2717.
BREVET D'INVENTION DE QUINZE ANS,
En date du 28 décembre 1846,
Aux sieurs Maurel et Jayet, à Voison (Isère),
Pour une machine à calculer.
La machine représentée pl. XXIX, fig.
1,
se compose d'une plaque en tôle, rectangulaire, d'environ 27
centimètres de longueur sur 15 centimètres de largeur. A chaque
angle de cette plaque est fixé un fort pilier en fer, de 8
centimètres de hauteur; ces piliers sont liés entre eux, par
leurs extrémités supérieures, au moyen de deux barres en
fer plat A B, A' B'.
Sur ces barres sont fixés, au moyen de vis, les ponts
C D, E F, G H, I K, L M, N O,
P Q, R S, ainsi que le pont T X. Chacun de ces ponts,
à l'exception du dernier T X, est percé de deux trous
A, B, fig.
6,
dans lesquels roulent les pivots des cylindres dentés, marqués
I, I', II, II', III, III',
IV, IV', V, V', ainsi que ceux des deux cylindres
extrêmes T, U, non dentés, qu'on peut appeler
brideurs généraux à cause de leur fonction qui est de
brider ou tenir immobiles les arrêts 1', 2', 3', 4', etc., sur lesquels
ils agissent.
Tous ces cylindres, exactement de même diamètre,
sont rangés sur deux séries; chaque série se compose de
cinq cylindres, outre les brideurs, dont les pivots sont sur le prolongement
les uns des autres, de manière à ne former qu'une seule et
même ligne droite. Chacun de ces cylindres, dont la circonférence
est calculée pour quarante-quatre dents et, au besoin, pour un autre
nombre, n'en porte néanmoins toujours que dix-sept, dont la longueur,
égale seulement entre deux dents consécutives, comme on le voit
par le premier couple de cylindres I, I', va en augmentant
graduellement et d'une même quantité depuis les deux
neuvièmes qui sont les plus courtes, jusqu'à la première
qui est la plus longue; je dis la première et non les deux
premières, parce que, en effet, cette dent est la seule qui ne marche
pas par couple, c'est-à-dire qui n'a pas de consécutive qui
l'égale en longueur. Chaque dent est accompagnée sur chacun de
ses côtés d'une cannelure qui la suit dans toute sa longueur et
la dépasse même d'une petite quantité. La partie du
cylindre non occupée par les dents conserve encore sa forme circulaire
au delà des deux dents extrêmes en A C et en
A B, fig.
3,
pour faire place, immédiatement
après, à une échancrure C B qui coupe
le cylindre dans toute sa longueur et qui occupe le reste de sa
circonférence; aussi est-il à remarquer que les cylindres
II, II', III III', IV, IV',
V, V', représentés en repos, ne laissent apercevoir
aucune de leurs dents qui occupent le côté opposé, qui se
trouve caché.
Quoique ce que nous venons de dire s'applique exactement
à tous les cylindres sans aucune exception, nous devons cependant faire
remarquer que les cylindres de la série droite I', II',
III', IV', V' portent, de plus que ceux de l'autre
série, une roue A' A'' A''', fig.
1,
et fig.
4,
dont les dents, calculées pour le nombre 44, ne sort néanmoins
qu'au nombre de 38, la partie A B étant
dépourvue des six dents dont elle tient la place. Cette roue
s'engrène dans un pignon C' à six dents et fixé
invariablement sur l'axe V' V'', fig.
1,
placé entre deux séries de cylindres. Ce pignon fait mouvoir les
deux brideurs généraux T, U, par
l'intermédiaire du petit pignon X', fixé à l'une des
extrémités de son axe, et qui engrène simultanément
dans les deux roues d'égale denture soudées aux brideurs,
à chacun desquels il fait exécuter un tour pour chaque tour de
cylindre ou de la roue A' A'' A'''.
La plaque en acier D', fig.
4,
est un arrêt de la même grandeur que le pignon C', contre
lequel il est fixé; son contour présente trois concavités
susceptibles d'une coïncidence parfaite avec les deux pièces
O, O', sur lesquelles il agit, et qui sont fixées contre
la roue A' A'' A''' à la naissance de la solution
de continuité des dents.
Une autre différence qui se remarque encore entre
les cylindres de ces deux séries et qui, à vrai dire,
n'est que la conséquence nécessaire de celle dont
je viens de parler, c'est la rainure D F, fig.
3,
pratiquée sur la base antérieure des cylindres de la
série droite. Cette rainure, terminée en biseau en D
et F, présente une solution de continuité parfaitement
analogue et en rapport avec l'espace vide laissé par la distance des
deux plaques O, O' dont je viens de parler. Cette rainure est
destinée à recevoir l'extrémité coudée des
bras L', L'', fig.
1,
soudés à un arbre commun F' I', dont les
pivots reposent sur deux ponts, dont l'un est caché et dont l'autre est
marqué M'. Cet arbre, que j'appelle cliquet
général, par ce qu'il est commun à tous les cylindres de
cette série, porte encore à son
extrémité postérieure, saillante au delà du
pont M', un bras G' I' dont la longueur et la forme
sont différentes des cinq autres L'', L''', et dont le but
est de faire engager la pièce S', fig.
1
et fig.
5,
sur laquelle il agit, dans une des trois entailles de la rondelle
N' P', afin d'en suspendre ainsi le mouvement et d'assurer
par là l'immobilité de l'axe V' V'',
à l'extrémité, duquel cette rondelle est fixée
carrément.
Afin de rendre le jeu de ces pièces plus saisissable,
je vais en montrer les fonctions.
Supposons que le cylindre I', qui est
représenté en mouvement, soit en repos comme tous les autres: le
pignon C', fig.
4,
étant alors en présence de l'espace vide de sa roue
A' A'' A''', le bras L' L''
devra en même temps plonger aussi son extrémité
recourbée dans le vide D F, fig.
