LE PÉRIL TRANSGÉNIQUE
Marjolaine Jolicoeur

LE PÉRIL TRANSGÉNIQUE

Une invasion de produits transgéniques va bientôt déferler dans nos marchés d’alimentation et nos assiettes. Certains comme le soja, l’huile de canola, le maïs, la pomme de terre ou la tomate s’y trouvent déjà. Les multinationales pharmaceutiques, chimiques et alimentaires nous concoctent à travers le monde une multitude de mauvaises surprises transgéniques. On estime que mondialement plus de 4,000 projets impliquant des produits transgéniques sont présentement à l’étude.

Les manipulations génétiques touchent autant des légumes et des fruits que des produits laitiers, du tabac, du coton ou de la viande. Ces produits ont été modifiés génétiquement en associant leurs gènes à des gènes de porcs, de poissons, d’insectes, d’humains, ou à des virus et des bactéries.

À titre d’exemples :

En Europe, de nombreux mouvements écologiques, notamment Greenpeace, se mobilisent contre le soja génétique américain. Ce soja est le premier aliment transgénique à être autorisé à la consommation humaine à large échelle. La culture du soja est immensément importante puisque cette légumineuse se retrouve dans plus de 30,000 produits - biscuits, chocolat, crème glacée, nourriture pour bébés, pâtes alimentaires, tofu, mayonnaise, margarine, etc. La société agrochimique américaine Monsanto a refusé d’étiqueter ce soja mutant exporté en Europe. Faisant fi de l’opinion des consommateurs elle a mélangé soja transgénique et soja normal.

Ce soja, le Round-Up Ready, a été modifié génétiquement uniquement afin de résister à un herbicide produit par Monsanto. En effet, il résiste au glyphosate, le principe actif de l’herbicide vendu par cette multinationale dans 120 pays sous le nom commercial de Round Up. L’addition d’un gène et d’un virus permet au soja de supporter une dose de Round Up deux fois supérieure à la normale. Des plants transgéniques de tabac, de tomates, de colza et de peuplier résistant au glyphosate ont été aussi obtenus.

Le Round-Up Ready a été accepté pour fin d’exploitation par le gouvernement canadien en avril 1996. Les fermiers américains ont exporté 50,000 tonnes de ce soja transgénique au Canada l’an dernier.

Pour notre plus grand malheur, toutes les grandes firmes chimiques s’intéressent de très près à des plantes résistant à leurs herbicides respectifs. Certaines d’entre elles ont développé des tomates résistant au bromoxynil, des pommes de terre, de la luzerne résistant à la phosphinotricine et du tabac résistant à l’atrazine (Aatrex). Pour ces industries de la mort, un vaste marché s’ouvre avec une augmentation phénoménale de leurs ventes et de leurs profits. Par exemple, Monsanto pourra vendre aux agriculteurs des package dealscontenant à la fois l’herbicide Round-Up et des semences résistant à cet herbicide ! Rappelons que Monsanto fabrique aussi certains ingrédients de base entrant dans l’élaboration de cosmétiques et de produits ménagers. Monsanto, en grand vivisecteur, a utilisé en 1990, pour tester ces produits, plus de 68,600 animaux de laboratoire.

Cet engouement pour les plantes transgéniques par des multinationales chimiques fait naître le spectre d’une forte expansion du commerce des herbicides. Cela signifie un déversement grandissant de produits chimiques dans la Nature, avec tout ce que cela comporte de problématique pour la vie végétale, humaine et animale. Pollution accrue des sols, des eaux et de l’air. Écosystèmes de plus en plus toxiques. Humains et animaux souffrant du caractère cancérigène, mutagène et allergène des herbicides.

DÉSASTRE ÉCOLOGIQUE

Les pommes de terre ou le maïs auto-insecticides au BT, déjà sur le marché canadien, demanderont à long terme une plus grande utilisation de produits chimiques puisque fatalement les insectes développeront une résistance au BT. Les fabricants de ces plantes transgéniques avouent que ce n’est qu’une question de temps avant que les insectes déploient une résistance à cette substance.

