Royale Union Saint-Gilloise
Pierre Vansintjan
Union - Ingelmunster 3-2 "Et quand l'Union Se mit à jouer, C'est tout le stade Qui s'est enflammé !" Combien de fois n'a-t-on pas entendu ce refrain au Parc Duden cette saison sans jamais voir la concrétisation des exhortations des supporters ? Il a fallu, vingtdieu de vingtdieu, attendre la 13ème réprésentation pour enfin voir notre équipe jouer à son niveau normal à domicile. Et contre le leader encore bien ! Un leader encore plus désireux que l'Union de s'approprier les trois points pour faire un break définitif avec son rival montois. Notre "Caje" national a dû apprécier et peut-être se demander si le succès de son équipe en huitième de finale de la Coupe ne fut pas une victoire à la Pyrrhus. Mais comment tout cela s'est-il passé ? Contrairement aux prévisions apocalyptiques de la météo (n'avait-il pas "draché" à Manchester la veille ?) il faisait beau en ce dimanche. Frais mais définitivement beau. A l'entrée dans le stade on eut l'agréable surprise de voir une fort belle délégation de supporters montois venus encourager les bleus et jaunes encore plus bruyamment que ceux du cru. Dame ! Après une visite de courtoisie à Lebbeke les Dragons recevront Ingelmunster dans deux semaines dans le match de leur dernière chance pour le titre. Un titre auquel on se plaisait à rêver en août, mais passons... Sans doute nos bienvenus visiteurs rouges et blancs se rappelaient-ils les ennuis éprouvés par leur équipe ici-même en janvier et espéraient-ils que nos gars se montreraient au moins aussi enquiquinants avec leurs rivaux. Ferait-on un déplacement pareil, sinon ? Passablement échaudés par les dernières "performances" à domicile de nos gars (n'est-ce pas, Nicolas ?) on était quelque peu interloqué sur les gradins mais, finalement, si eux y croyaient, pourquoi pas nous ? D'autant qu'une autre agréable surprise nous attendait. Malgré les bruits les plus pessimistes qui avaient couru sur sa blessure, Kiki Marion était titularisé d'emblée. Lors des trois fameux déplacements consécutifs de ce mois d'avril il avait pu monter au jeu en seconde mi-temps et avait même inversé le résultat à Lebbeke, contribuant notablement au plus qu'honorable 5 sur 9. Le match débuta donc sous des auspices favorables et contrairement à sa mauvaise habitude chronique à domicile l'Union mit tout de suite le nez à la fenêtre. Dès la première minute Alain De Nil faillit rééditer son coup de Hamme en contrant un mauvais dégagement d'un défenseur central visiteur. A la 3ème minute Roger Hénuset (totalement rétabli par rapport à son demi-match contre Wetteren comme on put le voir tout au long du match) déclencha une belle descente avec Gaby Mudingayi sur le flanc droit mais le centre de celui-ci ne trouva malheureusement personne. On eut à peine le temps de se dire que tous les défauts chroniques de l'Union n'étaient pas encore corrigés que sur la timide contre-attaque adverse Denis Janssens récupéra le ballon, vit Kiki Marion très bien placé en pointe et lui envoya une superbe balle en profondeur "à la Henri Dirickx". Il faudrait avoir le replay de cette phase. Kiki arriva à la réception du ballon en même temps que Kurt Grymonprez et le gardien Peter Deldaele et, contre toute attente, on vit le ballon les lober tous les deux et entrer dans le but. 1-0 dès la 4ème minute ! Du jamais vu cette saison ! Et enfin un but contre Ingelmunster reconnu par l'arbitre (pourtant pas dans un bon jour comme on le verra plus tard) après 363 minutes de frustration. Des gradins où on se trouvait on ne vit pas comment Kiki avait fait mais on s'en foutait. C'était l'allégresse, bien entendu, et dûment partagée par les Montois. Une allégresse que les visiteurs, un tantinet vexés, rafraîchirent deux minutes plus tard en obligeant Patrick De Vlamynck à plonger dans les pieds d'un de leurs avants. Patrick avait défendu la cage lors des deux derniers matches, à la satisfaction générale semble-t-il puisqu'il était titularisé pour la troisième fois consécutive. Et puis on souffla un peu et Ingelmunster ne fit rien pour raviver la motivation unioniste, adoptant même un rythme lénifiant pour faire passer l'orage. On eut ainsi une quinzaine de minutes très neutres dont le seul fait saillant fut un