3,
laissé par la solution de la rainure tandis que le bras
G' I' tiendra immobile la rondelle
N' P'. Tout étant ainsi disposé, qu'on
mette alors en fonction un cylindre quelconque, le premier I', par
exemple: au premier mouvement, le bras L' L'',
pénétrant dans le biseau de la rainure D E F,
sera soulevé; il communiquera son mouvement d'ascension au bras
G' I' qui, dégageant par conséquent la
pièce S' de la rondelle N' P', permettra
à l'axe V' V'', arrêté jusqu'alors, de
suivre le mouvement de rotation imprimé immédiatement au pignon
C' par la rencontre des dents de la roue
A' A'' A'''. Ce mouvement se continuera jusqu'au moment
où le cylindre I', sur le point de terminer sa révolution,
présentera de nouveau au pignon C' l'espace privé
de dents de sa roue A' A'' A''', en même
temps qu'il présentera au bras L' L'' le biseau de
sa rainure, qui forcera par là le bras G' I',
suspendu jusqu'alors, à enfoncer la pièce S' dans une
des entailles de la rondelle N' P' et d'en interdire
ainsi le mouvement, et, partant , celui des brideurs généraux,
jusqu'à un nouveau tour du même cylindre ou d'un autre
quelconque, car, comme on le voit, les mouvements de ces cinq cylindres sont
indépendants les uns des autres, à tel point qu'il ne serait pas
possible d'en faire mouvoir deux simultanément.
On a dû remarquer que les plaques
O, O', sur lesquelles agit l'arrêt D',
n'ont d'autre but que d'assurer la reprise du pignon C' dans la roue
A' A'' A''', ainsi que la rentrée de la
pièce S' dans la rondelle N' P'.
Les axes en acier marqués 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10,
sont rangés à distances égales sur deux
circonférences décrites avec un même rayon des points
A et B, fig.
6,
centres des cylindres avec lesquels chacune d'elles est respectivement
concentrique. Ces axes, qui longent toute la machine, sont supportés
de distance en distance par des ponts en cuivre D C,
G H, I K, L M,
etc., fig.
6
et
19,
fixés aux ponts
en fer désignés par les mêmes lettres, comme on le voit
fig.
1.
Ces ponts sont percés de petits trous
de même diamètre que les axes, à travers lesquels
ces derniers passent pour empêcher leur flexibilité.
Chacun de ces axes porte cinq pignons à six
dents, en tout semblables au pignon G, fig.
3,
et destinés à s'engrener dans les dents des cylindres.
Ces axes présentent, dans toute la longueur
comprise entre le pont extrême R S et le pont
C D, une section ou demi-lune, fig.
15,
conforme à celle qu'on remarque au centre du pignon G, fig.
3.
Son but est d'empêcher les pignons, dont ces axes sont
porteurs, de tourner indépendamment d'eux-mêmes
sans gêner en rien leur mouvement longitudinal
ou parallèle à l'axe qui leur est nécessaire pour
leur permettre d'engrener une couple de dents
quelconque, dupuis zéro jusqu'à neuf. Ces pignons
sont ajustés à frottement doux sur le cylindre, dont
la circonférence se place entre deux dents consécutives et
les tient ainsi immobiles à la sortie des dents
d'engrenage, comme on le voit dans la fig.
3.
Ces pignons de six dents peuvent être remplacés
par des arrêts divisés en trois ailes, fig.
7;
mais, dans ce cas, le cylindre, au lieu d'avoir dix-sept
dents, n'en a que neuf, fig.
8,
et son engrenage avec l'arrêt se fait comme dans la figure
7,
qui représente trois dents du cylindre vu par bout.
Outre ces cinq pignons, chacun des axes dont on vient de parler
porte encore un arrêt 1', 2', 3', 4', 5', 6', etc., fig.
1,
conforme à celui que représente la figure
9.
Son but est de tenir immobile l'axe sur lequel il est fixé, pendant
tout le temps qu'il n'est pas tenu par le cylindre, c'est-à-dire
pendant tout le temps que ce dernier présente son échancrure
à cet axe.
Pour atteindre ce but les brideurs généraux
T, U, sur lesquels ces arrêts agissent,
présentent chacun les vides et des pleins dont l'étendue est
convenablement calculée, par rapport à l'échancrure des
cylindres, pour que les axes 1, 2, 3, etc., soient toujours tenus par les
brideurs généraux, quand ils ne sont pas tenus par les cylindres
et réciproquement. C'est dans l'unique but d'assurer et de faciliter la
reprise des pignons sur les cylindres et des arrêts sur les brideurs,
que nons avons pratiqué le biseau qu'on remarque sur les cylindres
à l'entrée de l'échancrure, fig.
3,
et sur les brideurs à l'entrée du vide.
Il suit de ce qui précède que les brideurs tiennent
toujours tous les axes immobiles, lorsque tous les cylindres sont on repos,
c'est-à-dire dans leur point de repère, car alors ils
présentent toujours leur échancrure à leurs pignons.
Cette dernière observation explique comment ces axes peuvent être
successivement mis en rotation par chaque cylindre comme s'il était
seul, puisqu'il devient évident que les autres cylindres, qui sont
alors nécessairement en repos, ne gênent en rien le mouvement,
attendu que les pignons dont les axes sont porteurs peuvent tourner librement
dans l'échancrure des autres cylindres, toujours assez
profonde pour le leur permettre.
Chacun des axes 1, 2, 3, etc., a un pivot qui repose sur le pont
R S et dont l'autre roule dans un trou percé au
centre d'un tigeron 1'', 1''', 2'', 2''', etc., qui est sur le prolongement de
cet axe et fixé invariablement au point antérieur
T X. Sur chacun de ces tigerons, dont la longueur est
alternativement égale, roule un canon 1', 2'', 3''', etc.,
destiné à porter, rivé avec lui, un arrêt
a a fixé dans les cinq plus courts tigerons
à l'extrémité du canon la plus éloignée du
pont T X, tandis que, dans les cinq plus longs, cet
arrêt est fixé à l'extrémité opposée,
dans l'unique but de prévenir la flexibilité du tigeron dont
sa longueur le rend susceptible. Cet arrêt, dont la figure fig.
10
représente la forme, est composé de deux rondelles rivées
ensemble, dont l'une est taillée en neuf arcs de cercle parfaitement
égaux entre eux, tandis que l'autre, divisée en un même
nombre de parties, a la forme d'une roue. Les cinq arrêts qui
roulent sur les tigerons les plus courts portent, de
plus que les autres, un petit pignon en acier c, fig.
