LE VÉGÉTARISME, POURQUOI?

On adopte le végétarisme, cette forme d'alimentation excluant la viande, le poisson , la volaille et dans certains cas les oeufs et les produits laitiers, pour plusieurs raisons. Pour certains, c'est avant tout pour la santé de leur corps, pour d'autres le végétarisme se rattache à des principes éthiques, spirituels, philosophiques, écologiques ou économiques. Ne plus manger "d'aliments décédés" n'est pas une mode récemment arrivée en Amérique du Nord, une sorte de lubie de granole un brin sauté, un peu lapin, qui ne fait que brouter de la luzerne ou picorer des graines d'oiseaux. Ce n'est pas non plus une doctrine ou une religion. Nul besoin de faire un voeu d'allégeance, une main sur le coeur et l'autre sur un morceau de tofu, pour entrer dans cet espace illimité de découvertes culinaires à base de fruits, de légumes et de céréales. Dans cet univers, le pâté chinois de môman est fait de lentilles et les pattes de porc ont disparu des ragoûts pour faire place à des boulettes de pois chiches !

Le végétarisme existe depuis des millénaires et parmi d'innombrables peuples, philosophies et courants mystiques. Pythagore, Platon, Socrate, Ovide, Plutarque, Bouddha, Mahavira, Krishna, Jésus l'Essénien, les Cathares, Saint-Benoît, Saint François d'Assise, Saint-Jérôme, Léonard de Vinci, Albert Einstein, George Bernard Shaw, Annie Besant, Léon Tolstoï, John Harvey Kellogg, Marguerite Yourcenar et Gandhi étaient des adeptes du végétarisme.

Jusqu'au 19ième siècle, alors que le mot "végétarien" n'était pas courant, on nommait ceux qui ne mangeaient pas de viande, des "pythagoriciens". En effet, au 6ième siècle avant notre ère, Pythagore, le philosophe et mathématicien grec, délaissa la viande pour se nourrir principalement de pain de millet ou d'orge accompagné de légumes bouillis et de crudités. Il aimait tellement le chou qu'il écrivit un livre entier sur les bienfaits de ce légume. En Italie, dans la communauté où il vivait entouré de ses disciples, il n'y avait pas de viande au menu car Pythagore la trouvait incompatible avec la santé et la recherche philosophique. Comme beaucoup de philosophes de son époque, Pythagore croyait en la réincarnation et à l'existence d'une âme humaine mais aussi animale, en voyage dans de successifs corps physiques. En adhérant à la croyance de la transmigration de l'âme, impossible de manger de la chair animale, puisque par cet acte l'évolution des animaux est freinée. De plus, la viande engendre une violence dans le destin ou karma des humains et Pythagore affirmait : "Tant que les hommes massacreront les bêtes ils s'entretueront. Celui qui sème le meurtre et la douleur ne peut en effet récolter la joie et l'amour".

On retrouve cette notion de non-violence (en sanscrit : ahimsa) dans presque toutes les religions. Les yogis, les moines, les mystiques et les visionnaires englobent dans leur vision d'unité dans la diversité tous les êtres vivants, qu'ils soient à deux ou quatre pattes, à peau nue, vêtus de poils, de plumes ou d'écailles. Nous sommes tous branchés sur l'unique Source, connectés sur le même réseau de consciences. Afin de trouver l'harmonie avec le grand Tout, les règles monastiques du taoïsme chinois indiquent le Tao (la voie) en ordonnant : "Tu ne tueras aucun être vivant et tu ne feras de mal à aucun. Tu ne consommeras ni la viande ni le sang d'aucun être vivant". Dans le Mahabarrata, écriture sacrée de l'hindouisme et vieille de plus de 5,000 ans, Krishna, le guerrier pacifique, livre bataille à l'illusion matérielle et nous assure que : "la viande des animaux est comme la chair de nos propres fils." Pour Bouddha, dit l'Éveillé, "la consommation de chair détruit la semence de compassion".

Pour ces Maîtres marchant sur la voie du coeur et de l'ahimsa, le végétarisme est une source de purification pour le corps physique mais aussi pour nos corps invisibles et subtils, un moyen concret pour parvenir à l'illumination. La viande transmet à notre organisme l'énergie de la peur et de la terreur vécues par l'animal tué et la paix de l'Esprit s'avère ardue quand il est traversé des cris d'animaux abattus ! Le sikh Guru Nanak, au 14ième siècle, déconseillait la viande "particulièrement à ceux qui essaient de méditer." À notre époque actuelle, de nombreux Maîtres spirituels du sikhisme (une religion venant à la fois de l'hindouisme et de l'islam) recommandent le végétarisme aux chercheurs de la lumière et du son sacré. Faire la promesse de ne pas manger de viande est même une condition intrinsèque pour recevoir leur initiation.

