Scientiphage

Le journal francophone d’information scientifique de la faculté des sciences

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Numéro 2 volume 3

Le vendredi 11 février 2000

Une aile attentive...

Par Marie-France Rollin

L’évolution des papillons, qui étaient anciennement tous nocturnes a été fortement influencée par un de ses prédateurs: les chauves-souris. Plusieurs espèces ont contourné le problème en devenant diurnes plutôt que nocturnes, mais d’autres, qui vivent toujours la nuit, ont adopté une autre solution: capter les ultrasons émis par ces petits mammifères volants.

Ce sont deux chercheurs canadiens qui ont élucidé le mode de défense des papillons de nuit: Jayne Yack (Université Carleton) et James Fullard (Université de Toronto). L’étude, qui a été publiée dans Nature, démontre que le papillon Macrosoma heliconiaria, que l’on retrouve sur l’île de Barro Colorado, au Panama, se sert d’«oreilles» sensibles aux ultrasons émis par les chauves-souris afin de déceler leur présence. Le hic, c’est que ces dispositifs se retrouvent sur leurs ailes.

Pour découvrir ceci, les chercheurs ont soumis les papillons en question à des ultrasons similaires à ceux émis par les chauves-souris. Les papillons tentaient alors de fuir, soit en faisant des looping, en prenant de l’altitude ou en plongeant.

La Guinness

Par Claude Pilon

Est-ce que les bulles de cette bière descendent dans le fond du verre ou non? Certains scientifiques diront que des bulles ne peuvent pas aller contre la gravité à cause de leur densité, d'autres moins scientifiques jureront qu'elles descendent. Mais qui a raison? Un scientifique australien a attaqué la question avec un logiciel de dynamique des fluides. Et bien, les bulles descendent vraiment. Ce phénomène se réalise grâce à la petitesse des bulles, environ 0,05 à 1 millimètre, et à la viscosité de cette bière. Au début, toutes les bulles montent en entraînant le liquide le plus visqueux à la surface. Les bulles collées sur les parois montent moins rapidement à cause de la tension de surface. Vu que le liquide monte plus vite au centre du verre, cela crée un courant ascendant qui monte jusqu'à la couche visqueuse pour ensuite descendre sur les parois du verre. Ce courant descendant entraîne lui les bulles vers le bas du verre. Et voilà !!!

Un monde fou!

Par Marie-France Rollin

Une question de bon sens...

Voici une invention à la fois intelligente et bizarre: la cagoule EVAC-U8. Il s’agit en fait d’une cagoule en kapton, matière plastique translucide, qui recouvre entièrement la tête et s’enfile en quelques secondes seulement. La particularité de l’EVAC-U8 est qu’il protège de la chaleur et filtre l’air lors d’un incendie, et ce, jusqu’à vingt minutes. De plus, il peut résister jusqu’à des températures de 300 ºC. Ceci peut être très utile en cas d’un petit incendie, car il protège la tête et le cou contre la chaleur et les flammèches, mais lorsque l’incendie est plus sérieux et que toutes les sorties de secours sont inaccessibles, la personne restera bel et bien consciente, mais son corps ne sera pas épargné par le feu...

 

Réutilisation des tubes cathodiques

 

La société allemande Stratecon propose une idée absolument écologique afin de remédier au problème des rayonnements ionisants de la ville de Tchernobyl: utiliser les tubes cathodiques des vieux téléviseurs afin de construire des écrans géants. En effet, le borate de plomb, dont les tubes cathodiques contiennent une centaine de grammes, ont la propriété d’absorber les rayons ionisants, et ce, avec un bon rendement. De plus, cet usage seconde main est très écologique, car les tubes cathodiques, qui constituent deux tiers de la masse d’un téléviseur, sont très difficiles à recycler et contiennent des substances toxiques (sulfures de zinc et de cadmium, barium). Chaque année, en Allemagne, un demi million de téléviseurs se retrouvent au dépotoir. Ils pourraient donc être réutilisés de façon à améliorer le sort de Tchernobyl.

 

Un chercheur hors du commun

 

L’an dernier, un chercheur a été honoré... pour l’inutilité de ses recherches! En effet, le Britannique a découvert une formule mathématique décrivant le ramollissement d’un biscuit lorsqu’on le trempe dans une tasse de thé. Vers la fin de 1999, il ne s’est pas réellement racheté en présentant les résultats de ses derniers travaux. En effet, le chercheur a prouvé que le breuvage qui exalte le plus l’arôme d’un biscuit aux pépites de chocolat est sans contredit le lait. Pour trouver ceci, il a fait goûter des biscuits à de courageux cobayes qui ont testé 200 types de breuvages différents. Autres conclusions: les jus trop sucrés cachent le goût du biscuit, alors que le thé et le café semblent en absorber l’arôme...