1
et
11,
dont un pivot repose contre une rondelle, tandis que l'autre est porté
par un petit pont fixé également à l'arrêt
a a, dont il partage le mouvement.
La position des cinq autres arrêts ne permettant pas de
leur faire servir à ce but, on a dû fixer à
l'extrémité de leur canon une plaque d,
spécialement destinée à porter ce pignon c, dont
la position doit être à une distance de centre convenablement
choisie pour pouvoir engrener simultanément dans le pignon b,
dont la denture et le diamètre sont doubles par rapport au pignon
c, et dans la roue intérieure e e, dont la
denture et le diamètre sont quadruples. Celle de ces roues,
taillées intérieurement, qui est portée par l'axe 2 est
supposée coupée dans son diamètre pour laisser plus
à jour l'engrenage du petit pignon c.
D'après la disposition de ces engrenages, on peut
remarquer que la roue intérieure e e, dont le
mouvement est indépendant de l'axe 1, 2, 3, etc., qui la porte, peut
être mise en mouvement par le pignon b, fixé
invariablement au même axe, et par le pignon c, l'un d'eux
d'ailleurs étant immobile, ou par les deux ensemble, mus en même
temps et dans un sens opposé, et, dans ce cas, la roue
intérieure participe de ces deux mouvements, en sorte que la vitesse
qui lui est transmise est la somme des vitesses transmises par les deux
pignons b et c.
La roue intérieure e e communique
à l'axe f f le mouvement qu'elle reçoit au
moyen de l'engrenage h, i, dont les roues sont dans le rapport
de six à dix; la plus petite des deux, h, est fixée sur
le canon de la roue intérieure et la plus grande est fixée sur
l'axe f f,
qui porte un peu plus loin la rondelle g K, fig.
1,
10,
qu'on appelle bridon à cause de l'analogie qu'elle
a avec les brideurs généraux. Ce bridon est ajusté
à frottement doux sur les arcs de l'arrêt a a,
avec lesquels une petite portion de sa circonférence
coïncide et le tient ainsi immobile jusqu'à l'arrivée de
la dent g qui, par sa rencontre avec les dents de la roue qui fait
partie de l'arrêt a a, force ce dernier à
plonger une de ces pointes de l'arc, avec lequel le bridon est en contact,
dans une échancrure pratiquée à
cet effet sur le bridon et le fait ainsi sauter d'une dent.
Ce passage qui, comme on le voit, arrive à toutes les
révolutions du bridon, n'est autre chose que la
retenue dont le mouvement se transmet à l'axe f f
du bridon suivant, auquel il fait exécuter le dixième de sa
révolution, comme on peut s'en assurer d'après le
calcul des engrenages dont on vient de parler. La grandeur du bridon par
rapport à l'arrêt doit être telle,
que le passage de sa dent se fasse tout entier dans le
dixième de sa revolution, et remarquons que, lorsque
cette condition est remplie, ce passage doit avoir lieu
d'une manière aussi instantanée et aussi entière,
lorsqu'il se fait du premier appareil au dixième, par
l'intermédiaire de tous les autres, que lorsqu'il se fait
simplement d'un appareil quelconque à l'appareil suivant.
Observons cependant que la force étant en raison inverse
de la vitesse, c'est-à-dire de la grandeur du bridon, on rencontrera
bientôt un appareil au delà duquel il ne sera plus possible
d'opérer ce passage; l'expérience et le calcul ont prouvé
que cet appareil est le sixième, en sorte que l'addition d'une
unité à 999999 n'est plus possible. Pour remédier
à cet inconvénient en renouvelant la force, j'ai coupé la
communication du troisième appareil au quatrième, en ce sens
qu'au lieu de faire la retenue directement par le bridon, comme à
l'ordinaire, je la fais par l'intermédiaire des brideurs
généraux. C'est pour ce motif que les brideurs inférieurs
T', U', qui n'ont pas d'autre but, portent chacun
les deux dents l', l', placées sur la
même ligne de rotation et à des positions convenablement choisies.
Ces dents sont susceptibles de s'engrener dans un pignon m, fig.
1,
12 et
12',
qui en porte quatre, dont les dents, diamétralement opposées, ne
se trouvent pas sur la même ligne de rotation que les deux autres, en
sorte que ce pignon fonctionne comme s'il n'avait que deux dents, et ne peut
jamais faire qu'un quart de révolution à la fois. Ce mouvement
est communique à son axe n o, sur lequel il est
ajusté à demi-lune, qui le transmet lui-même au
quatrième appareil, par le moyen du pignon p dans la roue
q, qui remplace l'arrêt a a de cet appareil
et à laquelle il fait faire un neuvième de sa révolution.
Ce mouvement, qui n'est autre chose que la retenue, n'a lieu que lorsque la
dent du pignon m, qui est perpendiculaire sur la surface du brideur, se
trouve sur la ligne de passage des dents de ce dernier. Dans le cas où
cette condition n'existe plus, ce qui arrive toujours après le passage
de la retenue, il faut, pour la renouveler, c'est-à-dire pour qu'une
nouvelle retenue ait lieu, que la dent perpendiculaire du pignon m se
transporte de nouveau sur la ligne de passage des dents du brideur. Ce
mouvement de va-et-vient, que ce transport nécessite, lui est
communiqué par le moyen de la rondelle r, qui est prise,
pour ce motif, hors de son centre par l'axe r s, fig
1
et
12',
qui la plonge entre les deux viroles t, u, sur
lesquelles elle agit pour amener le pignon m alternativement d'une
extrémité de sa course à l'autre, à toutes les
demi-révolutions qu'elle exécute par l'intermédiaire de
la roue d'angle v x dans le pignon
s, mis en mouvement par le passage de la dent g du bridon
K g dans l'arrêt de neuf arcs
a, a.
