Royale Union Saint-Gilloise
Pierre Vansintjan
Union - Wavre Bonjour à toutes et tous ! C'était le match piège par excellence. Wavre était avant-dernier avec une seule victoire en 14 matches; une victoire de l'Union aurait été simplement "normale" tandis qu'un autre résultat aurait suscité les qualificatifs les plus cinglants. Et encore bien plus que la Juventus dans la semaine on les caressa littéralement. L'arbitrage de Mr. Muyle (qui dirigea Wetteren-Union) fit souvent se poser des questions aux supporters unionistes mais heureusement son chrono nous sauva. Il n'y eut pas que lui, d'ailleurs, qui fit se poser des questions. Les choix tactiques de notre coach, particulièrement au niveau des attaquants (on ne pouvait guère parler de "ligne" d'attaque de l'Union dans ce match), parurent souvent nébuleux aux fidèles qui avaient bravé la froidure pour voir ce derby jaune et bleu. But, as you know, the boss is not always right but is always the boss. Et comme on a gagné goûtons la victoire sans chicaner. Elle fut d'autant plus savoureuse qu'on dut fameusement battre les pieds pour se réchauffer et convaincre les barmen de nous la servir. Dès les premières minutes on comprit qu'on ne verrait pas la répétition de la précédente partie jaune et bleu contre Zottegem. Ça tournait carré et l'inspiration avait raté le bus 48 pour venir. Etait-ce la faiblesse supposée de l'adversaire qui faisait considérer le match par une bonne partie de l'équipe comme une corvée ? Zottegem n'était pourtant pas beaucoup mieux classé il y a quinze jours. La motivation était en tout cas très relative, à preuve le nombre incroyable de passes arrières ou latérales dont se délectaient les Wavriens pour s'organiser en défense. Ce jeu lent leur permettait en outre de jauger lucidement l'Union et à leur première incursion sérieuse d'isoler leur espoir Laurent Delorge qui ouvrit le score avec savoir-faire malgré un retour désespéré de Roger Hénuset. C'était la baffe mais il vaut mieux une baffe à la 11ème minute qu'à la 81ème. On se réveilla quand même à l'Union et si les engrenages ne tournaient pas plus harmonieusement, le diesel se mit insensiblement en route. Alain De Nil se blessa mais cette nouvelle contrainte fouetta encore un peu plus l'Union et Roger Hénuset montra l'exemple en égalisant d'un tir à ras de terre rageur et superbe de plus de vingt mètres. A ceux d'entre vous qui se rappellent le but égalisateur de Schwarzenbeck à la 120ème minute de la finale de Coupe des Champions Bayern-Atletico Madrid du Heysel en 1974, je dirai que ce fut un but du même tonneau. Mais ici il n'y avait pas de replay possible. Heureusement il restait 68 minutes (plus le stukske bâ du chrono de l'arbitre). Et le rouleau-compresseur se mit en route, lourdement comme un rouleau-compresseur, mais inexorablement. Comme le dit un jour Claudia Cardinale dans un film (encore plus vieux que la finale citée) : "Et pour bricoler, on bricola !". Et les occasions se multiplièrent de plus en plus et les ratés aussi, l'énervement ne faisant qu'augmenter la maladresse de certains dont ce n'était visiblement pas leur jour. On eut un festival de mauvais contrôles de balle et de centres aveugles vers on ne sait pas très bien qui. Mais on gardait la maîtrise du ballon et donc l'espoir. Enfin, presque... Vers le milieu de la 2ème mi-temps, sur un contre sporadique, Bart Van Marsenille nous rappela qu'il avait joué en première division lorsqu'il reçut le ballon dos au goal, se retrourna et tira instantanément... dans les bras de Gomez. Bravo pour le placement de notre gardien mais quand on sait qu'un fifrelin peut changer la trajectoire d'un ballon... Et à très peu de minutes du terme, les Wavriens purent développer un contre et on fut tout heureux de constater qu'ils étaient aussi maladroits que nous. Je pense même qu'une occasion de ce genre l'Union l'aurait convertie. Et puis il y eut ce rush de... Simeons (tiens, tiens !), aussi percutant que celui de Janssens il y a deux semaines (le flanc gauche de l'Union est définitivement le meilleur en attaque) qui aboutit à Cums et là Brillant ne put plus réaliser de miracle. Je pense que les joueurs fêtèrent ce but de façon encore plus tonitruante que celui de Moyaux à Herentals il y a un an et demi. Et au coup de sifflet final ce fut l'explosion. Les joueurs se ruèrent spontanément vers les supporters des pourtours comme s'ils avaient gagné une tranche, voire la montée. Leur joie était à la mesure des efforts consentis et l'intensité du regard de Roger Hénuset