Câblage    

        Vous est-il déjà arrivé de vous cacher derrière un arbre lorsqu’un prince de l’air cherchait assistance pour décoller dans des conditions de tempête ? Encore pire, avez-vous entendu ces arrogants qui, harnachés, gueulent sur la plate-forme pour qu’on vienne les câbler ? La tempête de leurs cris m’effarouche comme un oiseau et me donne le goût de quitter le site à pied. Et ces oisillons qui n’ont pas compris qu’un vol se prépare jusque dans le détail de choisir et d’aller demander humblement chacun de ses assistants. Il ne faut pas prendre n’importe qui pour assister. Ces canardeaux ne sont pas encore de ces pilotes de longue date qui, entre eux, s’échangent ces demandes d’un coup d’oeil.

Câblage de Mec Fly sur la montagne sacrée

        L’ambiance sur les décollages, au moins entre les pilotes, est aussi sacrée que le vol lui-même. Si le respect plane, la sécurité est plus propice. Il est alors plus facile de raisonner les impétueux et d’encourager les poussifs. J’ai grandi mes plumes dans une ambiance décontractée et la recommande. Je n’ai pas tendance à revisiter un site surchargé psychologiquement par la discorde immodérée. Le protocole n’est pas déterminable, mais chacun se doit d’y participer à sa mesure.

        Par exemple, nous restons silencieux le plus possible, pour favoriser la concentration du pilote que nous laissons soliloquer sans réponse à ses parfois nerveuses blagues. Que le vent l’inspire totalement ! Attentifs à sa technique, nous verrons plus tard s’il est disposé à la corriger au besoin. Nous n’intervenons qu’en absolue nécessité et selon ses recommandations. Un mot de trop peut brouiller une situation apparemment calme mais critique parce qu’encombrée de signaux naturels à intégrer.

        Il y aurait bien un missel de « l’art de câbler » à écrire. Ne touchez pas à cette sangle car elle déclenche le parachute balistique... Il est recommandé d’abord de trouver assistance par des pilotes et non par des touristes. Ce n’est pas toujours facile pour autant. Certains désignés ne sont pas si commodes. Prendre le temps de clarifier les consignes est primordial : le mot de départ, quand on désire que les câbles soient tenus ou libres... Par exemple : « Vous m’assistez surtout pour me rendre en position de décollage. Une fois rendu, quand je soulève l’aile, je veux que vous me la laissiez totalement. Si vous devez la tenir, vous dites « Tension ». Quand il n’y en a plus, vous dites « Neutre ». Quand je dis « Go », vous n’y touchez plus. ». Musicalement, les mots « Tension » et « Neutre» sont normalement alternés et exceptionnellement répétés comme « Tension, tension, TENSION... ». Chaque bon pilote a son baratin précis à ce chapitre.

        On remarquera ici ma préférence pour l’absence de tension par les assistants sur les câbles. Ceci résulte de mon admiration FLaQuiste pour le décollage autonome et la sécurité procurée par le contrôle absolu du pilote sur son aile. Mais ce n’est pas la seule méthode que j’ai observée chez les super-pros. Praticable surtout par vent très fort, c’est une méthode qui déborde de mes capacités personnelles. Il n’en reste pas moins que cela est bien sécuritaire car le catapultage semble une solution aux risques principalement générés par les vents très forts. Au signal du pilote, les assistants relâchent tous en même temps les câbles. Quand ceci est parfaitement synchronisé, tout se passe bien comme je l’ai vu à quelques reprises. Je peux seulement ajouter que ces pilotes ont volé seuls, car ils sont des exceptions exceptionnelles à pouvoir pratiquer ces techniques. À déconseiller aux amateurs qui ne doivent pas ignorer qu’ils sont de classe amateur. La situation a mal tourné quand j’assistais ( au lieu de me cacher derrière un arbre ) et que je me suis aperçu que je ne retenais plus le câble : j’étais plutôt pendu au câble, les pieds à plus d’un mêtre du sol, avec le précipice en face. Cela s’est réalisé très rapidement et j’ai « échappé » instinctivement pour débouler sur la meringue. Ou bien l’autre assistant était plus pesant, ou bien il avait moins de pression, mais il a pu tenir sans que ses pieds ne lèvent du sol. Il a pu retenir suffisamment l’appareil qui a fait une embardée spectaculaire et secoué le pilote. Nous avons appris durement que la facilité apparente des manoeuvres de pros ne nous convenait pas encore.

        Il est à souligner que le pilote est responsable, jusqu’à un certain point, de ses assistants. Il ne doit, en aucun temps, les mettre en danger. C’est une excellente raison de renoncer honorablement et de ne pas tenter un décollage. Aussi, jeter un coup d’oeil furtif pour vérifier que les câbles sont ultimement libres est une adresse de dernière seconde que peu de pilotes maîtrisent. En passant, le signal de départ « Go » ou « Clear » devraient être prononcés fortement, même criés; car le bruit ambiant de certaines conditions venteuses peut parfois nuire à la clarté. Pire, certains ne le prononcent tout simplement pas parce que l’évidence leur est apparue. Je ne crois pas que ce sera toujours commun. La simple friction d’une main sur un câble est redoutable, en lacet d’abord, pour se faire soulever une aile ensuite et nécessiter enfin une correction hâtive en phase vulnérable.

        RascarCapac a une aile furtive transparente. Le câbler est problématique car ses câbles sont invisibles. Alors pour l’assister, bonne chance ! Et si vous avez décollé ce grand timide, vous le deviendrez. Vous hésiterez à rejoindre ce caméléon dans les airs puisque, ne pouvant le voir, lui seul peut vous éviter.


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