De plus, il y a toujours la possibilité que ces plantes transgéniques auto-insecticides transmettent aux mauvaises herbes leurs gènes de résistance aux insectes lors de croisements spontanés entre espèces à la lisière des champs cultivés. Les mauvaises herbes acquérraient alors un avantage évident et il faudrait une fois de plus recourir massivement aux herbicides pour limiter leur prolifération.

UNE BOMBE À RETARDEMENT

Le code génétique est d’une immense complexité. Il est difficile de prévoir avec certitude les effets d’un nouveau gène introduit dans une bactérie, une plante ou un animal. Tout comme pour les écosystèmes, les effets secondaires à long terme demeurent inconnus pour la santé des humains et des animaux qui consomment ces produits transgéniques. Ils peuvent être une source d’allergie, de toxicité, produire des mutations génétiques ou devenir l’hôte de supervirus provenant de recombinaisons génétiques.

En 1989, la compagnie japonaise Showa Denko commercialisa aux États-Unis un supplément alimentaire altéré génétiquement par une bactérie, le tryptophane. On assista alors à une épidémie d’une nouvelle et mystérieuse maladie le eosinophilia- myalgia syndrome qui causait des douleurs musculaires. Par la suite, on relia cette maladie à la consommation du tryptophane transgénique, une toxine imprévue ayant apparue dans l’aliment. Le tryptophane tua 37 personnes et en rendit 1,500 autres infirmes. La compagnie fait face présentement à des poursuites judiciaires de plus de 2 milliards.

La firme américaine agro-alimentaire Pioneer Hi Brede International a quant à elle inséré un gène de la noix du Brésil dans du soja, histoire de renforcer son taux de protéines. Le soja mutant provoqua plutôt une forte réaction allergique chez les humains alors que chez les animaux on n’avait rien décelé. Le soja mutant dut être retiré du marché.

QUE FAIRE ?

Déjà de grandes sociétés comme Nestlé, Danone et Unilever ont accepté le soja transgénique. Le Nutrasweet, un produit transgénique de Monsanto, se retrouve dans les boissons gazeuses. Un grand nombre de fromages sont coagulés avec un organisme transgénique, le Chymosin (ou Chymax), en remplacement de la rennet provenant de l’estomac des bovins. Le Canada est un leader mondial dans la production d’huile de canola modifiée afin de résister aux herbicides. Un grand nombre de produits exotiques exportés vers le Canada feront tôt ou tard leur apparition tels des ananas se conservant plus longtemps, des bananes, du café, etc. Aux États-Unis, l’administration chargée du contrôle des produits alimentaires (FDA) a déjà autorisé la mise en vente de 18 types de céréales, légumes et autres cultures modifiées par la génétique. Pour le docteur Nancy Schwartz, de l’Association américaine de diététique (ADA) : Le travail accompli dans le domaine de la biotechnologie sera vital pour permettre d’augmenter à travers le monde l’accès à une nourriture de meilleur goût et ayant une valeur nutritive renforcée.

Des sondages démontrent que 93% des Nords- Américains se disent en faveur de l’étiquetage des aliments transgéniques. Les grandes firmes alimentaires résistent à l’étiquetage sachant fort bien que les consommateurs rejeteront des produits ayant un logo transgénique. Aux États-Unis, certaines compagnies ont tenté d’étiqueter leurs produits transgéniques par organic (biologique). Dans certains états américains, il est même illégal d’étiqueter les produits comme n’étant pas transgéniques.

Au Canada, il semble y avoir un certain laxisme de la part du gouvernement qui apparaît, là comme ailleurs, sous l’emprise du puissant lobby des multinationales. À l’interrogation légitime et inquiète des consommateurs, le gouvernement déclare que les aliments transgéniques répondent à des normes strictes et ont subi des tests prouvant leur inocuité. Un peu comme le DDT ou laThalidomide ?

Les produits transgéniques font planer une menace pour la communauté écologique, mettant en péril l’intégrité biologique de toute la biosphère.