était indescriptible. Alors que penser de ce match ? Ce qui est à souligner c'est que l'équipe a fait front devant l'adversité (une adversité à laquelle elle a elle-même contribué, mais peu importe). Cela fait trois victoires consécutives à domicile avec une ténacité collective sans faille en seconde mi-temps. Et ça, c'est le fruit du travail en profondeur du coach. On n'arrive pas à ça si on n'a pas un bon coach. Cela dit, le travail du coach ne se limite pas à créer un bon collectif avec une bonne condition physique. Tomberais-je dans les travers du café du commerce ? "La critique est aisée mais l'art est difficile" disent les uns. "Il ne faut pas être boulanger pour dire si un pain est bon" répliquent les autres. Alors jetons-nous à l'eau. Il faut jouer avec trois attaquants. L'Union a obtenu ses meilleurs résultats des dernières années avec la triplette Barroso-N'Gapy-Moyaux. Je verrais très bien une triplette Marion-Tutu-Simeons. Simeons apporte de la créativité en attaque, c'est indéniable. Tutu a un shot redoutable et ça peut drôlement servir. Encore faut-il l'alimenter convenablement; je reviendrai plus loin sur ce point. Il est souvent hors-jeu ? Il a 18 ans et ça s'apprend de ne pas être hors-jeu. Et ça s'apprend aussi de signaler à un partenaire qu'il est hors-jeu et de reculer. En outre au cours de ce match je l'ai vu faire des passes qui étaient intelligentes mais furent mal comprises par ses partenaires. Notamment une dans le rectangle dans un espace restreint rappelant (le rétro en moins) celle de Claessens à Nilis sur le but décisif contre l'Irlande. Et les automatismes ça se travaille aussi. "Kiki" Marion n'était pas dans un bon jour ? Ça arrive à tout le monde et ça se fait d'autant plus sentir qu'on est isolé devant. Il court énormément, nécessitant l'attention des défenseurs. S'il n'y a que lui à surveiller c'est du pain bénit pour la défense adverse quand il n'est pas bien. Mais même ainsi il faut le surveiller et cela peut profiter à ses partenaires... à condition qu'il y en ait. Combien de fois n'avons-nous pas vu hier des centres aveugles vers la défense adverse où ne se trouvait qu'un seul unioniste dans une position inconfortable ? Comme dit plus haut, il faut alimenter ces trois avants. Pour ça il faut des milieux de terrain. Avec Minko on en a déjà un qui est un véritable "monsieur quatre poumons" depuis le début de la saison. Il a été trop personnel hier ? Mais peut-être l'a-t-il été parce qu'il se sentait insuffisamment soutenu au centre du terrain. On a pu voir hier que Roger Hénuset fait de très bonnes passes, notamment tranchantes à ras de terre vers un équipier démarqué en jeu semi-court. Vous vous rappelez les matches de l'équipe nationale avant Leekens ? Chaque fois qu'un joueur belge devait passer le ballon à un partenaire à ras de terre on avait l'impression que ce ballon pesait au moins trois fois plus lourd que quand c'était un joueur adverse qui faisait le même geste. Eh bien Roger n'est pas comme ça. Avec lui c'est sec, précis et des deux pieds svp. Et il saurait certainement utiliser les qualités de Simeons, ce qui augmenterait la spontanéité de toute l'équipe. Rappelons-nous encore l'équipe nationale, cette fois à sa plus belle heure de gloire, à l'Euro 80. Au milieu du terrain Wilfried Van Moer orientait le jeu mais ça n'était possible que parce qu'à ses côtés Julien Cools effectuait un boulot monstre. Eh bien je verrais très bien un tandem Hénuset-Minko au milieu du terrain. Roger y serait certainement plus utile qu'en défense. A l'entame de la saison on pensait à Alain De Nil pour ce rôle mais il est clair qu'il traverse une mauvaise passe pour le moment. On ne peut que souhaiter, pour lui comme pour l'Union, qu'il la surmonte mais en attendant il faut continuer à jouer. Cela dit, je n'ai jamais joué sérieusement au football mais je pense que l'équipe actuelle est perfectible sans renfort. On nous attend de pied ferme à Strombeek. Au vu des dernières performances en déplacement on n'y a aucune chance si on n'augmente pas la densité et la mobilité de notre attaque. Allons-y maintenant de notre petit référendum : HENUSET : 10, Simeons : 8, Cums : 6, Minko : 4, Fieuw (une entrée convainquante) : 1, Tutu : 1 Je n'irai pas à Strombeek et vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année ainsi qu'aux personnes qui vous sont chères. Au plaisir de se revoir devant un verre, une table de snooker, un film ou peut-être un bon vieux kicker ?
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