Scientiphage

Le journal francophone d’information scientifique de la faculté des sciences

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Numéro 2 volume 2

 

Le jeudi 14 octobre 1999

 

Le cancer, le cancer, et encore le cancer…

Par Claude Pilon

 

            La prolifération des cellules, le cancer, peut venir principalement des oncogènes ou des gènes suppresseurs de tumeurs.  Les oncogènes, une fois activés, stimulent la croissance cellulaire directement ou indirectement. Puis, les gènes suppresseurs de tumeurs, eux, protègent la cellule normale.  Ceux-ci, une fois inactivés perdent leur capacité à arrêter la croissance cellulaire.  L’activation ou l’altération des types de gènes mentionnés ci-haut ne sont qu’une des multiples étapes pour le développement d’un cancer.

 

            Par exemple, le groupe de Robert Weinberg au M.I.T. ont montré qu’il était possible de créer un cancer en trois étapes.  Une des grandes difficultés est que les télomères raccourcissent après chaque division(c’est ce qui est responsable du vieillissement cellulaire). Pour cela, ils ont d’abord introduit le gène qui code l’enzyme qui régénère les télomères, la télomérase.  Ensuite, ils ont fait appel à deux oncogènes.  Le premier qui provient d’un virus de singe qui code la protéine Large T.  Celui-ci inactive deux protéines présentes dans les cellules : le p53(voir plus bas dans le texte) et pRB.  Le second gène s’appelle «ras».  Le mélange de c’est trois gènes provoque la formation de tumeurs.

 

            Dans le présent article, nous mentionnerons surtout le gène p53, un suppresseur de tumeurs.  Celui-ci code la protéine p53 qui est composée de 393 acides aminés.  Les expériences ont confirmé que la protéine introduite dans une cellule cancéreuse pouvait soit arrêter la division cellulaire ou même causer l’apoptose.  Cette protéine est présente en petite quantité en temps normal, dès que la cellule est perturbée (endommagée, manque d’oxygène, activation d’oncogène, infection,…) la concentration de celle-ci augmente et la protéine devient active.  Pour illustrer la fonction de p53, nous allons voir un exemple : une cellule est exposée au rayons solaires.  Pendant cette exposition, les rayons UV endommagent l’ADN alors la concentration de la protéine augmente et devient active.  La protéine p53 peut stimuler la production de la protéine waf1 responsable de l’arrêt du cycle cellulaire jusqu’à ce que l’ADN soit réparé. Sinon, elle peut favoriser l’expression de la protéine bax, qui elle déclenche l’apoptose.  Ainsi, grâce à p53, les cellules ayant un bagage génétique modifié ne transmettent pas leurs anomalies à d’autres cellules filles. Il est donc essentiel que cette protéine soit strictement régulée car elle peut causer la mort cellulaire.  Le modèle actuel est que p53 stimule la synthèse d’une autre protéine mdm2.  Celle-ci, se lie à p53 et empêche p53 de synthétiser d’autres protéines.  En plus, mdm2 en se liant à p53 fait sortir celle-ci du noyau et la dirige vers le protéasome où elle est détruite.  Pour revenir à l’exemple, dans une situation de stress, des groupements phosphates sont lié à p53 à l’aide d’enzymes(kinases) à l’endroit où se fixerait mdm2.  Cela cause l’accumulation de p53 dans le noyau car mdm2 ne peut aider à la dégradation de la protéine.

 

            Le gène p53 est endommagé dans environ 40% des cas de cancers.  Ces chiffres proviennent du fait que sur 6.5 millions de cancers détectés dans le monde par an, 2.4 millions auraient le gène p53 muté.  Jusqu’à présent 7000 mutations ont été répertoriées.

