Trop de rethorique nuisant a l'action, se plonger dans leur environnement immediat leur parut plus prometteur que speculer de maniere rationnelle, d'autant plus que leur cercle s'annoncait restreint. Pas d'oreilles attentives dans le coin, a part les leurs...

Combien de pseudo arguments auraient pu etre evites, afin que la phrase ne soit plus l'arbre qui cache la foret, et que les petits ruisseaux qui font les grandes rivieres coulent de source.

Une source, justement, en voila une qui jaillit subitement de nulle part, et le canoe se faufile doucement en longeant la crique. Un peu plus loin, la savane a pruniers, les fougeres et la savane a cyperaceae les attend, mais pour l'instant seuls quelques paletuviers rouges ( rizophora racemosa ) les accueillent du haut de leurs echasses au milieu de graminees diverses et eparses.

Tels des cabiais batifolant dans leur element ( comment ces enormes rongeurs faisaient ils pour se mouvoir avec tant de facilite au milieu des cours d'eau ? ), leur course reprit, epiee parfois par un martin pecheur ( chloroceryle americana ) ou un tyran quiquiri ( pithangus sulphuratus ).
De loin en loin, une grande aigrette promenait au dessus de leur tete sa silhouette claire toute en longueur et en courbes, surveillant son nid rempli d'oeufs bleus ou verts.
Aujourd'hui, ils n'apercurent qu'une tortue matamata; aucun serpent corail ou autre anaconda ne daigna les saluer.
Enfin, le ruisseau qu'ils suivaient a grands coups de pagaie, s'elargit et ils purent poursuivre leur progression plus aisement, dans cette nature qu'on dit si hostile, et qui est en realite si douce.

Ils longerent une grande pinotiere, dont les palmiers de taille moyenne se mesuraient avec les petits moucou moucou ( montrichardia arborescens ) et arriverent a l'embouchure du fleuve en fin de journee, ivres de soleil et d'efforts.

Ils auraient juste le temps avant la nuit d'installer leur bivouac et de faire un feu, pour eloigner les seuls fauves de guyane francaise capables de fondre sur l'homme a la vitesse de l'eclair, les moustiques, qui commencerent a pointer le bout de leur trompe.
Ils aborderent le rivage au beau milieu des paletuviers blancs, derangeant un blongios varie ( nyctanassa violacea ) aux aguets d'une grenouille, tapi dans les hautes herbes. A son air renfrogne, il leur fut facile de deviner qu'ils n'etaient pas les bienvenus sur ces terres sauvages.


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