Ce végétarisme éthique et purificateur existe aussi chez les chrétiens : les Bénédictins, les Trappistes, les Rosicruciens et les Adventistes du 7ième jour s'abstiennent de viande. Plusieurs sectes chrétiennes du début de notre ère étaient végétariennes mais ce sont particulièrement les Esséniens (du grec "osios" ou "saint") qui surent mettre en pratique un mode de vie basée sur la guérison, la paix et l'ahimsa. Ils ne mangeaient pas de viande, guérissaient par l'imposition des mains, jeûnaient rituellement, ne gardaient pas d'esclave et ne participèrent à aucune guerre. La découverte dans les années 40 des "Manuscrits de la Mer Morte" confirma leur existence et plusieurs historiens croient qu'ils formèrent le Maître Jésus. Dans "l'Évangile Essénien de la Paix", un texte traduit par Saint-Jérôme (lui-mëme végétarien) puis retrouvé dans les archives du Vatican par le professeur Edmond Bordeaux Szekely, Jésus déclare : "Celui qui tue se tue lui-même et celui qui mange des animaux morts mange du poison. Ne tue pas, ni ne mange de la viande d'innocentes bêtes, parce que ceci est le chemin de la souffrance et ce chemin conduit à la mort."

VÉGÉTARISME ET SANTÉ GLOBALE

Ces vérités du passé véhiculées par différentes cultures sont toujours d'actualité et la science médicale redécouvre une évidence millénaire : la viande n'est pas un gage de santé. Les populations qui mangent beaucoup de viande - le Canada, les États-Unis, l'Argentine, la Nouvelle-Zélande - ont un taux élevé de cancers, de maladies cardio-vasculaires, d'anémie, de diabète, d'obésité, d'arthrite et d'ostéoporose. Fascinant de constater que dans les années 70, la Bulgarie établissait à 158 le nombre de ses centenaires (un record européen) sur une population de 4 millions et, que de ce nombre, 140 n'avaient jamais mangé de viande.

D'un point de vue anatomique et physiologique, l'être humain n'est pas un carnivore, c'est plutôt un "animal" végétarien. Il n'a ni les dents, la salive, la mâchoire, le foie, les griffes ou les intestins d'un carnivore. Tout indique plutôt qu'il est bâti pour se nourrir de fruits, de légumes, de céréales et que la viande épuise ses organes d'élimination, les faisant vieillir prématurément.

En Amérique du nord, l'infarctus cardiaque frappe une personne toutes les 25 secondes et une multitude d'études confirment que le gras animal est directement lié à ce phénomène meurtrier. Selon le Dr. William Castelli : "Les végétariens ont la meilleure alimentation. Ils ont le taux le plus bas de maladies coronariennes de n'importe quel groupe de ce pays. Certaines personnes se moquent des végétariens mais ceux-ci constituent une fraction du pourcentage des attaques cardiaques. Ils nous survivent. Présentement, ils surpassent de 6 ans l'espérance de vie comparés aux autres humains."

N'en déplaise au puissant lobby des producteurs de viande, l'alimentation végétarienne comble tous nos besoins en vitamines, en protéines, en fer ou en calcium . Pour vivre le végétarisme, pas besoin de diplôme universitaire en nutrition. Il suffit de dépasser nos peurs et nos préjugés; de croire en notre pouvoir; d'avoir confiance en l'Univers; d'être souverain et libre des manipulations extérieures - la famille, les amis, la société, la publicité, les autorités médicales - qui tentent de nous dicter quoi manger ou penser; de suivre notre intuition. On élimine la viande et les bienfaits sont immédiats et corroborés par ces milliards de végétariens - hommes, femmes, enfants - passés et présents.

La viande affecte négativement nos corps physiques et spirituels mais aussi celui de notre fragile planète. Pollution, gaspillage de l'énergie, de l'eau, des céréales, déboisement, érosion des terres de surface, voilà comment l'industrie de la viande met en péril l'environnement. Au moment où 15 millions d'enfants meurent de faim chaque année, comme il est révoltant de savoir que 1,3 milliards d'humains pourraient être nourris avec les céréales utilisées pour engraisser le bétail des États-Unis. Sur une même surface, 16 végétariens (sans produits laitiers) peuvent puiser leur nourriture et leur eau; cette même surface ne nourrit que 1 carnivore.

Notre responsabilité personnelle commence dans notre assiette et touche aussi directement le sort de tous ces animaux élevés et tués dans la souffrance. Dans notre civilisation où le dieu de l'argent fait la loi, le peuple animal est avant tout considéré comme une machine à viande sur pattes. En Occident, on aime passionnément les chats et les chiens tout en sachant qu'ils ont des émotions et des sentiments. Qui oserait dévorer Lassie ? Il en va malheureusement autrement pour ces poulets ou ces porcs à qui on coupe le bec ou la queue pour éviter le cannibalisme engendré par les batailles et l'enfermement. Les veaux sont séparés de leur mère dès leur naisssance et les poules pondeuses s'entassent à plusieurs dans des cages exigües. Et vite on préfère oublier l'ultime destination de ces animaux : l'abattoir. Si les abattoirs avaient des murs transparents, peut-être que plus personne ne demanderait : le végétarisme, pourquoi ?

Quand on mange de la viande et même si elle est dite biologique, c'est-à-dire produite sans pesticides, vaccins, hormones ou antibiotiques, il est impossible de nier qu'elle demeure tâchée de sang et de violence. Tout animal, bio ou pas finit dans l'horreur des abattoirs. La viande fait violence à nos corps, aux animaux, à notre planète parce que tout est lié, interdépendant. Dans leur sagesse, nombre de Maîtres, peuples ou individus ont ressenti dans leur coeur que la paix transformatrice encercle toutes les formes de vie pour s'intégrer à un Tout indissociable. Le végétarisme est peut-être alors une des réponses à notre recherche commune d'un peu plus de lumière, d'amour et d'ahimsa dans ce monde fou. MJ


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