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Royale Union Saint-Gilloise

Pierre Vansintjan

 

Union - Olympic

C'était un temps de Toussaint à rester dans son lit (et ça continue d'ailleurs !). Déjà que la veille on avait pu observer à Match of the Day des averses de neige à Birmingham et Blackburn qui ne pouvaient que nous tomber dessus... Mais enfin j'avais convié mon pote Denis, entraîneur des jeunes de Gerpinnes et dogue de coeur, à venir voir cette nouvelle édition de ce classique bruxello-carolo aussi célèbre, quoiqu'on en dise, que celui entre les deux Sportings. Comment ne pas évoquer quand on entend le mot "Olympic", pour les anciens, les noms d'André Vanderstappen et de Jacques Gérard et, plus proches de nous, ceux de Dominique Michel et Atty Affo ? Sans compter que dans l'inter-saison Pascal Hofman et Laurent Zaccaria nous ont rejoints et encore plus renforcés.

Pas question de se dérober donc et, après tout, combien d'entre nous n'espéraient pas une cinquième victoire consécutive qu'on n'avait plus connu depuis des temps immémoriaux (suggestion pour le quiz : quand était-ce arrivé la dernière fois ?). Comme tout entraîneur qui se respecte (Aad De Mos se respecte-t-il ?) Denis était ponctuel et nous voilà partis dans une grisaille de plus en plus humide vers le Parc Duden. Je comptais lui faire apprécier la meilleure fanfare de Belgique mais longtemps avant d'arriver au stade on avait dû ouvrir notre parapluie. Courageux mais pas téméraires on alla en tribune côté marquoir, là où l'Union produit ses meilleures secondes mi-temps. Première constatation de Denis : "Quel beau terrain !" Les joueurs rentrèrent au vestiaire après leur échauffement et, le temps de prendre connaissance de la composition des équipes, ils étaient de retour. A l'Union Kiki Marion, Didier Fiérin (ce dernier toutefois sur le banc), Olivier Fieuw et Laurent Zaccaria étaient toujours blessés et Freddy Smets avait titularisé Jürgen Simeons, Michel Moyaux et Michel Delph, ce dernier dans un rôle d'ascenseur sur la gauche. A l'Olympic les anciens collègues de division 1 d'Alain De Nil, à savoir Frédéric Waseige, Ilir Kepa et Yves Soudan, étaient là, de même qu'Atty Affo.

Et le match commença sous la drache devant un public aux décibels inversément proportionnels à son effectif. On vit tout de suite qu'on ne jouait pas contre un ténor. Non pas que l'Olympic jouait mal, mais manifestement l'Union n'était pas habitée par la surmotivation qui fut la sienne contre Ingelmunster et le SK Roulers. Les joueurs de football sont des êtres humains comme vous et moi et on ne sait pas s'exalter tous les jours. Ça commença donc l-e-n-t-e-m-e-n-t. Et l'Olympic fit des incursions dans le camp de l'Union plus souvent que l'inverse. Elles n'étaient pas tranchantes mais pas dénuées de danger non plus. L'une d'elles, avec trois joueurs, nous procura même un picotement dans le creux de l'estomac. Les Olympiens, avec leur unique point d'avance sur le premier siège descendant, n'étaient pas venus pour un ridicule petit point et dessinaient des mouvements offensifs qu'on aimerait bien voir du côté des jaunes (et un peu de bleu). L'Union, plutôt siesteuse, cherchait vainement son premier souffle. L'Olympic prit-il trop confiance ? Toujours est-il qu'à l'entame du deuxième quart d'heure Michel Minko parvint à produire une accélération au milieu du jeu et à lancer Jürgen Simeons ("il était mal marqué !" tempêta Denis) dans un boulevard et celui-ci d'une "caramelle" sensationnelle envoya le ballon d'une trajectoire tournante dans le coin supérieur droit du but. Le vent nous aida sans doute un peu (les deux équipes changèrent de côté après le toss) mais ce fut le goal le plus sensationnel qu'on vit cette saison au Parc Duden.

C'était le tournant du match dans toute sa splendeur (il y en eut d'autres) et la tribune vibra comme celle du Staayenveld. Avec le froid qui régnait, on ne demandait d'ailleurs pas mieux que de vibrer. Le but ne réveilla pas à proprement parler l'Union mais eut curieusement un effet lénifiant sur l'Olympic. Les dogues se firent moins agressifs et l'Union, insensiblement, prit la direction de la partie en commençant enfin à développer son jeu habituel. Deuxième constatation de Denis : "La balle circule bien à l'Union." Et chaque fois que la balle arrivait dans les parages de Pascal Bairamjan, qui jouait arrière gauche, il attrapait des boutons en observant son placement. On vécut alors une demi-heure assez étonnante au vu du quart d'heure initial nous faisant nous rendre compte une fois de plus qu'il n'y a rien de psychologiquement plus bizarre que l'évolution collective dans une rencontre de football (en basket en en rugby c'est moins évident car là l'action est soutenue du début à la fin). C'est en fait durant cette période que l'Union perdit les deux points du match. Non pas qu'elle joua trop timorée mais tout simplement parce que, depuis le début de la saison, elle manque des finisseurs qui auraient su profiter du passage à vide de l'adversaire pour enterrer le match. Et la sortie pour blessure de Michel Moyaux, un peu avant le but d'ouverture, n'arrangea pas les bidons évidemment. Skelley Tutu le remplaça et ne se montra pas inférieur à ses partenaires mais il n'a pas encore trouvé ses marques comme finisseur, d'autant qu'il participe plus à la construction du jeu. Peut-être en l'occurrence l'Union, cette fois, prit-elle trop confiance ? Après tout en dix matches elle n'avait encaissé que trois buts et aucun adversaire n'était jamais revenu au score. Bref on croyait l'affaire entendue et on s'achemina vers le repos avec l'idée qu'il allait sans doute falloir se taper une seconde mi-temps encore moins emballante que contre Eeklo.

