissable mais avec leurs 31 buts marqués ils avaient la meilleure attaque de la division (dix de plus que le leader Virton qui, lui, est un peu falot en la matière). Et, de surcroît, nous étions en terre de connaissance avec eux par leur entraîneur Casimir Jagiello, bien sûr, mais aussi par leurs ex-Tournaisiens que les méandres semés d'embûches de la saison 98-99 nous avaient appris à apprécier. Tous ceux ayant fait le déplacement de la Drève du Maire il y a deux ans se souviennent de la maîtrise qu'afficha ce soir-là au milieu du jeu Alexandre Rinaldi (qui, paraît-il, faillit venir à l'Union...). De même les possibilités percutantes de Rodrigo Palomino, semblables à celles de Zekrija, avaient de quoi nous donner froid deans le dos. Et durant l'intersaison leurs solides ex-équipiers Andrej Jankowski et Radek Sourek les avaient rejoints. Si on y ajoute que Roch Gérard et Carlo Camilleri avaient par d'autres chemins aussi rejoint les Francs Borains, il n'y avait que du beau monde sur la carte de visite de nos invités. Dans la semaine Laurent Zaccaria avait déclaré que les Unionistes s'étaient juré d'engranger neuf points sur douze lors des quatre derniers matches du premier tour, c'est-à-dire neuf sur neuf après la Neuville. On ne demandait qu'à le croire mais on devait un peu se pousser. Mais un match doit toujours être joué comme pourrait vous dire Sven-Goran Eriksson. Et c'est donc sous le coup de sifflet étonnant (et accueilli souvent de façon mitigée par les supporters mais aussi les joueurs de l'Union, n'est-ce pas Axel) de l'arbitre international Mr. Michel Piraux que débuta la partie sous un ciel gris entre nos tous jaunes et des visiteurs aux couleurs chères à Josip Weber. Après quelques instants de tatonnements réciproques on crut qu'après "l'effet Ost" de la semaine passée on aurait droit à "l'effet Zaccaria". Dès la 5ème minute, en effet, un coup franc de la gauche d'Axel Vergeylen fut repris de volée par Yves Cums mais au-dessus. Qu'importe, l'impulsion était donnée. Croyait-on, du moins. On avait pu noter que, contrairement à son match d'il y a deux ans, Alexandre Rinaldi se tenait en pointe. On n'eut pas beaucoup le temps de se demander pourquoi car à la 9ème minute il reçut le ballon de Andrej Jankowski, perça sur la droite de façon lumineuse et ouvrit le score sans bavure (0-1). Ça commençait bien. La machine à marquer s'était mise en marche. Déjà qu'Alexandre a un look à la Jardel, si en plus il se met à marquer ! Mais une fois de plus on n'eut pas beaucoup de temps pour morigéner. Deux minutes plus tard on se crut reportés quarante ans en arrière. Axel Vergeylen fut en effet lancé en profondeur dans l'axe entre quatre (oui, 4 !) joueurs adverses et partit à toutes pompes faire apprécier sa pointe de vitesse à ses quatre opposants et égaliser le plus naturellement du monde (1-1), marquant ainsi son septième but de la saison (7ème, pas 6ème, La Butte !). Dans le plus pur style Luc Mertens pour ceux qui s'en souviennent (n'est-ce pas Frédéric, Guy, Ivan et Ivar ?). Là on crut que le match était définitivement lancé. De même qu'un autre supporter unioniste assis derrière moi, j'avais pronostiqué 3-3 et je commençais à me demander si je n'avais pas été un peu radin. On eut alors une dizaine de minutes animées. A la 18ème minute, suite à une faute sur Axel Vergeylen, un coup franc très intéressant nous échut que Laurent Zaccaria botta un poil trop à droite. A la 20ème Alexandre Rinaldi perça à nouveau sur la droite et son centre donna le frisson à tout le stade mais ne rencontra heureusement aucun équipier. A la 21ème, d'au-delà du rectangle, Carlo Camilleri envoya une fusée qui passa, à nouveau heureusement, à gauche du but. A la 22ème, à la