 

            Plusieurs voies de recherches sont présentement en cours.  Pour commencer, Jack Roth et ses collaborateurs au Cancer Center de Houston espèrent qu’en ajoutant la protéine p53 dans les cellules cancéreuses, celles-ci vont agir en arrêtant le cycle cellulaire ou induire l’apoptose.  Ils ont testé cette thérapie sur neuf patients : trois d’entre eux ont eu une régression de ces cellules et trois autres ont eu une stabilisation.  Il reste encore du travail d’ordre technique et des ajustement à faire à cette méthode pour en envisager une utilisation systématique.  Une autre voie est de stimuler l’activité de protéines mutées mais encore proche de la p53 originale et de les activer.  Cette optique est utilisée par la société pharmaceutique Hoffmann Laroche.  La pertinence de cette approche à été montré par Klas Winan et ses collègues du Karolinska Institute de Stockholm (Suède).  Des peptides agissant avec des formes de p53 mutés ont déclenché l’apoptose chez des cellules cancéreuses.  Une autre piste est l’utilisation d’un adénovirus modifié. Ce virus peut seulement se reproduire dans les cellules contenant un p53 muté et il les tue. Il semblerait que cette méthode est testée dans certains hôpitaux avec succès.  Une dernière piste pour les cellules dont p53 n’est pas muté.  Novartis essaie d’inhiber la protéine qui est responsable pour la migration et la dégradation de p53, l’effet est que la concentration en p53 augmente et déclenche l’apoptose.  Cette optique serait une méthode moins toxique de rechange pour la radiothérapie. 

 

Référence : la Recherche septembre et octobre 1999

 

UN MONDE FOU!

Par Marie-France Rollin

 

Un alliage bien spécial

 

            Il y a à peine plus d'un siècle, le physicien suisse Charles Edouard Guillaume a découvert qu'un alliage particulier de fer et de nickel, qu'il a baptisé Invar, ne se dilatait pas jusqu'à une température critique dite de Curie, au-dessus de laquelle tous les matériaux perdent leurs propriétés magnétiques. Quoique sûrement liée à un phénomène magnétique, cette singularité est toutefois demeurée obscure jusqu'à tout récemment.

 

            Récemment, dans le magazine Nature, une équipe américano-suédoise propose son hypothèse sur ce mystère. Tout d'abord, la direction adoptée par les spins d'un électron influence le volume d'un alliage. Or, dans l'Invar, les électrons sont libres d'adopter le spin de leur choix, sans être nécessairement limités à des configurations parallèles ou anti-parallèles, comme à l'habitude. Ainsi, une augmentation de la température serait accompagnée d'un désordre progressif de l'alignement des spins, ce qui aurait pour conséquence de diminuer le volume de l'alliage. Cette diminution compenserait donc l'augmentation de volume causée pas la dilatation thermique, ce qui aboutirait finalement  à aucune variation de volume nette. On comprend enfin une propriété physique que l'on exploitait depuis un siècle!

 

 

 

 

La pleine Lune et ses effets...

 

            Entre 1950 et 1995, des mesures ont été prises aux États-Unis à savoir si la pleine Lune avait un effet sur la température observée à la surface de la Terre. Deux chercheurs ont démontré que, en effet, les écarts thermiques au cours d'une journée de pleine Lune sont systématiquement plus grands de 0,1ºC, comparativement aux jours de nouvelle Lune. On aurait pu croire que ceci est dû aux fluctuations du rayonnement solaire réfléchi par la surface de la Lune, mais cette explication s'avère fausse. Ce phénomène serait plutôt causé par la variation de la position de la Terre et de son satellite par rapport au centre de gravité du système solaire au cours d'un cycle lunaire.

 

«Entendre» les tremblements de Terre...

 

         Lors de l'analyse du mécanisme de friction, un élément est souvent négligé: les ondes sonores qui sont produites. Pourtant, deux chercheurs ont démontré que lorsque deux corps glissaient l'un contre l'autre à une vitesse de 35cm/s, l'énergie sonore liberée était considérable, totalisant environ 5% de l'énergie impliquée dans le mouvement de friction. Le hic, c'est que lors de tremblements de Terre, le glissements des plaques lithosphériques se fait environ à cette vitesse, ce qui rend cette activité sismique un peu bruyante.

             

Une erreur de 150 millions de dollars!