 

SOMATOTROPHINE BOVINE RECOMBINANTE ( STBr)

En modifiant le génome d'une bactérie, on a produit une hormone transgénique qui agit sur la glande pipuitaire de la vache et augmente sa production de lait. a STBr - tout comme le soja mutant - est fabriquée par la multinationale Monsanto sous le nom de Posilac.

Le STBr est autorisé dans une dizaine de pays (États-Unis, Mexique, Brésil). Au Canada un moratoire en interdit l'utilisation. Cependant, ce moratoire pourrait être bientôt levé. Monsanto fait un lobbying intensif auprès des gouvernements car d'énormes enjeux commerciaux sont en jeu. La Multinationale anticipe des ventes d'un milliard de dollars annuellement à l'échelle mondiale.

Même interdite, la STBr peut se retrouver dans le lait puisque le produit entre en fraude au Canada via les États-Unis. On a confisqué à la frontière de nombreux chargements de STBr.

Un grand nombre de chercheurs scientifiques s'entendent sur le fait que la STBr comporte des risques pour la santé animale et humaine. Chez la vache, elle amène des problèmes de reproduction, de digestion et peut même réduire la durée de son existence. Fait grave, la STBr provoque une hausse alarmante des cas de mammites où l'on doit recourir à des traitements aux antibiotiques.

L'injection répétée de la STBr modifie la composition du lait en gras, protéine et hormone (dont l'hormone IGF-I associée à la croissance de nombreuses tumeurs). Elle peut induire le cancer du sein aux femmes et aux bébés filles de ces femmes; stimuler les glandes mammaires du garçon; causer un développement prématuré chez l'enfant.

Malgré toutes les évidences négatives autour de la STBr de Monsanto, l'hormone transgénique est appuyée par les Nations-Unis, l'Organisation Mondiale de la Santé et par l'Association Médicale Américaine. au Canada, l'Union des producteurs Agricole (UPA) est contre son utilisation mais l'Association Canadienne des vétérinaires s'est montrée en faveur. Histoire peut-être d'augmenter ses ventes d'antibiotiques aux vaches malades ?

La commercialisation de la STBr ouvre la voie à la venue d'une autre hormone transgénique, le Revalor-H, de la Hoescht Canada Inc., en attente d'être approuvée par le gouvernement. Le Revalor-H augmente la production de chair chez le boeuf. Ses effets secondaires: gonflement de la prostate pour le boeuf et élargissement des glandes mammaires et de l'utérus pour les vaches.

 
SITUATION EN EUROPE

En Europe, les mouvements écologiques ont réagi beaucoup trop tard sur les aliments transgéniques. Les tomates transgéniques ont déjà envahi les magasins d’alimentation naturelle depuis deux ans. Ces tomates ne moisissent plus et se conservent plus d’un mois à température ambiante. Cela signifie qu’elles ne fermentent plus normalement et que leur digestion ne peut donc plus s’effectuer correctement. Cette année, des centaines de tonnes de soja normal + dénaturé ont envahi le marché belge (les exportateurs américains ont pris soin de mélanger un certain pourcentage de soja transgénique au soja originel, pour qu’on ne puisse pas boycotter ou éliminer le soja dénaturé...)

Une nouvelle variété de blé géant, en provenance d’Amérique s’implante également dans les magasins biologiques depuis deux ou trois ans. Il est commercialisé en Europe francophone sous le nom de Kamut. Après avoir sommeillé pendant plusieurs millénaires dans une pyramide, ce blé aurait été redécouvert aujourd’hui, justement à l’époque où l’on cultive du blé géant transgénique aux U.S.A. Curieuse coïncidence, ne trouvez-vous pas ?

Comme l’a fait remarquer la doctoresse canadienne Eva Snead, ce sont la plupart du temps des groupes de population anticonformistes ou déconsidérés socialement qui sont utilisés comme cobayes pour expérimenter de nouveaux produits (la première épidémie de sida s’est déclarée chez un groupe d’homosexuels américains qui avaient subi un nouveau vaccin). C’est pourquoi, je ne serais pas étonné d’apprendre que la clientèle des magasins de produits biologiques soit ciblée par de puissants lobbies agro-industriels (du moins, en Europe).