télescopage de Peter Deldaele avec Gaby Mudingayi qui obligea le gardien visiteur à se faire assez longuement soigner. Cette pause intempestive coupa encore un peu plus l'élan de nos gars et on commença à craindre qu'ils ne retombent dans leur torpeur habituelle. Mais Ingelmunster ne laissa pas la possibilité à notre défense de s'endormir. Les leaders se mirent posément à développer leur jeu et à montrer qu'en matière de construction offensive leur fond de jeu était indiscutablement supérieur à celui de l'Union. Leur jeu de passes était remarquablement précis et rationnel. Mais en football cela ne suffit pas si on ne l'agrémente pas de changements de rythme. Aussi précis soit-il un jeu monocorde ne désarçonne pas une défense un minimum à la hauteur. Et heureusement pour l'Union les visiteurs ne parvinrent jamais en cette première mi-temps à trouver l'étincelle. On eut ainsi en cette seconde moitié de première mi-temps sept situations plus ou moins délicates à démêler pour trois contres unionistes : - à la 22ème minute Terry Degrande, sur la droite, réceptionna le ballon et se lança subtilement lui-même pour centrer à Luc Feys très bien placé dont la reprise de la tête fut heureusement totalement ratée. - à la 24ème minute Patrick De Vlamynck dut faire une belle sortie devant Luc Feys lancé en profondeur. - à la 25ème minute Patrick dut cette fois sortir de son rectangle pour arriver en premier sur le ballon et le dégager d'une tête que n'aurait pas désavouée Jaap Stam. - à la 29ème minute se situa la situation la plus chaude avec au second piquet à gauche Terry Degrande tirant assez inexpliquablement à côté. Dans son éditorial de LA BUTTE notre manager avait précautionneusement écrit : "L'Union, tout simplement, n'aura pas de bol cette année.". Si c'était pour conjurer le sort, c'était bien vu ! - à la 30ème minute, sur le contre de la situation précédente, Kiki Marion fit un beau shot que Peter Deldaele arrêta. - à la 31ème minute retour à la case départ avec une sortie en kamikaze de Patrick De Vlamynck. - à la 33ème minute Terry Degrande conclut dans les mains de Patrick une belle attaque générale des visiteurs. Et puis on souffla de nouveau un peu. L'Union laissa passer, non pas l'orage mais l'ondée, puis remit le nez à la fenêtre : - à la 42ème minute un tir de loin de notre capitaine de plus en plus courageux passa de peu au-dessus. Dommage pour Roger mais on ne savait pas encore qu'une heure plus tard il allait remettre plus subtilement le couvert. - à la 45ème minute un beau travail de Thierry Capouet, aidé par Alain De Nil pour fixer des défenseurs et lui ouvrir le passage, aboutit à Pascal Hofman dont le tir convaincant fut arrêté par Peter Deldaele. Ici aussi on ne savait pas encore que... mais patience, n'anticipons pas. - dans les arrêts de jeu, coucou qui voilà ? Un jaune et rouge qu'on croyait hors-jeu et qui ne l'était pas du tout, nécessitant une nouvelle plongée dans les pieds adverses de Patrick De Vlamynck. Et ce fut le repos durant lequel les supporters jouèrent à qui le plus euphorique. On en vit même un se lançant dans de savants calculs pour voir on se situait dans la tranche ! De son côté notre ami Didier de retour d'une mission buvette nous dit qu'il avait vu Luka Peruzovic dans l'assiatnce. D'après LA LANTERNE parmi les personnalités présentes en tribune figuraient Jean-Paul Spaute, notre Unioniste de toujours, Jacques Bastin, et, bien sûr, Thierry Pister. Pour ma part (vous l'aurez peut-être noté) j'étais assez estomaqué par la performance de Patrick De Vlamynck qui en plus des actions mentionnées éclaircit un grand nombre de situations par sa sureté à capter des balles aériennes ou à boxer celles-ci "à la André Vanderstappen", combinée à ses sauts de chat "à la Vedran Runje". Et on reprit, mais contrairement à l'habitude le quatrième quart d'heure ne fut pas très transcendant. On ne nota que deux situations : - à la 48ème minute un tir de Pascal Hofman au ras du piquet gauche; le mauvais ras mais patience... ça couvait. - à la 59ème minute Yves Cums adressa une très belle passe à Jürgen Simeons qui rôdait à l'entrée gauche du rectangle et qui temporisa habilement pour transmettre à la milliseconde près le ballon à... Pascal Hofman monté en ligne comme un