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L'homme idéal selon Aristote n'est pas un pur métaphysicien :

Le magnanime ne court pas de risques insignifiants, il n'est pas non plus amateur de danger, car il y a peu d'avantages qu'il estime ; mais il affronte de graves dangers, et lorsque sa vie est en péril, il en fait sans ménagement le sacrifice, sachant que la vie n'a de prix qu'à certaines conditions. Il est homme à exercer la bienfaisance, mais il rougit d'être obligé ; car c'est le supérieur qui donne, c'est l'inférieur qui reçoit...

Il ne cache ni ses haines ni ses amitiés... ; il parle et agit ouvertement (il est franc parce que méprisant...). Il ne peut subordonner sa vie au bon plaisir d'un autre, sauf si c'est un ami ; car cette complaisance est la marque d'un esclave... Il n'est point porté à l'admiration : à ses yeux rien n'est grand. Il n'a pas souvenance du mal : un homme magnanime n'a pas longue mémoire, surtout du mal, il le néglige plutôt.

Sa conversation n'a pas pour sujet les personnes : on ne l'entendra parler ni de lui-même ni d'autrui, car il s'inquiète aussi peu des éloges qu'on peut lui adresser que du blâme que l'on peut infliger aux autres. C'est pourquoi il n'est pas médisant, même à l'égard de ses ennemis, sauf par orgueil... Sa démarche est lente, sa voix grave, son élocution régulière ; la précipitation ne convient pas à l'homme qui ne prend que peu de choses au sérieux, ni la tension à celui pour qui rien n'est grand ; or ce sont là les deux choses qui font hausser la voix et hâter le pas. Il sait faire bonne contenance en face d'accidents de la fortune et tire toujours des circonstances le meilleur parti possible, tel un bon général qui utilise pour la guerre de la façon la plus efficace l'armée qu'il a sous ces ordres ....

Will DURANT "Vies et Docrines des Philosophes" Payot, Paris 1932


Définition très intéressante du Magnanime, sauf, bien sûr, "méprisant (?!)", "supérieur (?!)", "inférieur (?!)", "orgueil (?!)"...

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