Si l’on ne trouve plus de soja originel pur en Europe et si des gènes de porcs sont transférés aux céréales, c’est intégrité même du végétarisme qui est menacée dans nos pays. Serait- ce par hasard si le soja est l’un des premiers aliments que l’on dénature ? S’il y a des répercussions sur la santé, les premières victimes seront celles qui en consomment le plus : les végétariens ! Ce n’est pas un génocide de plus qui arrêtera de puissantes multinationales pour arriver à leurs fins.

Que peuvent faire les consommateurs pour protéger leur santé et les végétariens pour défendre leur liberté ?

Choisir des plantes originelles et se montrer très exigeant sur les garanties de qualité biologique de produits achetés ; soutenir les petits agriculteurs qui pratiquent des méthodes artisanales et ne pas hésiter à payer le prix qu’il faut pour leur permettre de vivre de leur métier ; si possible, cultiver soi- même son jardin potager biologique et garder précieusement des graines et semences de plantes originelles.

Walter Steinrüch, Linkebeek-Belgique, membre d’AHIMSA

En tant que consommateurs nous pouvons :
 
MODÈLE DE LETTRE
Copier/Coller la lettre

Madame/Monsieur la/le Ministre, et/ou Sous-ministre

Nous aimerions vous faire part de notre inquiétude face aux manipulations génétiques sur des produits de consommation.

Cette pratique d’associer des gènes de porcs, de poissons, d’insectes, d’humains ou des virus ou des bactéries à des aliments nous semble répondre essentiellement à des impératifs commerciaux. Ils ne sont en aucun cas un élément positif pour la santé humaine, animale ou planétaire. De nombreuses études scientifiques le confirme.

Votre gouvernement ne doit pas céder au lobbying intensif des multinationales chimiques ou alimentaires. C’est l’intégrité biologique de notre planète qui est en jeu.

Par conséquent, nous vous demandons :

  • Une réglementation stricte entourant ces produits dont on ignore les effets à long terme sur la santé
  • Un étiquetage spécifique et complet sur tous les produits transgéniques. Le consommateur a droit à l’information pour un choix éclairé
  • L’interdiction de la somatotrophine bovine recombinante (STBre) et la maintien du moratoire contre son utilisation.
Vous remerciant de l’attention que vous porterez à ce sujet.

SIGNATURE et/ou Courrier Électronique:
NOM :
ADRESSE :
VILLE:
PAYS:


Écrire à :

- Le ministre Allan Rock
Bureau de le ministre - Santé Canada
Édifice Brooke Claxton, le pré Tunney
L.P. 0913A
Ottawa, Ontario, Canada
K1A 0K9

Courrier électronique: Rock.A@parl.gc.ca
Courrier du Ministre au parlement: ministre@www.hc-sc.gc.ca


- Lyle Vanclief, P.C., M.P.
Ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire
Sir John Carling Building
930 Carling Avenue
Ottawa, Ontario
K1A 0C5

Courrier directement sur la page du Ministre : http://www.agr.ca/cb/mail/fmailmin.html
Michelle Comeau
Sous-ministre déléguée d'Agriculture et Agroalimentaire Canada

Adresse postale :
Michelle Comeau, Sous-ministre déléguée
Agriculture et Agroalimentaire Canada
Édifice Sir-John-Carling
930, avenue Carling
Ottawa (Ontario)
K1A 0C5

Courrier sur la page de la sous-ministre déléguée: http://www.agr.ca/cb/mail/fmailadm.html
Pour plus d’informations, consulter sur Internet :
Rapport du Comité d’experts sur la sécurité de la Stbr pour les humains du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada

http://www.hc-sc.gc.ca/francais/archives/stbr/humains/


Rapport du comité d’experts sur la STbr de l’Association canadienne des vétérinaires

http://www.hc-sc.gc.ca/francais/archives/stbr/animaux/


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