Par Marie-France Rollin

 

            Le 22 septembre dernier, la NASA a perdu contact avec l'engin spatial qu'elle a envoyé en orbite autour de Mars afin d'enregistrer des données météorologiques: la sonde Mars Climate Orbiter s'était alors écrasée sur la planète rouge. Une semaine plus tard, la NASA a dévoilé publiquement la raison (plutôt honteuse) de cet échec...

 

            L'écrasement est dû à une erreur de conversion entre le système impérial et le système international. En effet, d'après Cybersciences, les ingénieurs de la firme Lockheed-Martin, les constructeurs de la sonde, ont fourni à la NASA les mesures de poussée du moteur de freinage en livres, alors que les contrôleurs de la NASA croyaient quìl s'agissait de newtons. En résumé, lorsqu'on croyait Mars Climate Orbiter à 60 miles de la surface de Mars, elle n'était en fait qu'à 60 kilomètres d'altitude. La sonde a alors brûlé dans l'atmosphère martienne.

 

            D'après Edward Weiler, responsable des programmes de sciences spatiales de la NASA, le problème était plutôt la défaillance du système informatique et a spécifié qu'il ne fallait pas mettre le blâme sur des erreurs de calcul. Quoiqu'il en soit, le résultat est le même: 150 millions de dollars américains ont littéralement flambé.

 

            Certaines personnes appréhendent que le même style d'erreur se reproduise lors de l'opération de la Station spatiale internationale, qui utilise le système de mesure impérial, qui est plutôt désuet.

 

 

 

Une carotte polaire record!

Par Marie-France Rollin

 

            Récemment, une équipe de 19 géologues français a battu le record du carottage de glace le plus profond à Vostok, dans l'Antarctique, où la très peu invitante température annuelle moyenne est de -55ºC... La carotte en question a une longueur de 3,623 kilomètres et permet de remonter jusqu'à 420 000 ans en arrière, soit 200 000 années de plus que lors du dernier forage. Cette carotte polaire nous a permis d'avoir des données météorologiques continues sur les quatre derniers cycles climatiques. Elle nous a aussi permis de confirmer les observations déjà faites sur les 150 000 dernières années. En effet, les transitions climatiques entre périodes glaciaires et interglaciaires se seraient toutes déroulées de la même façon: chaque passage du froid au chaud serait accompagné d'une hausse de la concentration en CO2 de 180 à 280 ppm et celle de méthane de 350  à 700 ppb (parties par milliards). Cette hausse est causée par une infime variation de l'orbite terrestre par rapport au Soleil. De plus, la teneur actuelle en gaz carbonique est de 360 ppm et celle de méthane, 1700 ppb. Ce sont les concentrations les plus fortes jamais vues depuis les 420 000 dernières années!

 

Bactéries qui nettoient

Par Claude Pilon

 

         La bactérie Thiobacillus thiooxidans pourrait aider à nettoyer les sites contaminés par la radioactivité.  Cette bactérie se nourrit des éléments contenant du soufre et rejette de l’acide sulfurique.  Cet acide sulfurique détruit tranquillement le béton.  On place la bactérie dans de la cellulose qui est enrichi de soufre, qui ressemble à un gel jaunâtre ou à de la moutarde. On applique une couche de gel contenant la bactérie et puis on humidifie la place à 95% et on attend que la bactérie travaille. Quand les ingénieurs trouvent que la bactérie a assez mangé, on laisse le gel sécher puis on le jette avec les autres déchets radioactifs.  Cette méthode est peu coûteuse et ne fait pas de poussière.    La méthode actuelle consiste à détruire la première couche de quelques millimètres de manière physique mais cela crée de la poussière très radioactive qui se propage dans l’air et qui est difficile à contrôler.  Cela n’est pas très sécuritaire et très coûteux.  La méthode bactérienne va être testée dans un réacteur qui a eu des fuites en 1957, le réacteur de Sellafield.  La nouvelle méthode est beaucoup plus lente car la bactérie ronge environ un centimètre par an, mais ce ne sont que les quelques premiers millimètres qui sont très radioactifs.

 

Référence : http://www.newscientist.com/ns/19991009/newsstory2.html

 

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