La pièce y, dont la figure
12
représente la forme, est un arrêt à quatre faces,
fixé à demeure à l'extrémité
de l'axe n o et ajusté à frottement doux sur
le brideur, pour assurer l'immobilité de l'axe qui le porte; dans
le cas du passage d'une retenue, une ouverture z est
pratiquée sur le brideur d'une grandeur suffisante pour qu'il y puisse
tourner et permettre ainsi à l'axe n o de
céder au mouvement qui lui est communiqué.
Lorsque la retenue ne doit pas avoir lieu, c'est-à-dire
lorsque le pignon m n'a aucune de ses dents sur la ligne du
passage de celles du brideur, l'arrêt y ne peut plonger
dans cette ouverture, attendu qu'il en est empêché par le cliquet
à ressort a ' b', dont la tête plonge dans
une entaille carrée de la virole u, dont il ne pourra
se dégager que pour passer, lors de la disposition
d'une retenue, dans l'entaille correspondante de la
rondelle t, dont la forme évasée lui permettra d'en
sortir pour laisser l'axe tourner; ce cliquet retombera,
immédiatement après ce mouvement, dans une
entaille carrée de la même rondelle t, dont il ne
pourra encore sortir que par une nouvelle disposition
de retenue pour passer de nouveau sur l'entaille
correspondante de la rondelle opposée u, de forme
evasée, pour laisser ainsi l'axe tourner et retomber après ce
mouvement dans une entaille carrée de la même rondelle. La
rentrée du cliquet a ' b', dans les entailles
carrées des rondelles t, u, est obtenue par
des éminences soudées sur la circonférence
intérieure du brideur de chaque côté des dents l';
elles agissent après chaque passage de retenue sur la cheville d,
fixée au cliquet a' b'. Le deuxième passage
des neufs, qui se trouve au septième appareil, se fait de même
que le précédent.
Toute la difference que la série d'appareils qui est
dessinée entre les ponts C D,
G H, fig.
1,
présente avec la série que nous avons décrite, consiste
simplement en ce que le mouvement des axes 1, 2, 3, etc., au lieu d'être
transmis directement à ces appareils comme dans la première
série, est communiqué par l'intermédiaire des roues de
renvoi c', d', dont la première c'
est fixée sur les axes 1, 2, 3, etc., et la seconde d', d'une
épaisseur beaucoup plus grande, est fixée sur l'axe o' qui
porte la roue intérieure e' ; ces roues de renvoi
n'ont d'autre but que d'élever
assez haut les bridons g', k' de ces appareils pour
permettre à leur axe f' f' de passer au-dessus des
bridons des premiers appareils, afin que, comme eux, les numéros que
portent les cadrans fixés à l'extrémité de leurs
axes soient présentés sur la face antérieure de la
machine, l'identité étant parfaite entre toutes les autres
parties, même jusqu'au passage des 9 qui se fait par les brideurs
supérieurs T, U, sur lesquels sont, à
cet effet, plantées les dents l', l'.
Le jeu de ces appareils devenant inutile dans quelques
opérations, on a dû, dans ce cas, inventer un moyen de suspendre
les fonctions de ces appareils, afin de rendre à la machine toute la
liberté dont elle est susceptible.
Pour atteindre ce but, en remarquera que la roue C',
dont le trou du centre est rond, fig.
1
et
13,
ne partage le mouvement des axes 1, 2, 3, etc., qu'autant que l'une des trois
ouvertures dont elle est percée est engagée dans la cheville
i, fixée à la rondelle n',
assujettie à demeure sur les axes 1, 2 , 3, etc., au
moyen d'une vis de pression; cette roue ne cessera
de suivre le mouvement des axes 1, 2, 3, etc., qu'autant
qu'elle se dégagera de la cheville i pour s'engager dans la
cheville k', fixée à demeure au pont
H G, sans toutefois désengrener de la roue
d', dont l'épaisseur outre mesure n'a pas d'autre but.
Dans cette dernière position, l'appareil est interdit,
attendu que les axes 1, 2, 3, etc., peuvent se mouvoir
sans imprimer à la roue C' aucun mouvement. Ce
mouvement d'engagement et de dégagement de la
roue c', dans les chevilles i et k', est donné
simultanément à toutes les roues C' de ces appareils, au
moyen d'une tringle en fer X' Z', munie des bras q',
dont une extrémité fourchue embrasse le canon des
roues C'. Cette tringle est supportée par deux ponts, dont l'un
est caché et dont l'autre est marqué R' S',
dans lesquels elle a un mouvement de va-et-vient suffisamment grand pour
produire l'effet demandé. Ce
mouvement est communiqué à cette tringle par le
moyen de la pièce en fer T'' U'' fixée en son
milieu, et dont l'extrémité U'', munie d'un bouton,
saillit au dehors de la machine.
A l'extrémité des axes f f,
f' f' qui portent les bridons de ces deux séries
d'appareils, sont fixés les cadrans
14, 15,
24, 25, sur lesquels sont
gravés les dix caractères 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, fig.
14.
Chacun d'eux laisse apercevoir un de ses chiffres à
travers une ouverture de grandeur convenable, pratiquée à
la planche antérieure de la machine, fig.
23.
La position de chacun de ces cadrans sur son axe doit
être telle, que la transmission de la dent de retenue de son bridon se
fasse tout entière dans le passage du 9 au 0.
Le mouvement longitudinal, dont les pignons de
six dents portés par les axes à demi-lune 1, 2, 3, etc.,
sont susceptibles, leur est transmis au moyen des
échelles L, M, etc., fig.
16.
Ces échelles, au nombre de dix, sont supportées par les deux
ponts I K, P Q,
placés immédiatement avant chaque couple extrême
de cylindres. Ces ponts, dont les bases reposent sur les pièces
a''', b''', c''', d''', fig.
1,
sont percés de dix ouvertures rectangulaires dans lesquelles
les échelles ajustées à frottement doux ont un
mouvement de va-et-vient qu'elles communiquent aux pignons de six dents au
moyen des bras fourchus A, B, C, D, E,
I, H, G, F, etc., fig.
16,
fixés par des vis; les six premières échelles en portent
cinq chacune, et les suivantes en portent on nombre qui
va sans cesse en décroissant d'un, depuis la septième
qui n'en a que quatre, jusqu'à la dixième qui n'en a plus qu'un.