 

 

 

 

Ce mois-ci, nous accueillons une nouvelle collaboratrice: Prisca Phan Elle nous propose une nouvelle chronique que vous retrouverez dorénavant dans votre copie de Scientiphage.

La Question du mois

À quoi sert le pavillon de l’oreille ? ? ?

Par Prisca Phan

Est – il là pour servir de support aux écouteurs de vos walkmans? D’emplacement pour vos percings ? ... Possible, mais la raison la plus probable doit être que vous n'entendriez pas de la même manière si vos oreilles ne possédaient pas de pavillon. En effet le pavillon, grâce à sa forme irrégulière permet de capter les sons différemment selon leur provenance. Nous pouvons expliquer cela de deux façons :

La première est que le pavillon agit comme un résonateur. Il modifie, selon la localisation de la source sonore, le spectre du son par amplification ou atténuation des fréquences. Par exemple , il augmente l’intensité des fréquences autour de 4 000 Hz pour les sons provenant de l’avant , ou l’intensité des fréquences autour de 8 000 Hz pour les sons provenant du dessus, etc . Ainsi, un son pur de 4 000 Hz ,d'où qu'il vienne dans le plan vertical médian, semblera toujours provenir de l’avant, qui est la direction d’amplification maximale. Seul un son contenant de nombreuses fréquences sera correctement localise par analyse du cerveau des amplifications et atténuations de chaque fréquence propres à cette direction.

La seconde façon de voir les choses est que le pavillon agit comme un réflecteur. Il dévie les sons et retarde leur arrivée dans l’oreille interne. Seule une petite partie des ondes sonores qui nous parviennent arrive directement jusqu’au tympan alors que l’autre partie est chahutée et modifiée par son passage par le pavillon. Le tympan reçoit une information sonore complexe, comprenant le signal primaire direct et une multitude de signaux secondaires réfléchis que notre cerveau utilise pour localiser la source sonore dans le plan vertical. Dans le plan horizontal, cette information est donnée par la comparaison des sons reçus par chacune des deux oreilles .

On peut utiliser ces particularités pour créer, par filtrage, des illusions sonores. Ainsi, en modifiant de manière appropriée l’intensité des différentes fréquences, on peut faire « bouger » les sons et faire croire à l’auditeur, par exemple, qu’un piano vole dans les airs ou qu’une abeille lui tourne autour.

Alors d’après vous , Monsieur Spok entend – il de la même façon que nous ?

Référence: Eurêka

 

 

 

 

 

 

Les secrets du plutonium

Par Claude Pilon

Depuis 50 ans, les scientifiques ont cru que le dioxyde de plutonium (PuO2) était l’oxyde le plus stable de cet élément. De plus d’après la majorité des livres de référence, il n’existe que les oxydes suivant: PuO1,50, PuO1,52, PuO1,61, PuO2-x et PuO2,00. Il n’y a que ces molécules, car après de nombreux essais, on n’était pas capable de fabriquer du PuO3 même avec des oxydants puissants, alors d’après les données thermodynamiques, on a estimé que les oxydes plus élevés étaient instables. Il était aussi cru que ce composé était stable jusqu’à une température de 2000oC. C’est pour ces raisons que le PuO2 a été choisi comme composante des combustibles mixtes (MOx) pour les réacteurs nucléaires. Les MOx sont surtout utilisés en Europe et au Japon. Aux États-Unis, ils ont beaucoup de PuO2 en entreposage en provenance d’armes nucléaires démantelées. Dernièrement, Hascke et al ont découvert que l’eau pouvait oxyder le PuO2 en PuO2+x d’après la réaction suivante: PuO2(s) + xH2O 6 PuO2+x(s) + xH2(g). On peut trouver des oxydes jusqu’à PuO2,27 , ce qui signifie que 25% du plutonium se trouve dans la forme PuO3. Le PuO3 est beaucoup plus soluble que le PuO2 et est stable jusqu’à 350oC. La solubilité plus élevé de cet oxyde explique pourquoi la contamination d’une bombe au plutonium avait migré de 1,3 kilomètre en 30 ans dans un site de tests nucléaires au Nevada. Si on n’avait pas trouvé cet oxyde auparavant c’est parce qu’il n’avait qu’augmenté l’énergie libre en utilisant des oxydants puissants mais cela ne change pas nécessairement la cinétique. À l’avenir, l’industrie et les militaires devront tenir compte de la température de stabilité plus basse, de la solubilité accrue et puis de la pression de l’hydrogène dans les entreposages de longues durées et les réacteurs.

J.M. Hashke, T.H. Allen, L.A. Morales, Sciences 287, p.285 (2000)

 

 

 

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