Les modifications anglaises

de 1738 et de 1813.


 

L'article premier des "Constitutions d'Anderson" fut modifié à deux reprises en Angleterre.
Du point de vue des Anglais, il s'agissait de préciser la première rédaction et d'éviter des dérives dans son interprétation. Du point de vue de la majorité des Obédiences françaises, ces modifications sont au contraire perçues comme une restriction de l'Universalisme Maçonnique qu'elles refusent.

Ce débat n'est pas simple. Il est vraisemblable que la rédaction d'Anderson soit allée au-delà des traditions maçonniques opératives. Elle a d'ailleurs suscité de sérieuses controverses en Angleterre dès sa parution.
Que doit-on faire primer ? L'ancienne Tradition, qui, compte-tenu du contexte de l'époque, pouvait difficilement ne pas être théiste, ou au contraire ce que d'autres appellent le "projet andersonnien", qui autorise une très large liberté de conscience ?
Peut-on par exemple conférer l'initiation maçonnique à des gens qui se retrouvent dans la pensée de Spinoza ou dans celle de Confucius ? Peut-on même accepter ceux qui croient en Dieu, sans pour autant avoir la certitude que Dieu est personnel et révélé ? Peut-on enfin initier en Franc-Maçonnerie des agnostiques ?, des athées ?
Les réponses sont différentes ... comme le sont les Obédiences. Notons cependant qu'on trouve quelques agnostiques et même peut-être quelques athées jusque dans les rangs de certaines obédiences reconnues par l'UGLE, mais ceci est une autre histoire...

A vous de vous faire votre opinion. Voici les documents:


 

L'article 1 des Constitutions d'Anderson (1723):

Un MAÇON est obligé par sa Tenure d'obéir à la Loi morale et s'il comprend bien l'Art, il ne sera jamais un Athée stupide, ni un Libertin irreligieux. Mais, quoique dans les Temps anciens les Maçons fussent astreints dans chaque pays d'appartenir à la Religion de ce Pays ou de cette Nation, quelle qu'elle fût, il est cependant considéré maintenant comme plus expédient de les soumettre seulement à cette Religion que tous les hommes acceptent, laissant à chacun son opinion particulière, et qui consiste à être des Hommes bons et loyaux ou Hommes d'Honneur et de Probité, quelles que soient les Dénominations ou Croyances qui puissent les distinguer; ainsi, la Maçonnerie devient le Centre d'Union et le Moyen de nouer une véritable Amitié parmi des Personnes qui eussent dû demeurer perpétuellement Éloignées.

 

 

Le texte de 1738:

(Ce texte est modifié à l'occasion de la transformation de la Grande Loge de Londres en Grande Loge d'Angleterre).

Un maçon est obligé par sa tenure d'obéir à la loi morale en tant que véritable noachite et s'il comprend bien le métier, il ne sera jamais un athée stupide, ni un libertin irreligieux, ni n'agira à l'encontre de sa conscience.
Dans les temps anciens, les maçons chrétiens étaient tenus de se conformer aux coutumes chrétiennes de chaque pays où ils voyageaient. Mais la maçonnerie existant dans toutes les nations, même de religions diverses, ils sont maintenant tenus d'adhérer à cette religion sur laquelle tous les hommes sont d'accord (laissant à chaque frère ses propres opinions) c'est à dire être hommes de bien et loyaux, hommes d'honneur et de probité, quels que soient les noms, religions ou confession qui aident à les distinguer: car tous s'accordent sur les trois articles de Noé assez pour préserver le ciment de la Loge. Ainsi la maçonnerie est leur centre de l'union et l'heureux moyen de concilier des personnes qui, autrement, n'auraient pu que rester perpétuellement étrangères.

 

Le texte de 1813:

(A la fin de la très longue scission entre les "Ancients" et les "Moderns", les deux courants se réunifient en formant l'actuelle Grande Loge Unie d'Angleterre qui inclut le texte suivant dans ses nouvelles constitutions:)

Concernant Dieu et la religion: un maçon est obligé, de par sa tenure, d'obéir à la loi morale et s'il comprend bien l'Art, il ne sera jamais un athée stupide ni un libertin irreligieux. De tous les hommes, il doit le mieux comprendre que Dieu voit autrement que l'homme car l'homme voit l'apparence extérieure alors que Dieu voit le coeur. Un maçon est par conséquent particulièrement astreint à ne jamais agir à l'encontre des commandements de sa conscience. Quelle que soit la religion de l'homme ou sa manière d'adorer, il n'est pas exclu de l'Ordre, pourvu qu'il croie au glorieux Architecte du ciel et de la terre et qu'il pratique les devoirs sacrés de la morale. Les maçons s'unissent aux hommes vertueux de toutes les croyances dans le lien solide et agréable de l'amour fraternel, on leur apprend à voir les erreurs de l'humanité avec compassion et à s'efforcer, par la pureté de leur propre conduite, de démontrer la haute supériorité de la foi particulière qu'ils professent...


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