Le premier bras d'une échelle quelconque conduit un pignon engrenant
toujours dans le premier couple de cylindres et porté par un axe
dont le numéro d'ordre est toujours le même que
celui de l'échelle dont il s'agit, et les bras suivants de
cette même échelle, pris dans l'ordre de leur succession,
conduisent chacun un pignon porté par un axe
dont le rang avance successivement d'un, en procédant
de droite à gauche et engrenant dans un couple
de cylindres dont le rang avance également d'un en
procédant d'avant en arrière de la machine. Il résulte
de là que les pignons marqués
12, 13,
23, 14,
24, 34,
15, 25,
35, 45, fig.
1,
n'auront pas de bras pour les conduire; aussi sont-ils fixés à
demeure sur leur axe, en dehors de tout engrenage, attendu que leur unique
but est de tenir immobile l'axe sur lequel ils sont fixés pendant tout
le temps qu'il n'est pas tenu par les brideurs. Il faut remarquer encore,
relativement aux bras qui appartiennent à la même échelle,
qu'ils doivent être fixés à une distance les uns des
autres convenablement choisie, pour que les pignons qu'ils conduisent
engrènent tous simultanément le même nombre de dents, quel
que soit d'ailleurs le couple de cylindres auquel ils appartiennent.
La partie N P, R S de
l'échelle, fig.
16,
saillit au dehors de la machine, et est divisée en dix crans
marqués 0, 1, 2 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, dans chacun desquels peut plonger
la tête du cliquet à ressort t u,
v x qui indique, par le chiffre auquel elle correspond, le
nombre de couples de dents que les pignons, conduits par les bras de cette
échelle, engrènent dans leurs cylindres respectifs.
Les cylindres I, I', II, II',
III, III', etc., fig.
1,
ainsi que les cylindres I', II', III', fig.
2,
portent chacun, fixés invariablement à l'extrémité
de leur axe, deux pignons Y, Z, dans lesquels
s'engrènent les roues J, J', avec cette
différence, toutefois, que, dans la machine représentée
fig.
1,
chacune de ces roues conduit simultanément deux pignons, tandis
que, dans la machine représentée fig.
2,
elle n'en conduit qu'un seul. Quoi qu'il en soit, cette roue est
toujours mue elle-même par une autre, dont l'axe,
marqué 1, 2, 3, qui porte les manivelles, fig.
23
et
24,
saillit au dehors de la machine et porte, dans la machine, fig.
2,
la rondelle S X fixée avec lui et divisée
en dix parties égales. Chacune de ses divisions
correspond exactement avec celles d'un cadran concentrique
R T, U V, Q P,
fixé sur la planche antérieure de la machine, fig.
24,
et, par conséquent, divisé aussi en dix parties marquées
0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9.
Les aiguilles D C, B A,
L M, fixées aux manivelles 1, 2, 3, qu'on a
représentées à côté, portent chacune une
cheville susceptible de s'engager dans chacune des divisions des rondelles
S X qui leur correspondent. Chaque aiguille indique, par
le nombre de divisions qu'elle a parcourues sur le cadran fixe, le nombre de
tours que le cylindre qui lui correspond a exécutés, attendu que
les engrenages moteurs sont calculés de manière à ce que
le cylindre fasse dix tours pendant que l'axe moteur en fait un.
Le calcul de ces engrenages, au lieu d'être fait dans
le rapport précédent, c'est-à-dire de un à dix,
peut se faire dans tout autre, et dans le cas où il serait établi
dans le rapport de cinq tours de cylindres pour un de
l'axe moteur, comme dans la machine représentée fig.
1,
dont la figure
23
représente la face antérieure, dans ce cas, dis-je, les cadrans
fixes T R, Q P,
S E, I O, au lieu d'être
concentriques avec l'axe moteur, sont placés immédiatement
au-dessus de ce dernier, dont la manivelle qui, dans ce cas,
est fixée à l'axe, saillit au dehors de la machine,
comme le représente la figure. Ces axes portent également
une rondelle S X, fig.
22,
sur laquelle bat le cliquet à ressort E F.
Cette rondelle qui, dans ce mode d'engrenage moteur, est cachée par la
planche, n'est divisée qu'en cinq crans et porte, en outre, cinq
chevilles, dont chacune fait sauter une dent à la roue d'étoile
M L qui en a dix-huit, et sur laquelle bat le sautoir
y z; chacune de ces roues a une extrémité
de son axe qui saillit au dehors de la machine, fig.
23,
et qui porte une aiguille L M, A B,
D C, etc., qui parcourt les cadrans
R T, U V, Q P,
etc., divisés également en dix-huit parties marquées 0,
1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1. Cette aiguille partant
toujours de 0, dans chaque opération nouvelle, indique, par le chiffre
auquel elle correspond, le nombre de tours que son couple de cylindres a
exécutés, soit à droite, soit à gauche, suivant
que la partie du cadran qu'elle a parcourue se trouve à
gauche ou à droite du 0. Aprés chaque opération,
ces aiguilles sont ramenées au point 0 par un
mécanisme que je ferai connaître plus loin.
Addition.
Supposons qu'il s'agisse d'ajouter à 668 le nombre 258.
Je dispose les échelles de manière à
indiquer le nombre 668, c'est-à-dire que j'amène la
troisième
échelle, qui est celle des centaines, de manière à ce
que la tête de son cliquet corresponde au cran marqué 6; la
deuxiéme qui est celle des dizaines, sur le cran marqué 6, et la
première, qui est celle des unités, sur le cran marqué 8;
les autres échelles marquent 0, c'est-à-dire indiquent que les
pignons qu'elles conduisent sont hors de tout engrenage, comme le
représente la figure
1.