conclusion de la plus belle attaque collective unioniste du match Axel Vergeylen vit son tir arrêté sur la ligne par un défenseur borain. Le premier quart du match était passé et ce fut un beau quart. Les équipes avaient-elles trop puisé dans leurs réserves ? Toujours est-il que le match perdit alors insensiblement son fil et qu'on sombra dans une certaine confusion, devenant de plus en plus certaine avec le temps. Au point qu'on put noter que les deux équipes pratiquèrent alors un jeu de contre. Mais jouer le contre n'a de sens que si l'adversaire fait le jeu. Si les deux équipes jouent le contre personne ne fait le jeu et il peut difficilement se passer quelque chose. Il en résulta effectivement une petite vingtaine de minutes de plus en plus ennuyeuses et durant laquelle on n'eut à relever qu'une carte jaune pour Axel Vergeylen à la 25ème minute, lequel dès lors fit l'objet d'une attention constante de la part de Mr. Piraux qui ne lui passa plus rien et siffla en sa défaveur quasi tous ses duels. On aurait dit un instituteur ne prisant guère un élève trop doué. On put aussi noter le remplacement à la 28ème minute de Steve Bogaert par Giordano Criscito, Thierry Capouet prenant la place de Steve au milieu et Giordano se positionnant au back droit. On avait pu noter que Steve et Francis Mangubu ne se sentaient pas fort à l'aise devant leurs opposants. Les traumatismes d'il y a deux semaines ne devaient pas encore être résorbés et Joël Crahay, très tôt dans le match, fit s'échauffer Giordano. Il eut heureusement plus de patience avec Francis qui se bonifia par la suite et se montra même très autoritaire en seconde mi-temps. A l'approche du repos on se secoua des deux côtés. A la 40ème minute l'Union développa un beau mouvement par la gauche avec notamment Jean-Luc Walschap et Christophe Locci (très actifs tous les deux tout au long du match et compensant en partie le rendement d'Yves Cums moins faible qu'il y a quinze jours mais néanmoins insuffisant par rapport à ses capacités). On vit même le ballon rouler devant le but des Francs Borains avant de revenir à Axel Vergeylen qui le transmit à Anthony Lorenzo, lequel marqua à bout portant mais fut signalé hors-jeu par l'assistant arbitre. La mêlée fut telle qu'il faudrait un replay pour voir si la défense visiteuse se montra astucieuse ou si Anthony fut un poil trop incisif. Cela titilla en tous cas les Francs Borains et on eut alors quatre occasions de frémir en autant de minutes. A la 42ème minute un coup franc dans l'axe fut botté par Radek Sourek sur la latte (ça devait être le jour de chance de Thierry Coppens). A la 43ème, pressé par Rodrigo Palomino, Giordano Criscito voulut dégager le ballon près de son point de corner au lieu de jouer la sécurité en le mettant en touche, se le fit piquer et dut commettre une "bête" faute pour s'en sortir. Sur le coup franc Thierry Coppens dut boxer le ballon des poings. A la 45ème une situation chaude se produisit dans l'axe et put heureusement être éclaircie. Dans les arrêts de jeu une relance de Laurent Zaccaria aboutit à Radek Sourek avancé mais cela ne donna heureusement rien. Et ce fut le repos. La qualité du jeu avait sensiblement baissé dans la seconde moitié de cette première mi-temps. Il y avait eu plus de situations intéressantes pour les visiteurs que pour nous, grâce à des potentialités individuelles plus élevées de leurs joueurs d'accélérer le jeu. Chez nous on ne parvenait à créer que par des mouvements entre Jean-Luc Walschap et Christophe Locci sur la gauche. Le centre était inopérant et le flanc droit carrément absent. C'était presqu'un comble qu'on ait encaissé le but par notre flanc gauche. Si une équipe perdait deux points à la mi-temps c'était