Extrême Gauche

        Voici une présentation du danger dont certains ne se méfient pas quand on circule à plusieurs ailes libres dans une bande d’ascendance limitée devant une montagne. Le danger provient du fait que les règles de l’air, qui sont internationales, comportent un côté arbitraire. Ce côté arbitraire stipule la droite ; cela aurait pu être la gauche. On sait que des systèmes routiers, insulaires pour la plupart, fonctionnent encore de nos jours selon un arbitre gauche. Toujours est-il que le système aérien a été uniformisé à la grandeur de la planète sur une formulation droite. Mais, comme nous allons le voir plus loin, il reste, dans sa cohérence arbitraire, une faille exhaustive. Si un pilote se borne à foncer, motivé par les règles internationales de l’air, sans considérer que les autres pilotes peuvent être captifs de la montagne, alors la catastrophe est imminente.

        Prenons d’abord la règle qui concerne deux appareils à environ la même altitude et qui s’approchent face à face près de la montagne. Les deux sont tenus de s’éviter en virant à droite. Forcément l’un d’eux, à cause de l’obstacle montagneux à sa droite, ne peut obéir. Il pourrait lui passer par la tête de tourner à gauche pour prendre le large, s’il panique à la pensée que l’autre ne l’a pas vu puisque l’aile de celui-ci tarde à s’incliner. Le danger de collision s’accentue alors car il est probable que l’autre se décide enfin à virer et ce sera aussi vers le large. Piquer n’est pas recommandé non plus. L’usage d’un sifflet ou du cri est indiqué. Qui a vécu cette situation comprend l’angoisse déplaisante de jouer en groupe en condition marginale. La solution légale est, pour le pilote avec la montagne à sa droite, de continuer tout droit et de laisser l’autre pilote éviter vers le large. Avoir la priorité est alors une maigre consolation verbale plutôt qu’un agréable privilège. Ma solution Zen est de ne pas créer le problème. Je ne m’engage pas à coller la montagne tant que la voie n’est pas libre suffisamment pour me laisser une issue face à un appareil conduit par un pilote que je ne connais pas très bien quant à sa vigilance et sa courtoisie. S’il est courtois, il va me prévenir d’avance au loin en inclinant son aile vers le large et signifier ainsi qu’il me laisse l’ascendance. Ainsi seulement, nous volerons ensemble et j’aurai la même clarté courtoise.

Circulation fluide synchro

        Attaquons maintenant l’extrême gauche. À la fin de son virage, à l’extrémité gauche de la montagne, un pilote se prépare à prendre sa place dans la bande d’ascendance près de la montagne pour y circuler à droite comme de raison. Mais un deuxième approche, grugeant la montagne avec vraisemblablement l’intention de suivre la même trajectoire que le premier vient d’emprunter. Conflit ! S’il l’avait suivi de plus près, cela aurait été réalisable avec les deux ailes en virage en même temps. Mais étant un peu plus loin derrière, il est trop tard et une autre règle internationale est en faille. À ce moment, les deux ailes convergent en gisement de collision. Celui qui voit un appareil à sa droite, le deuxième, doit se dérouter ; mais il est captif car la montagne l’empêche d’obéir. Cela est un vieux problème de dunes, reconnu depuis le début du vol libre. La courtoisie de quitter la bande d’ascendance par le pilote captif qui longe la montagne n’arrangera pas nécessairement les choses. Il est plutôt recommandé au premier pilote d’anticiper lors de son virage, de ne pas forcer la collision et de passer amplement au large. Il se produit un croisement insulaire temporaire qui peut lui coûter trop d’altitude et l’envoyer aux vaches après cet infâme virage extrême gauche. C’est la sécurité qui prime. Visualisez-le bien. L’extrême droite de la montagne, en collusion avec l’arbitraire, ne génère pas ce risque de collision.

E x t r ê m e  G a u c h e

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