Aprés ces dispositions, je fais faire une revolution
complète au premier couple de cylindres par l'intermédiaire des
engrenages moteurs en amenant l'aiguille du cadran des unités, qui
correspond à ce couple, de 0 à 1; après ce mouvement,
si on se rappelle que les engrenages des appareils sont calculés pour
qu'un tiers de tour des axes 1, 2 , 3, etc., produise un numéro
à leurs appareils correspondants, on s'expliquera facilement que le
troisième appareil, c'est-à-dire son cadran, aura passé
de 0 à 6, puisque, d'après l'indication de la troisième
échelle, le pignon que son premier bras conduit est porté par
l'axe 3 et engrène dans le sixième couple de dents du premier
couple de cylindres qui, par conséquent, lui fera exécuter
deux tours, c'est-à-dire parcourir douze dents et partant six
numéros. On s'expliquera de même que le deuxième cadran,
c'est-à-dire des dizaines, aura été amené de 0
à 6, et qu'enfin le premier, celui des unités, aura
été amené de 0 à 8. Les autres cadrans étant
resté immobiles laisseront voir 0, de sorte qu'on lira à travers
les ouvertures des deux galeries le même nombre 668.
Pour ajouter le second nombre 258, je dispose, comme
précédemment, les échelles de manière à
représenter 258, puis je fais faire une révolution
complète au premier couple de cylindres par le moyen indiqué
précédemment, et, après ce mouvement, on lira à
travers les ouvertures des deux galeries, 926 pour la somme de ces deux
nombres, et non pas 258, attendu que les cadrans n'ont pas été
préalablement ramenés à 0.
On observera que, les résultats présentés
par la galerie supérieure n'étant d'aucune utilité dans
ces opérations, il serait bon de désengrener ces appareils
par le moyen que j'ai indiqué, afin de rendre à la
machine plus de facilité dans ses fonctions.
Multiplication.
Qu'il s'agisse, par exemple, de multiplier 668 par 258:
Après avoir préalablement ramené à 0
les cadrans des deux galeries, je dispose, comme dans l'addition,
les échelles de manière à représenter 668, puis je
fais faire huit révolutions au premier couple de cylindres,
qui est celui des unités, en amenant l'aiguille
de son cadran de 0 à 8, et on voit, à travers les galeries, 668
ajouté huit fois à lui même ou multiplié par 8,
c'est-à-dire 5,344.
Pour multiplier 668 par 50, je remarque que, d'après la
disposition des bras d'échelles dont j'ai parlé, les pignons qui
appartiennent au deuxième couple doivent donner, vu le rang qu'occupent
leurs axes respectifs et vu le nombre de dents qu'ils engrènent,
fig.
1,
le même nombre que les pignons du premier couple de cylindres avec la
difference toutefois que ce nombre se trouvera reculé d'un rang vers
la gauche, c'est-à-dire multiplié par 10; il s'ensuivra
donc que, faisant faire cinq révolutions au deuxième couple de
cylindres, en amenant l'aiguille de cadran qui lui correspond de 0 à 5,
on lira, à travers les galeries, 668 multiplié par 50 et, de plus,
ajouté à 5,344 ou 38,744. Pour multiplier 668 par 200,
j'amène, comme précédemment, l'aiguille du cadran des
centaines de 0 à 2, et, comme les pignons qui appartiennent au
troisième couple de cylindres représentent le nombre 668
reculé de deux rangs vers la gauche, en obtiendra pour résultat
668 multiplié par 200 et additionné à 38,744, de sorte
qu'on lira pour le produit total 172,344; on agirait d'une manière
analogue pour toute autre opération.
N'ayant pas désengrené les appareils de la galerie
supérieure, le même nombre y est aussi exprimé, de sorte
qu'en recommençant une nouvelle multiplication, après avoir
ramené seulement à 0 les cadrans de la galerie inférieure,
par un mécanisme que je ferai bientôt connaître,
le nombre 172,344 continue à se lire sur la galerie supérieure,
de sorte que faisant une nouvelle opération, tandis que la galerie
inférieure n'exprime que le produit de cette seconde multiplication, la
gallerie supérieure exprime le produit de cette seconde multiplication
ajouté au produit de la première. Il suit de là qu'au
moyen de cette galerie, on peut toujours avoir l'addition de tous les produits
d'un nombre quelconque de multiplications dont la somme totale
n'excéderait pas le cadre de la machine, c'est-à-dire 10
milliards exclusivement.
Soustraction.
Soit proposé de retrancher de 364 le nombre 258.
Je dispose les échelles de manière à
représenter 364 que je fais paraître à travers la galerie,
en amenant l'aiguille du cadran des unités de 0 à 1. Je dispose
ensuite les échelles de manière à représenter 258,
puis je fais passer l'aiguille du même cadran de 0 à 1 en sens
inverse de l'addition, et on lira 106 pour différence de ces deux
nombres.
Division.
Soit proposé de diviser 93,912 par 364.
Je fais paraître le dividende 93,912 à travers la
galerie inférieure par le moyen déjà connu; je dispose
ensuite les échelles de manière à représenter le
diviseur 364. Pour plus de clarté, je vais supposer que le quotient 258
est connu. La division n'étant qu'une soustraction abrégée,
il s'agit de retrancher de 93,912, premièrement 200 fois 364,
plus 50 fois 364, plus 8 fois 364.
Pour retrancher 200 fois 364 ou 2 fois 36,400,
j'amène l'aiguille du cadran des centaines du 0 au 2
en sens inverse de la multiplication, c'est-à-dire dans
le sens de la soustraction, et le reste 21,112 paraît à
travers la galerie. Pour retrancher 50 fois 364 ou 5
fois 3,640, je fais passer l'aiguille du cadran des dizaines du 0 au 5,
toujours dans le sens de la soustraction, et il reste, après ce
mouvement, 2,912, duquel nombre je retrancherai 8 fois 364, en amenant
l'aiguille des unités du 0 au 8. Après cette dernière
soustraction, la galerie ne représentant plus que des 0,
j'en conclus que la division se fait exactement. Le quotient, comme on le
voit, est exprimé par les chiffres auxquels correspondent les aiguilles
des cadrans des centaines, dizaines et unités. Si la division
n'eût pas été exacte, la galerie, au lieu de
présenter 0, aurait présenté des chiffres significatifs qui
auraient exprimé le reste.