Ce fut alors la ruée vers la chaleur de la buvette et on n'eut que le temps de boire presqu'en à fond sa bière obtenue de haute lutte que la partie reprenait déjà. On nota tout de suite un changement de physionomie. "Ils se sont fait remonter les bretelles" dit Denis à propos de son équipe favorite. Sans doute les dogues avaient-ils reçu des informations peu rassurantes sur l'Ache. Toujours est-il qu'ils revinrent avec de fermes intentions et que sous l'impulsion d'Ilir Kepa (pas toujours très lucide, heureusement pour l'Union) ils mirent tout en oeuvre pour égaliser en se foutant pas mal que personne n'y était encore arrivé cette saison. Compte tenu de l'affaiblissement de son secteur offensif l'Union eut tendance à se fier à sa défense d'airain et s'en tira asssez bien jusqu'à la fin du cinquième quart d'heure où, comble de l'ironie footballistique, Pascal Bairamjan égalisa d'un tir dévié par... Pascal Hofman, qui prit totalement Pedro Gomez à contre-pied. C'était arrivé ! Une équipe nous avait remonté !

Et alors là mais alors là, LE MATCH DEMARRA ENFIN ! La fanfare avait rejoint la tribune debout et tous les supporters de l'Union qui s'y trouvaient se mirent à chanter sans interruption jusqu'au coup de sifflet final. De quoi donner envie à Michel Verschueren d'envoyer ses supporters prendre des leçons au Parc Duden ! Ils étaient moins de cent à constituer le douzième homme mais leur influence fut déterminante pour relancer l'Union et quatre minutes plus tard un arrière olympien, sur la droite, se rendit coupable de nonchalance dans le dégagement du ballon. Michel Minko, notre monsieur quatre poumons, se transforma instantanément en panthère noire et lui chipa le ballon pour ensuite marquer un goal tout aussi sensationnel que le premier en slalomant entre deux arrières et le gardien, totalement affolés. Ce fut du délire et la joie de notre petit Burundais, immédiatement enseveli par ses équipiers, faisait plaisir à voir. Cette fois il ne pouvait plus rien arriver à l'Union et les commandes du choeur vers la buvette se multiplièrent.

Freddy Smets joua alors un coup de poker... et perdit ! Pour assurer le résultat il fit descendre Skelley Tutu et le remplaça par Miguel Atilio pour renforcer l'entre-jeu. C'est une chose qu'on voit de plus en plus sur les terrains de football. L'antécédent le plus célèbre me paraît être le retrait d'Hagi dans les toutes dernières minutes de jeu de Roumanie-Argentine (3-2), le meilleur match de la World Cup de 1994. Cela marcha mais je me demandai toujours ce que ça aurait donné si les Argentins avaient alors égalisé. Le "Maradona des Carpathes" n'aurait plus été là pour les prolongations ni les penalties éventuels. Eh bien ici cela ne marcha pas. Une faute assez inutile procura un coup franc sur la droite à l'Olympic. Sur son botté par Christ Bruno, les Olympiens se montrèrent d'une maîtrise absolue dans les airs et deux passes de la tête successives de Yves Soudan et Atty Affo se terminèrent par une troisième tête d'Yves Soudan qui marqua le nouveau goal égalisateur ! Et peu après une phase litigieuse dans le rectangle de l'Union fit sauter en l'air tout le banc de l'Olympic. L'arbitre resta heureusement de marbre. Ce n'est plus avec ce qui restait en attaque à l'Union qu'on pouvait espérer un nouveau miracle. Il y eut encore un beau tir de loin de Miguel Attilio de peu à côté et on en resta là avec des impressions mélangées.

On eut deux goals splendides mais on perdit deux points. L'objectivité commande quand même de reconnaître que l'Olympic fut l'équipe qui livra jusqu'ici la meilleure seconde mi-temps à l'Union. Il revint deux fois à la marque et joua crânement sa chance. Paradoxalement on peut dire que lui aussi perdit ses deux points dans les deuxième et troisième quart d'heure. Le match nul est donc mérité et on ne peut que souhaiter aux Olympiens de s'en sortir. Quelle différence avec les touristes d'Eeklo !

Le SK Roulers nous a rendu un fier service en allant gagner chez son voisin. De son côté Wetteren n'a fait que match nul. On est donc toujours co-premiers. Mais Mons nous a rejoint. Les trois prochains matches à domicile verront trois rivaux directs de l'Union pour la tranche. La fin de saison sera chaude. En outre le SK Roulers est revenu à un point. Il sera vraisemblablement champion, Ingelmunster ayant fait match nul, et voudra sans doute terminer avec panache. Dans une telle hypothèse il faudra impérativement terminer troisièmes au général.

Au rayon des performances individuelles reconnaissons d'abord une très bonne partie d'Atty Affo chez les visiteurs puis, du côté de l'Union, il n'y eut cette fois pas photo pour désigner l'homme du match dans un ensemble toujours aussi collectif mais dont ce n'était pas le jour :

Michel MINKO : 10, Jürgen SIMEONS 8, Yves CUMS 3, Roger HENUSET : 3, Pascal HOFMAN : 3, Skelley TUTU : 3

 


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