bolide qui envoya une fusée supersonique à ras de terre au fond des filets. Un goal typiquement "à la Hristo Stoïtchkov", du genre qu'une fois frappé vous ne voyez plus le ballon que lorsque le filet bouge. J'exagère ? Mais non, mais non, rappelez-vous le goal du panzer bulgare contre le Mexique à la World Cup de 1994. C'était en tout cas une belle récompense pour Pascal qui intercepta un nombre considérable de passes adverses au milieu du terrain mais ne fut pas toujours heureux à la relance sans pour autant se laisser décourager loin de là. 2-0 contre les premiers !! C'est pas vrai !? Comme contre le SK Roulers l'an dernier, et avec encore une demi-heure pour aggraver le score ? Ben, ce ne fut vrai que deux minutes et on n'aggrava pas le score. A la 61ème minute, en effet, Tomas Daumantas isolé en plein milieu de son attaque envoya lui aussi un missile, en l'occurrence dans la lucarne, qui ne laissa pas l'ombre d'une chance à Patrick De Vlamynck (même Barthez n'aurait rien su faire). Notre défense s'était-elle laissée gagner par l'euphorie ? On retombait en tout cas immédiatement sur terre, tandis que les supporters, sentant l'exploit et soutenus par une fanfare en forme "denderleeuwienne", répliquaient avec un bel ensemble : "On s'en fout !". On remit l'ouvrage sur le métier et le match gagna en intensité avec encore 5 attaques notables de l'Union pour 3 à Ingelmunster dans la dernière demi-heure : - à la 69ème minute Kiki Marion fit une incursion tranchante par la gauche et Peter Deldaele arrêta son envoi. - à la 70ème minute une situation très chaude se présenta sur la gauche du rectangle de l'Union. Freddy Smets, soucieux de préserver les trois points, remplaça alors Jürgen Simeons par Rachid Baouf. Jürgen ne se montra pas aussi tranchant que dans sa belle période de la saison dernière mais il fit quand même un assist mortel sur le deuxième but. On affaiblissait ainsi l'attaque au profit du milieu du jeu. Mais Rachid, relevant de blessure comme Roger Hénuset contre Wetteren, fut loin de son rendement "olympien" et ne renforça pas vraiment l'entrejeu. Ici encore une rentrée prématurée. - à la 73ème minute Rachid parvint quand même à amorcer une attaque sur la droite et à passer à Kiki Marion qui trouva Gaby Mudingayi, lequel croqua malheureusement son shot. Le match aurait sans doute été plié et on faillit bien regretter ce raté. Cinq minutes plus tard Laurent Zaccaria remplaça Alain Peetermans. Après une longue blessure Laurent avait joué les neuf dernières minutes à Hamme la semaine dernière. De son côté Alain s'était montré jusque-là le joueur le plus timide d'une équipe qui semblait pourtant avoir retrouvé la gagne. - à la 81ème minute Ingelmunster développa une attaque par la droite avec Terry Degrande et Nico Vanderdonck sur laquelle le flanc gauche de la défense unioniste se montra d'une rare désinvolture. Le ballon finit par arriver à Luc Feys complètement seul devant le but et il égalisa à bout portant. La défense unioniste avait-elle eu dur à se réorganiser avec l'entrée de Laurent Zaccaria ? Il est en tout cas troublant de constater que le goal égalisateur de Hamme la semaine passée intervint deux minutes après que Laurent eut remplacé Jürgen Simeons. Il faudra revoir ça à l'entrainement. - à la 83ème minute on eut la confirmation que le trio arbitral n'était vraiment pas dans le haut du panier de ceux officiant en 3ème division. Le juge de ligne côté gradins avait déjà pris une série de décisions erronées sur les rentrées en touche, désavantageant tantôt une équipe, tantôt l'autre. Mais alors l'arbitre, ce fut le bouquet ! Lancé en profondeur sur la gauche Kiki Marion se fit faucher par derrière par un défenseur adverse en position de dernier homme et l'arbitre resta de marbre. Nous tairons les noms de ce trio arbitral par charité (ils ont leurs propres juges après tout) mais nous leur conseillons fortement de suivre des cours de recyclage et/ou de se faire examiner les yeux. - à la 85ème minute un nouveau tir de Pascal Hofman fut sauvé en corner par Peter Deldaele. Sur le botté de celui-ci par la droite, une mêlée confuse eut lieu à laquelle Roger Hénuset mit fin au deuxième piquet d'une subtile pichenette qui surprit tout le monde et ce fut une nouvelle explosion ! Là aussi il faudrait le replay pour voir "comment il a fait". Ce n'était pas exactement la célèbre talonnade de Madjer devant notre Jean-Marie national en finale de la Coupe des Champions 1987 mais c'était dans l'esprit en tout cas. Les finales européennes du Bayern inspirent Roger; rappelez-vous son goal "à la Schwarzenbeck" contre Wavre l'an dernier. Nul doute qu'il sera devant son poste dans un mois. Comme l'an dernier on crucifiait les leaders en fin de match. Il restait quand même cinq minutes, mais cette fois-ci on ne se laissa plus "bêtement avoir" comme nombre de fois cette saison. Quatre minutes plus tard Freddy Smets remplaça Gaby Mudingayi par David Salomonowicz, lequel ne fit pas dans la dentelle dans les quelques dégagements qu'il fut encore amené à faire. - à la 90ème minute Patrick De Vlamynck dut quand même encore faire son dernier arrêt dans les pieds d'un avant adverse. - et dans les arrêts de jeu le juge de ligne signala un "hands" de Peter Deldaele en dehors de son rectangle. L'arbitre siffla coup franc mais ne lui donna pas de carte. Assez curieux. Si le "hands" n'est pas volontaire il ne devrait pas y avoir lieu de siffler coup franc, et s'il ne l'est pas... Rachid Baouf tira ledit coup franc au ras du piquet gauche (le mauvais ras à nouveau). Et puis ce fut le coup de sifflet salvateur et l'explosion de joie qu'on imagine. Cette victoire met une fameuse couche de beurre dans nos épinards (voir plus loin). Elle a été obtenue contre un adversaire on ne peut plus valable même s'il apparut émoussé. Elle a montré que l'équipe est ressoudée et solidaire. Elle a montré aussi deux joueurs sous leur meilleur jour. Patrick De Vlamynck a vraiment "crevé l'écran". Xavier Bravo a été fort controversé cette saison. Il a à la fois fait des boulettes et des saves, et globalement je pense que c'est un gardien satisfaisant pour la division. Mais la vérité la plus élémentaire commande de reconnaître que Patrick De Vlamynck lui fut supérieur dans tous les aspects du jeu d'un gardien de but. Il s'est ainsi montré nettement plus sécurisant pour la défense et ceci, combiné avec un Laurent Zaccaria qu'on espère voir revenir le plus tôt possible au centre de la défense, devrait donner une bonne assise à la défense pour la prochaine saison et permettre un jeu plus audacieux. Espérons qu'ils soient encore parmi nous en août. Quant à Kiki Marion, non seulement a-t-il fait preuve de notables progrès par rapport à la saison passée, lorsqu'il ne fut pas obligé de s'abstenir pour blessure, gagnant énormément en assurance, mais encore fut-il une véritable révélation dans ce match en soutien d'attaque, couvrant très bien sa balle, se montrant remuant et voyant la passe à faire. S'il peut confirmer cette prestation on peut se mettre à rêver pour l'an prochain avec, devant lui, Miguel Capilla (absent pour maladie ce dimanche) et un Jürgen Simeons qu'on ne désespère pas de voir retrouver sa forme de l'an dernier. Si tous ces joueurs restent bien, Joël Crahay aura à sa disposition un bel effectif. On ne peut que lui souhaiter d'inculquer un véritable fond de jeu à l'attaque (parce que de ce côté-là il y a encore de fameux progrès à faire...) et ce sera parfait. Referendum : Patrick DE VLAMYNCK 6 Kiki MARION 6 Yves CUMS 4 Roger HENUSET 4 Pascal HOFMAN 4 Denis JANSSENS 3 Jürgen SIMEONS 3 Classement : En match avancé de la prochaine journée Wetteren a battu Tournai 2-1. Cela donne (les deux derniers étant mathématiquement condamnés) : 1. Ingelmunster 27 56 2. Mons 27 53 6. Denderhoutem 27 41 7. Walhain 27 38 8. Torhout 27 37 9. Tournai 28 36 (9 v.) 10. Union 27 36 (8 v.) 11. Olympic 27 34 (9 v.) Wetteren 28 34 (9 v.) 13. Sottegem 27 31 (8 v.) 14. Strombeek 27 31 (7 v.) Prochaine journée : Union - Torhout Olympic - Hamme Sottegem - Walhain Ingelmunster - Strombeek Lebbeke - Mons L'Union a son sort dans ses pieds. Si elle gagne dimanche, il faudrait que Sottegem et Strombeek gagnent simultanément pour qu'elle ne soit pas encore mathématiquement sauvée. Les réactions de Walhain sont imprévisibles mais avec une victoire quasi certaine de Mons, Ingelmunster est obligé de gagner. C'est inquiétant pour notre ami Peter mais un six sur six est possible pour les deux derniers matches de son équipe. |