Le quotient n'étant pas connu, l'opération devient
longue et difficile, d'abord pour la détermination des
plus hautes unités du quotient, c'est-à-dire du cadran
qui les représente, et, ensuite, ce dernier étant
connu par la comparaison qu'on doit nécessairement
faire entre le diviseur et le dividende partiel, il faut
faire passer successivement l'aiguille de ce cadran de division en division,
jusqu'à ce que la galerie présente un dividende
partiel plus petit que le diviseur,
car ce n'est qu'alors que le chiffre auquel correspond
l'aiguille de ce cadran représente le véritable chiffre
du quotient. On passe successivement aux cadrans
suivants, avec lesquels on opère de la même manière.
Pour éviter toutes ces difficultés, il existe un
moyen mécanique très-simple, que la fig.
17
représente. Il consiste en un cliquet à ressort
A B qui agit sur la cheville R fixée contre
la rondelle k g, assujettie à demeure sur l'axe
f f qui porte le dernier cadran à gauche, fig.
1,
qui représente les plus hautes unités de la machine. La
tête de ce cliquet A B, coupée brusquement,
c'est-à-dire à angle droit, d'un côté, se prolonge
de l'autre en forme de biseau, afin de pouvoir être soulevée par
la cheville lorsque la rondelle se meut dans le sens de la multiplication, et
afin de former un arrêt invincible lorsqu'elle se meut dans le sens de la
division; la position de cette cheville sur la rondelle k g
doit être telle, que le point d'arrêt ait lieu lorsque le cadran
présente 0, de manière à ce que le passage du 0 au 9 ne
soit pas possible pour ce cadran, et dans l'hypothèse où tous les
cadrans de la galerie inférieure seraient également à 0,
il est évident, vu la position qu'occupent alors les dents des
bridons par rapport à leurs arrêts, que ce passage du
0 au 9 serait également impossible pour tout autre
cadran sans en excepter même le premier, attendu
que ce passage ne pourrait se faire pour un cadran
quelconque qu'autant qu'il se ferait immédiatement pour le dernier par
le secours des cadrans intermédiaires. Il est facile de
déduire de là que, toutes les fois
que la galerie présentera un dividende partiel plus
petit que le diviseur, un nouveau tour de cylindre
avec lequel on opère ne pourrait se faire, car s'il se
faisait, le reste de cette dernière soustraction serait
plus petit que 0, c'est-à-dire que le passage du 0 au 9
aurait eu lieu; c'est ce que je viens de démontrer impossible, donc le
chiffre du quotient ne peut être autre
chose que le chiffre auquel correspond l'aiguille du
cadran, avec lequel on opère lorsqu'on est arrêté. On
passe alors successivement aux cadrans suivants,
lesquels on opère de la même manière jusqu'au premier,
celui des unités.
Les opérations que je viens de faire ont dû
montrer suffisamment la necessité où l'on se trouve après
chaque opération de ramener à 0 les cadrans qui présentent
les résultats à travers la galerie inférieure,
avant de procéder à un nouvelle.
Cette préparation qui, de toute autre manière,
occassionnerait une perte de temps considérable, se fait
instantanément par le moyen des leviers coudés a,
b, c, etc., fig.
1,
fixés à l'extrémité des axes
f, f, qui portent les cadrans de la galerie
inférieure. Ces leviers sont susceptibles d'être ramenés
toujours au même point fixe par les pièces a', b',
c', fig.
1,
et fig.
18.
Ces pièces, comme on le voit, ont une forme convenable pour faciliter
le retour du levier au même point fixe; elles sont fixées a une
coulisse commune M N susceptible de glisser entre deux
ponts; cette coulisse étant tirée jusqu'a
l'extrémité de sa course, tous les leviers coudés se
trouvent ramenés à leur point fixe et les cadrans qu'ils portent
présentent 0. Il faut remarquer cependant que ces leviers
étant fixés à des axes f, f,
qui ne peuvent se mouvoir que par le jeu ordinaire de la machine, il faut,
avant de tirer la coulisse M N, préalablement les
rendre libres par une autre moyen pour qu'ils puissent céder à
l'action des pièces a', b', c' ;
pour obtenir cet effet, les roues i, fig.
1,
vues aux deux appareils qui sont dessinés à gauche et sur
lesquels seulement j'ai montré le mécanisme du retour afin
d'éviter la confusion, sont susceptibles d'avoir un mouvement de
rotation indépendant de leurs axes, en ce sens qu'ils ne partagent plus
le mouvement de ce dernier, lorsque la cheville que chacune d'elles porte
n'est plus engagée dans une des dix entailles pratiquées
sur la circonférence des rondelles w, fig.
20,
fixées à demeure sur les mêmes axes
f, f; ce dégagement se fait
instantanément pour toutes les roues i au moyen des bras
n, dont une extrémité fourchue s'enfonce dans une petite
rondelle attenante à leur canon, tandis que, par l'autre
extrémité, ces mêmes bras sont fixés solidement
à une même tringle P'' L'', supportée
par deux ponts, dont l'un est caché et dont l'autre est marqué
Q 4
R 4, dans lesquels elle a
un mouvement de va-et-vient suffisamment grand
pour pouvoir dégager et engager les chevilles des
roues i, mais cependant pas assez pour faire perdre
leur engrenage avec les roues h, dont l'épaisseur outre
mesure n'a pas d'autre but. Ce mouvement de va-et-vient
est communiqué a la tringle P'' L'' au moyen d'une
autre tringle M'' O'', dont l'extrémité, munie
d'un bouton, saillit au dehors de la machine, et qui agit sur la premiere par
l'intermédiaire d'un axe caché qui porte à
son extrémité supérieure un pignon
qui engrène dans les dents du bras R'', tandis qu'à son
extrémité inférieure ce même axe porte un arrêt
de quatre dents S'', auquel la tringle M'' O''
fait faire un quart de révolution par le moyen de la dent V''.
Après le passage de cette dent dans l'arrêt 5", la liberté
est donnée aux roues i, et la tringle M'' O''
poursuit encore son mouvement en entraînant avec elle la tringle
M N jusqu'a l'extrémité de sa course. On
repousse alors immédiatement la tringle M'' O'', et,
les cadrans de la galerie inférieure présentant 0, on peut
procéder à une nouvelle opération. Je dis de la galerie
inférieure, car il est évident que les cadrans de la galerie
supérieure n'ont pu éprouver aucun changement, puisque les axes
1, 2, 3, etc., qui en sont les moteurs, sont restés immobiles. C'est
principalement en considération de cette propriété que ce
mode de retour doit être préféré au suivant,
lorsque la machine est pourvue d'une deuxième série d'appareils.
