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«Gallia est omnis divisa in partes tres, quarum unam incolunt Belgae, aliam Aquitani, tertiam qui ipsorum lingua Celtae, nostra Galli appellantur. Hi omnes lingua, institutis, legibus inter se differunt. Gallos ab Aquitanis Garumna flumen, a Belgis Matrona et Sequana dividit. Horum omnium fortissimi sunt Belgae, propterea quod a cultu atque humanitate provinciae longissime absunt, minimeque ad eos mercatores saepe commeant atque ea quae ad effeminandos animos pertinent important, proximique sunt Germanis, qui trans Rhenum incolunt, quibuscum continenter bellum gerunt.» (C. IULI CAESARIS, DE BELLO GALLICO, COMMENTARIUS PRIMUS) «La Gaule, dans son ensemble, est divisée en trois parties, dont l'une est habitée par les Belges, l'autre par les Aquitains, la troisième par ceux qui dans leur propre langue, se nomment Celtes, et, dans la nôtre, Gaulois. Tous ces peuples diffèrent entre eux par la langue, les coutumes, les lois. Les Gaulois sont séparés des Aquitains par le cours de la Garonne, des Belges par la Marne et la Seine. Les plus braves de tous ces peuples sont les Belges, parce qu'ils sont les plus éloignés de la civilisation et des moeurs raffinées de la Province, parce que les marchands vont très rarement chez eux et n'y importent pas ce qui est propre à amollir les coeurs, parce qu'ils sont les plus voisins des Germains qui habitent au-delà du Rhin et avec qui ils sont continuellement en guerre.»/ (traduction française de Maurice Rat, Garnier-Frères, 1967) |
Qu'est-ce qu'une vie heureuse ? Cicéron vient de parler du cruel tyran Denys de Syracuse et du très grand savant Archimède. Il pose la question philosophique du bonheur. Y a-t-il au monde un homme cultivé qui ne préférerait être ce mathématicien-ci plutôt que ce tyran-là ? Si uitae modum actionemque quaerimus, alterius mens rationibus agitandis exquirendisque alebatur cum oblectatione sollertiae, qui est unus suauissimus pastus animorum, alterius in caede et iniuriis cum et diurno et nocturno metu. Age confer Democritum, Pythagoram, Anaxagoram ; quae regna, quas opes studiis eorum et delectationibus antepones ? Etenim, quae pars optima est in homine, in ea situm esse necesse est illud quod quaeris optimum. Quid est autem in homine sagaci ac bona mente melius ? Eius bono fruendum est igitur, si beati esse uolumus ; bonum autem mentis est uirtus ; ergo hac beatam uitam contineri necesse est. Hinc omnia quae pulchra, honesta, praeclara sunt, ut supra dixi, (...) plena gaudiorum sunt. Ex perpetuis autem plenisque gaudiis cum perspicuum sit uitam beatam existere, sequitur ut ea existat ex honestate. Y a-t-il au monde un homme cultivé qui ne préférerait être ce mathématicien-ci plutôt que ce tyran-là ? Si nous sommes à la recherche d'un mode et d'une pratique de vie : l'intelligence de l'un se nourrissait de recherches minutieuses et assidues de raisonnements avec pour satisfaction le plaisir de l'invention, plaisir qui de loin est la plus délicieuse des nourritures des esprits ; tandis que celle de l'autre s'alimentait dans le crime et les injustices avec la peur pour compagne de jour comme de nuit. Considère donc Démocrite, Pythagore, Anaxagore. Quels royaumes, quelles richesses juges-tu plus grands que les passions et les plaisirs de ces hommes ? Et en effet, c'est dans ce qu'il y a de meilleur en l'homme qu'il faut que réside ce que tu exiges de mieux. Or, qu'y a-t-il de meilleur dans l'être humain qu'une intelligence habile ? Il faut donc profiter du talent de l'esprit si nous voulons être heureux. Et d'ailleurs, le bienfait de l'intelligence n'est autre que la vertu. Une vie heureuse doit donc nécessairement en être imprégnée. Dès lors, toutes les actions belles, honnêtes et remarquables (comme je l'ai dit plus haut), sont aussi riches en joies. Et au coeur de ces joies incessantes et abondantes, lorsqu'il est devenu évident qu'une vie heureuse se réalise, il s'ensuit qu'elle est le fruit de l'honnêteté. |