incontestablement les Francs Borains et pas l'Union. La seconde mi-temps fut tout autre. Tout au moins sur le plan de la physionomie du jeu. Sur la qualité de la rencontre ce fut encore pire. Dès la 47ème minute Giordano Criscito perdit un nouveau duel contre Rodrigo Palomino et celui-ci parvint à transmettre à Alexandre Rinaldi qui, plein centre, fusilla Thierry Coppens qui parvint à dévier le ballon en corner. Et.... ce fut TOUT pour ce qui concerna les Francs Borains ! Dès lors l'Union joua à l'énergie (à défaut de discernement) jusqu'à la fin du match. Etait-ce l'application du bon vieux "La meilleure défense c'est l'attaque." ? En tout cas, à défaut de se montrer très dangereuse, pendant les trois derniers quarts d'heure (avec le temps additionnel) l'Union empêcha ainsi les Francs Borains de reproduire efficacement leurs contres. Et lorsqu'ils parvinrent malgré tout à développer des incursions dans notre camp ils ne mirent jamais notre défense en difficulté. Celle-ci avait retrouvé toute son autorité et plus d'une fois Francis Mangubu souleva les applaudissements. On put ainsi noter trois actions. A la 50ème minute une faute de main d'un défenseur visiteur dans son rectangle ne fut pas sifflée par Mr. Piraux, ce qui conforta encore plus la plupart de supporters de l'Union dans l'opinion qu'ils avaient de lui. A la 61ème une belle attaque sur la gauche entre Jean-Luc Walschap, Christophe Locci et Anthony Lorenzo (qui, tous les trois, se dépensaient sans compter) fut conclue par un tir de Thierry Capouet repoussé par le gardien Sébastien Cousin. Thierry avait déjà eu le winning-goal au bout du pied il y a deux semaines. Mais est-ce vraiment son rôle d'être à la conclusion d'un mouvement pareil et doit-on s'étonner s'il n'a pas la même habitude de tirer qu'un avant ? Sans compter tout le boulot qu'il se tape, lui aussi sans compter ? Au reste, voyez le loupé de Verheyen au Parc Astrid vendredi soir. Enfin, à la 65ème, Yves Cums récupéra un ballon qu'il transmit à Anthony Lorenzo lequel s'infiltra en force par la gauche dans le rectangle et, en pleine foulée, tira sur le piquet ! Et.... ce fut cette fois TOUT pour tout le monde. On ne vit plus alors que du football totalement confus, dénué de fond de jeu, et reposant uniquement sur l'inspiration des joueurs, laquelle était on ne peut plus absente au rendez-vous. Les joueurs susceptibles de réceptionner une passe du porteur du ballon ne comprenaient jamais ses intentions. Ce qui revient à dire que tout ce qui fut entrepris n'était manifestement pas répété aux entraînements et que tout ce qui est répété aux entraînements ne fut jamais appliqué sur le terrain. Allez gagner un match dans ces conditions ! Et le cadeau de l'adversaire on l'avait déjà eu (même si Mr. Piraux ne le sanctionna pas) donc on ne devait plus spéculer dessus. On n'allait certainement pas recevoir un deuxième cadeau. Il n'y eut donc à mentionner dans cette dernière demi-heure que les cartes jaunes d'Yves Cums (73ème) et Francis Mangubu (77ème) et l'applaus vervanging d'Axel Vergeylen par Soufiane Chairi à la 85ème. Ah, si quand même, il y eut aussi à noter la performance d'Anthony Lorenzo qui courut plus vite que d'habitude (mais pas encore assez pour faire la différence) et qui nous montra qu'il était loin d'être dénué de technique. Mais pourquoi diable doit-il jouer à la pointe de l'attaque ? Les Francs Borains étaient (ce dimanche en tout cas) franchement à prendre et firent moins bonne impression qu'Overpelt (qui, lui, a un fond de jeu). Concluez donc vous-mêmes qui, après 90 minutes, a perdu deux points malgré ses défections. On aurait pu être huitième (au nombre de victoires).
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