Le retour à 0 de ces derniers, c'est-à-dire des
cadrans qui composent l'addition des produits, ne se faisant que rarement, a
lieu par l'effet d'une simple soustraction,
c'est-à-dire en plaçant sur les échelles le nombre
qu'expriment ces cadrans, et, retranchant ce nombre
de lui-même, le reste est nécessairement 0.
Ce retour ne diffère du précédent qu'en ce
que la liberté donnée aux axes f, f,
qui portent les leviers coudés, au lieu de se faire par le
dégagement des roues i qui, dans ce retour, sont soudées
aux axes qui les portent, se fait par le moyen des arrêts 1',
2', 3', etc., qui agissent sur le brideur, auquel on fait exécuter une
demi-révolution, afin qu'il leur présente son
échancrure. Pour opérer ce mouvement,
la tringle P O, fig.
2,
présente un renflement vers son extrémité, dans lequel
s'engage un bras fourchu N D, lié à la tige
du cliquet général F I; au prémier
mouvement de la tringle P O, le cliquet
général se soulève par le moyen du renflement et permet
ainsi au brideur général U de suivre l'impulsion qui est
transmise à son axe par l'arrêt de quatre dents t qui y
est fixé et qui se meut par les deux dents
p, q que
porte la tringle P O. Ce n'est qu'après ce mouvement
que l'autre tringle M N, qui porte les pièces
a', b', c',
commence à agir sur les leviers coudés a, b, etc.,
pour les ramener à leur point fixe; en repoussant la tringle
P O, les mêmes mouvements s'exécutent en
sens inverse, et, les cadrans présentant tous 0, la machine se trouve
prête a fonctionner.
Ce retour à 0 a lieu par le moyen précédent,
c'est-à-dire que les axes sur lesquels sont fixés les aiguilles
L M, A B, fig.
22
et
23,
portent à leur autre extrémité un levier coudé,
sur lequel agissent des pièces semblables à celle que porte la
tringle M N, fig.
18.
Ces pièces sont fixées à une coulisse à ce
spécialement destinée, et qui se meut par la
coulisse M N.
La figure
2
représente une machine à calculer,
construite sur une plus petite échelle que l'autre, c'est-à-dire
qu'au lieu d'exprimer des opérations numériques dont le
résultat comprendrait dix chiffres, elle n'en comprend que six.
La plus grande différence, on pour mieux dire la seule
différence qui existe entre ces deux machines, consiste on ce que, dans
la petite, un seul cylindre fait la même fonction qu'un couple de
cylindres dans
la grande machine; en un mot, la petite peut être
considérée comme n'étant autre chose que la grande,
après avoir fait abstraction dans cette dernière de sa partie
gauche, c'est-à-dire des cylindres I, II, III,
etc. et de leurs dépendances. Après cette séparation, il
n'existe plus entre ces machines que des différences
arbitraires relativement à des parties qui peuvent également
s'adapter à l'une et à l'autre comme l'addition des produits,
ou s'échanger entre elles comme le retour à 0. Aussi
ne parlerai-je pas davantage de cette machine, dont on peut d'ailleurs
comprendre le mécanisme à l'aide de ce mémoire, attendu
que le pièces communes à l'une et à l'autre ont
été désignées par les mêmes lettres. Il ne
faudrait cependant pas croire que le système à un seul cylindre,
représenté fig.
2,
ne soit pas susceptible de s'appliquer à la
machine à double cylindre, qui est représenté fig.
1.
Ce serait une grave erreur; je crois au contraire qu'il y aurait avantage
à l'adopter même pour cette machine, et à plus forte
raison pour toute autre dont le cadre serait plus rétréci; aussi,
si je ne l'ai pas fait, je n'ai eu d'autre intention que de donner un
système applicable à des machines construites sur une
échelle plus élevée, car je ne doute pas que, pour une
machine dont le cadre excède huit ou dix chiffres, le système
à double cylindre ne doive être préféré,
attendu que, dans l'autre système, on serait obligé de donner au
cylindre une augmentation de volume trop considérable pour qu'elle
pût fonctionner avec la liberté désirable.
Néanmoins, on pourrait remédier jusqu'à un
certain point à cet inconvénient, en calculant les engrenages
moteurs, de manière à ce que le cylindre fasse cinq tours ou
même moins pendant que l'axe moteur en fait un, car, dans ce cas, la
force que l'on gagne neutraliserait celle que l'on perd par la grosseur du
diamètre de cylindre.
Figures:
1,
2,
3,
4,
5,
6,
7,
8,
9,
10,
11,
12,
12',
13,
14,
15,
16,
17,
18,
19,
20,
21,
22,
23,
24.
Notes:
- About 30 of these machines were made.... by Winnerl, a clock-maker.
The collection of
the Centre
Nationale des Arts et Métiers, Paris
contains two Arithmaurels:
an 8-digit one and
another.
- The Bibliothèque Nationale de France gives a
picture
of this machine, from "L'Illustration", 1849.
- The "Southern Literary Messenger"
Volume 15, Issue 6, June 1849, p.
343
(so three years after this patent was issued) wrote about this machine:
From our Paris Correspondent....
A new calculating machine, invented by a couple of indigent young Frenchmen,
after many years of privation and persevering toil, has lately been the subject
of a highly flattering report on the part of a committee appointed by the
Academy of Sciences for its examination. It is said to be much more perfect
than any which have yet been invented, and destined to
facilitate, in a most important manner, the long calculations of the
astronomer. The inventors MM. Maurel and Jayet, accompanied by
two members of the Academy, have had the honor of presentation at
Elysée-Bourbon and of exhibiting their machine to the President of the
Republic. Being very poor they have received from government small sinecures,
which will enable them at their ease, to perfect and superintend the
construction of their machines till they shall be ready for delivery to the
public.
- This Patent was HTML'ized by
Andries de Man from a paper copy
at the European Patent Office Library.
Andries de Man
12/31/1999